Citations de Daniel Cole (166)
Perchée à la pointe du dôme d'Old Bailey, la statue de la Justice ne lui apparaissait plus désormais comme un symbole de puissance et d'intégrité, mais pour ce qu'elle était vraiment : une femme désespérée ayant perdu toutes ses illusions, prête à sauter dans le vide et à s'écraser sur le sol.
Assis, seul, dans le bureau de Simmons, Wolf découvrit, mal à l’aise, les nombreuses et récentes traces de coups de poing sur le vieux meuble de classement, ainsi que les éclats de plâtre au sol – premier témoignages du travail de deuil.
Que la bonté, chez nos congénères, ça n'existe pas. Il y a ceux qu'on pousse à bout et ceux qui n'ont pas encore été suffisamment poussés dans leurs intimes retranchements.
Il était cerné par des dizaines de minuscules flammes huileuses qui se consumaient encore vaillamment, à l'image de ces lanternes japonaises flottantes qui guident les âmes perdues vers le royaume des morts.
Les gens dits « normaux » contrôlaient davantage leurs émotions, alors peut-être que ce que lui considérait comme normal ne l’était pas.
Je ne voudrais pas vous décevoir, mais pour ce que j𠆞n ai vu, s’il y a un Dieu là-haut, on a dû le contrarier parce qu’il n𠆞st clairement pas de notre côté.
Les messagers sont toujours choisis pour leur habilité à communiquer vite et bien, mais surtout pour leur capacité à enjoliver les choses.
S’il y a une chose que j𠆚i apprise, c𠆞st que si on pousse quelqu’un à bout, il peut devenir capable du pire.
Il se retourna pour surveiller l𠆚rmée d’inconnus à ses trousses.
La mort rôdait. Elle venait le faucher.
Simmons jeta un œil dégoûté à l'assemblage de membres suspendus. Wolf en toucha le bras déplié. La paume paraissait très pâle comparée à la peau bronzée du dessus de la main et aux ongles recouverts d'un vernis prune à paillettes. Des dizaines de fils soyeux maintenaient ce bras en extension, et une dizaine d'autres permettaient à l'index de rester pointé vers l'avant. Wolf s'assura que personne n'écoutait leur conversation, puis il se pencha à l'oreille de son chef :
— L'index désigne la fenêtre de mon appartement.
Il fallut un bon moment à Wolf pour identifier ce qui était le plus déconcertant dans la scène surréaliste qui s'offrait à ses yeux : une jambe noire attachée à un torse blanc. Incapable de comprendre ce qu'il contemplait, il s'avança. Peu à peu, il remarqua les énormes points de suture qui reliaient des morceaux de corps mal assortis, la peau étirée là où elle avait été percée ; une jambe d'homme noir, une jambe blanche ; une grande main d'homme d'un côté, une main fine et hâlée de l'autre ; une chevelure noir de jais tout emmêlée qui retombait de manière perturbante sur la poitrine menue et couverte de taches de rousseur d'une femme. Baxter vint se placer auprès de lui, se délectant sans complexe de son écœurement.
Le corps, dénudé, crispé en une posture qui n'avait rien de naturel, paraissait flotter à une trentaine de centimètres au-dessus du plancher irrégulier. Il avait le dos tourné vers le mur et semblait regarder par l'immense baie vitrée. La silhouette tenait en l'air grâce à des centaines de fils invisibles, eux-mêmes solidement retenus au plafond à l'aide de deux crochets de levage métalliques.
Cinq minutes plus tard, Wolf se frayait un passage parmi la foule de badauds agglutinés devant son immeuble. Il s'approcha d'un agent en faction et lui montra sa carte, convaincu de franchir aussitôt le cordon. Le jeune policier lui prit la carte des mains et l'examina avec attention, avant de relever les yeux vers sa silhouette imposante, vêtue d'un long caleçon de bain et d'un tee-shirt délavé Keep the Faith de Bon Jovi – celui de la tournée 1993.
— Inspecteur Layton-Fawkes ? s'enquit l'homme, suspicieux.
Wolf fit la moue au son de l'énoncé prétentieux de son patronyme.
— Oui, Sergeant Fawkes.
