Citations de Danielle Digne (30)
Cher Paulin, fit elle en changeant de ton, je me suis consacrée à son éducation en pensant qu'une fille sachant lire et écrire était moins facile à opprimer qu'une autre; (p.8)
En lisant l'article, je compris que son "Eclectique" était en quelque sorte son autoportrait
[ Diderot]. Je m'appliquai à le résumer afin d'essayer de l'impressionner par la finesse de mon analyse.
(...)
-L'éclectique regarde avec attention tout ce qui l'entoure, s'intéresse à la politique, aux sciences de la nature, à l'économie, à l'art. Il n'est pas sectaire. Il ne se reconnaît pas de maître. Aucune discipline ne lui est étrangère. Il les accueille toutes avec bienveillance, les discute en fonction de son expérience et de sa raison. Il ne garde pas son savoir pour lui comme Harpagon sa cassette d'or. (p.101)
[Diderot]
-Ce sont des grands mots pour des choses simples. Je crois qu'il y a une certaine correspondance entre ce que nous sommes et notre écriture. (p.39)
[Diderot]
-Quand je n'ai plus le feu sacré, il suffit que je m'oriente du côté des livres pour me dire : "Voilà ceux qui ne me causeront jamais de chagrin" (p.217)
A cause des rapports affectifs qu'elle entretenait avec eux depuis son enfance, Rosa ne supportait pas l'idée que les animaux, surtout ceux avec lesquels elle vivait, n'eussent pas d'âme, fussent de simples machines, comme l'affirmait Descartes. En revanche, elle avait décidé que, par la bouche des héros de La Fontaine, c'étaient bien des animaux qui s'exprimaient. Rien n'était plus naturel que ces dialogues pour elle qui commençait sa journée en parlant aux oiseaux. (p.57)
-Ma fille, je vois que tu suis de près Elizabeth Vigée-Lebrun et que ce n'est pas en vain que je te l'ai donnée pour modèle.
Des larmes coulèrent de ses yeux, il pouvait mourir, sa fille bien-aimée était armée pour l'avenir. Il s'endormit tranquillement, le 23 mars 1849, à cinquante-trois ans. En comparaison de la violence de ses douleurs, sa mort fut bien douce, mais le chagrin de Rosa fut immense. Dire qu'elle payerait ses funérailles avec l'acompte du -Labourage" dont ils s'étaient réjouis tous les deux ! Elle put lui offrir un enterrement digne de lui. (p.66)
Pour Rosa c'était une vraie torture de voir des Français tirer sur des Français. Seul le travail la détournait de sa tristesse:
-Je pars en forêt. La peinture est mon unique consolation. Souvent très perturbée par les évènements, elle arrivait parfois à les nier par son désir et son plaisir de peindre. (p.130)
Surmontant sa rage, mon maître accepta ces sages recommandations. Il se calma en pensant qu'il avait rempli son contrat auprès des souscripteurs et des imprimeurs. Son oeuvre était là, imparfaite certes, mais signée de son nom. Il espérait qu'elle engendrerait à son tour des pensées nouvelles. La postérité se souviendrait alors de ses combats. Il lui était important de laisser sa trace dans l'histoire.
-Il faut rester vigilant, conclut-il. Si on laisse survivre la médiocrité humaine, un jour il n'y aura plus de pensée...
Quand Diderot demanda des comptes à Le Breton, celui-ci se justifia ainsi:
-Pardonnez-moi, mon ami, mais il y a des choses que l'on ne peut pas laisser passer sans semer la révolution . ( p.220)
Donnez un cheval à celui qui dit la Vérité. Il en aura besoin pour s'enfuir.
[A propos de l'Encyclopédie....]
-Personne n'a jamais exécuté un ouvrage de cette importance. Moi, j'ai écrit dans l'Avertissement qu'il devait servir de guide à ceux qui se sentaient le courage de travailler à l'instruction des autres et à éclairer ceux qui ne s'instruisaient que par eux-mêmes. Quand le premier tome est paru, en juillet 1751, on aurait dit qu'on avait jeté une boule de feu dans un champ de paille ! Notre manifeste se donnait pour ambition de changer la façon commune de penser en libérant les hommes des ténèbres de l'ignorance et du fanatisme. D'après nous, seule la Raison doit éclairer les esprits. L'homme est né pour penser par lui-même. mais cette idée ne plaît pas à tout le monde. Il faudra du temps pour l'imposer. (p.17)
L'encyclopédiste (Diderot) redevint plus sérieux.
-Le plus grand bien que l'on puisse faire aux filles est d'étendre leurs connaissances, les aider à développer leurs dons et les conduire au bonheur. Voilà le genre de message qui devrait être inscrit au fronton des académies. (p.63)
Lady Mary était une personnalité unique par son caractère, sa culture et l'éclat de son esprit. Elle a été un poète reconnu, auteur de contes et de romances, un écrivain voyageur soucieux de rétablir la vérité et une observatrice redoutée de son milieu.
Elle s'est aussi battue pour une meilleure éducation des femmes. A une époque où elles étaient prisonnières des conventions familiales et sociales, elle a montré par son exemple qu'elles devaient avoir le droit de vivre leur propre vie et de ne pas être l'esclave de leur mari.
"Je préférerais mourir avec vous plutôt que de vivre sans vous... la plus grande partie de ma vie vous sera consacrée... je m'éloignerai comme de la peste de tout ce qui pourrait diminuer ma passion pour vous..."
L'art de la plume n'est pas réservé aux hommes, reprit-elle pour m'encourager. Écrire n'a rien de honteux. Ce qui est honteux, c'est de laisser les filles dans l'ignorance. Il n'est pas inscrit sur les tables de la loi que nous devons rester à la place qu'ils nous assignent et leur être soumises. Nous devons suivre nos désirs sans être paralysées par le jugement des autres. (p198)
- Un sage vous aide à accéder à la conscience de votre dignité et à devenir ce que vous êtes sans le savoir.
Quand je n'ai plus le feu sacré, il suffit que je m'oriente du côté des livres pour me dire : "Voilà ceux qui ne me causeront jamais de chagrin."
En effet, si la fille de Raimond Bonheur adorait Dieu, c'était dans son temple, dans le temple de la nature. (p.163)
Le manuscrit serré dans la main, je lui demandais timidement :
- Tout ce travail pour moi ?
- Rien n'est trop beau pour l'ami véritable.
Ces bandits ne respectaient rien. "Un homme sans érudition est un corps sans âme", disait un adage persan. Les livres sont fragiles mais heureusement les pensées ne le sont pas.