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Citations de Danilo Kis (29)


En appuyant bien sa tête contre le sol, au moment propice, un homme doté d'une ouïe de chien pourrait entendre une faible rumeur, à peine audible, comme lorsque l'on transvase de l'eau d'un récipient dans un autre ou comme le sable qui glisse dans le sablier – c'est ce qu'il pourrait entendre, c'est ce qu'on entend lorsqu'on appuie bien sa tête contre terre, l'oreille collée au sol, et que les pensées s'enfoncent dans la profondeur de la terre, pénétrant les couches géologiques, jusqu'au mésozoïque, jusqu'au paléozoïque, pénétrant les couches de sable et d'argile épaisse, lorsque les pensées s'enfoncent comme les racines d'un arbre géant, dans les couches de limon et de roche, les couches de quartz et de gypse, les couches de coquillages vides et de coquilles d'escargots, les couches tourbeuses d'écailles et d'arêtes de poissons, de carcasses de tortues et d'étoiles de mer, et d'hippocampes et de monstres marins, les couches d'ambre et de sable fin, les couches d'herbes marines et d'humus, la masse épaisse des algues et des coquillages nacrés, les couches de calcaire, des couches de charbon, les couches de sel et de lignite, d'étain et de cuivre, les couches de squelettes humains et animaux, les couches de crânes et d'omoplates, les couches d'argent et d'or, de zinc et de pyrite ; car là quelque part, à quelques centaines de mètres de profondeur, gît le cadavre de la mer Pannonienne, pas tout à fait morte encore, seulement étouffée, écrasée par les nouvelles couches de terre et de pierre, de sable, de glaise et de fange, de cadavres animaux et de cadavres humains, de cadavres humains et de cadavres d’œuvres humaines, seulement coincée, car, tiens, elle respire encore, depuis plusieurs millénaires, par les tiges de blés ondoyants, par les roseaux des marais, par les racines de pomme de terre, pas tout à fait morte encore, mais seulement écrasée par les couches du mésozoïque et du paléozoïque, car, tiens, elle respire depuis quelques heures, quelques minutes (à l'échelle du temps de la Terre), elle respire avec peine comme un asthmatique, comme un mineur coincé sous les poutres et les étais, et les blocs lourds de charbon gras ; lorsque l'homme appuie bien sa tête contre le sol, lorsqu'il colle son oreille à la glaise humide, surtout au sortir de nuits calmes comme celle-ci, il peut entendre son halètement, le râle de son agonie interminable (pp. 35-6, « Carnets d'un fou (I) »).
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J’avais dans mon enfance une sorte de hypersensibilité maladive et mon imagination transformait tout en souvenir avec une rapidité excessive : il suffisait parfois d’un jour, d’un intervalle de quelques heures, d’un simple changement de lieu, pour qu’un fait quotidien, dont je ne sentais pas la valeur tant que je le vivais, fût soudain couronné de l’écho lumineux qui n’environne d’ordinaire que les souvenirs ayant séjourné de longues années dans le puissant fixateur lyrique de l’oubli. Chez moi, donc, ce processus de galvanoplastie qui revêt les choses et les visages d’une fine couche de dorure et d’un noble dépôt de patine, se déroulait avec une intensité maladive, et l’excursion de la veille, pour autant qu’une circonstance extérieure montrât qu’elle était achevée, qu’elle ne se répéterait pas, qu’elle ne pouvait pas se renouveler, devenait pour moi, dès le lendemain, une source de méditations mélancoliques et encore confuses.

