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Citations de Cornelia Read (50)


J'avais toujours reproché aux psys d'avoir assassiné le langage. Quand on fait bouillir tous les mots, la précision, les métaphores et la beauté s'évaporent et il ne reste plus au fond de la marmite que des blocs de jargon carbonisés.
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Il y a des personnes qui sont bipolaires.
Moi je suis simplement polaire.
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Avec une très grande fortune, vous pouvez mettre le grappin sur au moins une Européenne fin de race et, à la quatrième génération, cela donne des dobermans dotés d'une lettre de Habsbourg, c'est pourquoi je n'ai jamais aimé Southampton.
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… J’en étais venue à soupçonner que les milliers de règles mesquines qu’il imposait à ses employés (sans parler de la crainte et de la fatigue ainsi créées) avaient pour but de nous faire perdre notre assise, de nous briser. Comme un camp d’entraînement des marines, ou comme quand on n’avait pas le droit d’aller aux toilettes pendant ces séminaires où on payait pour s’en prendre plein la gueule.
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Je passais la nuit à tenter de me réfugier dans l'oasis du sommeil, pour la voir se dissiper tel un mirage chaque fois que je croyais être sur le point d'atteindre l'ombre attirante de ses palmiers.
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— Combien de gens en tout ? demanda Sitzman. Pendant toute la guerre ?
— Il doit y avoir les chiffres là-dedans, dis-je en prenant le manuel. Page 236 : soixante-deux millions cinq cent trente-sept mille huit cents morts au total, militaires et civils.
Sitzman examina la page :
— Dont cinq millions sept cent cinquante-quatre mille juifs victimes de l’Holocauste.
— Trois millions rien qu’en Pologne, précisai-je.
Silence.
J’entendis des pas dans le couloir.
— Comment ils ont pu faire ça ? demanda Sitzman. Soixante-deux millions ?
Les pas ralentirent et s’arrêtèrent juste devant la porte de la classe.
— Aucune idée, répondis-je.
— Et on continue à en tuer, ça n’arrête pas, dit LeChance.
— Mais il y a des gens qui essaient de faire en sorte que ça s’arrête. Parce que, même s’il y a eu la Société des Nations après la Première Guerre mondiale – vous vous souvenez peut-être, elle n’a rien pu pour empêcher la Seconde –, certains étaient prêts à réessayer. Roosevelt, Staline et Churchill, à Yalta. Ils ont invité quarante-six pays à San Francisco. Les Allemands n’avaient même pas encore capitulé.
— Pourquoi à San Francisco ? demanda Wiesner.
— Parce qu’on imagine la Californie comme un territoire tout neuf, je pense. C’est là qu’on va quand on veut tout reprendre à zéro, quand on veut se débarrasser du passé. La ruée vers l’or… les années 1960…
Mes parents…
— Grateful Dead et compagnie, c’est ça ? demanda LeChance en souriant.
— Exact. Tout ça. Les hippies, Peace and love, le LSD. Les pèlerins et les rêveurs. Les marches pour la paix. C’est le début de l’histoire que j’ai connue quand j’étais petite.
— Raconte-nous ! me supplia LeChance.
— D’accord. Quand on en sera au Viêtnam.
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Elle ouvrit les yeux et me sourit.

Et nous fûmes sauvés par l’arrivée du Dr Ed, avec sa pile d’Assiettes de Médocs.

Il fit le tour de la table, remettant à chaque prof l’épais disque blanc d’une assiette de cantine.

Chacune était remplie d’un demi-cercle de minuscules enveloppes brunes. La dernière fois que j’avais vu ce genre d’article de papeterie, elles étaient remplies de marijuana mexicaine totalement sans effet, et se vendaient cinq dollars pièce à Manhattan, dans la 14e Rue, entre la Deuxième et la Troisième Avenue, vers 1983.

Dans ma tête, je les appelais encore des “poches à dope”, association d’idées dont je ne me sentais pas prête à faire part aux autres convives.

Chaque enveloppe portait le nom de famille d’un gamin et l’initiale de son prénom, suivis d’une liste des médicaments contenus à l’intérieur : Haldol, Prozac, lithium, Lexomil.

Lulu, Mindy, Tim, Gerald et le Nouveau reçurent leurs assiettes respectives des mains du Dr Ed, en terminant par le Nouveau.

Le Dr Ed eut une conversation avec lui, en désignant successivement chaque enveloppe et son destinataire.
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J’avais oublié les cigarettes depuis la fac. Maintenant, elles étaient au centre de mon existence, avec la caféine. Ça aussi, c’était interdit, ce qui ne m’empêchait pas d’avaler de grandes tasses du déca tiède autorisé par l’établissement, dans le vain espoir que les fabricants auraient oublié d’émasculer un grain ou deux.
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J’allais dire à Wiesner d’arrêter de menacer un gamin qu’il dépassait de trente centimètres et qui pesait vingt-cinq kilos de moins que lui, mais Patti Gonzaga commença à grogner, comme elle l’avait fait juste avant de me balancer sa chaise à la tête, la première semaine.
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Wiesner sortit de sa poche un billet de cinq dollars tout neuf.

— Comme ça, il m’en reste quatre.

Il leva la main droite, agitant les doigts en direction de Forchetti.

— Madeline c’est pas une putain de prof de merde, dit-il en repliant l’index sur le mot accentué. Toi, par contre, t’es un putain (le majeur) de sale connard et puis, putain (l’annulaire), si tu lui fous pas la paix, je te défonce ton putain (l’auriculaire) de petit cul de furet la prochaine fois que je te trouve tout seul dans les douches.

Wiesner plia le billet en quatre et le lança aux pieds de Forchetti.

