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Critiques de Claude Louis-Combet (37)
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Aube des chairs et des viscères

Non une critique, mais une appréciation (impossible pour moi de "critiquer" Claude Louis-Combet qui est à mes yeux et mes oreilles - puisque la littérature est aussi rythme et musique - l'un des grands écrivains français actuels).

C'est toujours la phrase immense comme une vague et qui roule à vous comme une évidence.
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Bethsabée, en clair comme à l'obscur

Fabuleux !

C'est avec ce roman "mythobiographique" (comme le qualifie l'auteur) que j'aborde Claude Louis-Combet, un auteur dont j'ignorais l'existence (comment avais-je pu l'ignorer ?!)

C'est l'histoire (?), reconstituée de l'intérieur, entre Rembrandt et Hendrickje Stoffels, sa servante devenue sa compagne, son modèle.

Comment peut-on entrer ainsi dans l'esprit, les préoccupations de ces deux personnages qui n'ont laissé aucun journal intime ? Le romancier possède une imagination fabuleuse pour nous faire accéder aux désirs, aux rêves, aux interrogations du peintre et de sa compagne. C'est d'autant plus impressionnant que la langue est d'une maîtrise dans ses circonvolutions, dans son rythme de vague qu'elle me laisse pantois d'admiration.

La plus forte lecture, pour l'heure, de cette année.
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Bethsabée, en clair comme à l'obscur

Eblouissant!Toujours aussi envoutant, cette sensation indescriptible, intransmissible surtout, de penetrer dans un outre-monde de sublime et de merveilleux.Un talent a nul autre pareil, un bijou.
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Bethsabée, en clair comme à l'obscur

Hendrickje la servante va naître au désir. Elle va prendre vie sous le pinceau de Rembrandt qui, lui, renaît à son contact alors qu’il traverse la période la plus sombre de sa vie.

p 61 Elle penche son visage vers son propre reflet d'absence et elle se trouve alors tellement présente à elle-même que le sourire de sa profondeur monte irrésistiblement jusqu'à sa face qu'il éclaire d'intelligence, de connaissance, de complicité avec l'être et le destin. Le Maître ne la regarde pas mais il entend son silence et il traduit ce qu'elle sent à mesure qu'elle le sent.



Les jeux d’ombre et de lumière habitent tout le livre comme ils jaillissent sous le pinceau du Maître quand il traduit la lumineuse opalescence de la chair de Hendrickje, quand le peintre va, face à la blancheur de la toile, dans son atelier où « l’heure est à l’ombre, à celle qui reflue du plus profond de l’être et qui va chercher sa confirmation jusque la lumière dorée dont la femme est pétrie », engendrer le « fascinant alliage de richesse charnelle et de ténèbre spirituelle » qui le relie à Hendrickje.



Un livre qui réunit tous les thèmes qui habitent l’oeuvre de Claude Louis-Combet, l’érotisme, les mythes et le féminin qui apparaissent dans les tableaux de Rembrandt avec Danaé, Pasiphaé et Bethsabée, la profondeur des luttes intérieures et le labyrinthe de leurs secrets.



Quelle beauté dans cette écriture qui se fait peinture pour atteindre tous les registres de l’âme humaine !!! En montant du plus intime, du plus caché, l’auteur parvient à dessiner et peindre à l’aide de mots, le chatoiement lumineux d’un corps et le sourire discret qui apparaît sur le visage aux yeux baissés de Hendrijcke quand elle pose et devient Bethsabée. C’est magique.

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Bethsabée, en clair comme à l'obscur

Louis-Combet Claude – "Bethsabée, au clair comme à l'obscur (mythobiographie d'Hendrickje Stoffels)" – Corti, 2015 (ISBN 978-2-7143-1136-8)



Ce qui frappe en tout premier lieu lors de la lecture de cet ouvrage, c'est bien la qualité esthétique extra-ordinaire de l'écriture, qui atteste immédiatement de l'aptitude de l'auteur à se mesurer à cette œuvre essentielle, fondamentale qu'est la "Bethsabée" de Rembrandt.

Dans une toute autre approche, certes, Claude Louis-Combet me fait ainsi penser au Proust rendant littérairement l’œuvre d'un imaginaire Elstir ou encore à Patrick Grainville fouillant le rapport entre le maître peintre et la chair humaine du modèle dans son "Atelier du peintre". J'éprouve une profonde admiration pour ces écrivains qui parviennent ainsi à rendre compte par l'écriture (discursive par nature) d'un art aussi différent par l'immédiateté (apparente) de son moyen d'expression.

