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EAN : 9782702434048
398 pages
Le Masque (04/06/2008)
4.11/5   22 notes
Résumé :
En l'an 31, l'empereur Tibère, désabusé et las des intrigues de Rome, se retire à Capri. Une fin de règne délétère commence, sur laquelle plane l'ombre du terrible Séjan, préfet du prétoire, à qui l'empereur a confié le pouvoir, et dont l'ambition est sans limite... Personne n'ose s'opposer à ses hommes de main. Personne ? C'est oublier Kaeso, jeune centurion du corps des prétoriens impériaux, une tête brûlée, qui a le courage de s'insurger. Expédié à Pompéï comme c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Pompéi, an 31. Kaeso Concordianus Licinus  vient prendre ses fonctions à la tête de la milice de la ville. Ce centurion en pleine force de l'âge vient de passer plus d'un mois dans les geôles romaines pour avoir tenu tête à Séjan, le préfet du prétoire qui gouverne en l'absence de Tibère, retiré à Capri. Déchu, dépossédé de tous ses biens, condamné à mort, il ne doit la vie qu'à l'intervention du vieux Nerva, un fidèle ami de son défunt père. Flanqué de sa mère Hildr et de sa panthère Io, Kaeso arrive donc à Pompéi pour découvrir une milice qui part à vau-l'eau et une ville provinciale trop tranquille pour lui qui ne rêve que d'exploits guerriers. Pourtant, le centurion va découvrir que Pompéi n'est pas aussi calme qu'il y paraît. Accueilli par un tremblement de terre et un meurtre, qui ne sera d'ailleurs que le premier d'une longue série, le nouveau chef de la milice aura fort à faire pour trouver le meurtrier, démanteler un trafic de fausse monnaie, discipliner ses hommes, protéger son ami Caligula, héritier de l'empire et fuir les assauts de sa cousine Concordia bien décidée à se faire passer la bague au doigt. Qui a dit qu'il ne se passait jamais rien à Pompéi ?

Quel plaisir que ces Mystères de Pompéi concoctés par l'historienne Cristina Rodriguez ! C'est drôle, enlevé, et plein de renseignements sur l'Antiquité. Une manière agréable de se cultiver en s'amusant. Sans en faire trop, l'auteure distille ses connaissances sur cette période tout en proposant une intrigue policière qui tient la route et une galerie de personnages des plus attachants. de l'impressionnant et séduisant centurion Kaeso au futur empereur Caligula, en passant par la primesautière Concordia ou Io, la panthère qui croit être un chien de compagnie, ils font tous le sel d'une histoire qui prend place dans l'antique Pompéi, paisible en apparence, mais qui cache dans ses entrailles les forges de Vulcain.
Une lecture très divertissante, drôle et rythmée qui, sous couvert d'une enquête policière, donne un bon aperçu des moeurs de l'époque. A découvrir !
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Ce livre m'a été prêté, voire mis entre les mains par mon amie Syl de Thé, Lectures et Macarons, dont vous retrouverez le billet ici : http://thelecturesetmacarons.over-blog.com/article-mm-65096393.html
et je dois dire que replonger dans l'écriture romanesque, historique m'a fait repartir quelques années en arrière. Je la remercie de m'avoir fait passer un très bon moment, après des débuts (un peu) difficiles. Ce livre est le premier d'une trilogie (ou quadrilogie peut-être ?) mais pas le premier de Cristina Rodriguez (Cf. « sur l'auteure » à la fin du billet).

Je sais qu'il y a des fans de Kaeso parmi vous (levez le doigt !), le héros du livre, alors, désolée les filles, il me plaît bien dans sa courte tunique de centurion, mais j'ai surtout apprécié la trame historique de ce roman, même si j'ai envie de savoir ce qui va lui arriver à ce beau diable ! Commençons par le début !