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La grisaille provinciale des petites villes d'Europe centrale du debut du siecle tranche nettement sur la nuit des temps: les maisons grises sans etage avec leurs cours que le soleil, dans sa lente revolution, decoupe avec precision en carres de lumiere aveuglante et d'ombre humide aux moisissures de tenebres; les allees d'acacias exhalant au printemps leur fade senteur, qui rappelle l'odeur des maladie infantiles, les sirops epais et les pates pectorales; l'eclat froid et baroque de la pharmacie ou brillent les contours gothiques des vases de porcelaine blanche; le morne gimnazium avec sa cour dallee (les bancs verts tout ecailles, les balancoires cassees aux allures de gibets et les cabinets en bois badigeonnes de blanc); la mairie peinte en jaune Marie-Therese, la couleur feuille morte et rose d'automne des romances jouees le soir par l'orchestre tsigane dans les jardins du Grand Hotel.
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Soucieux de ne point nous ecarter de la realite ni des faits, de ne point trahir la verite, nous devons reconnaitre que nous ne pouvons rien affirmer avec certitude, pas meme le fait essentiel: nous ne savons pas si c'est de la mere ou de la fille que notre heros etait amoureux. [...] une infinite de solutions possibles, dont voici quelques unes: il n'etait amoureux que de la fille, car la fille etait chaude et parfumee comme le pain frais; il etait amoureux de la mere, car la mere etait dodue et opulente, et en meme temps tres souple, comme la pate dans le petrin; il etait amoureux a moitie de la mere, a moitie de la fille (profusion parfumee); il fut d'abord amoureux de la mere, puis, quand la fille eut grandi (elle devait recevoir en dot la moitie de la boulangerie et des revenus de sa mere), il s'eprit aussi de la fille, sans d'ailleurs cesse d'aimer la mere; ou encore il fut amoureux de la fille seule, puis il se ravisa car il s'etait avere que la fille etait une becasse qui ne savait pas garder un secret amoureux, et, tout naturellement, il s'eprit de la mere; et enfin, pour cesser de jouer avec la theorie serieuse de la relativite, [...] signalons encore cette possibilite, la plus simple de toutes: peut-etre n'etait-il amoureux ni de la mere ni de la fille? Mais n'exagerons pas! Ne doutons pas de tout! Car le mythe de l'amour de M. Sam pour la fille ou la mere, pour Mlle Horgoch ou Mme veuve Horgoch, n'est-il pas tout aussi reel que le mythe de Tristan et Iseult, par exemple?
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Ce recit, ne dans le doute et l'incertitude, a le seul malheur (que certains nomment chance) d'etre vrai: il a ete consigne par des mains honnetes et d'apres des temoignages surs. Mais pour atteindre a la verite dont reve l'auteur, il devrait etre raconte en roumain, hongrois, ukrainien ou en yiddish; ou plutot un melange de toutes ces langues. Alors, issus du hasard et des profondeurs troubles de l'inconscient, jailliraient de l'ame du conteur quelques mots russes, tantot doux comme teliatina, tantot durs comme kindjal. Si le narrateur pouvait donc atteindre a cet instant de bouleversement babylonien, inaccessible et terrifiant, on pourrait meme entendre les humbles prieres de Hana Krzyzewska et ses horribles supplications, dites en roumain, en polonais, puis en ukrainien (comme si la question de sa mort n'etait que la consequence d'une tragique meprise), comme on pourrait entendre son delire se transformer, a l'instant du dernier spasme et de l'apaisement, en priere pour les morts, dite en hebreu, langue des commencements et de la mort.
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Carnets d’un Fou (II)

25

Je l’avoue carrément : mon cœur a des menstruations. Tardives, douloureuses règles de ma judéité…Le monsieur que vous voyez passer, honorables Dames et Messieurs, ce monsieur de cinquante ans environ, en costume gris, avec des lunettes en monture d’acier, une canne et une étoile jaune (que vous ne voyez pourtant pas car il la cache derrière son porte-documents), ce monsieur, eh bien, il a des règles. Messieurs les juges, mon cœur a des règles. Déviation biologique, incarnation du principe juif, féminin. (…) Règles masculines ? Non. Principe féminin porté à ses conséquences extrêmes. Fleur mensuelle du cœur. Semence de la mort. Weltschmerz.


