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Citations de Claude Roy (719)


Un rêve

Le balancier de l'horloge en hiver
compte les pas de mon sommeil
Il fait nuit dans la maison
Il est midi juin dans mon rêve

L'enfant qui grimpe au cerisier
entend à travers le feuillage
le souffle du vieil homme qu'il sera
et le tricot du balancier

Dans le noir de l'oreiller
le dormeur soixante ans plus tard
entend l'enfant qui froisse les branches
et les cerises tomber sur l'herbe

le Haut Bout
25 août 1982
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Ukio
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Un roman commence quand quelqu'un s'étonne. Il arrive que ce soit le romancier ; plus souvent encore, son héros, et fréquemment les deux. (Chap Apologie pour les romans)
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Un beau matin, sans crier gare, Gaspard, le Cher Ami Chat de Thomas, se surprend en train de parler. Il parle en prose, et même en vers. On aurait pour moins la tête à l'envers.
En lisant l'histoire absolument vraie du chat-parleur au terrible secret, on verra comment le noble Gaspard parvint à surmonter cet étrange avatar. Chat-malin, chat-poète, et génie des matous, modèle des amis, modèle des époux, Gaspard le beau parleur gardera-t-il son secret jusqu'au... >Voir plus
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Rayen et ranim
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Claude Roy
Kadidja-la-Fatma avait dix-sept ans, six frères et sœurs, son père était tuberculeux, et quand elle rentrait chez elle, elle aidait sa mère à torcher et nourrir les petits, allait chercher de l'eau avec des bidons à la fontaine, lavait le linge, épluchait les légumes, tamisait le couscous, balayait les deux pièces, la cour, et quand elle se couchait, elle rêvait qu'elle entendait Mme Santucci qui criait : Faaaât-ma, où-es-tu-encore-fourrée-feignante-à-bayer-aux-corneilles.
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Claude Roy
Abdelaziz allait de plus en plus mal, il toussait comme une porte pourrie, qui se déchire et gémit un peu plus chaque fois qu'on l'ouvre.
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- La Terreur, dit Bechir passionnément, c'est aussi dans l'Histoire de France, n'est-ce pas ? Et du massacre de la Saint- Barthélémy à celui des communards, c'est peut-être une idylle, votre tradition humaniste et libérale ?
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Claude Roy
Dans le silence qui suivit, Lecoutre se disait: mais la violence, qui l'a apportée d'abord? Il se souvenait des récit de la conquête de l'Afrique du Nord par les conquérants: les mains et les oreilles coupées, les tribus enfermées dans leurs grottes comme des bête nuisibles, les massacres...)
- Un homme qu'on tue net, ça vous fait sursauter, dit Bechir. Mais cent mille pauvres qu'on laisse mourir à tout petit feu, à condition qu'ils ne crient pas, que ça ne se sache pas, ce n'est pas de ka violence, non?
(" il a raison", pensa Lecoutre. Et au même instant, Bechir pensait : " je n'ai pas tout à fait raison. Le colon qui laisse mourir de faim ses fellahs est un salaud. Mais c'est tout de même différent : il peut se raconter qu 'il ne l'est pas, le croire de bonne foi. Il peut ignorer qu'il tue, à sa manière. Je ne peux pas ignorer que j'ai tué. Tout court. Mais vais-je me laisser aller, m'amollir?")
- il n'y a qu'une différence, dit-il, entre la plupart des violences des Français - Je ne parle pas de vos guerres, de vos bagnes, des types que vous aussi vous avez assassinés - c'est que notre violence est franchement, et la vôtre hypocrite.
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Claude Roy
"Mais quoi, se disait-il dans son désarroi, si nous étions en 1942, et Bechir un Français ? Il arrive, il vient d'abattre un Allemand. Aurais-je ce sursaut ? Serais-je aussi chrétien ?"