L'HISTOIRE
An 31 avant Jésus-Christ. Kaeso-Wotan Concordanius Licinus qui approche de la trentaine flamboyante, centurion déchu de la prestigieuse garde prétorienne, sort de prison où l'a fait jeter pendant onze mois, l'ignoble préfet Séjan alors chef du prétoire, qui sème la terreur dans tout l'empire et particulièrement dans la famille impériale des Julius-Claudius depuis que le vieux Tibère, fatigué des traîtres et des magouilles, s'est retiré à Capri, lui cédant tous pouvoirs. Kaeso, (moitié romain par son père) est son nom latin et Wotan, son prénom germain que lui donnent sa mère et quelques intimes et sa mère, Hildr, complètement Germaine (Bructère même, les plus barbares des bataves!) , escortés de Io, son fidèle léopard femelle qui obéit au doigt et à l'oeil arrivent à Pompéi dans une tristesse et un désarroi financier total. Ils ont été spoliés de leurs biens suite à la mort du père de Kaeso. Ce dernier, pistonné par le préfet Septimus de Pompéï et Nerva, haut personnage ambivalent, va donc se retrouver chef d'une milice dépenaillée et incompétente dès son arrivée, à l'image de sa caserne décrépite, à l'abandon. Il ne se passe jamais rien à Pompéï, c'est bien connu ! A peine arrivés mais vraiment à peine, le premier meurtre a lieu, ainsi qu'une première secousse sismique nous rappelant la proximité du Vésuve. S'ensuivent deux autres meurtres dans la foulée et émerge un indice capital : un mystérieux poison à l'odeur de poisson pourri, ainsi qu'une histoire de fausse-monnaie qui semble relier ces hécatombes en série. (L'image ci-desus représentant Kaeso et Io vient du site de Cristina Rodríguez).

Pompéi est une ville de villégiature très prisée dès que Rome étouffe, donc les patriciens y possèdent tous de somptueuses villas dans les environs. La famille impériale des César aussi et nous découvrons Caligula, avec qui Kaeso descendant de germanicus a grandi. Oui le Caligula sanguinaire de nos manuels scolaires, doux comme un agneau , traqué, exilé lui aussi et se cachant de Séjan pour survivre. Il est le dernier de la lignée impériale. Mais à la fin du roman, quand il tue sans qu'il n'eût vraiment été nécessaire, surprenant par ce geste son ami d'enfance, Kaeso y lit comme une énigme dans les yeux pers et soudain cruels, Caligula lui dit : « Je ne pardonne pas « . L'histoire lui a donné raison. Même s'il s'agissait parfois de mauvaises raisons.(Ci-contre buste de Caligula).

Revenons à notre beau Kaeso, blond et haut comme un germain qu'il est pour moitié, toujours escorté de sa mère, la toute aussi blonde Hildr (imprononçable pour tout romain qui se respecte !) et qui jouit d'une réputation de guérisseuse-prophétesse, auréolée de magie, comme souvent en ces temps où l'obscurantisme prévalait. Hildr va lui servir de médecin-légiste avant l'heure, autopsiant, les mains dans les entrailles sanguinolentes, trouvant toujours la cause de la mort des macchabées, et oui, les meurtres sont déjà déguisés : on empoisonne d'abord et on égorge ou poignarde après pour brouiller les pistes. Io, l'adorable et attachante léopard femelle apprivoisée comme un chien et magnifiquement dressée est aussi d'un grand secours dans la traque au complot qui semble avoir été mis en place pour éliminer Caligula (ou Gaius César), le dernier de la lignée. Sans oublier la délicieuse brune et piquante Concordia, cousine de Kaeso, raide dingue de lui et qui, malgré ses vingt ans connaît tous les codes de la « haute » et va l'aider dans ce milieu grouillant de traîtres vipérins. Concordia dont Kaeso se défend de répondre aux avances chaudes-bouillantes et à son amour mais qui en brûle d'envie ; il va parfois se « rafraîchir » ou soulager ses envies avec des filles à la respectabilité moyenne … Vont-ils conclure ? Kaeso retrouvera-t-il son poste prestigieux à la garde prétorienne romaine, Caligula échappera-t-il au complot ? Je ne vous en dirai pas plus…

