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Citations de Claude Gauvard (32)


Nous savons depuis longtemps que nos connaissances sont fragiles, qu'elles s'inscrivent dans la durée et que la référence aux concepts ne suffit pas à créer la substance de l'histoire. Mais l'histoire commence avec les mots. Notre connaissance du passé commence avec eux. Leur sens est indispensable à la compréhension des faits et des hommes du Moyen-Age, ne serait-ce que parce que certains ont pratiquement disparu de notre langue ou que d'autres ont vu leur signification changer. Qui parle encore de faide ou de colée ? Que signifie pour nous la vengeance, sinon un acte répréhensible et brutal, alors que sa pratique médiévale était cohérente et nécessaire dans une société où le partage de l'honneur était indispensable à la survie morale et sociale ?
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[Au sujet des « invasions barbares »]
L’anarchie ne règne pas pour autant et la violence ne se développe pas de façon débridée. La violence est jugulée par des lois naturelles ou tacites, au cœur desquelles se trouve l’honneur. Il est donc vain d’opposer le calme d’une société romaine policée par les lois au désordre d’une société germanique barbare parce que de type tribal et sans État.
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Chez les historiens médiévistes, qui en restent les principaux utilisateurs, la notion de féodalité renvoie schématiquement à trois usages différents. Un usage traditionnel (François-Louis Ganshof, Robert Boutruche), politique et juridique, désigne par féodalité les liens féodo-vassaliques, c'est-à-dire les relations hiérarchisées internes à l’aristocratie, fondées sur la fidélité (manifestée par le serment, auquel s'ajoute parfois le rituel de l'hommage), l'échange de services (la protection, l'aide et le conseil) et la possession partagée d'un fief (à la fois bien foncier et ensemble de droits seigneuriaux), entre seigneurs et vassaux. Cette organisation de la classe dominante constituerait la caractéristique majeure de la société européenne médiévale, pour certains dès l'époque carolingienne, pour d'autres plus tard, à l'âge justement désigné comme féodal. C'est cet usage traditionnel de la notion qui a fait l'objet du plus grand nombre de critiques, d'abord de la part d'historiens plus sensibles à la primauté du rapport de domination seigneurial sur les paysans (Rodney Hilton, Georges Duby, Robert Fossier), ensuite de la part d'historiens influencés par l'anthropologie et plus attentifs aux modalités non féodales de la régulation sociale à l'échelle des sociétés locales (Fredric Cheyette, Patrick Geary, Stephen White, Dominique Barthélemy) ou aux solidarités coutumières à l'échelle des royaumes (Susan Reynolds). Un deuxième usage, plus large et plus fréquent depuis les travaux de Marc Bloch et Georges Duby recourt au terme féodalité ou à l'expression société féodale pour définir une société où la domination sur la terre et les hommes est exercée à l'échelle locale au profit d'une aristocratie à la fois foncière et guerrière, laïque et ecclésiastique, à l'écart de toute souveraineté de type étatique. Dans ce cadre, la féodalité au sens traditionnel n'est plus que l'un des instruments de la reproduction de la domination aristocratique parmi d'autres, telles que la guerre vicinale, la culture de la faide ou l'élaboration de systèmes de représentations spécifiques comme « l'idéologie des trois ordres”. Un troisième usage (Guy Bois, Ludolf Kuchenbuch. Chris Wickham), souvent d'inspiration marxiste, emploie indifféremment féodalité ou féodalisme pour caractériser un régime social fondé sur l'appropriation du surproduit paysan par la classe aristocratique (laïque et ecclésiastique) à travers le grand domaine puis la seigneurie. Dans ce cadre aussi la féodalité au sens traditionnel est généralement considélée comme la principale modalité de redistribution de la « rente seigneuriale » au sein du groupe dominant (Pierre Bonnassie). Des considérations chronologiques variées sont associées à chacune de ces conceptions de la féodalité, les unes englobant l'ensemble de la période médiévale. de la chute de l'Empire romain à l'avènement des États modernes (tantôt situé aux XIVe- XVIe siècles, tantôt repoussé au XVIIIe siècle), les autres une période plus restreinte censée correspondre à la dissolution maximale de l'autorité publique entre l’effondrement de l’Empire carolingien et le renouveau monarchique capétien au XIIe siècle.
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Qui sont ces premiers Capétiens, qui, comme les autres princes territoriaux, ont assuré leur succession mais les ont dépassés en construisant une royauté nouvelle ? Ils sont mal connus, malheureusement. Ce sont tout d'abord des rois sans visages. N'oublions pas qu'il faut attendre le milieu du XIV siècle pour disposer du portrait d'un roi de France - et encore, on ne sait s'il représente Jean le Bon ou Charles V.