Ces écrivains ne se lancent dans un tel défis qu'après avoir travaillé longuement leur écriture à travers d'autres ouvrages, et Claude Louis-Combet ne fait pas exception à cette règle, puisqu'il a déjà beaucoup publié.



Ce qui m'amène à la deuxième caractéristique garantissant la solidité de cette entreprise hors du commun : l'auteur sait parfaitement ce qu'il vise, il poursuit un objectif qu'il appelle une "mythobiographie" et qu'il expose clairement dans son ouvrage, plus spécialement à deux reprises (pp. 84-90 puis 150-153 - voir citations)



En effet, Hendrickje Stoffel appartient à cette population de très humble extraction qui ne laisse habituellement aucune trace dans les Grands Travaux des Eminents z'Historiens (surtout dans la tradition universitaire franchouillarde) : il semble d'ailleurs qu'Hendrickje ne savait ni lire ni écrire.

Inversement, la vie de Rembrandt est très connue, un ouvrage aussi épais que laborieux comme celui de Gary Schwartz (intitulé sobrement "Rembrandt" et publié chez Flammarion en 2006, voir recension) en fait le tour quasiment minute par minute, sans fournir pour autant la moindre explication spirituelle essentielle.

Fort justement, fort simplement, pour étayer sa mythobiographie, l'auteur s'appuie sur la mine que constituent toutes les représentations (dessins, eaux fortes, peintures etc) de sa compagne produites par Rembrandt : la mythobiographie n'est pas si "mytho" que son appellation ne le laisserait supposer...



Enfin, pour fonder son projet, l'auteur s'appuie sur sa propre perception de ce tableau fondateur que fut pour lui (et pour tant d'autres) la représentation magistrale de la Bethsabée. Il y a là une part d'interprétation subjective que je ne partage pas, faisant d'Hendrickje la "servante" du "Maître" – deux termes employés à de multiples reprises, qui – même s'ils ne s'appliquent ici qu'au domaine artistique du modèle posant pour le peintre – me semblent inappropriés. Pour ma part, plus je regarde ce tableau, plus je suis persuadé qu'il repose sur un profond respect de l'Homme-Rembrandt envers sa Compagne-Hendrickje.



Cette divergence avec l'auteur ne m'interdit pas d'identifier un point d'accord autrement plus fondamental : tout comme Claude Louis-Combet, je suis persuadé que cette œuvre ne pouvait apparaître sous le pinceau de Rembrandt qu'à travers le vécu de la fusion entre les liens spirituels et charnels qui – les nombreuses autres représentations en attestent – furent consubstantiels à la relation entre cette femme-là et cette homme-là et firent éclore ce nu d'une grande pudeur, d'une intériorité spirituelle probablement sans égal dans toute l'histoire de la peinture occidentale.



Je termine par un point que l'auteur n'aborde pas du tout : cette représentation d'Hendrickje en la Bethsabée biblique repose sur une relation femme-homme qui n'existe plus de nos jours.

- D'abord parce qu'elle présuppose une culture spirituelle (fondée ici sur la Bible, mais peu importe, le Livre Saint ne sert ici que de support à une réflexion spirituelle profonde, traversant toute l’œuvre de Rembrandt) qui est bafouée et même combattue dans notre société centrée sur un matérialisme consumériste immédiat.

- Ensuite parce qu'elle suppose du Respect et de la Pudeur au sens le plus fort de ces termes – deux notions "ringardisées" aujourd'hui, la plus grande partie de gent féminine s'ingéniant le plus souvent à exhiber son anatomie dans une démarche marchande plutôt vile visant à une "réussite" sociale et professionnelle tout à fait intéressée.

- Enfin parce que l'ensemble de notre société se vautre dans une pornographie plus ou moins déguisée contribuant à une marchandisation du corps humain (féminin ou masculin) et rendant impossible le regard que Rembrandt avait pour Hendrickje.



Un livre incontournable pour toutes celles et ceux qui savent encore combien l’œuvre de Rembrandt-Hendrickje nourrit la vie de tous les jours.

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Bethsabée, en clair comme à l'obscur

Que dire de plus après la très belle critique de Nadedja. Magnifique livre dans lequel , "À travers la figure de Bethsabée et le destin de Rembrandt, Claude Louis-Combet offre un cantique à la gloire de l’art et du corps féminin".