MON AVIS

Après avoir « posé » le décor géo-historique et mis en place les pièces du puzzle « policier », l'auteure, historienne confirmée, spécialisée en Histoire gréco-romaine, mais aussi en numismatique, nous fait vraiment décoller à la page 212 (pour ce qui me concerne !) là, le rythme s'accélère pour ne plus retomber jusqu'à la fin. Elle a le mérite de nous montrer un autre visage de cette Rome antique, visage qui pour beaucoup (j'en faisais partie) s'était figé au mileu des patriciens riches, sirotant des jarres de vin de Gaule, une grappe de raisin mûr à la bouche, mollement allongés sur leurs sofas, des nuées d'esclaves et de gitons à leurs pieds pour les servir. Il y en a dans ce roman, bien sûr, mais elle nous emmène surtout dans les milieux populeux, pauvres et sordides, nous emplit les narines de toutes les odeurs qui régnaient à cette époque et je vous le dis ça « schlinguait sec » quand vous n'aviez pas les moyens d'aller aux thermes ! Les pauvres sont dépenaillés, couverts de poux (on se gratte souvent en lisant), le langage est vert, très imagé : « Par les couillons d'Hadès » ou ceux de Jupiter, jurons qui reviennent souvent dans le langage de kaeso et celui familier de l'époque. Je dois dire que ce langage m'a souvent fait rire, rendant ce livre et ses héros très humains et crédibles, pas si éloignés de nous finalement… Sans parler de la petite note sexy dont la palme est attribuée à Kaeso et à sa provocante cousine, ce qui ne gâche rien…Mais Io n'est pas étrangère à la sympathie que nous ressentons pour les personnages, même les seconds rôles, cette féline anticipe tout, est jalouse des femmes qui approchent son maître (sauf Concordia la cousine et Hildr la mère), provoquant parfois des situations cocasses. Exemple, lorsque Kaeso, en galante compagnie avec une prêtresse d'Isis, s'apprête à faire l'amour : « Io essayait de glisser la tête sous sa robe pour y renifler de plus près, à la recherche de ce qui pouvait me mettre dans un état pareil, et je lui donnai une tape sur la croupe. – Io ! grondai-je. Ici ! Aux talons ! Qu'est-ce que c'est que ces manières ? » Et devant la surprise de la prêtresse, il lui rétorque de façon pas machiste du tout, vous le remarquerez : « Elle a été séparée de moi longtemps et sentir une autre femelle dans les parages la rend sans doute un peu nerveuse ». Tout en testostérone ce centurion…Le décor est également bien retranscrit que ce soit des insulae (immeubles à étages souvent insalubres) aux villas patriciennes ornementées de peintures et surchargées de déco plus ou moins kitsch, en fonction de ceux qui l'habitent (il y avait déjà des nouveaux riches bling) , en passant par les temples religieux, tout y est !

SUR L'AUTEURE Cristina Rodríguez est née en 1972, romancière, journaliste, elle a à son actif plus d'une dizaine de romans et de biographies dont « Moi, Sporus » paru chez Calmann-Lévy en 2001 et pour lequel elle a obtenu le prix du Premier Roman. Elle est également scénariste de mangas au sein du studio Gothika sous le pseudonyme de C. Neix, d'autres écrits sous les pseudos de T. Kent ou F. Neuwal. J'espère que le succès de « Kaeso » va lui rendre son nom définitif et sa légitimité en tant qu'auteure confirmée de romans historiques. Pour ma part, outre la suite des Mystères de Pompéi, je lirais bien la biographie de Caligula qu'elle a écrite « Moi, Caligula ». Cet empereur est certes très connu mais mal aimé en raison de biographies qui se contredisent à son sujet. N'oublions pas sa spécialité de l'histoire des monnaies et médailles (qui lui sert dans cet opus et valide la trame policière) ; à ce titre elle collabore à plusieurs publications spécialisées en ce domaine.

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J'avais découvert l'auteure en 2004 avec Thyia de Sparte (que j'avais adoré), puis j'avais dévoré dans la foulée Moi, Sporus, prêtre et putain ainsi que le César aux pieds nus. Malheureusement, j'avais un peu perdu de vue l'actualité littéraire de Cristina Rodríguez, et c'est Cassie qui m'a donné envie de me replonger dans son univers à travers son billet sur le couple inoubliable formé par Kaeso et sa panthère Io !

