Lors de Messiah Complex, Nathan Summers (Cable, fils de Scott Summers et Madelyne Pryor) prend en charge la première mutante née après House of M pour la protéger alors qu'elle n'est encore qu'un nourrisson. Pour échapper à ceux qui veulent sa mort, il décide de la cacher dans le futur, ce qui ne manque pas d'ironie puisque lui-même fut élevé dans le futur.
Malheureusement, ils sont pris en chasse par Lucas Bishop qui vient également du futur (mais un autre). Initialement, il avait fait ce voyage temporel pour changer le passé afin d'éviter la survenance de son présent (oui, c'est le bon moment pour prendre une aspirine) imputable à un traître dans les rangs des X-Men. "Messiah complex" a révélé qu'il est lui-même un traître aux X-men (vous pouvez alterner paracétamol et aspirine) car il veut absolument tuer le nourrisson qu'il perçoit comme la cause de l'extermination des mutants (avec camps de concentration) dans sa chronologie (l'ibuprofen, c'est également assez efficace).
Cette mission débute avec la relance en 2008 de la série mensuelle de Cable dont ce tome regroupe les épisodes 1 à 5.
Marvel Comics a confié cette série à Duane Swiercziynski, un auteur de romans d'action et d'espionnage. Dès le deuxième épisode, son scénario trahit son incapacité à gérer les paradoxes temporels. Cable et Hope ont trouvé refuge en 2043. Bishop les y retrouve mais arrive quelques semaines trop tard. Ni une, ni deux, il remonte de quelques semaines dans le passé pour les surprendre, mais l'affrontement tourne mal et il a le dessous face à une milice.
Contrairement à toute attente, il se laisse capturer et tabasser, plutôt que de repartir quelques heures dans le passé pour également les surprendre. Confronté à ce genre d'illogismes, le lecteur comprend vite que Swierczynski n'a pas beaucoup réfléchi à la logique des voyages dans le temps, ni aux paradoxes temporels et qu'il va prendre des raccourcis dépourvus de sens pour mener son scénario qui prend l'eau. Je n'insisterai pas non plus sur les faibles de chance de survie du nourrisson que Cable promène sur son torse pour en faire une cible facile, sur l'étonnante coïncidence qui faisait que Muir Island abritait des réserves de lait pour bébé, sur les qualités paternelles de Cable, sur la nature forcément post apocalyptique du futur dans lequel ils arrivent (référence aux prévisions des mayas pour 2012), etc.
Devant une telle enfilade de clichés et de logique abracadabrantesque, les illustrations n'arrivent pas à elles seules à sauver ce naufrage. Et pourtant
Ariel Olivetti a choisi un style qui sort de l'ordinaire. Il a réalisé ses dessins directement en infographie avec une maîtrise certaine de l'outil et une retenue dans l'utilisation des effets pyrotechniques qui aboutissent à un graphisme original, clair et lisible avec une palette de couleurs nuancées. L'utilisation de références photographiques retouchées donne des décors très réalistes et une profondeur de champ appréciable.
Le manque de professionnalisme du scénariste transforme cette histoire en une mascarade navrante qui se résume à Bishop poursuit Cable et Hope dans le futur et il n'arrive pas à les rattraper. Circulez, il n'y a rien d'autre à voir, rendez-vous au tome suivant Cable: Waiting for the End of the World en espérant qu'il sera meilleur.
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Ce gros tome de 368 pages comprend les épisodes 11 à 15 de la série Cable (scénario de
Duane Swierczynski), 14 à 16 de
X-Force (scénario de
Craig Kyle et
Christopher Yost), la minisérie en 3 numéros "The times and life of Lucas Bishop", le numéro spécial "Messiah war" et le sourcebook "X-Men : future history - the Messiah war sourcebook". L'action se situe après Cable: Waiting for the End of the World et au milieu de
X-force 3: Not Forgotten.