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L'histoire est écrite par les vainqueurs. Le peuple tisse les légendes. Les écrivains imaginent. Seul la mort est indéniable.
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Depuis le soir où ma mère avait allumé une lampe où brûlait un mélange de pétrole et de graisse de voiture, notre cuisine était soudain devenue le territoire tout à fait légal de la nuit ; mais la lampe, faite d’une simple boîte de conserve, donnant une lueur vacillante et sifflant comme une théière, perçait comme un ver l’écorce épaisse des ténèbres et donnait à notre cuisine une place d’honneur dans cette nuit tout à fait dépourvue d’étoiles. Cette lampe était la seule étoile de ces nuits sans espoir où la pluie impudente faisait disparaître la notion du haut et du bas, confondait en longues lignes le ciel et la terre et effaçait le dessin d’enfant que le jour d’automne avait dessiné en gris, en ocre et en jaune, avec des taches rouges dans les coins. Par ces nuits-là, notre cuisine se changeait en une petite chapelle, en un autel, au point le plus oriental des ténèbres.
Ces soirs-là étaient enfantés par le silence d’où tout procède.
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Un soir, après m’avoir embrassé et avoir allumé la lampe de chevet pour que je n’aie pas peur, ma mère m’annonça que dans quelques jours nous prendrions le train. (...) Ensuite, j’entendis dans un demi-sommeil ma mère entrer doucement ; voyant que je ne dormais pas, elle me chuchota : «Pense que tu es déjà en voyage.» Alors soudain, quand la présence de ma mère eut éloigné de moi toute autre pensée et chassé la peur de la mort, mon lit, ma mère et moi, le vase de fleurs, la table de nuit avec sa plaque de marbre et le verre d’eau, les cigarettes de mon père, l’ange qui veillait sur les enfants, la machine à coudre de ma mère, la lampe de chevet, les armoires et les rideaux, en un mot toute notre chambre se mit à voyager à travers la nuit comme un wagon de première classe et je m’endormis bientôt dans cette illusion magnétique.
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À l’hôpital de Kolyma, le vieux Rabinovitch, atteint de scorbut et déjà à moitié aveugle, raconta la veille de sa mort au docteur Taubé sa rencontre avec Novski dans les couloirs du tribunal, après la clôture du procès. « Boris Davidovitch, lui dit-il, j’ai bien peur que vous ne soyez devenu fou. Vous allez tous nous enterrer avec votre plaidoyer. » Novski lui répondit avec une étrange expression sur le visage, qui ressemblait à l’ombre d’un sourire : « Isaac Illitch, vous devriez connaître les rites de l’enterrement juif : à l’instant où l’on se prépare à transporter le mort de la synagogue au cimetière, un des serviteurs de Jahvé se penche sur le défunt, l’appelle par son nom et lui dit à voix haute : Sache que tu es mort ! » Puis il se tut un instant et ajouta : « Excellente coutume. »
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La guerre sépare les gens, les prive de tendresse, la guerre apporte aux gens la peur, elle les rend méfiants. Dans ses conditions, un chien, un chien fidèle comme je l'étais, c'est très important.
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Danilo Kis
Ils jetèrent les livres par terre, les piétinant et les déchirant sous mes yeux [...] Et je leur dis de ne pas les déchirer, car une multitude de livres n'est jamais dangereuse, mais un livre seul est dangereux; et je leur dis de ne pas les déchirer, car la lecture de nombreux livres mène à la sagesse et la lecture d'un seul à l'ignorance armée de folie et de haine.
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[...] après cette nuit où l'homme a avoué que son cœur ne lui appartenait pas, celui-ci ne peut plus lui servir à rien. Si la femme à qui il a été sacrifié ne veut pas le prendre, il n'est bon à rien d'autre qu'à être jeté aux dauphins.
_ C'est cruel, dis-je comme pour moi-même, mais il semble qu'il eût compris, car il ajouta :
_ Nous autres, nous ne supportons pas le compromis comme vous, les Européens. Je pense que c'est honnête : comment pourrait-on avoir l'impudence d'offrir deux fois le même cœur ?
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Un tombeau pour Boris Davidovitch (début de la nouvelle)