Or donc, Kaeso Concordianus Licinus vient de passer onze mois dans les geôles de Rome suite aux manigances de Séjan, préfet du prétoire. Spolié de ses biens, il est obligé d'accepter la charge de centurion de la milice à Pompéi grâce à l'intervention de Nerva, un ami de son défunt père. Ayant perdu tous ses appuis au sénat et à la cour en étant condamné, Kaeso ne peut faire la fine bouche, même si cette mutation est vécue comme une rétrogradation : non seulement, Pompéi est une ville réputée pour sa tranquillité (horreur absolue pour ce jeune officier de 30 ans impétueux !), mais les hommes qui composent sa troupe apparaissent comme un ramassis d'incapables, indisciplinés et crasseux !
A peine a-t-il installé sa mère Hildr chez dame Olconia, une amie de sa cousine Concordia (jeune mondaine romaine amoureuse de lui et décidée à l'épouser), qu'il est appelé sur les lieux d' un 1er meurtre, commis sur la personne de Syagros, un artisan talentueux mais alcoolique ; quelques heures plus tard un 2è corps est retrouvé dans la crypte du temple d'Isis.
Septimus, préfet de la ville, est convaincu qu'aucun lien ne réunit ces deux meurtres, mais lorsque Kaeso exhume une affaire de fausse monnaie de grande envergure survenant au moment où l'empire souffre de manque de liquidités, il ne fait plus aucun doute qu'un complot, mouillant de hauts personnages de l'empire, ne vise à déstabiliser le pouvoir.

Les meurtres s'enchaînent à un rythme effréné, une rumeur calomnieuse est répandue sur Kaeso visant à le décrédibiliser, sa mère, prêtresse et guérisseuse barbare, est jetée en prison sur une accusation de sorcellerie.
Bref, le ou les comploteurs mettent tout en oeuvre pour empêcher Kaeso de remonter jusqu'au cerveau de la conjuration !

Je dois avouer que ce n'est pas l'intrigue en elle-même qui m'a intéressée, n'étant pas familière du genre, mais cette immersion totale dans la Rome du Ier siècle de notre ère. L'auteure nous entraîne aussi bien dans les quartiers mal-famés de Pompéi que dans les villas des riches patriciens en des tableaux extrêmement vivants et réalistes, nous restituant non seulement les couleurs mais aussi les odeurs (et même les tics nerveux de démangeaison quand le héros a la malchance de croiser un personnage mangé par la vermine !^^).

En outre, Cristina Rodríguez nous offre une galerie de personnages variée et suffisamment caractérisée pour éveiller notre intérêt (voire notre attachement !).
Kaeso est un officier déchu et offensé dont la droiture et la loyauté lui ont attiré de puissants ennemis, et comme si cela ne suffisait pas, il doit tenir à distance sa jeune cousine Concordia aussi entreprenante à son égard qu'envahissante.
Sa mère Hildr est une princesse barbare méprisée par l'aristocratie pour ses origines mais d'une grande force de caractère.
Sa panthère apprivoisée Io se prend pour un chien quand elle ne fait pas fuir ses conquêtes potentielles par accès de jalousie !
Et même la milice dissipée nous révèle des personnages attachants dans leur genre : Marcus, la quadragénaire bedonnant mais fidèle, Ludius, le jeune aveugle dévoué, Castor et Pollux les jumeaux que leur nouveau chef n'arrive pas à différencier, le discret Aulus, le jeune esclave Alexis tombé sous le charme de son maître....

Mais personnellement, celui qui m'a le plus touchée est indéniablement Donar, le garde germain (que voulez-vous, je ne pouvais résister à un beau barbare chevelu) qui ne cesse pourtant durant tout le livre d'être malmené et ridiculisé par son maître Caligula ; le futur empereur est désormais menacé à cause son statut de dernier héritier potentiel de Tibère, son frère aîné Néro, qui était le meilleur ami de Kaeso, ayant été assassiné et son frère Drusus emprisonné. Dans ce tome, Caligula prête main forte à Kaeso pour déjouer le complot, et son caractère instable et dangereux commence à émerger.

J'aurais tout de même quelques réserves à émettre : je n'ai pas été convaincue par le rôle de médecin légiste endossé par Hildr, trop anachronique à mes yeux ; en outre, j'aurais aimé que certains éléments de l'intrigue afférents aux divers meurtres soient plus développés et expliqués.