Pendant les 2 premiers épisodes, le lecteur suit Cable et Hope à travers des zones désertiques et ravagées. Les dessins de
Jamie McKelvie sont risibles et pathétiques. le scénario est décérébré et pathétique également. Oublions vite ces hors d'aeuvre ridicules et dégoutants ; au final Hope et Cable arrivent aux abords de Westchester en plein dans le piège tendu par Bishop et juste à temps pour accueillir
X-Force.
Ce crossover est l'occasion pour la série Cable de mettre en perspective la traque dont Nathan Summers et Hope sont les objets et pour la série
X-Force de permettre à ses personnages de mettre les pendules à l'heure avec Cable.
Cable, Hope, Wolverine, Warpath, Vanisher, X-23, Domino, Archangel et Elixir sont coincés dans un piège qui leur interdit d'effectuer un nouveau saut dans le temps. Les préparatifs de Bishop effectués dans les tomes précédents de Cable finissent par aboutir : Cable n'a plus d'endroit où fuir, ni même d'époque où fuir. Pour réussir cette embuscade, Bishop s'est associé avec un clone de Nathan Summers. Et pour obtenir son aide, il lui a livré Apocalypse sans défense. Ce tome raconte les différents affrontements entre les uns et les autres dans une partie circonscrite de la ville. Les face-à-face sont rendus d'autant plus compliqués qu'un certain Wade Wilson (Deadpool) vient mettre son grain de sel.
Les illustrations se partagent entre
Ariel Olivetti pour les épisodes de Cable (3 épisodes) et
Clayton Crain pour les épisodes de
X-Force (3 épisodes). Les 2 dessinateurs travaillent essentiellement à la palette graphique mais dans des styles différents. Olivetti est adepte des couleurs délavées, avec des silhouettes plutôt réalistes et des textures nuancées. Crain est adepte de couleurs plus denses et de textures très marquées (avec plein de sang partout). D'une certaine manière, ces choix esthétiques séparent fortement les épisodes des 2 séries, mais de l'autre ils accentuent le fait que chaque série donne un point de vue différent.
Malgré les fondations idiotes de la série Cable (voyages dans le futur sans queue ni tête et toujours dans un futur dévasté), la lecture de ce crossover plonge le lecteur dans des affrontements dont les enjeux dépassent largement les protagonistes. Et la qualité des dessinateurs rend très agréable ce jeu de massacre. Pour être honnête, les affrontements souffrent de quelques longueurs, en particulier dans l'antre de Stryfe. Ce dernier s'apprête à exécuter alternativement Bishop et Hope une bonne demi-douzaine de fois en étant interrompu à chaque fois par des deus machina de plus en plus artificiels.
En fin de tome se trouve la minisérie de Bishop parue en 2009 qui permet de faire connaissance avec le personnage, ou se rappeler d'où il vient, qu'est devenue sa petite soeur, ce que signifient les initiales XSE, etc. Visiblement, cette histoire répond à la fois à la nécessité de familiariser les nouveaux lecteurs avec Lucas Bishop, mais aussi à un petit coup de continuité rétroactive insidieuse. À en croire cette minisérie de
Duane Swierczynski, Bishop serait revenu dans le passé uniquement pour arrêter Fitzroy et en profiter pour exécuter Hope. Il t a comme une grosse omission du nm d'Onslaught. Malheureusement les dessins de Larry Stroman font mal à l'aeil dans la mesure où ils sont coincés entre des décors à peine esquissés et un style enfantin pour les pieds, les mains et les visages, absolument incompréhensible, déplacé et mal maîtrisé.
Pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de Stryfe et d'En Sabah Nur, Marvel a pensé à inclure un sourcebook très détaillé et bien construit (attention au mal de tête si vous n'avez jamais entendu parlé de X-Cutioner's Song: Featuring the X-Men, X-Factor and
X-Force).
Au final, ce tome se lit comme une baston géante divertissante (la caractérisation des personnages est au niveau minimum), bien qu'un peu étirée, avec des illustrations originales, et malgré quelques épisodes (numéros 11 et 12 de Cable) risibles et quelques dessins à interdire (minisérie de Bishop).