Il songeait au creux de só désarroi : " Les mots mêmes que j'emploie... On dit 'abattre' un ennemi, quand je pense de Bechir : il vient de 'tuer' un homme. Tout juste si je ne dis pas : 'assassiner'. C'est pourtant de cela qu'il s'agit. Mon Dieu, aidez-moi...Si Bechir est contracté, agressif, c'est qu'il sent que je le suis à son égard. Aurais-je cru cela de lui? Je me sens devant lui paternel. Lui traduit : paternaliste.....
L'aurais-je cru 'capable'de ça ? Si j'étais Tunisien, oui.
Mais je ne peux pas être un autre....."
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Bêcher s'était jeté dans un fauteuil, le visage tout d'un coup défait. Il se dressa quand Lecoutre entra.
- Monsieur le professeur, dit-il, il faut que vous sachiez ce que vous faites. Je ne suis pas ici pour venir vous voir, mais parce que la police était derrière moi. Je viens de m'évader de la Sécurité , vous étiez le plus près de ceux que je connaissais. Je n'aurais pas dû...
Ce n'était donc que cela, se dit Lecoutre. Il était tout d'un coup avivé, réveillé par ce qui arrivait, installé d'un seul coup dans le sang-froid, la fraternité, le beau rôle excitant de celui qui donne asile au fugitif.
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Et je me souvenais de ce que m'avait raconté un jour Igor Markévitch qui, avant d'être le chef d'orchestre fameux qu'il est devenu, était un très bon compositeur, et vécut pendant la guerre avec les partisans italiens danke Nord. Markévitch avait entrepris alors d'écrire un hymne pour les partisans, et il le composait, mesure après mesure, en l'essayant sur son ami Sandro, un ouvrier toscan, et Sandro, qui ne savait pas la musique, écoutait, et il disait à Markévitch : "C'est cela...non, ça, ce n'espas comme ça. " Et Markévitch me disait qu'il avait appris énormément de choses avec Sandro, qui sentait la musique d'une façon merveilleusement directe, et que cet hymne, il aurait été juste que Sandro le signât aussi, qu'ils l'avaient écrit, le musicien et l'ouvrier, en collaboration, l'un apprenant à l'autre, l'autre apprenant à l'un. C'était cela que je ressentais, lisant Leopardi à Renata, qui ne savait ni lire ni écrire, mais qui dans d'autres domaines était plus savante, tellemplus que moi, et qui m'aidait à comprendre ce que j'avais cru comprendre, mais qui m'avait échappé jusque là, parce que j'étais beaucoup moins démuni qu'elle, moins dépouillé aussi, et bien davantage embarrassé, embrouillé au dedans de moi-même. Alors, je reprenais mon stylo, Renata son balai, et j'essayais d'écouter avec son oreille à elle le poème, et de le répéter en français pour d'autres Renata, des Renata d'ailleurs, qui ne parleraient pas sa langue, mais le sentiraient comme elle, parce qu'elles aussi depuis toujours étaient levées avant le jour, pareilles au berger du poème, Serge in sul primo albore...
Levé à l'aurore
Il s'en va aux champs,
poussant son troupeau.
Il voit des moutons,
de l'herbe et de l'eau
et puis, fatigué,
le soir se repose,
n'espérant jamais
connaître autre chose.
O l'une, dis moi
à quoi sert de vivre au berger errant,
dis-moi à quoi sert
mon passage ici
et le tien là-haut,
ton cours immortel?
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La femme de ménage d'Antonello n'était pas là au moment de son départ. Nous fîmes seulement connaissance le premier matin de mon installation. Régata était une haute femme maigre et grise, avec de beaux yeux noirs vifs, une mèche toujours capricieuse qu'elle relevait en balayant, du revers de la main, et de grands pieds décidés et sauvages. Elle passa trois ou quatre jours à m'observer, me tâter du regard, puis décida abruptement de m'adopter. La confiance que me témoignaient les chats l'aida à se résoudre. Elle était comme eux, familière et sur la réserve, arrivant à son heure et sans bruit, précise et fière.
