Clarissa Pinkola Estés

AmenQue cette petite note finale soit une bénédiction. Le mot "Amen" est issu d'une longue lignée de langues anciennes et vénérables, qui vont de l'hébreu au latin en passant par le grec? Dans toutes ces langues, lancé du fond de l'âme sage et sauvage, il signifie:  "Vrai ! Vrai !" Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il !Amen, amen, effectivement.

"L'église sous l'église", "le temps sous le temps", "l'endroit sous l'endroit", c'est ce lieu où l'âme se rend avec joie, sans honte et sans restriction... là, l'âme coule avec aisance et avec toute son énergie, quel que soit son état, pour demander, pour louer et pour remercier des conseils et de l'amour immaculés prodigués.

Rationalisme passionné
Certains ont dit que le rationalisme ne saurait en aucun cas être passionné, et que la passion n'est jamais rationnelle. Je ne partage pas cette opinion. Une vie rationnelle valant d'être vécue est passionnée. Une passion avant d'être vécue a les moyens rationnels de prendre bonne tournure et de se rendre manifeste dans la réalité consensuelle. C'est un double processus, comme les racines de l'arbre qui font pousser la canopée et la canopée qui envoie aux racines le message de croître et de s'étendre.

... pour celles qui osent héberger des anges à l'improviste.... et celles qui prennent pitié des créatures abandonnées... [...]
Pour elles...
puissent-elles être à jamais audacieuses ;
puissent leurs âmes être protégées par maintes autres
âmes tandi qu'elles apportent des ressources conquises
de haute lutte à notre monde qui en a tant besoin.

Pour toutes les aînées pleines de sagacité qui sont en train d'apprendre quand le moment est venu de s'affirmer et non pas de se taire, ou de se taire quand le silence est plus éloquent que la parole. Pour toutes les femmes en train de devenir des anciennes, qui apprennent à être gentilles quand il serait si facile d'être cruelles...

Les modèles que nous choisissons peuvent être proches ou lointains, mais le résultat est le même. Les femmes finissent par ressembler aux personnes vers lesquelles elles se tournent et qu'elles tiennent en la plus haute estime.

... même si notre structure extérieure est insultée, attaquée, terrorisée, voire pulvérisée, personne ne peut éteindre l'étincelle d'or ni tuer sa gardienne souterraine.

Refusons d'être ballottées et rejetées sur un quelconque rivage, et prévoyons d'échapper à la tonalité morbide et à ce qui est chroniquement brutal et sans intérêt. C'est ainsi que l'esprit se dresse et rayonne.

Si tu es venue me voir, c'est peut-être parce que tu souhaites vivre de manière à connaître le bonheur d'"être jeune dans la vieillesse et vieille dan la jeunesse", comme je le dis, c'est-cire avoir en toi un bel ensemble de paradoxes maintenus dans un quilibre parfait. N'oublie pas que le terme paradoxe est à prendre au sens d'idée contraire au sens commun. Cela s'applique à la grand-mère, la gran madre, la plus grande des femmes, car elle est en train de devenir une femme sage, qui assure la cohésion des capacités de la psyché profonde, illogiques en apprance, mais fondamentalement empreintes de grandeur.

Les "grandes occasions", ce sont en fait celles que l'âme préside.

Si vous vous montriez violentes avec vos enfants, les services sociaux interviendraient, si vous maltraitiez votre chien ou votre chat, ce serait la S.P.A. mais il n’existe aucune police de l’âme pour intervenir si persistez à affamer la vôtre. Vous êtes la seule à veiller sur l’âme-Soi et sur votre animus héroïque.
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Toute la nuit, les champs da maïs craquaient et parlaient à voix haute. Plus haut vers le nord, les loups venaient caracoler et prier dans les clairières au clair de lune. Nous pouvions tous, sans crainte, nous abreuver aux mêmes ruisseaux.

... malgré le terrain gagné [...] sur le plan éditorial, l'étude de la vie des femmes, que ce soit sous l'angle psychologique ou toute autre approche, en est encore à ses débuts et demeure très incomplète. 

Dans la familia, souffrir ne veut pas dire être une victime, mais faire preuve de courage dans l'adversité, avoir de la bravoure. Même si l'on ne peut intervenir sur une situation ou une destinée, il faut néanmoins y donner tout de soi-même. C'est en ce sens que j'emploie le terme "souffrance".

J'ai découvert l'expression "mère suffisamment bonne" dans l'oeuvre de Donald Winnicott. C'est une métaphore élégante, l'une de ces formules qui en disent plus en trois mots simples que des pages et des pages.

Si tu ne vas pas dans les bois,jamais rien ne t'arrivera, jamais ta vie ne commencera.

Les femmes ne peuvent s'y soustraire. Si les choses doivent changer, nous sommes le changement. Nous portons en nous La Que Sabe, Celle qui Sait. S'il doit y avoir un changement individuel, intérieur, c'est l'affaire de chacune. S'il doit y avoir changement au niveau mondial, nous les femmes, avons notre propre façon d'aider à sa réalisation. La Femme Sauvage nous murmure les mots, les moyens ) employer et nous suivons. Elle a couru, s'st arrêtée, a attendu pour vois si nous la rattrapions. Elle a des choses beaucoup de choses à nous montrer.

Les femmes qui se trouvent dans cet état ressentent une grande excitation, un peu comme lorsqu'on rencontre le compagnon dont on a toujours rêvé. C'est une période étrange, un moment paradoxal, car nous sommes en surface, et pourtant en dessous, nous errons et pourtant on nous aime, nous ne sommes pas riches et pourtant nous sommes nourries. La psychologie jungienne qualifie cet état de "'tension des opposés", dans laquelle quelque chose appartenant à chaque pôle de la psyché est constellé à tout moment, ce qui fait place à un nouveau terrain. a psychologie freudienne parle de "bifurcation" : la disposition ou l'attitude essentielle de la psyché se divise en deux polarités noir et blanc, bien et mal. Chez les conteurs de mon entourage, on utilise pour qualifier cet état la formule nacio dos vesas, "né deux fois". C'est le moment où , par l'intermédiaire d'une source magique, il se produit une seconde naissance et où l'âme peut revendiquer une double ascendance : une appartenant au monde physique, une appartenant au monde invisible.

Comment savoir si vous avez pardonné ? Vous avez tendance à éprouver du chagrin plutôt que de la fureur, en évoquant l'événement, à être désolée pour la personne plutôt qu'en colère à son égard. Vous comprenez la souffrance qui a conduit à l'offense; Cous préférez vous tenir à l'écart de tout ça. Vous n'attendez rien. Vous ne voulez rien Vous n'êtes plus rattachée à l'événement comme si vous aviez une corde à la cheville, vous êtes libres de vos mouvements. Sans doute l'affaire ne s'est-elle pas terminée sur un "et ils furent heureux", mais il est fort probable que désormais, un nouvel "il était une fois" vous attend.

[Le conte de la Llorona] utilise la métaphore de la belle femme et de la pure rivière de l'existence pour décrire le processus féminin de la création dans son cours normal. Mais ici, la rivière et la femme dépérissent en entrant en interaction avec un animus destructeur. Alors, la femme dont la vie créatrice s'étiole ressent, comme La Llorona, l'impression d'être empoisonnée, dénature. En conséquence, elle est poussée à fouiller apparemment sans fin l'épave de son potentiel antérieur de création.