Clarissa Pinkola Estés

Une grande clarté de l’esprit et de la perception, l’amour dans ce qu’il a de plus grand, une grande connaissance de soi, ample et profonde, la sagesse qui croît en finesse au fur et à mesure qu’on l’applique… tout cela constitue toujours « une œuvre en cours », quel que soit le nombre des années.

p80 Les Hommes enquêtent, investiguent, les Femmes fourrent leur nez partout.

p77 Cet apprentissage précoce qui demande aux Femmes d’être gentilles finit par se substituer à leur intuition. On leur apprend à se soumettre au prédateur.

Autrefois le mot alone (seul) s'écrivait en deux mots, all one, ce qui signifie « totalement un ». C'est là précisément le but de la solitude. Elle est la cure à l'état d'extrême fatigue auquel nombre de femmes d'aujourd'hui sont réduites et qui les fait, comme on dit, « enfourcher leur monture et galoper de tous les côtés ».
La solitude n'est pas, comme certains le croient, une absence d'énergie ou d'action, mais plutôt une corne d'abondance sauvage offerte par l'âme. Dans les temps anciens, si l'on en croit les médecins-guérisseurs, les religieux et les mystiques, la solitude intentionnelle était à la fois palliative et préventive. On l'utilisait pour soigner l'épuisement et prévenir la lassitude. On en faisait aussi un oracle, une façon d'écouter son être intérieur pour solliciter le conseil qu'on n'aurait autrement pu entendre dans le brouhaha de l'existence quotidienne.

Telle une piste qui, dans la forêt,
se fait de plus en plus étroite jusqu'à sembler disparaître,
la psychologie classique tourne court
lorsqu'il s'agit de la femme créatrice,
de la femme douée, de la femme profonde.

Elle est souvent peu bavarde ou carrément silencieuse
sur des questions d'une grande importance pour les femmes :
celles de l'archétype, de l'intuition, du sexuel et du cyclique,
des âges de la femme, de sa façon d'être, de son savoir,
de la flamme de sa créativité.

C'est ce qui, pendant plus de vingt ans,
m'a poussée à travailler sur l'archétype de la femme sauvage.

Et pourant, en entretenant la rage - c'est à dire les retombées du trauma - au lieu de chercher des manières de la résoudre, de comprendre ce qui l'a provoquée et ce qu'on peut en faire, nous nous enfermons avec elle dans une pièce, qu'elle envahit pour le reste de notre existence. Ce n'est pas une vie, même de façon intermittente.

(...) quand une femme fait des efforts pour combattre son démon, elle mène l'une des batailles les plus importantes qui soient, tant sur le plan archétypal que sur le plan de la réalité consensuelle. Même si, comme dans le conte, elle doit, suite à la famine, à la capture, à des choix destructeurs et autres, tomber dans le trante-sixième dessous, c'est là , souvenez-vous, que se trouvent les racines vives de la psyché. C'est là que se trouve le sol sauvage, le plus fertiles, d'où naîtra le renouveau. En ce sens, toucher le fond est aussi parvenir au sol fertile, même si cela fait très mal.

Quand l'homme se mélange à la femme squelette, il s'approche d'elle autant que faire se peut et par là même il se rapproche au maximum de son amante. Pour découvrir cette éminente conseillère en matière de vie et d'amour, il suffit d'arrêter de courir, de désenchevêtrer un peu ce qui en a besoin, de regarder en face et avec compassion sa propre blessure, ses propres envies profondes et d'y mettre tout son coeur. (...)
Elle lui apprend que se protéger ne conduit à aucune création, pas plus que l'égoïsme ne permet de créer, ni le fait de s'arc-bouter et de pousser des hurlements. Seul le coeur, lorsqu'il est donné, seul ce grand tambour, ce grand instrument de la nature sauvage peut créer.

Nous devons veiller à conserver notre lien avec le sens, la passion, la nature profonde, c'est essentiel pour notre psychisme.

Il ne peut y avoir une seule sort de chant d'oiseau, une seule sorte de pin, ni de loup. Il ne peut y avoir des bébés, des hommes, des femmes d'un seul type, ni des seins, une taille, une peau d'un seul type.

Nous avons tous commis l'erreur de penser que nous pouvions être guéris par quelqu'un d'autre. Il se passe beaucoup de temps avant que nous en prenions conscience, dans la mesure nous plaçons cette blessure à l'extérieur de nous-mêmes au lieu de reconnaître son intériorité.
Ce qu'une femme attend avant tout d'un homme, probablement, c'est de la voir affronter sa propre blessure, cas alors sa larme naît spontanément et il sait désormais avec certitude à quoi il doit être fidèle, vis à vis de lui-même comme vis à vis de l'extérieur. Il cesse de languir du Soi profond. Il devient son propre guérisseur, sans attendre dorénavant que la femme joue pour lui le rôle d'un analgésique.
(...)
L'homme qui verse un pleur a mis le doigt sur sa douleur. Il voit qu'il s'est protégé, au cours de son existence à cause de sa blessure. Il voit ce qu'elle lui a fait manquer dans sa vie. Il voit qu'elle muselle son amour de la vie, des autres, de lui-même.

Si tu ne prêtes pas attention aux trésors, on va te les voler...

L'âme privée de nourriture peut éprouver une souffrance telle que la femme finit par ne plus pouvoir la supporter. Parce que les femmes ressentent dans l'âme le besoin de s'exprimer à leur manière propre, elles doivent pouvoir s'épanouir comme elles l'entendent et sans subir les brimades des autres.

Ce sont les dons et la force de nos prédécesseurs qui nourrissent les histoires que l'on raconte et que l'on écoute.

Pour moi comme pour d'autres, la bonne compréhension de la plupart des livres commence à la relecture.

Tous les enfants ont une vie secrète à l’écart des adultes.

Grande mère
J’aime l’idée, formulée par certaines aïeules, que l’on peut entendre ce terme au sens de « grande mer »… la source de vie, le bain primordial
(Note 4)

Ce qui fait la sagesse, n’arrive pas d’un coup, à un certain âge, et ne vient pas se poser comme un manteau sur les épaules d’une femme.

Les « grandes occasions », ce sont en fait celles que l’âme préside.

Tu as remarqué ? Cette tendance à trop vouloir « réserver », c’est la façon un peu grognon qu’a le moi de faire savoir que pour lui, l’âme ne mérite pas qu’on mette chaque jour les petits plats dans les grands. Eh bien si, elle le mérite.

Les cycles féminins qui correspondent aux tâches de Vassilissa sont les suivants: Régulièrement, nettoyer sa façon de penser, remettre à neuf ses valeurs, débarrasser sa psyché des trivialités, balayer son soi, désencombrer sa façon de penser et de sentir. Allumer sous sa vie créatrice un feu qui ne s'éteigne pas, cuisiner systématiquement des idées signifie avant tout que l'on prépare de manière originale de la vie, de la vie inédite, afin de nourrir la relation entre soi et la nature sauvage