— Comme le Fawkes du massacre au tribunal ?
— Mon nom complet est William... Est-ce que je peux ? demanda-t-il en désignant les logements.
Le jeune flic lui rendit sa carte et souleva la rubalise.
— Vous avez besoin de moi pour vous escorter ?
Wolf lorgna sur son caleçon de bain à fleurs, ses genoux nus et ses chaussures de travail.
— Vous savez quoi ? Je crois que je vais très bien m'en sortir tout seul.
L'homme dans le box des accusés s'appelait Naguib Khalid. Musulman sunnite d'origine pakistanaise, Britannique, il travaillait comme chauffeur de taxi dans la capitale. Il avait des antécédents judiciaires, des délits mineurs d'incendies criminels et vivait seul. Lorsqu'on avait présenté à la cour les relevés ADN établissant un lien entre trois des victimes et la banquette arrière de son taxi, appuyés par le témoignage accablant de Wolf, l'affaire avait semblé entendue. Or, l'accusation s'était entièrement effondrée à l'audience.
Sans doute l'une des plus célèbres salles d'audience au monde, Court One a toujours été dédiée aux procès criminels particulièrement retentissants. Ici avaient dû se présenter des êtres abominables tels que Crippen, Sutcliffe et Dennis Nilsen, venus répondre de crimes atroces. Toute en boiseries sombres, la salle meublée de vieux sièges en cuir vert était éclairée par un puits de lumière artificielle qui se déversait au travers d'une grande baie de verre dépoli.
Un silence crispé s'imposa lorsque l'huissier audiencier, que ces banalités avaient fait oublier, vint enfin les chercher. Un vieux monsieur du nom de Stanley, coopté par les autres membres comme président du jury – pour nulle autre raison apparente que sa troublante ressemblance avec Gandalf –, se leva lentement et les invita à quitter la pièce.
AMANTHA BOYD SE FAUFILA SOUS LE RUBAN de signalisation de la police et, tandis qu'elle se redressait, jeta un œil vers la tristement célèbre Haute Cour Criminelle de Londres1. Perchée à la pointe du dôme d'Old Bailey, la statue de La Justice ne lui apparaissait plus désormais comme un symbole de puissance et d'intégrité, mais pour ce qu'elle était vraiment : une femme désespérée ayant perdu toutes ses illusions, prête à sauter dans le vide et à s'écraser sur le sol. Le bandeau dont sont d'ordinaire affublées ces statues, censé leur couvrir les yeux, avait ici été omis. Ça tombait bien. Depuis les récentes affaires de racisme et de corruption au sein de la police, le concept même de « justice aveugle » en avait pris un sacré coup.
Samantha Boyd se faufila sous le ruban de signalisation de la police et, tandis qu’elle se redressait, jeta un coup d’œil vers la tristement célèbre Haute Cour criminelle de Londres. Perchée à la pointe du dôme d’Old Bailey, la statue de la Justice ne luis apparaissait plus désormais comme un symbole de puissance et d’intégrité, mais pour ce qu’elle était vraiment une femme désespérée ayant perdu toutes ses illusions, prête à sauter dans le vide et à s’écraser sur le sol. Le bandeau dont sont d’ordinaire affublées ces statues, censé leur couvrir les yeux, avait ici été omis. Ça tombait bien. Depuis les récentes affaires de racisme et de corruption au sein de la police, le concept même de « justice aveugle » en avait pris un sacré coup. » p 9 (Incipit)
- T’as deux pieds gauches, fiston, dit le vieux flic d’une voix rauque.
- Tu sais bien que mon truc à moi, c’est le chant plus que la danse.
- Pas vraiment, non… tu chantes, comme une casserole. Ce que je voulais dire… (Finlay marcha jusqu’au mur et tapota le cliche que Wolf venait juste de punaiser), tu as deux pieds gauches ici. » p 49 a – 8
Assis, seul, dans le bureau de Simmons, Wolf découvrit, mal à l’aise, les nombreuses et récentes traces de coups de poing sur le vieux meuble de classement, ainsi que les éclats de plâtre au sol – premier témoignages du travail de deuil. » p 107 a 1