Des Fleurs pour Algernon est un roman que je voulais lire depuis un moment tant il a une excellente réputation. En fait, il s’agit dans un premier temps d’une nouvelle, qui a reçu le Prix Hugo en 1960 puis qui a été étoffée en un roman, lequel a été distingué par le Prix Nébula en 1966, excusez du peu. Il est un peu dommage que la quatrième de couverture dévoile le résumé de l’histoire, on peut donc éviter de la lire si on ne connait pas l’histoire.
Celle-ci comprend des premiers chapitres un peu laborieux à lire à cause des fôtes d’ortograf faites par le héros, Charlie, un garçon retardé qui participe de son plein gré à une expérience scientifique. Le but ? Le faire devenir intelligent, à l’instar de la souris Algernon chez qui les résultats ont été probants. Charlie tient à jour un journal sous forme de comptes rendus journaliers qui permettent de témoigner des résultats de l’expérience, mais aussi de son état d’esprit et de son évolution.
Si on pouvait craindre des longueurs vu le pitch de départ et le peu d’action qui en résulte, force est de constater que le sujet est passionnant par la prose de l’auteur qui rend parfaitement les pensées et les motivations de Charlie. D’esprit simple, il va en effet devenir de plus en plus intelligent mais aussi de plus en plus distant envers ceux qu’il côtoie. Que ce soient les scientifiques ou encore la belle professeure dont il est tombé amoureuse et qui lui enseignait jadis, dont il va se détacher après l’avoir conquise mais dépassée intellectuellement.
Mais la réalité rattrape Charlie, sous la forme de la déchéance d’Algernon, le miroir qui lui renvoie une image de sa condition. Commence alors une course contre la montre pour faire des recherches obsessionnelles qui coupent encore plus Charlie du reste du monde. Sans parler de l’image de « l’autre » Charlie, du simplet qu’il aperçoit par moments et qui semble le guetter ou attendre son retour.
L’histoire force le respect. Non seulement par la thématique, particulièrement bien traitée, mais par certains passages très difficiles psychologiquement et qui pour autant ne sombrent pas dans le mélodrame ou le larmoyant. Des Fleurs pour Algernon, c’est aussi un moyen de s’interroger sur le regard que l’on a sur les autres, la façon dont ils nous perçoivent, et sur ce qu’il y a derrière les apparences. C’est également un plaidoyer pour la différence et l’acceptation, y compris de ceux qui sont considérés comme amoindris ou handicapés. C’est très (très) bien écrit et hautement recommandable, avec un personnage tour à tour attachant, irritant, détestable ou touchant. Et bien que le roman ait près de 60 ans, il n’a pas pris une ride.
Mon exemplaire est une édition augmentée (seule la couverture a changé avec l’édition actuelle) et comprend le roman, une autobiographie de l’auteur (200 pages de commentaires de l’auteur sur sa vie est son oeuvre), et la nouvelle qui avait inspiré le livre. L’autobiographie comprend de nombreuses longueurs, notamment sur les années de guerre de Daniel Keyes, et n’est pas toujours passionnante. Elle permet par contre de voir comment il s’est inspiré d’anecdotes réelles pour nourrir son histoire et à ce titre, mérite la lecture. La nouvelle est bien sûr très bonne, mais souffre forcément d’être placée après le roman qui est bien plus complet et détaillé.
Un classique que je suis bien content d’avoir enfin rattrapé et qui mérite vraiment d’être lu. A noter qu’il a été souvent adapté : en émission télé, au théâtre, sous forme de comédie musicale, plusieurs fois en film …
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