Mais fait plus qu'appréciable, le lecteur est entraîné dans une Pompéi antique qui échappe à l'éruption du Vésuve (le dieu forgeron Vulcain qui loge en ses entrailles en soit remercié !)

Pour conclure, une enquête haletante menée tambour battant par un très fringant et très séduisant héros (même si mon coeur a craqué pour son alter ego germain, que j'espère d'ailleurs voir apparaître dans le prochain tome et d'une manière plus assidue), le tout saupoudré d'humour. Je suivrai les suites de ses aventures avec beaucoup de plaisir !
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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An 31 – Pompéi

Aux portes de Pompéi, le centurion Kaeso-Wotan Concordianus Licinus présente à un garde en faction ses papiers. Il est attendu par le préfet Septimus et l'influent Nerva, un vieil ami de sa famille, qui lui offrent la charge de la milice de la ville et l'opportunité de quitter Rome.
Prétorien, héritier d'un nom illustre, Kaeso a passé les onze derniers mois en prison. L'époque est instable, l'Empire Romain de Tibère, retiré sur l'île de Capri, est près du chaos. Des divisions s'opèrent au sein des praticiens, des trahisons, des complots, et Séjan, le préfet du prétoire, tisse une trame pour s'emparer du pouvoir. Kaeso, homme intègre et fidèle à la famille de Germanicus, père de Néro et Caligula, ses grands amis, se fait confisquer sa maison, ses terres et déchoir de son titre, le ravalant à un simple chef de la police.
Il arrive à Pompéi, escorté de sa mère, Hildr la guérisseuse et grande prophétesse, d'un esclave, Acarius, et de Io, son animal de compagnie, un léopard.

« - Wotan… Je crois que ton léopard se prend pour un chien.
J'acquiesçai, mortifié.
Io n'avait jamais fréquenté ses semblables. Elevée parmi les chiens de combat de garde prétorienne, elle était persuadée de faire partie de la meute et ne comprenait pas ce qu'il pouvait y avoir de terrifiant ou de bizarre pour un inconnu à voir un fauve sauter sur ses genoux, donner des coups de pattes pour réclamer des papouilles ou en administrer avec une langue qui vous donnait l'impression d'un rasage à vif avec une lame ébréchée. »

Son physique germanique, grand, blond, yeux bleus, hérité de sa mère, une Bructère, lui porte préjudice et l'assigne dans le rôle de l'étranger barbare. C'est avec ce regard que la plèbe l'accueille ; méfiante, craintive et sceptique. Dès le premier contact avec les soldats de sa caserne, Kaeso donne la cadence. Il faudra remédier à la paresse, l'indiscipline, la crasse, le désordre et l'inaptitude qui dominent ces hommes. Ce n'est pas parce qu'il ne se passe rien d'intéressant dans cette ville, qu'il faut laisser installer l'incurie et la désinvolture. Dans la soirée, auprès du préfet Septimus et de Nerva qui le reçoivent chaleureusement, il se remémore avec eux des temps glorieux de batailles, d'expéditions, des amis communs… lorsqu'un esclave arrive bredouillant et effrayé…
« - le centurion est demandé de toute urgence au Neptune, maître.
– Qui me réclame ?
- Tes hommes, centurion… Il y a eu un… il s'est produit un… Enfin un…
– Parle, voyons !
– Un… meurtre. »
Un ivrogne est mort dans la cave d'une taverne. Accident ? Meurtre ? Kaseo ne tarde pas à tirer sa conclusion. C'est un crime.
La nuit s'installe. Après avoir ordonné ses injonctions, Kaeso, usé de sa journée, rentre à la garnison et s'endort aussitôt…
« - Centurion ! Centurion !
Je tressaillis et ouvris les yeux. Un Marcus affolé me secouait comme un tapis poussiéreux sur le rebord d'une fenêtre.
- Centurion !
- Mais enfin du calme ! Qu'est-ce qui te prend ? le soleil est déjà levé ?
- Vite, centurion ! Il faut te rendre au petit forum !… Quelque chose de terrible… un temple a été profané !
- Et que lui a-t-on fait de si terrible, à ce temple ?
– On y a tué un homme… »
En une nuit, la paisible ville de Pompéi s'attribue deux morts. Et si ce n'était qu'un début ?

