Citations de Connie Willis (194)
- Lady Schrapnell estime que ce vase, si l'incendie l'a épargné, a pu être remisé dans le nouvel édifice. Elle m'a envoyé voir les épouses des évêques parce que, je la cite, " les hommes ne savent jamais où sont rangées les affaires".
La peste dévastait les autres contrées telle une légion d'Anges exterminateurs, ne laissant sur son passage aucun survivant pour administrer l'extrême-onction et enterrer les cadavres. Dans un monastère, elle n'avait épargné qu'un seul moine. Ce rescapé, John Clyn, avait laissé une chronique. "Et, de crainte que les hommes oublient ce dont ils doivent se souvenir, moi, qui ai vu tant de souffrances et le monde entier sous l'emprise du malin, moi qui étais parmi les morts et attendais le trépas, j'ai voulu porter témoignage."
Il avait tout noté avec la précision d'un historien, avant de succomber à son tour. Au bas de la dernière page de son manuscrit, une autre main avait écrit : "Ici, semble-t-il, l'auteur s'est éteint." (P320-321)
Un des premiers symptômes du déphasage temporel est une propension à un sentimentalisme larmoyant digne d'un Irlandais ivre ou d'un poète victorien à jeun.
Ce n'était pas la première erreur d'interprétation. Combien de fois un message mal compris ou tombé en de mauvaises mains avait-il changé l'issue d'un combat ? Lee qui laissait choir les plans de la bataille d'Antietam, le télégramme de Zimmerman et les ordres illisibles de Napoléon à Ney à Waterloo.
Arthur Conan Doyle, poursuivit Mme mering, a établi que les esprits mangent et boivent comme nous, que leur monde est identique au nôtre. Par ailleurs, qui pourrait mettre en doute l'authenticité des nouvelles publiées dans les journaux ?
Aie enterré de mes mains cinq de mes enfants dans la même fosse... Sans cloches. Sans larmes. C'est la fin du monde.
Agniola Di Tura
Sienne, 1347
Un des premiers symptômes du déphasage temporel est une propension à un sentimentalisme larmoyant digne d'un irlandais ivre ou d'un poète victorien à jeun.
Je m’étais toujours senti un peu floué de ne pas avoir fréquenté Oxford à l’époque des Jowett et R.W. Roper. Spooner était le plus célèbre, naturellement, à cause de son talent pour massacrer l’anglais.
Mais mon préféré était Claude Jenkins, qui vivait dans une maison où régnait un tel désordre qu’il lui arrivait de ne pouvoir ouvrir la porte d’entrée. Un jour, il avait justifié son retard à une réunion en disant : « Ma femme de ménage vient de mourir, mais j’ai réussi à la caler sur une chaise de la cuisine et elle devrait y rester jusqu’à mon retour. »
(Chapitre cinq)
Il est difficile de garder le bon cap même quand on voit où on va.
[Chapitre cinq]
Proverbe :
Parce qu'il manquait un clou, le fer fut perdu.
Parce qu'il manquait un fer, le cheval fut perdu.
Parce qu'il manquait un cheval, le cavalier fut perdu.
Parce qu'il manquait un cavalier, le royaume fut perdu.
(...) Si un putain de papillon peut provoquer une mousson à l’autre bout du monde, modifier l'avenir de cinq cent vingt soldats doit foutrement pouvoir déchainer quelque chose ! Je prie juste le ciel de ne pas avoir changé le vainqueur de la guerre.
Je découvrais pourquoi les membres de la société victorienne faisaient montre de tant de retenue. Il était impossible de se déplacer dans leurs demeures sans casser quelque chose.
(Chapitre onze)
— Seigneur, Toi Qui nous as envoyé ce fléau, nous T’implorons de dire à Tes anges destructeurs de retenir leur main vengeresse et de ne pas semer la désolation sur la terre, de ne pas y détruire toute vie.
Autant pour le moral, se dit Dunworthy.
— Comme en ces jours funestes où Tu décimas les tribus d’Israël. Nous sommes dans l’affliction, Seigneur, et nous T’implorons d’épargner Tes fidèles.
Sans se laisser distraire par les claquements des canalisations du vieux chauffage central, le prêtre cita ensuite tous les cas où Dieu avait massacré les pécheurs en multipliant les fléaux. Puis il demanda à l’assistance de se lever pour chanter « Dieu est notre joie, rien ne peut nous affliger ».
La peste a décimé tous les gens courageux qui ont décidé de rester pour aider leurs semblables. (Kivrin)
Ce n'est jamais ce qu'on redoute le plus qui se produit.
(Mary)
"Elle ne peut s'ouvrir que de l'intérieur. Comme la porte du coeur."
Le vent soufflait plus régulièrement. Elle aurait dû revenir sur ses pas mais le simple fait de rester debout relevait de l'exploit. Comme elle n'aurait pu s'asseoir dans la fange, elle décida d'entrer dans la hutte.
Une clôture bancale la ceignait, des branches entrecroisées soutenues par des piquets si bas que seuls les montants du portillon étaient assez hauts pour lui offrir leur soutien.
- Ohé, cria-t-elle. Il y a quelqu'un ?
Pas de réponse. Elle leva la boucle de cuir qui retenait le battant, s'avança et frappa à la porte de planches.
Elle tenta de soulever la barre de bois. Son poids l'en empêcha. Elle devait informer M. Dunworthy que ces constructions étaient moins fragiles que ne le laissait supposer leur aspect. Elle reprenait son souffle quand elle entendit un bruit derrière elle.
- Veuillez m'excuser d'avoir pénétré dans votre jardin, dit-elle en se tournant.
Vers la vache qui étirait son cou par-dessus la clôture pour paître des brins d'herbe entre les feuilles mortes.
Les chercheurs ne pouvaient obtenir de subventions des multinationales qui avaient cessé de s’intéresser au voyage dans le temps sitôt que piller le passé s’était avéré irréalisable. Il n’y avait plus d’argent pour le matériel, les bourses universitaires et les salaires. Les caisses étaient vides, point.
[Chapitre cinq]
— L’idée est de vous. Vous m’avez dit que les jeunes femmes de bonne famille ne voyageaient jamais seules. Mes gens ont pris la fuite quand ces bandits sont venus s’approprier mes chevaux et mes biens. M. Gilchrist trouve cette histoire plausible. Les Probabilités…
— Elle est plausible parce que les brigands étaient très nombreux, à l’époque.
— Ainsi que les malades contagieux, les chevaliers en maraude et autres individus peu recommandables. N’y avait-il pas des gens fréquentables, au Moyen Âge ?
— Ils étaient occupés à dresser des bûchers pour immoler les sorcières.
Monsieur Dunworthy, j’ai décidé d’appeler ceci le Grand Livre par référence au Grand Livre cadastral établi sur l’ordre de Guillaume le Conquérant, un registre destiné à permettre de calculer les impôts dus par ses métayers et qui est pour nous une chronique de la vie médiévale.