Un chiffon à la main, époussetant la table comme Antonello avait dû l'y accoutumer, sans rien toucher au désordre des livres et des papiers, soulevant juste ce qu'il fallait pour nettoyer, remettant tout où elle l'avait trouvé, vidant les cendriers, je la surprenais souvent en train de contempler les feuillets que je venais d'écrire, flagrant le livre ouvert comme un chat tourne autour d'un objet insolite - fascinée. Un matin, voulant la taquiner, comme elle examinait gravement la page inachevée :
- Et si c'était une lettre d'amour, Renata?
Elle se redressa, me regarda droit.
- Je ne sais pas lire, monsieur.
Je craignais de l'avoir blessée.
- Je plaisantais, Renata.
Mais sa blessure venait de bien plus loin que moi. Renata était assez fine pour avoir senti que ma malice était sans méchanceté. J'avais appuyé mon doigt sans le savoir là où elle avait mal.
- Quand mon défunt mari était en France, dit-elle, c'étaient mes enfants qui me lisaient sa lettre du dimanche.
Elle me raconta petit à petit sa vie.
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Claude Roy
...Le printemps du sud n'est pas ce barbouillé de sève et de verdure qui gambade en Europe et fait les quatre cents coups de la forêt aux champs. Il entre en Barbarie sans se faire annoncer, le doigt sur la bouche, il sourit les yeux mi-clos. Il est cette limpidité à peine mouillée de l'air, les bouffées de tendresse auxquelles la nuit s'abandonne soudain, les migrations furtives d'oiseaux de l'aube, volant très haut, la fraîcheur fugitive de cette rosée froide d'avant le jour, celle que les fellahs nomment la rosée du soc, parce qu'elle est glacée, pure et nette comme le tranchant de la charrue. Le printemps ici ne souligne pas ses effets , il n'a presque rien d'agressif ni d'insolent....
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Les beaux pieds nus sont à chaque pas, pour le sol brûlant du pátio, une caressé précise et légère......
Mançoura allait et venait, elle était un sourire qui marchait pieds nus...
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Le soleil fait cligner les yeux de l'eau, qui se la coule douce entre les prés déjà ébouriffés de vert. Ici, c'est le printemps. Mais les hommes ne sont pas tous citoyens de la même saison du ciel, ni des mêmes saisons du cœur. Comment expliquer mon printemps à moi à tous ceux-là qui sont de l'autre côté du soleil, de l'autre côté de la vie?
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La première demeure des hommes, et la seule peut-être qui leur soit à tous commune, la durée, ne parvient même pas à être d'un seul tenant, d'un seul tissu pour tous. Je songé souvent, traversé de surprise et de mal-à-m'aise, à ces millions et millions d'habitants du temps qui n'habitent pas le même temps que moi.
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Moi aussi, à l'école, il y a longtemps, j'ai vu la terre. La mienne, en ce temps-là, c'était une orange piquée sur un couteau. La lumière caressait tour à tour chaque point de la surface rouge de l'orange, son éclat était équitable, harmonieux. Mais je savais déjà que l'orange n'était qu'un e apparence mensongère, que le soleil n'avait pas l'impartialité de la lampe, et qu'il n'éclairait pas tous le habitants de notre planète avec la même indulgence, ni la même amitié. Il y avait sur la terre des gens heureux et d'autres disgraciés. Les uns vivaient dans la complicité dorée d'un soleil familières léger, les autres étaient soumis à une éternité de brûlures, ou à une interminable stagnation de brumes.
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Pourquoi n'avons-nous jamais été si heureux que pendant la Résistance, et jamais si libres que sous l'occupation ? C'est que la cruauté et la bestialité bête des nazis nous allégeaient. Il était possible de haïr sans remords, de se battre sans arrière-pensées.
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Pour faire la guerre hardiment il faut une grande force de conviction, le côté 《Heureux-ceux-qui-sont-morts-pour-une-juste-cause》. Mais, à la rigueur, une stupidité entêtée ou une frivolité jaillissante font l'affaire.
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