Aidé de sa mère, une femme qui connaît le corps humain et qu'une autopsie ne répugne pas, assisté de Io, féroce et séductrice quand il le faut, secondé par ses soldats, des hommes volontaires, Kaeso se fera aussi épauler par Caligula, son ami, et Concordia, sa très belle et intelligente cousine venue de Rome.
De la fausse monnaie fait surface, des rumeurs de discrédit concernant Kaeso circulent, les cadavres vont s'amonceler, des empoisonnements, des suicides... et les questions vont fuser. Auraient-elles une seule réponse ou plusieurs ? Et si tout n'était qu'affaires de politique ?

J'ai beaucoup aimé ce livre. L'auteure nous fait voyager dans l'Antiquité, au règne déclinant de Tibère, aux temps des persécutions, des procès politiques et des crimes sanglants perpétrés par Séjan. Nous visitons, avec Kaeso et Io, Pompéi, une ville à facettes, avec d'innombrables rues, quartiers défavorisés, des maisons riches aux fresques et mosaïques murales somptueuses. La ville subit quelques tremblements de terre, mais c'est quarante-huit ans plus tard qu'elle disparaîtra sous les cendres du Vésuve.
Kaeso est le narrateur. Son ton est pertinent, moderne, avec un humour très ironique. Je me suis impliquée dès les premières pages. Je n'étais pas seulement spectatrice, j'étais le temps d'une lecture, un centurion. Cristina Rodriguez séduit le lecteur avec son écriture vive, érudite, agréable. L'histoire est captivante, les personnages principaux surprenants, historiques, beaux, plein de charme et certains seconds rôles également. Nous sympathisons avec beaucoup d'entre eux. Il me tarde de les retrouver dans le second volume des enquêtes de Kaeso. Quant à Caligula, encore jeune, l'amorce de sa folie se devine.
J'avouerai une seule déception, mêlée de jalousie… Je ne pourrai jamais avoir un léopard comme Io !
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J'ai passé un très bon moment avec ce livre. La raison? Au delà de l'histoire, j'ai adoré les personnages.
D'ailleurs voilà mon préféré : Io est un léopard femelle que j'ai tout simplement adoré tout au long du récit. Elle apporte beaucoup dans son histoire, un côté tendre et humoristique, mais aussi très mignon par son attachement à Kaeso, et très utile car elle ne se laisse pas faire et sait très bien défendre son maître quand il le faut. Io m'a touché, ému et fait marrer. J'avais envie de me transporter dans l'histoire pour pouvoir moi aussi lui procurer des caresses et de l'attention. Car elle sait se faire craindre aussi bien qu'elle sait se faire aimer.
Kaeso, son maître, est le personnage principal de l'histoire, c'est lui d'ailleurs qui nous narre le récit, et je l'ai beaucoup apprécié. Il est plutôt impulsif, parfois tête brûlée, mais il est juste, fidèle en amitié, autoritaire, il sait se faire respecter, et puis il cherche à trouver la vérité même s'il risque de s'enfouir le nez dans les ennuies. Sa relation avec son léopard est vraiment touchante. J'ai aussi adoré sa mère Hildr, on la voit presque trop peu, elle a un sacré caractère et n'est pas prête à se laisser marcher sur les pieds. C'est une femme mais elle est aussi médecin, et n'hésite pas à découper des cadavres s'il le faut pour découvrir de quoi ils sont décédés.
En personnage historique, Caligula m'a beaucoup plu. Au vue de ce qu'il est devenu plus tard, un empereur tyrannique, ici il passe pour un jeune homme assez attachant – même si l'auteure a su distiller des indices de son future caractère. J'ai aimé sa relation avec Kaeso, leur attachement mutuel et leur amitié.
Pour continuer à faire le tour j'ai plutôt apprécié la milice avec laquelle Kaeso va devoir travailler, ce sont des bras cassés, mais ils m'ont beaucoup plus. Surtout Marcus et Ludius (l'aveugle) qui vont beaucoup aider Kaeso.
Finalement il y a la cousine de Kaeso, la belle Concordia, qui ne manque pas de caractère et d'intelligence, qui sait manipuler Kaeso pour arriver à ses fins et qui lui court après bien décidé à ce qu'il tombe enfin dans ses filets. Elle était très amusante et m'a beaucoup plu, elle pouvait apporter beaucoup de fraîcheur au récit qui parfois devenait très pesant car l'histoire était assez terrible.
