J'avais découvert l'auteure en 2004 avec Thyia de Sparte (que j'avais adoré), puis j'avais dévoré dans la foulée Moi, Sporus, prêtre et putain ainsi que Le César aux pieds nus. Malheureusement, j'avais un peu perdu de vue l'actualité littéraire de Cristina Rodríguez, et c'est Cassie qui m'a donné envie de me replonger dans son univers à travers son billet sur le couple inoubliable formé par Kaeso et sa panthère Io !
Or donc, Kaeso Concordianus Licinus vient de passer onze mois dans les geôles de Rome suite aux manigances de Séjan, préfet du prétoire. Spolié de ses biens, il est obligé d'accepter la charge de centurion de la milice à Pompéi grâce à l'intervention de Nerva, un ami de son défunt père. Ayant perdu tous ses appuis au sénat et à la cour en étant condamné, Kaeso ne peut faire la fine bouche, même si cette mutation est vécue comme une rétrogradation : non seulement, Pompéi est une ville réputée pour sa tranquillité (horreur absolue pour ce jeune officier de 30 ans impétueux !), mais les hommes qui composent sa troupe apparaissent comme un ramassis d'incapables, indisciplinés et crasseux !
A peine a-t-il installé sa mère Hildr chez dame Olconia, une amie de sa cousine Concordia (jeune mondaine romaine amoureuse de lui et décidée à l'épouser), qu'il est appelé sur les lieux d' un 1er meurtre, commis sur la personne de Syagros, un artisan talentueux mais alcoolique ; quelques heures plus tard un 2è corps est retrouvé dans la crypte du temple d'Isis.
Septimus, préfet de la ville, est convaincu qu'aucun lien ne réunit ces deux meurtres, mais lorsque Kaeso exhume une affaire de fausse monnaie de grande envergure survenant au moment où l'empire souffre de manque de liquidités, il ne fait plus aucun doute qu'un complot, mouillant de hauts personnages de l'empire, ne vise à déstabiliser le pouvoir.
Les meurtres s'enchaînent à un rythme effréné, une rumeur calomnieuse est répandue sur Kaeso visant à le décrédibiliser, sa mère, prêtresse et guérisseuse barbare, est jetée en prison sur une accusation de sorcellerie.
Bref, le ou les comploteurs mettent tout en oeuvre pour empêcher Kaeso de remonter jusqu'au cerveau de la conjuration !
Je dois avouer que ce n'est pas l'intrigue en elle-même qui m'a intéressée, n'étant pas familière du genre, mais cette immersion totale dans la Rome du Ier siècle de notre ère. L'auteure nous entraîne aussi bien dans les quartiers mal-famés de Pompéi que dans les villas des riches patriciens en des tableaux extrêmement vivants et réalistes, nous restituant non seulement les couleurs mais aussi les odeurs (et même les tics nerveux de démangeaison quand le héros a la malchance de croiser un personnage mangé par la vermine !^^).
En outre, Cristina Rodríguez nous offre une galerie de personnages variée et suffisamment caractérisée pour éveiller notre intérêt (voire notre attachement !).
Kaeso est un officier déchu et offensé dont la droiture et la loyauté lui ont attiré de puissants ennemis, et comme si cela ne suffisait pas, il doit tenir à distance sa jeune cousine Concordia aussi entreprenante à son égard qu'envahissante.
Sa mère Hildr est une princesse barbare méprisée par l'aristocratie pour ses origines mais d'une grande force de caractère.
Sa panthère apprivoisée Io se prend pour un chien quand elle ne fait pas fuir ses conquêtes potentielles par accès de jalousie !
Et même la milice dissipée nous révèle des personnages attachants dans leur genre : Marcus, la quadragénaire bedonnant mais fidèle, Ludius, le jeune aveugle dévoué, Castor et Pollux les jumeaux que leur nouveau chef n'arrive pas à différencier, le discret Aulus, le jeune esclave Alexis tombé sous le charme de son maître....
Mais personnellement, celui qui m'a le plus touchée est indéniablement Donar, le garde germain (que voulez-vous, je ne pouvais résister à un beau barbare chevelu) qui ne cesse pourtant durant tout le livre d'être malmené et ridiculisé par son maître Caligula ; le futur empereur est désormais menacé à cause son statut de dernier héritier potentiel de Tibère, son frère aîné Néro, qui était le meilleur ami de Kaeso, ayant été assassiné et son frère Drusus emprisonné. Dans ce tome, Caligula prête main forte à Kaeso pour déjouer le complot, et son caractère instable et dangereux commence à émerger.
J'aurais tout de même quelques réserves à émettre : je n'ai pas été convaincue par le rôle de médecin légiste endossé par Hildr, trop anachronique à mes yeux ; en outre, j'aurais aimé que certains éléments de l'intrigue afférents aux divers meurtres soient plus développés et expliqués.
Mais fait plus qu'appréciable, le lecteur est entraîné dans une Pompéi antique qui échappe à l'éruption du Vésuve (le dieu forgeron Vulcain qui loge en ses entrailles en soit remercié !)
Pour conclure, une enquête haletante menée tambour battant par un très fringant et très séduisant héros (même si mon coeur a craqué pour son alter ego germain, que j'espère d'ailleurs voir apparaître dans le prochain tome et d'une manière plus assidue), le tout saupoudré d'humour. Je suivrai les suites de ses aventures avec beaucoup de plaisir !
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