Considéré comme l'un des plus grands peintres hollandais, Rembrandt n'en connut pas moins la douleur avec la perte de son épouse et la mort de ses enfants. Il mourut lui-même dans le plus grand dénuement. Sans argent, il fut néanmoins inhumé dans l'église de Westerkerk. Une plaque commémorative y fut apposée en 1906. Toutefois,il ne reste plus aucune trace de cette tombe de nos jours.

Quant à Hendrickje, l'Eglise considérant scandaleuse son union avec Rembrandt et ayant réprouvé le "tableau maudit" que fut Parsifaé, dans lequel elle figura, elle fut appelée à comparaître devant le Tribunal ecclésiastique.
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Bethsabée, en clair comme à l'obscur

Claude-Louis Combet : Bethsabée, au clair comme à l’obscur (2015)

Le livre est présenté comme une « mythobiographie » d’Hendrickje Stoffels, servante, modèle et maitresse de Rembrandt après la mort de Saskia. L’auteur est inspiré par le regard intérieur, la concentration et la nudité de Bethsabée lisant la lettre du roi David dans le fameux tableau du Louvre dont il avait la reproduction dans sa chambre d’adolescent. La plongée du « rêveur », de « l’enfant gris » dans le tableau puis dans la pensée du peintre et du modèle est prodigieuse. Une énorme rêverie mystique, métaphysique, érotique et poétique s’attachait aux formes du corps féminin mais avec le souci jamais démenti de rejoindre l’être par delà les prestiges de la nudité. La prose est riche et facile. La fusion mystique, charnelle et ontologique est longtemps fascinante. Puis le texte devient redondant et laisse une impression d’enfermement et de chagrin, renforcée par les deuils des dernières pages.

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Blesse, ronce noire

magnifique ecriture classique, tragédie grecque, inceste entre un frère et une soeur. Exceptinnelle beauté du texte.
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Blesse, ronce noire

Comme le disait Richard Blin à la sortie de ce livre, c'est un "hymne aux puissances nocturnes de l'amour". C'est aussi un livre où la phrase est travaillée avec soin, précision, style, le langage y est puissant et d'un érotisme souvent saisissant. J'aime aussi beaucoup les pages où Trakl part en guerre, on ressent celle-ci dans toute son horreur et son inhumanité ; le poète perdra la vie dès 1914, à la bataille de Grodek, la drogue aidant, alors que son souhait le plus cher était de mourir avec sa soeur, à qui il faisait prononcer en guise de derniers mots dans son poème Révélation et anéantissement : Blesse, ronce noire. C'est peut-être l'un des plus beaux livres de Claude Louis-Combet (avec Gorgô que j'adore aussi!!!).
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Blesse, ronce noire

Je sais qu'en France il y a un réel intérêt pour les textes obscurs et compliqués, comme si l’opacité était un signe d’intelligence. Mais tout de même : ici ce texte ésotérique, alambiqué, sans lisibilité, est sans intérêt. L’auteur parle à lui-même, dans une langue dont lui seul connaît la syntaxe, détient le secret. La belle affaire. Laissons le donc marmonner.
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Blesse, ronce noire

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Blesse, ronce noire

Rien ne permet, à la lecture de poème en prose, certes relativement court, mais dense et hautement littéraire, de mettre des noms sur les deux personnages principaux. C’est la quatrième de couverture qui donne succinctement quelques informations : Claude Louis-Combe relate le tragique destin d’un frère et d’une sœur marqués tous deux par le poids des amours interdites.



Georg Trakl est un poète bohème ; un étudiant en pharmacie plus porté sur le voyage intérieur, et l’usage des substances illicites que par les études. Trakl et sa sœurs vont sombre dans une relation incestueuse. C’est cette relation, et surtout les conséquences irrémédiables qui seront abordés dans ce texte superbement écrit, d’un abord plutôt âpre, et dans lequel on ne rentre pas avec aisance, c’est le moins que l’o puisse dire. Le sujet dérange, autant qu’il intrigue, parce que cet amour- là, bien que tabou et interdit n’en est pas moins sincère, assumé et pleinement vécu jusqu’au sacrifice. Il laisse au grand jour la solitude de ces enfants délaissés qui n’ont sans doute pas d’autre salut que de s’aimer, faute d’être aimés de façon plus « conventionnelle ».



