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Citations de Claude Vincent (34)


Marthe comprend ce qu'ils ne disent pas ! Cette maison fermée sur la certitude de l'absence, et maintenant...Pour eux, elle sait qu"elle est une sorte de fantôme. Ils auraient pu fuir. Ils sont là. Ils sont là, retenant leurs gestes, leurs mots, n'osant se tourner l'un vers l'autre, se demandant s'ils rêvent ou s'ils sont éveillés, si ce pays les a envouté pour mieux les briser. On ne joue pas au plus fort avec le pays de la pierre et du feu.
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lire que j'aime lire , il est super des que l'on le prend on ne peut plus le quitter, un plaisir à chaque moment
Merci à l'écrivain Claude Vincent beaucoup de poésie, et de details une femme superbe
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Claude Vincent
Maintenant, Hélène remplit une assiette de soupe.
"Mais enfin, se demande Maria, pourquoi la pose-t-elle sous l'attrape-mouche?"
Des mouches encore vivantes, empêtrées de colle, tombent dans le liquide bouillant, s'y débattent. Une à une, elles s'y noient.
-"Té, ça doit être assez refroidi, dit Hélène. Que je vous fasse manger maintenant que j'ai le temps. Ouvrez la bouche, je vous dis," s'emporte Hélène qui ne l'a pas entendu entrer.
D'un seul coup d'oeil, Marcou a tout vu, tout compris....Les lèvres serrées de Maria, les mouches dans la soupe, la hargne.
-Tiens ! Bouffe-la, si elle te plaît ta soupe ! Bouffe-la ! hurle-t-il, arrachant l'assiette des mains de sa mère et en lui jetant le contenu au visage.
...."Non, Marcou ! Non, mon petit !" supplie une voix à l'intérieur de Maria.
Il lève la main.
"Non ! Pas ça, Marcou !
La tête de Maria éclate. Tout le sang de son corps reflue à ses tempes. Tant de colère dans autant de silence, ça fait trop de bruit, trop pour crier ce qui s'est tu si longtemps.
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Marthe écoute se prolonger les mots. dans sa cuisine silencieuse, il n'y a plus que le crépitement du feu. Il y a aussi, sur elle, le regard de l'homme qui, parce qu'elle ne peut ni bouger, ni parler, ni même abaisser son propre regard, a l'air de lire en elle, loin, toutes ces choses qu'elle sent monter, dans l'instant, du fin fond d'elle-même. sans qu'elle puisse la retenir, une larme roule, tiède, contre son nez.
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Nous étions un vieux couple chargé d'ans et de déconvenues, poursuivant, sans doute par habitude, en tous cas sans illusions, la route ensemble. A l'instant où je la regardai, je me sentis bizarrement gêné de la découvrir à mes côtés, telle qu'autrefois, frêle et enfantine.
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Qu'est-ce que je demandais? Finir mes jours chez moi, pas plus, avec mon fourneau pour chauffer l'hiver et le soleil levé sur l'été. La campagne au soleil levant, c'est vraiment la plus belle chose au monde, la plus belle. Avec sa porte ouverte sur le matin, malgré toute la tristesse d'une vie, on peut être content. Dire qu'il m'a fallu toute mon existence pour apprendre une chose aussi simple...Le plus fort, c'est que, dans ma maison, je n'imaginais pas que j'étais vieille. Avec le temps, elle et moi nous nous étions habituées à voir passer le temps ensemble, à faire ce qu'il y avait à faire, toujours pareil du lever au coucher, comme de soigner les bêtes et les plantes, passer le café du matin et tant d'autres besognes qui occupent une journée. Il fallait, c'est drôle, que je me dise mon âge pour me voir vieillir.
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Le paradis, me répliqua mon hôte en riant, j'imagine qu'il est, au moins en un point, assez semblable à l'enfer : quand on l'a dans le cœur, on le déverse sur terre.  (p.219)
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Je plains ces humains trop tôt vieux qui, faisant économie de la souffrance et du don, se privent d'un petit compagnon à quatre pattes dilapidateurs de joie, d'insouciance, coutumiers que sont les chiens de ce vivant gaspillage qu'est le débordement du cœur.
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Ce que je vis d'abord, c'est la fenêtre qui venait de s'allumer. Puis je distinguai l'homme, debout à un mètre cinquante, deux mètres du mur, me tournant le dos. Brutalement, la réalité de la scène me sauta aux yeux : il brandissait dans son poing levé une petite masse beige, couinante. Quatre ou cinq autres gisaient à terre, inertes, minuscules tas de fourrure baignés de sang.
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Les mots cheminent. C'est ça, les mots : jetés au hasard, ils s'éteignent ou poursuivent leur route.  (p.84)
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Derrière l'ironie manifeste de mon regard, le soupçon, sans doute, que celui qui aime la vie l'aime sous toutes ses formes.
