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Citations de Claude Gauvard (32)


Les bribes de la vie de Jeanne que laissent entrevoir les archives judiciaires des deux procès sont riches, mais codées, et les jugements à l'emporte-pièce qui ont stigmatisé son personnage ou l'ont héroïsé de son vivant, forment un écran opaque. Impossible de savoir qui fut réellement la Pucelle. Le mystère demeure et l'historien erre faute de preuves, souvent obligé de se taire.
Au terme de ce livre, je reste convaincue qu'il est difficile d'écrire sur Jeanne d'Arc. Je me suis modestement contentée de décrire ce que les louanges ou les accusations dont elle fut l'objet révèlent des croyances et des peurs de la société de son temps. Les stéréotypes réducteurs dans lesquels on l'enferma, en particulier les chefs d'accusation de son procès en hérésie et sorcellerie ou les injures comprises de tous et véhiculées facilement partout, répondaient aux attentes et aux pratiques de ses contemporains.
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À Orléans, tous les habitants firent preuve d'une empathie devenue très tôt commémorative. Dès le 8 mai 1429, en compagnie du Bâtard et des autres capitaines, ils fêtèrent Jeanne par une procession spontanée qu'ils associèrent à la libération de la ville. Ensuite, chaque année à cette date, ils prenaient fictivement le fort des Tourelles et répétaient cette procession, suivie d'une cérémonie religieuse à la cathédrale. Ces tetes johanniques sont encore célébrées de nos jours.
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Sur cet habit, Jeanne ne céda pas et sa détermination se renforça même avec le temps. Elle alla jusqu'à dire qu'en le portant, elle obéissait au conseil de Dieu. Il devint un point de fixation entre des hommes chargés de défendre l'ordre social et une femme qui leur résistait, alors qu'ils la voulaient soumise. Un bras de fer s'engagea, surtout à partir du I5 mars, entre cette simple jeune fille habillée en homme et un tribunal exclusivement masculin, des clercs à la robe longue de surcroît alors que la sienne était courte, plutôt enclins à se méfier de la ruse du genre féminin.
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Peut-on alors parler de crise des XIVe et XVe siècles ? Oui, sans doute, si l'on songe au laminage des populations emportés par la maladie et la misère. Non, dans la mesure où cette crise a été le ferment du développement des institutions qui ont façonnés le royaume de France.
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L'histoire de Jeanne d'Arc est donc bien une histoire complexe, qui relève de croyances propres à son époque — sorcelleries, prophéties, hérésies — que l'on a cherché et que l'on cherche encore à analyser, voire à instrumentaliser selon les normes de notre temps, qu'il s'agissent d'historiens ou des politiciens. Or, pour l'historien d'aujourd'hui, qui réfléchit et qui travaille à partie de sources, et pour lequel le Moyen Âge n'est plus un temps obscur, Jeanne s'avère être un personnage fascinant, fille de son temps, dont nous ne sommes pas tenus de connaitre tous les secrets.
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La royauté capétienne direct s'étend sur une période qui va de 987 à 1328 : ces trois longs siècles sont ceux d'un essor économique fulgurant, mais aussi d'un essor intellectuel général du royaume de France, à replacer dans celui de l'Europe occidentale qui connait une expansion spectaculaire. Le royaume de France dont l'ancêtre est la Francie occidentale, plus réduite que la France actuelle, n'en est qu'une petite partie.
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Pierre Cauchon n'était pas un théologien purement spéculatif, mais un administrateur. Il avait acquis de l'expérience au procès de Jean Hus los du concile de Constance, qui s'était conclut par la condamnation de l'héritique et sa mort sur le bûcher, le 6 juillet 1415. Cauchon savait qu'un procès en hérrésie ne s'improvisait pas. En 1431, ägée d'environs soixante ans, ses compétances comme son attachement à la double monarchie n'était plus a prouver. Il faut l'imaginer en homme d'action pargmatique, soucieux de défendre la cause pour laquelle il recevra des aventages matériels. [note de Pégase SHiatsu : donc pas en homme d'Eglise!]
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En fait, comme bien des otages, Jeanne tenta de s'évader, une première fois à Beaulieu, une seconde fois à Beaurevoir : les prisoniers de guerre n'invoquaient-ils pas sainte Catherine, la sainte de ses voix, pour être délivrés de leurs chaînes ? Sans l'inciter à ce geste, sa protection lui donna peut être du courage et lui fit espérer qu'elle pouvait être libérée.
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Fallait-il considérer comme meurtriers celui qui condannait à mort un innocent ou celui qui accomplissait le supplice ? Avait-il enfrein le commandement de Dieu : non occides, " tu ne tueras pas" ? Non, réépondit Thomas d'Aquin dans la Somme théoologique, à condition que le procès est suivit les termes de la loi, les formes de la procédure, et que le bourreau est obéi au juge et appliqué la entence de bonne foi.
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Supplice et rumeurs
Le supplice de Jeanne pris une telle importance que son souvenir se brouilla, d'autant plus facilement qu'on l'utilisa à des fins politiques.
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Jeanne fut jugée avec "haine et hostilité, et non pas selon la vérité." C'es pourquoi, expliqua le notaire Guillaume de Manchon, il "vit plusieurs personnes pleurer après sa condamnation". Considérées par les contemporains comme reflet de l'âme, ces larmes exprimaient le jugement de Dieu face à un procès inique.