— Allez, fais-moi plaisir, mets-moi ça dans le petit bocal de Santangelo.

Forchetti rougit, mais il ramassa le billet à terre et le glissa dans sa poche.
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— Mais elle est vraiment à chier, comme prof, gémit-il. Et toi, Wiesner, tu dois un dollar à SOS-Femmes violées parce que t’as dit un gros mot.

Il avait raison. A l’académie Santangelo, on ne rigolait pas avec ça, parce que le Dr David Santangelo estimait que “putain” était un juron fondamentalement lié à la violence infligée aux femmes.

C’était en fait le seul mot que les élèves n’avaient pas le droit de prononcer. Pas plus que les profs.
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Pas mal, ce Wiesner : un mètre quatre-vingt-quinze, des cheveux blond platine plaqués en arrière, les yeux gris avec de longs cils noirs. Il venait de faire huit jours en centre pénitentiaire après avoir retenu en otages un prof et deux élèves, sous la menace d’un couteau de cuisine, afin d’utiliser le téléphone du bureau du directeur pour passer un appel longue distance à sa petite amie. Maintenant, il assistait à deux de mes trois cours.

Forchetti se mit à admirer la moquette.
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Forchetti soutint mon regard et ouvrit une page au hasard. C’était Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, de Maya Angelou. Il jeta le bout de chewing-gum dans son livre et le referma en le claquant contre son pupitre en faux bois.

— Jamais je lirais cette merde, même si tu te mettais à genoux pour me tailler une pipe.

— Putain, écrase, Forniquette ! siffla Wiesner entre ses dents.
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Un bon mois avant Noël, Forchetti formula l’évidence :

— T’es à chier, comme prof.

Les six autres gamins la bouclèrent aussitôt, leurs regards allant de lui à moi. Pour une fois tout s’arrêta : le tortillage de cheveux, le mâchouillement de crayon et la démangeaison liée à l’angoisse adolescente.

Forchetti fit éclater son chewing-gum et le bruit résonna entre les parpaings d’un jaune bilieux.

La salle était affreuse. Déprimante. Moi non plus, je n’avais pas envie d’être là, mais on n’est pas censé dire ça quand on est le seul adulte présent.

Dehors, les arbres perdaient leurs dernières touches de cuivre rouge et de laiton poli. Les feuilles désolées étaient prêtes à se laisser tomber du haut des érables, des ormes et de Dieu sait quel autre genre d’arbres de la côte est dont je ne connaissais toujours pas le nom, douze ans après avoir quitté la Californie.

Je me détournai lentement de la fenêtre et je croisai les bras.

— Tu l’as lu, ce foutu chapitre ?

Forchetti grimaça pour extirper la petite boulette de Juicy Fruit qu’il avait sur la langue, toute chaude de salive. Il éleva cette cochonnerie à la hauteur de ses yeux et fit mine de me viser, en plein dans le front.

Sans me laisser impressionner, je contemplai son visage étroit, ces traits poupins écrasés par des sourcils noirs poussés trop vite.

— Tu l’as lu, oui ou non ?
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— C’était sympa, ce que tu nous as raconté aujourd’hui, dit Sitzman.

J’avais fini de leur attribuer la note quotidienne de comportement et rangé le cahier dans mon bureau. Nous étions tous deux debout sur des chaises, de part et d’autre de la carte. Elle refusait toujours de se rembobiner et nous n’avions absolument pas progressé.

— Merci. J’aime bien l’histoire.

— Moi aussi. Je pense les mêmes choses que toi, souvent. Et même, des fois…
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Une légère brume dégringolait entre les immeubles, blanche sur fond blanc, réchauffée sur les bords par la pierre brune des bâtiments 1900 à bow-windows. L’air était encore frais, à cette heure matinale, mais je sentais la chaleur étouffante de la journée à venir qui tapait du pied en coulisses.

Il ne faisait certainement pas assez froid pour masquer la puanteur urbaine, pot-(très)pourri de vomi, d’ordures et d’urine fermentée. J’étais revenue à New York depuis assez longtemps pour avoir réappris à respirer par la bouche et non par le nez, dans ces cas-là.

Je souris à la vue de mon autocollant préféré, à la vitrine d’un libraire trotskiste : US OUT of North America !
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Et puis il y avait tout le côté ménagères-de-moins-de-cinquante-ans-lorgnant-sur-le-beau-gosse-en-bleu-de-travail, que j’appréciais moyennement même si mon intrépide conjoint me rassurait sans cesse : lorsqu’une inconnue maniaque de l’aérobic lui ouvrait la porte, enveloppée dans un simple drap, il se sentait plutôt gêné que titillé.
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Il y avait du fric à gagner dès qu’on savait manier la perceuse électrique, étant donné la proportion étonnante de ceux qui avaient séché les cours de travaux manuels parmi les riches New-Yorkais – un type avait même donné cinquante dollars pour qu’on lui installe son magnétoscope – mais ce n’était pas avec ces bouche-trous que Dean en arriverait là où il rêvait d’aboutir.
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Nous étions venus à New York dans l’espoir qu’il pourrait participer à un programme de formation au management proposé par la Régie des transports. Dans sa jeunesse, il avait eu des CDD dans le métro, mais, pour trouver un emploi permanent, nous avions découvert qu’il valait mieux avoir un oncle ou un cousin au syndicat. J’en étais donc à prendre des commandes de livres par téléphone, pendant que Dean envoyait des CV et faisait des petits boulots de menuiserie pour les parents et patrons de nos amis en ville.
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Pagan et Sue partageaient la plus petite des deux chambres, et, quand elles avaient eu besoin de nouveaux colocs en juin, j’avais rappliqué des Berkshires avec mon mari, Dean.
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