Serions-nous si étroits que l'attention portée aux animaux nous détourne de la détresse humaine ?  (p.43)
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Même si on ne s’est pas toujours entendus… le Félix, c’était quelqu’un.
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Ils sont tous là. Jamais ses vieilles joues n’ont reçu autant de caresses ! Elle en est toute retournée, Marthe !
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Cette fois, c’était son mort à elle. C’était son Félix qui était couché là, entre quatre planches.
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Avance, Maria !
Les crottes des chèvres de Jules ont racorni au soleil comme pet de lièvre. Maria se souvient pourtant avoir vu passer l'homme et son troupeau, il y a une heure à peine. Avance !
Tout ça n'est de la faute de personne.
C'est l'été, Maria, encore une fois, l'été. Mais cet été-là n'a pas le goût des mûrissements. Enfer et braise, il brûle. Il a rôti l'herbe et les ronces des talus, pelé les regains naissants, vidé l'eau des ruisseaux et des béalières. Il continue à moudre la poussière.
Avance, Maria...
Il faut qu'elle se dépêche mais elle a de plus en plus de mal à marcher. Elle avance comme à travers les mottes d'un champ labouré. Le sol croule sous ses pas. Dans sa tête, des images d'enfance et de feu d'artifice.
Avance, maria.
A chaque pas, le poids de son corps l'écrase sur ses talons.
Elle marche.
Plutôt, ses jambes marchent sans elle.
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Les nuits d'été, c'était plus fort que lui, s'échappant par la fenêtre de sa chambre, il dormait à la belle étoile. Sous les couvertures, il étouffait. Il avait besoin de dormir peau à peau contre le monde. Parfois, la porte de la maison voisine s'entrebâillait. Dans sa longue camisole blanche, une petite fille traversait la nuit pour venir se blottir contre lui. Il s'endormait sans un geste sans un mot, dans un sentiment de totale plénitude. Avec l'aube, la minuscule silhouette s'évanouissait et il ne savait plus, au réveil, ce qui relevait de la réalité ou du rêve.
-"Trois heures, déjà" se fit-il remarquer, avec le sentiment que le temps avait repris son pas.
De sa vie, il n'avait eu besoin de montre : un arbre, un bâton dressé, une herbe longue donnent l'heure à la minute près. La montre est pour les jours de fête quand le regard est occupé ailleurs.
En lui, l'horloge du temps s'était remise en marche.
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-Le Veyras, dit-il, comme en se parlant à lui-même, tel qu'il est aujourd'hui, elle l'a fait : de la terre d'homme où, avant c'était rien que des friches...Oui, de la belle terre... de la belle besogne. Il fallait la voir, toute menue, toute tendue au travail...Pas une plainte jamais. Moi qui suis d'ici, je peux le dire : j'ai vu la terre renaître de cette femme. Ce qu'elle a fait, personne d'autre ne l'aurait fait. Alors, peut-être bien pour le détail, faut pas être trop regardant...Quand même, c'est une belle terre qu'elle vous laisse, Hélène!
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Vous pouvez faire ce que vous voulez, le ver est dans le fruit...Elle crie qu'on ne fera rien de moi. Ce n'est pas pour quatre malheureux sous, chers payés, qu'on va contaminer les filles et porter le rouge de la honte devant tout un village...Qu'est-ce que c'est qu'un enfant de l'assistance? Un, que même sa mère n'a pas voulu de lui. C'est dire! Après, ça traine d'une famille à l'autre. Qui en voudrait? Sa propre mère n'en a pas voulu. Il faut qu'elle soit basse la terre et avoir besoin d'argent pour s'empêtrer de ça.
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Il regrette l'ombre des grands arbres. C'est long à venir un arbre. Il faut une vie pour le faire, presque. Au bord du jardin de son père, il y avait un cerisier qui balançait ses cerises en plein vent, si haut que les pies en faisaient la récolte. Maintenant, il ont tout abattu, tout brûlé. Les temps changent.
Il se dit: aimant autant l'argent, est-ce qu'on va savoir encore aimer la terre?...tu ne vois pas, un jour, on trouvera que les femmes ne font pas assez vite leur petit, que c'est trop long neuf mois, on leur fera faire le petit en deux mois. Ce ne sera pas bon, la preuve. Alors, ce qui n'est pas bon pour la femme, dis-moi comment ça pourrait être bon pour la terre?
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Dans la lueur du jour, son visage embroussaillé avait quelque chose de menaçant qui avait effrayé n'importe qui. Pourtant Marthe commençait à l'aimer. Homme, ours, ou rocher, elle ne savait pas. Il ressemblait à ce pays abandonné de tous, il ressemblait à ce qui était né en elle à l'instant précis où elle avait ouvert les yeux et que la mort avait reculé.
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