D'ailleurs parlons en de l'histoire. J'ai vraiment accroché. Je me suis retrouvé dans Pompéi comme si j'y étais, à découvrir le mode de vie, à marcher aux côtés de Kaeso, à ressentir le tremblement de terre. J'ai adoré apprendre à connaître Caligula et sa famille comme s'ils avaient été des amis. Et puis l'enquête de Kaeso est très intéressante, à peine arrivé à Pompéi, le voilà tombant déjà sur un homme assassiné (alors qu'on lui a assuré que la campagne était tranquille), et ce ne sera que le premier. Les choses semblent s'enliser petit à petit, et Kaeso piétine pendant quelques temps. C'est vers la fin que l'aventure va prendre un nouveau tournant et les révélations m'ont plutôt surprises. C'était vraiment bien mené et super intéressant.
La fin m'a apporté son lot d'émotions, si bien que j'en ai eu les larmes aux yeux. Une belle conclusion.
En bref, des personnages hyper attachants pour une intrigue pleine de suspens et de rebondissement, un livre que je recommande donc.
Lien : http://jetulis.wordpress.com..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Syagros vivait dans la partie la plus sordide de la ville, non loin de la taverne de Crassus, où Caligula et moi avions passé une partie de la nuit.
De jour, les ruelles étaient toujours aussi puantes et étroites mais encombrées de passants, de putains, de mendiants, de colporteurs en tout genre et de marchandises.
Les odeurs corporelles se mêlaient à celles des parfums bon marché, de la nourriture en train de cuire et des excréments d'animaux - rats, chiens, poules et porcs - qui se soulageaient, exploraient ou cherchaient leur pitance au milieu de la voie, dans le petit ruisseau fétide que formaient les eaux usées, parfois versées là depuis le troisième étage d'un immeuble après un avertissement sommaire.
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Le début:
Sur le bord de la route, les lauriers-roses offraient leurs corolles au soleil du début de l'après-midi. Entre les ronces, les mûres juteuses n'attendaient que ma main pour les cueillir et, au loin, le sommet du Vésuve pointait vers le ciel comme un hommage aux dieux, ses flancs généreux disparaissant sous les ceps noueux et les bosquets.
Le parfum boisé des treilles et des cyprès, auquel se mêlaient les légers effluves iodés de la mer toute proche, m'enveloppa. J'inspirai l'air vivifiant à pleins poumons tout en engloutissant les mûres grappillées sans descendre de ma monture.
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"- Wotan… Je crois que ton léopard se prend pour un chien.
J’acquiesçai, mortifié.
Io n’avait jamais fréquenté ses semblables. Élevée parmi les chiens de combat de garde prétorienne, elle était persuadée de faire partie de la meute et ne comprenait pas ce qu’il pouvait y avoir de terrifiant ou de bizarre pour un inconnu à voir un fauve sauter sur ses genoux, donner des coups de pattes pour réclamer des papouilles ou en administrer avec une langue qui vous donnait l’impression d’un rasage à vif avec une lame ébréchée."
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J'acceptai de bonnes grâce en me disant qu'après cette bévue, Concordia ne pouvait de toute façon rien faire de pire pour me pourrir la vie.

Elle mit le feu à la caserne.
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Le jour où on lui annonça le décès de mon père, elle l’aurait bien tué de ses propres mains pour le punir d’être mort.
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Videos de Cristina Rodriguez (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cristina Rodriguez

Cristina Rodriguez chez les deblogueurs 2013
Cristina Rodriguez était l'invitée de saint Maur en poche 2013, elle est passé aux deblogueurs pour se présenter et parler de sa trilogie de "projets" dont le dernier le projet Morgenstern....
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