On ressort lessivé de cette lecture ; belle, étrange, difficile, douloureuse, tragique, et lumineuse par moment. Tout cela à la fois…..


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Blesse, ronce noire

C'est le troisième opus que je lis de cet auteur qui m'était inconnu voilà moins d'une année.

Il imagine ici les relations amoureuses et intimes entre le poète allemand, Georg Trakl (1887-1914) et sa sœur, Gretl.

Comme dans mes lectures précédentes de Louis-Combet, je suis frappé par sa recherche de l'impalpable, de ce qui ne se livre pas aisément ; il y parvient, non seulement par une prose somptueuse dont la lecture demande grande attention, mais également par un effort de concentration qui lui permet d'exprimer, d'atteindre une profondeur à laquelle nous sommes très rarement habitués et qui nous permet aussi de nous y lire.

Fabuleux !
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Christine l’admirable

L'auteur nous offre un court récit sur ce personnage mystique. Il ne s'agit pas ici de croire ou non aux péripéties de la vie de Christine : ses élévations dans l'espace, ses vols auprès des oiseaux ou à ses doubles morts, la mystique n'est jamais raisonnable.

Ce que réussit l'auteur, c'est une approche de l'impondérable, de l'incroyable (au sens premier) ; dans les circonvolutions de sa phrase, il nous rend accessible ce qui ne l'est pas, compréhensible ce qui est phantasme - sans oublier la touche de distance et d'humour que l'on retrouve également dans "Les Errances Druon".

Une maîtrise de la langue française fabuleuse !
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D'île et de mémoire

Texte autobiographique
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D'île et de mémoire

5 étoiles évidemment !

D'abord pour la majesté de l'écriture : le déroulement de la phrase, son rythme, ses respirations ; le vrai plaisir de la lecture est là !

Surtout : dans le chapitre "De l'enfance, en son retrait" j'ai retrouvé mes rêveries personnelles de cet âge, incommuniquées et incommunicables. Je trouve ici un auteur qui, par sa phrase, longue, souple, réussit à traduire, à concrétiser ce qui est si évanescent, si volatile et que tant d'autres œuvres, si elles pointent le sujet, n'arrivent pas à atteindre.

Une œuvre très forte et douce...
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Gorgô

Claude Louis-Combet fait dans ce petit livre consacré à une reformulation poétique du mythe classique de la Méduse, une démonstration d'écriture très raffinée et parfaitement maîtrisée. Mais cela ne m'a pas enthousiasmé. Je trouve que l'on est trop loin d'enjeux littéraires plus actuels comme le rapport à la réalité, au social ou à l'intime. Ce livre est une beauté formelle, qui me semble trop déconnectée du réel.
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Gorgô

Réécrire des figures féminines immémoriales pour dire, à travers elles, la part sauvage de l’être, ses angoisses, ses fantasmes. Faire de la mythopoétique une liturgie féminine, une célébration sensuelle, tellurique, inquiétante ; dire la femme dans sa sensibilité, sa sexualité, sa sainteté et ses maléfices : autant de thèmes qui imprègnent l’œuvre de Claude Louis-Combet et que l’on retrouve dans ces minces opuscules publiés chez Galilée et Fata Morgana.



A travers Gorgô, il chante la fascination-répulsion pour le sexe de la femme, béance insatiable de vie et de mort, tabou qui serpente ses mystères à travers les siècles. Interrogeant la figure hybride de Méduse, ce « ramassis de haine et d’amour », il dit la férocité du désir féminin et sa réception, scrute les limites entre animalité et humanité, et rappelle les diverses nuances du mythe (Gorgô, comme force de destruction paralysante, mais aussi comme force de vie donnant naissance à Pégase). En redessinant les contours de sa rencontre avec Persée, il offre aussi au monstre-femme une réinterprétation en forme d’expiation surprenante.
Lien : http://www.delitteris.com/au..
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L'Age de Rose

"L'âge de Rose" se présente comme l'hagiographie de Sainte Rose de Lima (1586-1617, canonisée en 1671), qui est la première sainte du Nouveau Monde.

Mais, comme nous en prévient l'auteur, qui a tiré ses informations d'un écrit anonyme sur la sainte de 1835, ce n'est pas une véritable hagiographie mais un chemin personnel intérieur à travers la vie largement fantasmée de Rosa ; de nombreux détails sont inventés (par exemple la petite Rose n'avait pas qu'un seul frère, mais une nombreuse famille dont on ne connaît pas grand chose).