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La quête de la vérité est au coeur de la justice répressive comme de la justice retenue. Elle peut même être évoquée quand la suite du contentieux se termine par un accord entre les parties.

Lorsque le duc de Bourbon, en juillet 1391, intervient dans l’affaire criminelle qui met en cause Geoffroy de Charny, chevalier, prisonnier au Châtelet à la suite du meurtre du prieur de Saint-Wandrille, en 1384, il affirme qu’il a fait faire une enquête pour savoir « la vérité du fait » et, finalement, l’affaire se termine par un accord.
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La royauté capétienne direct s'étend sur une période qui va de 987 à 1328 : ces trois longs siècles sont ceux d'un essor économique fulgurant, mais aussi d'un essor intellectuel général du royaume de France, à replacer dans celui de l'Europe occidentale qui connait une expansion spectaculaire. Le royaume de France dont l'ancêtre est la Francie occidentale, plus réduite que la France actuelle, n'en est qu'une petite partie.
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[Sur la faide royale (561-613)]

La politique autoritaire menée par la vieille reine Brunehaut accroît le conflit [luttes pour le pouvoir entre les parties du royaume de France suite à la mort de Clotaire, fils de Clovis]. Elle prétend régner à la place de ses petits-fils, qui deviennent des frères ennemis, puis elle tente d'écarter ses arrières-petits-fils. Elle prétend surtout dominer l'aristocratie austrasienne ; elle devint alors impopulaire, ce qui facilite la reconquête que mène Clotaire II depuis la Neustrasie. Celui-ci défend ses intérêts, tout en vengeant sa mère Frédégonde [qui en passant, est à l'origine d'un certain nombre d'assassinats]. En 613, sa vengeance est terrible : il fait tuer les petits princes, héritiers de la lignée adverse, et, après trois jours de supplices, condamne Brunehaut à être traînée par les cheveux à la queue d'un cheval fougueux.
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Il faut également essayer de ne pas se référer à nos propres valeurs pour comprendre comment fonctionne cette société politique médiévale, par exemple en opposant public et privé, pouvoir laïque et pouvoir religieux, tant ces domaines sont alors mêlés. Les acteurs politiques, nobles ou non-nobles, se réfèrent à leurs valeurs propres : l'honneur et la renommée, le don et la largesse, et une acceptation de la violence qui n'exclut pas la valorisation de la paix et de la justice. Profondément chrétiens, il vivent aussi dans une temporalité différente de la notre, celle de l'instant et de l'éternité.
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Avant-propos :
Le Moyen Âge occidental, auquel est consacré ce dictionnaire, est une époque qui a pensé et organisé son propre savoir sous la forme de dictionnaires. Ainsi, le présent ouvrage peut se réclamer d'un long passé, celui qu'inaugure Isidore de Séville quand, au début du VII° s., il rédige ses Etymologies pour le roi wisigoth Sisebut.
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Peut-on alors parler de crise des XIVe et XVe siècles ? Oui, sans doute, si l'on songe au laminage des populations emportés par la maladie et la misère. Non, dans la mesure où cette crise a été le ferment du développement des institutions qui ont façonnés le royaume de France.
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Pierre Cauchon n'était pas un théologien purement spéculatif, mais un administrateur. Il avait acquis de l'expérience au procès de Jean Hus los du concile de Constance, qui s'était conclut par la condamnation de l'héritique et sa mort sur le bûcher, le 6 juillet 1415. Cauchon savait qu'un procès en hérrésie ne s'improvisait pas. En 1431, ägée d'environs soixante ans, ses compétances comme son attachement à la double monarchie n'était plus a prouver. Il faut l'imaginer en homme d'action pargmatique, soucieux de défendre la cause pour laquelle il recevra des aventages matériels. [note de Pégase SHiatsu : donc pas en homme d'Eglise!]
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Pour prononcer la sentence de mort, celui-ci [Ralph Burler, chevalier anglais et bailli de Rouen] aurait du prendre le temps de requérir également l'uninimité de ses propres conceillers à l'issu du second procès [celui pour réniement de Jeanne de ces aveux devant le premier bûcher]. Or nous verrons qu'il n'en fut rien; la connnivence entre les deux institutions apparaît flagrante, ce qui prrouve bien que la décision finale de brûlerr Jeanne obéissait à des considérations à la fois politiques et religieuses.