« L’histoire a conservé sa mémoire sous le nom de Novski, ce qui n’est sans aucun doute qu’un pseudonyme (ou plutôt un de ses pseudonymes). Mais une question suscite immédiatement le doute : l’histoire a-t-elle vraiment conservé sa mémoire ? Dans l’Encyclopédie Granat et son supplément, parmi deux cent quarante-six biographies et autobiographies autorisées des grands hommes et des acteurs de la révolution, son nom n’est pas mentionné. Haupt, dans son commentaire de ladite encyclopédie, remarque que toutes les personnalités marquantes de la révolution y figurent et déplore seulement « l’absence surprenante et inexplicable de Podvoïski ». Ainsi, de la façon la plus surprenante et la plus inexplicable, cet homme, qui a donné à ses principes politiques le sens d’une morale rigoureuse, cet ardent internationaliste, reste mentionné dans les chroniques de la révolution comme une personnalité sans visage et sans voix. »

……………………….

« Les lions mécaniques » (début de la nouvelle)

« Le seul personnage historique de cette nouvelle, Édouard Herriot, leader des radicaux français, président de la commission des Affaires étrangères, maire de Lyon, député, musicologue, etc., occupera peut-être ici une place secondaire ; ce n’est pas qu’il soit, dans le récit, moins important que l’autre personnage (non historique mais non moins réel) que l’on va découvrir, mais on peut trouver par ailleurs beaucoup d’autres données sur la vie d’un homme public comme Herriot. N’oublions pas qu ’Herriot fut lui-même écrivain, mémorialiste et un homme politique célèbre dont la biographie figure dans toute encyclopédie sérieuse.