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Puis la cérémonie terminée, les cendres et tous les restes de la Pucelle furent jetés dans la Seine. Il ne fallait pas prêter au culte d'une martyre. [note de Pégase Shiatsu : ce qui n'a pas empêché la céation de relique : voir ce qu'a trouver sur une prétendu relique le médecin légiste, Philippe Charlier, qui faisant appel à deux nez, a prouvé qu'un pseudo reste noiirâtre claciné était en faite un reste de momie egytienne humaine, vendue à l'origine comme pseudo médicament!]
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Ce que confirme la fin du sermon. Selon le témoignage du doyen de la chrétieenté de Rouen, Jean Massieu, Nicolas Midi aurait conclu par ces mots : "Jeanne, va en paix. L'Eglise ne peut plus te défendre, Elle te livre au bras séculier." Peut-on envoyer à la mort une criminelle endurcie et lui souhaiterr de partir en paix? Le fait d'être un écclésiastique soucieux du rachat de l'âme des fidèles n'explique pas tout. [note de Pégase SHiatsu : effectivement on attendrait plutôt lune forrmule du genre de celle entendue dans les films et téléfilms améicains : "Que Dieu ait pitié de vote âme", ce serait plus logique... Le souhait que Jeanne parte en paix... semble sous entendre un souhait de pardon de la part de Jeanne face à ses accusateurs, et non pas un repentir de celle-ci!]
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Pour prononcer la sentence de mort, celui-ci [Ralph Burler, chevalier anglais et bailli de Rouen] aurait du prendre le temps de requérir également l'uninimité de ses propres conceillers à l'issu du second procès [celui pour réniement de Jeanne de ces aveux devant le premier bûcher]. Or nous verrons qu'il n'en fut rien; la connnivence entre les deux institutions apparaît flagrante, ce qui prrouve bien que la décision finale de brûlerr Jeanne obéissait à des considérations à la fois politiques et religieuses.
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La sentence lui aracha un rire qui lui sera reproché par la suite. Un rire convulsif sans doute, dépuisement. Toute fois, aux yeux de l'assistance, le rire pouvait aussi être diabolique. Jeanne réclama encore une fois de changer le lieu de soon incarcération. [vers une prison d'Eglise, et non une prison laïque] En vain. Elle obtempéra et revêtit des habits de femme. Elle accpeta aussi de faire raser ses cheveux pourtant signe d'une profonde humiliation à son égard, qui la diffamait publiquement et la plaçait en position de pénitente.
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Le prédicateur [ Guillaume Evard, le jour de l'exécution de Jeanne d'Arc] alla encore plus loin dans sa diatribe. Voici Jeanne commarée à un monstre sans autre pareil en France, un monstre qui, en antachant le royaume, l'avait déshonoré. Avant elle, le royaume billait pas sa pureté. L'idée que l'hérrésie ne l'avait jamais touché remontait à saint Jérôme : " Sola Gallia monstra non babuit (Seule la Gaule n'a pas eu de monstres)", écrit-il dans sa lettre au clerc Riparius [...]
Ce Royaume de France ne méritai-il pas d'être vengé pour restaurer son honneur bléssé ? L'exécution de la coupable allait de soi. Au fil du sermon, la mort de Jeanne se prrofillait et prennait ouvertement une coloration politique. On ne pouvait que désavouer Charles VII, sacré grâcce à une hérétique. [...]
La leçon du sermon allait plus loin encore. Le bûcherr devait également purifier le royaume de France qui, redevenu sans tache, s'ouvrirait au nouveau roi de France et d'Angleterre et, l'inscrit dans la ligéne des rois très chrétiens, héritierr de saint Louis.
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Les faux-monaiyeurs étaient bouillis, un chatiment peu apliqué, les criminels politiques décapités et leurr nombre n'avait cessé de croître au gré des trahisons qui émaillèrent la guerre de Cent Ans et les guerres civiles [entre Armagnacs et BOurguignons]. On réservait le feu aux sodomites aux sorciers et aux sorcières, à plus forte raison aux hérétiques, à ceux et celles qui avaient pêchés contre la foi, crime suprême, celui d'avoir offensé Dieu, pratiqué la lèse magesté divine. Cette peine était considée comme la plus terrible, car elle effaçait toute peine corporelle.
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En fait, le peuple était loin de se senntir térorisé[par les éxécutions sommaires les jours de marché]. Pa sa présence, il donnait son accord et assurait la bonne mache du rituel. La voix de Dieu parlait par lui - vox populi, vox Dei- et, jusqu'au bout, il pouvait choisir d'épargner le condamné. Que l'échelle parût trop courte, la corde trop usée, qu'une jeune fille ait demandé, cas extrême, le condamné en mariage, il arrêtait le bras du bourreau. Autement dit, la peine de mort ordinaire, la pendaison, s'exerçait en accord avec l'assistance, et tenait encore du lynchage. Pour cette raison, elle s'appliquait qu'à un petit nombre de délinquants, ceux que personne ne voulait sauver et ne pouvait venir venger.
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Guillaume Manchon [notaire] en rédigea une synthèse [du procès] en moyen français ; c'est la "minute française". Ce même Guillaume Manchon et le théologien Thomas de COurcelles, très actifs lors du procès en firent ensuite une traductioon latine, sans doute vers 1435, qui constitue l'instrumentum. A ces deux textes s'éjoute l'"Information posthume" écrite à la demande de l'évêque et de l'inquisiteur le 7 juin 1431, soit huit jours après e suplice. Elle réunit les dépositioons de sept témoins qui se seraient entretenus ave Jeanne le matin de sa mort.
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Il fallut que la Pucelle ait exercé un rôle aussi considérable pour que de telles injures lui soient accolées jusqu'à lui survivre.
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