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Le prédicateur [ Guillaume Evard, le jour de l'exécution de Jeanne d'Arc] alla encore plus loin dans sa diatribe. Voici Jeanne commarée à un monstre sans autre pareil en France, un monstre qui, en antachant le royaume, l'avait déshonoré. Avant elle, le royaume billait pas sa pureté. L'idée que l'hérrésie ne l'avait jamais touché remontait à saint Jérôme : " Sola Gallia monstra non babuit (Seule la Gaule n'a pas eu de monstres)", écrit-il dans sa lettre au clerc Riparius [...]
Ce Royaume de France ne méritai-il pas d'être vengé pour restaurer son honneur bléssé ? L'exécution de la coupable allait de soi. Au fil du sermon, la mort de Jeanne se prrofillait et prennait ouvertement une coloration politique. On ne pouvait que désavouer Charles VII, sacré grâcce à une hérétique. [...]
La leçon du sermon allait plus loin encore. Le bûcherr devait également purifier le royaume de France qui, redevenu sans tache, s'ouvrirait au nouveau roi de France et d'Angleterre et, l'inscrit dans la ligéne des rois très chrétiens, héritierr de saint Louis.
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Guillaume Manchon [notaire] en rédigea une synthèse [du procès] en moyen français ; c'est la "minute française". Ce même Guillaume Manchon et le théologien Thomas de COurcelles, très actifs lors du procès en firent ensuite une traductioon latine, sans doute vers 1435, qui constitue l'instrumentum. A ces deux textes s'éjoute l'"Information posthume" écrite à la demande de l'évêque et de l'inquisiteur le 7 juin 1431, soit huit jours après e suplice. Elle réunit les dépositioons de sept témoins qui se seraient entretenus ave Jeanne le matin de sa mort.
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On insiste donc actuellement sur la grande continuité que présente l'avènement des Capétiens avec la période carolingienne. Entre les deux époques, il y a bien continuité plus que révolution : une continuité dont rend mal compte l'archéologie, certes, et à plus forte raison les écrits. N'oublions pas la prééminence de l'oralité dans une société alors fondée sur la parole, le serment, la foi jurée, qui prend Dieu à témoin et accorde une importance vitale au sacré.
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Les bribes de la vie de Jeanne que laissent entrevoir les archives judiciaires des deux procès sont riches, mais codées, et les jugements à l'emporte-pièce qui ont stigmatisé son personnage ou l'ont héroïsé de son vivant, forment un écran opaque. Impossible de savoir qui fut réellement la Pucelle. Le mystère demeure et l'historien erre faute de preuves, souvent obligé de se taire.
Au terme de ce livre, je reste convaincue qu'il est difficile d'écrire sur Jeanne d'Arc. Je me suis modestement contentée de décrire ce que les louanges ou les accusations dont elle fut l'objet révèlent des croyances et des peurs de la société de son temps. Les stéréotypes réducteurs dans lesquels on l'enferma, en particulier les chefs d'accusation de son procès en hérésie et sorcellerie ou les injures comprises de tous et véhiculées facilement partout, répondaient aux attentes et aux pratiques de ses contemporains.
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En fait, comme bien des otages, Jeanne tenta de s'évader, une première fois à Beaulieu, une seconde fois à Beaurevoir : les prisoniers de guerre n'invoquaient-ils pas sainte Catherine, la sainte de ses voix, pour être délivrés de leurs chaînes ? Sans l'inciter à ce geste, sa protection lui donna peut être du courage et lui fit espérer qu'elle pouvait être libérée.
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Les faux-monaiyeurs étaient bouillis, un chatiment peu apliqué, les criminels politiques décapités et leurr nombre n'avait cessé de croître au gré des trahisons qui émaillèrent la guerre de Cent Ans et les guerres civiles [entre Armagnacs et BOurguignons]. On réservait le feu aux sodomites aux sorciers et aux sorcières, à plus forte raison aux hérétiques, à ceux et celles qui avaient pêchés contre la foi, crime suprême, celui d'avoir offensé Dieu, pratiqué la lèse magesté divine. Cette peine était considée comme la plus terrible, car elle effaçait toute peine corporelle.
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Il fallut que la Pucelle ait exercé un rôle aussi considérable pour que de telles injures lui soient accolées jusqu'à lui survivre.
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[Les temps carolingiens]
Les historiens ont l'habitude de considérer que la période carolingienne des VIII-IXe siècles est celle d'une renaissance que vient clore un Xe siècle obscur qui s'achève dans la violence et la peur d'un âge nouveau. Il convient de nuancer ce point de vue.
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