Un témoignage** donne d ’Herriot la description suivante : « Grand, fort, les épaules massives, la tête carrée surmontée d’une brosse de cheveux touffus, la figure taillée à coups de serpe, barrée d’une courte et épaisse moustache, l’homme donnait une impression de puissance. La voix, magnifique, apte aux nuances les plus subtiles, aux accents les plus modulés, dominait aisément les tumultes. Il savait en jouer avec art, comme des expressions changeantes de son visage. » Ce même témoignage décrit ainsi son caractère : « C’était un vrai spectacle que de le voir à la tribune, passant du grave au plaisant, de la confidence à l’affirmation claironnante d’un principe. Un contradicteur se révélait-il ? Il acceptait l’interruption et, tandis que l’autre s’expliquait, un large sourire s’épanouissait sur la figure d’ Edouard Herriot, signe prémonitoire de la réplique mordante qui allait déchaîner le rire ou les applaudissements, à la confusion de l’interlocuteur pris en défaut. Ce sourire, il est vrai, disparaissait quant à la critique se mêlaient des propos offensants. De telles attaques le mettaient hors de lui et provoquaient des apostrophes d’autant plus mordantes qu’il n’était pas exempt d’une sensibilité toujours en éveil, que d’aucuns taxaient de susceptibilité. »
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elle devait tenir bon et ne pas s'évanouir, surtout au moment où commençait enfin ce dont elle était témoin de façon insensée, par sa présence et par son sang qui n'était pas seulement le prix de l'amour et de l'étreinte amoureuse, mais encore (étrangement) la preuve du principe vital et de l'aspiration à la vie - la présence de la mort, semble-t-il, provoquant toujours l'amour, fusionnant et s'accouplant avec lui jusqu'à ce que l'un des deux s'empare de l'étendard de la victoire et le brandisse au-dessus du monde
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(...) l'homme se présenta devant lui dans la grande salle de l'évêché, qui communiquait par une porte à gauche avec la chambre des tortures. Monseigneur Jacques demanda que l'on conduisît ledit Baruch par cette pièce pour rappeler à sa mémoire les instruments que dans sa miséricorde Dieu a mis entre nos mains au service de la Sainte Foi et pour le salut de l'âme humaine.
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Bien avant que les Alliés aient pu remuer le petit doigt, les Cavaliers de l'Apocalypse viendront nous chercher. Si nous ne crevons pas d'ici là. De faim, de désespoir, de peur. Vous voulez savoir, hein, à quoi ressembleront mes fameux Cavaliers de l'Apocalypse, ces monstres prétendument nés de mon cerveau dérangé? Bien que je décèle de l'ironie dans votre ton, bien que je lise dans vos pensées, je vais vous répondre sans ironie : ce sera quatre beaux gendarmes sur des chevaux blancs, armés de carabines et de baïonnettes. Beaux gendarmes moustachus de province, une plume de coq à leur chapeau noir. Peut-être ne seront-ils pas quatre, comme dans un jeu de cartes, mais seulement deux. Et peut-être leurs chevaux ne seront-ils pas blancs. Peut-être même ne seront-ils pas à cheval, mais perchés sur de rutilantes bicyclettes, ou à pied. Mais ils viendront, c'est sûr. Déjà ils lissent leurs moustaches et mettent les baïonnettes à leurs canons. J'entends les hennissements de leurs chevaux. Et j'entends claquer au vent la fière plume flottant à leurs chapeaux noirs.
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En automne, lorsque les vents se lèvent, les feuilles de marronniers tombent en toute hâte, la queue la première. On entend alors un petit bruit: comme si un oiseau tombait sur le bec. Mais le marron, lui, tombe sans le moindre souffle de vent, de lui-même, comme les étoiles vertigineusement. Il cogne alors le sol avec un cri sourd. Il ne naît pas comme l'oiseau qui sort lentement de l'oeuf, mais sa coque hérissée de piquants, bleutée à l'intérieur, éclate brusquement et il en sort des petits métis espiègles aux joues brillantes comme les pommettes d'un Noir qui sourit. Certaines bogues abritent des jumeaux; mais il est quand même possible de les différencier, car l'un des deux porte une marque au front, comme un cheval. Sa mère, donc, pourra toujours le reconnaître à l'étoile sur son front.
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L'art, dès qu'il est mis en contact avec la politique, s'abaisse inévitablement au niveau de n'importe quelle pacotille idéologique. (Citant Nabokov)
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« J'ai l'impression que la terre est encore humide. », dit Anna et elle gratta du pied la couche de feuilles mortes.
Mais personne ne bougeait pour ramasser les champignons. Ils restaient plantés là à les regarder. Ils avaient l'impression de les voir pousser sous leurs yeux. Comme s'ils les voyaient tarauder le sol, tels d'étranges vers de terre ; puis la couche de feuilles mortes se soulevait. Et sous la terre apparaissait le chapeau brun et lisse, comme une pâte qui dore et lève bien.
Ils les accueillirent d'abord précautionneusement, enfonçant leurs doigts dans la couche de feuilles mortes qui cachait la queue des champignons. Puis tout à coup, à l'idée que quelqu'un pourrait survenir, ils se mirent à les arracher, à les briser, à les jeter dans le sac dont ils avaient vidé les pommes de pin. Tout l'automne, ils avaient parcouru la forêt à la recherche de pommes de pin pour se chauffer pendant l'hiver et ils n'avaient aperçu qu'à deux ou trois reprises quelques pauvres champignons.
[…] « Pas un mot, à personne, dit Anna d'un ton de reproche. Ne fais pas tout de suite l'intéressant.
— Oui, dit madame Sám, nous les avons trouvés derrière le Chêne Royal. C'est ce qu'on dira.
— Monsieur Molnár prétend que chacun a son coin pour les bolets, dit l'enfant, et que c'est un secret qu'on ne révèle à personne.
— J'ai bien peur que quelqu'un ne les découvre ici, dit Anna. C'est tout près de la route. Il suffit qu'une vache s'égare. »

L'Histoire des champignons.
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