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Citations de Daniel Adam Mendelsohn (214)


Si l’objectif émotionnel du rapport sexuel est de connaître totalement l’autre, le sexe gay est peut-être parfait, puisqu’il rend enfin possible la connaissance totale de ce que l’autre éprouve. Mais dans la mesure où l’objet de cette connaissance est déjà entièrement connu de chacun des partenaires, l’acte est aussi d’une certaine manière redondant. Sans doute est-ce pour cette raison qu’un grand nombre d’entre nous ne cesse de chercher la répétition, comme si la profondeur était inaccessible. (p. 110)
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Il parlait de la façon dont il avait été malade pendant les dix jours de la traversée vers l'Amérique, du temps où, dix ans auparavant, quand il avait dû monter la garde devant une grange remplie de prisonniers de guerre russes, quand il avait seize ans, pendant la Première Guerre mondiale, ce qui expliquait pourquoi il savait le russe, une des nombreuses langues qu'il connaissait ; il parlait du groupe de vagues cousins qui venaient dans le Bronx de temps en temps et qu'on appelait, mystérieusement, « les Allemands ».
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Il allait s'écouler de nombreuses années avant que je me rende compte à quel point il était attentif, mon beau et drôle de grand-père, qui connaissait tant d'histoires, qui s'habillait si fameusement bien : avec son visage ovale si délicatement rasé, ses yeux bleus qui clignaient et son nez droit qui s'achevait par un renflement à peine suggéré, comme si celui qui l'avait conçu avait décidé, à la dernière minute, d'y ajouter une touche d'humour ; avec ses cheveux clairsemés, soigneusement peignés, ses vêtements, son eau de Cologne, ses manucures, ses plaisanteries notoires, et ses histoires intriquées et tragiques.
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Cela n'arrivait pas souvent, du temps où mon grand-père était encore vivant, parce que nous savions que c'était la grande tragédie de sa vie, le fait que son frère et sa belle-sœur, et ses quatre nièces, avaient été tués par les nazis
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Pendant longtemps, il n'y a eu que les photos muettes et, de temps en temps, une vibration désagréable dans l'air lorsque le nom de Shmiel était prononcé.
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Parmi ces gens, il y en avait certains qui pleuraient lorsqu'ils me voyaient. J'entrais dans la pièce et ils me regardaient (des femmes, pour la plupart), et elles portaient leurs mains tordues, avec ces bagues et ces nœuds déformés, gonflés et durs comme ceux d'un arbre qu'étaient leurs phalanges, elles portaient ces mains sur leurs joues desséchées et disaient, d'une voix un peu essoufflée et dramatique, Oy, er zett oys zeyer eynlikh tzu Shmiel !

Oh, comme il ressemble à Shmiel !