De plus le roman de Louis-Combet est chargé d'éléments symboliques merveilleux, dont le dessèchement des roses à Lima pendant la grossesse de sa mère Marie Oliva Flores et leur brusque renaissance au moment de sa délivrance ; l'accouchement est une action héroïque où la mère joue un rôle de quasi démiurge en tirant elle-même de sa matrice le bébé - sa fille ! - dans quelque chose qui ressemble à un grand orgasme cosmique - et c'est à cet instant que la nature refleurit.

La petite fille devient de plus en plus austère au fur-et-à-mesure qu'elle grandit, se plonge dans l'histoire de Catherine de Sienne qu'elle prend pour modèle : la chair surtout l'horrifie et elle se mortifie au-delà du raisonnable, sans considération d'hygiène ou de santé. Elle entre dans le Tiers-Ordre dominicain et passe à l'instar de Catherine, le restant de sa vie en oraison dans une cabane de jardin et au service des malades, des vieillards et des miséreux. Elle meurt à 32 ans, d'épuisement sans doute, et de malnutrition.

---

Louis-Combet s'empare de cette vie qu'il fait sienne par bien des aspects. Enfant très croyant destiné à la prêtrise, devenu un adulte agnostique mais toujours dans une recherche spirituelle, la totalité de son oeuvre explore le mythe du double masculin/féminin. On sent qu'il est fasciné par l'horreur de la chair de Rose, qui indique en creux l'immense importance de l'incarnation dans le destin humain. Dans un double mouvement un peu contradictoire, Rose, en s'anéantissant devant Dieu, en ne devenant plus rien, abolit en elle la malédiction qui pèse sur la féminité, qui est de représenter la face charnelle, instinctuelle de l'homme : l'être humain, quelque soit son sexe, en cédant à l'instinct, est dominé par le féminin et abolit en lui sa part virile.



Il s'agit d'un problème ontologique : l'être humain, qu'il soit homme ou femme, est tiraillé entre les besoins de son âme et ceux du corps (si la femme domine en lui, il devient luxurieux, si l'homme domine en lui il aspire à l'élévation ; je souris au passage à la misogynie des mythes, mais que faire contre ces représentations ancestrales attribuant à l'autre -la femme, le dominé- les instincts qu'on a du mal à maîtriser ; mais je ne veux pas alourdir le propos de commentaires anthropologiques déjà amplement développés ailleurs).



Rose s'efface en tant que femme en s'infligeant une ascèse confinant à la cruauté et l'auteur s'efface en tant qu'homme dans ce miroir qu'il se crée et qui n'est autre que lui-même transformé en Rose. La démarche n'est pas tenable : Rose, la vraie, la paie de sa vie et l'auteur la paie de l'absence de progression dans sa recherche spirituelle, frappé qu'il est par une forme de stérilité qui le condamne à remodeler sans cesse la forme dans ses écrits mais à emprunter toujours les mêmes chemins de l'âme. Car, nous avertit-il dès le début du roman : "L'aventure du texte n'avait pas eu le sens d'un progrès, d'un approfondissement du savoir sur moi-même. Au terme de la tâche, j'étais aussi démuni qu'en son commencement. Je pouvais repartir du même pas. (...) Tout avait été dit. Et tout restait à dire".



Un chemin immobile est aussi un chemin : qui ne creuse toujours le même sillon ?

Le travail littéraire et poétique est l'ascèse de Claude Louis-Combet.

J'ai aimé ce roman, très beau dans l'écriture. Je n'en recommanderais cependant la lecture qu'à ceux qui sont aguerris à l'évocation des mortifications que s'administèrent, sous prétexte de foi, un grand nombre de croyants fanatiques.

Je n'ai en effet jamais bien compris comment on pouvait concilier l'horreur du corps, qui serait oeuvre de Satan, et l'espérance de la résurrection des corps.

Sans doute le terme "corps" a-t-il plusieurs sens : c'est ce qui différencierait le corps glorieux de celui qui ne l'est pas.
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L'Age de Rose

Ce texte inclassable, doté de pages profondes sur l'expérience intérieure, sur l'adoration, sur la part féminine de chaque homme, mais aussi de remarques impitoyables sur l'élaboration de la sainteté à l'époque du génocide sud-américain, apparaît en même temps comme une autocritique aiguë, ce qui lui donne une grande vitalité et une espèce de candeur touchante.
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