Et elles se mettaient à pleurer ou à pousser des petits cris étouffés, tout en se balançant d'avant en arrière, leurs pulls roses ou leurs coupe-vent tressautant sur leurs épaules affaissées, et commençait alors une longue rafale de phrases en yiddish dont, à cette époque, j'étais évidemment exclu.
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Ces vieux Juifs avaient tendance à s'interrompre souvent les uns les autres au cours de ces réunions où eux et nous envahissions la salle de séjour mal aérée de l'un d'eux, à couper la parole à celui qui racontait une histoire pour apporter une correction ou pour rappeler ce qui s'était vraiment passé au cours de cette période fabullleuse ou (plus probablement) t-errible, chérrri, j'y atais, je m'a souviens, et je te la dis, c'est la férité.
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Tous parlaient avec un accent particulier, un accent qui m'était familier parce que c'était celui qui hantait légèrement, mais de façon perceptible, les propos de mon grand-père : pas trop prononcé, puisque au moment où j'ai été assez âgé pour remarquer ce genre de choses, ils avaient vécu ici, en Amérique, pendant un demi-siècle ; mais il y avait encore une rondeur révélatrice, une affectation dans certains mots avec des r et des l, comme chéri ou fabuleux, une façon de mordre dans le t de mots comme terrible, et de transformer en f le v d'autres mots comme (un mot que mon grand-père, qui aimait raconter des histoires, utilisait souvent) vérité. C'est la férité ! disait-il.
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Nana, couchée dans un cercueil en pin tout simple, avait été enterrée au cimetière Mount Judah dans le Queens, au milieu d'une section qui appartient (comme vous en informe une inscription sur le portail en granit) à la FIRST BOLECHOWER SICK BENEVOLENT ASSOCIATION. Pour être enterré là, il fallait appartenir à cette association, ce qui signifiait que vous deviez être né dans une petite ville de quelques milliers d'habitants, située de l'autre côté du monde dans une contrée qui avait autrefois appartenu à l'Autriche, puis à la Pologne et à bien d'autres pays ensuite, et appelée Bolechow.
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Embrasser les joues de vieux parents juifs ! On se contorsionnait, on grognait, on voulait courir jusqu'à la piscine chauffée en forme de haricot qui se trouvait derrière la résidence, mais il fallait d'abord embrasser toutes ces joues qui, chez les hommes, avaient une odeur de cave, de lotion capillaire et de Tiparillos, et étaient hérissées de poils si blancs qu'on pouvait souvent les prendre pour des moutons de poussière (comme l'avait cru une fois mon frère, qui avait essayé de retirer la touffe agaçante pour se voir gifler sans ménagement sur la tête) ; et, chez les vieilles femmes, avaient le vague arôme de la poudre de maquillage et de l'huile de cuisine, et étaient aussi douces que les mouchoirs en papier « d'urgence » fourrés au fond de leurs sacs, écrasés là comme des pétales à côté des sels à la violette, des emballages roulés en boule de pastilles pour la toux et des billets froissés...
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À intervalles réguliers, cependant, leurs appartements renfermés et silencieux s'animaient des voix de jeunes enfants qui avaient pris l'avion depuis les banlieues de Long Island ou du New Jersey pour venir passer quelques semaines en hiver ou au printemps et voir ces vieux Juifs, à qui on les présentait, frétillants de gêne et de maladresse, avant de les obliger à embrasser leurs joues froides et parcheminées.
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Comme bien des résidents âgés de Miami Beach à cette époque, ces gens vivaient dans des petites maisons ou des appartements qui, pour ceux qui n'y vivaient pas, paraissaient sentir légèrement le renfermé, et qui étaient en général très silencieux, sauf les soirs où retentissaient sur les postes de télévision en noir et blanc les émissions de Red Skelton, de Milton Berle ou de Lawrence Welk.
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Les pièces où cela avait lieu se trouvaient, le plus souvent, à Miami Beach, en Floride, et les personnes auxquelles je faisais cet étrange effet étaient, comme à peu près tout le monde à Miami Beach au milieu des années 1960, vieilles. Comme à peu près tout le monde à Miami Beach à l'époque (du moins, me semblait-il alors), ces vieilles personnes étaient juives – des Juifs qui avaient tendance, lorsqu'ils échangeaient de précieux potins ou parvenaient à la fin longuement différée d'une histoire ou à la chute d'une plaisanterie, à parler en yiddish ; ce qui, bien entendu, avait pour effet de rendre la chute ou le point culminant de ces histoires incompréhensible à tous ceux d'entre nous qui étions jeunes.
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JADIS, QUAND J'AVAIS six ou sept ou huit ans, il m'arrivait d'entrer dans une pièce et que certaines personnes se mettent à pleurer.
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Un père fait son fils, avec sa chair et son esprit, puis il le façonne avec ses ambitions et ses rêves, avec sa cruauté et ses échecs, aussi.
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Nous avons tous besoin de récits pour donner du sens au monde.
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Soudain, tout honteux, je compris ce qui faisait la différence. contrairement à moi, mon père n'avait pas eu un père qui le pousse à finir, un père qui tenait absolument à le voir réussir mieux que lui, qui encourage son fils à venir à bout d'Homère pour faire mieux que lui.
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Peut-être papa, lui aussi, était-il polytropos, une homme aux mille détours - peut-être comme cet adjectif le suggère avec tant de force dans L'Odyssée, l’identité tient-elle moins à des oppositions binaires, l'arrogant ou le gentil, le père ou le mari, le père ou le fils, qu'à une perspective kaléidoscopique. Tout dépend peut-être de la partie du cercle, de la boucle que notre position nous permet de voir.
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Peu à peu, le mot nostos, teinté de mélancolie et si profondément ancré dans les thèmes de L'Odyssée, a fini par se combiner à un autre mot du vaste vocabulaire grec de la souffrance, algos, pour nous offrir un moyen d'exprimer avec une élégante simplicité le sentiment doux-amer que nous éprouvons parfois pour une forme particulière et troublante de vague à l'âme. Littéralement, le mot signifie "la douleur qui naît du désir de retrouver son foyer", mais comme nous le savons, ce "foyer", surtout lorsque l'on vieillit, peut aussi bien se situer dans le temps que dans l'espace, être un moment autant qu'un lieu. ce mot est "nostalgie".
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Tel père, tel fils.
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