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Citations de David Grann (222)


Les quatre naufragés poursuivirent leur traversée du golfe, en suivant les conseils de leurs guides chonos : à quel moment ramer et à quel autre se reposer, comment trouver refuge et où pêcher des berniques. Même confrontés à cette situation, dans leurs récits, les naufragés trahissent leur racisme viscéral. Byron continuait de se référer aux Patagoniens comme à des “sauvages”, et Campbell se plaignait : “Nous n’osions déplorer aucun manquement dans leur conduite, alors qu’ils se considéraient comme nos maîtres, et que nous étions obligés de nous soumettre à eux en toutes choses.” En effet, le sentiment de supériorité des naufragés était chaque jour battu en brèche. Quand Byron cueillit quelques baies pour s’en nourrir, l’un des Chonos les lui arracha des mains, en lui signifiant que c’était du poison. “En conséquence, selon toute probabilité, ces gens m’ont à présent sauvé la vie”, reconnaissait-il.
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L’escadre continua sa progression. Bulkeley scrutait l’horizon, guettant l’Amérique du Sud, la terre ferme. Mais, hormis la mer, il n’y avait rien à contempler. C’était un fin connaisseur de ses nuances et formes. Il y avait les eaux vitreuses et les eaux irrégulières, les eaux coiffées de blanc et les eaux saumâtres, les eaux d’un bleu transparent et celles creusées par la houle ou éclairées par le soleil, aussi étincelantes que les étoiles. Un jour, écrit-il, l’océan était si pourpre qu’il “ressemblait à du sang”. Chaque fois que l’escadre traversait une étendue de cet immense champ liquide, une autre apparaissait devant eux, comme si toute la Terre avait été submergée.
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La notion même de germes n’ayant pas encore fait son apparition, les instruments chirurgicaux n’étaient pas stérilisés, et la paranoïa à propos de l’origine de l’épidémie rongeait les marins comme le mal proprement dit. Le typhus se propageait-il dans l’eau ou avec la saleté ? Par un contact ou par un regard ? L’une des théories médicales dominantes considérait que certains environnements stagnants, comme ceux d’un navire, émettaient des odeurs nocives qui contaminaient les humains. Il y avait véritablement quelque chose “dans l’air”, croyait-on.
Alors que les hommes de l’escadre d’Anson tombaient malades, officiers et médecins arpentaient les ponts, en flairant les coupables potentiels : la sentine croupie, les voiles moisies, la viande rance, la transpiration, le bois vermoulu, les rats crevés, la pisse et les excréments, le bétail non lavé, les mauvaises haleines. La fétidité avait provoqué une invasion d’insectes d’une ampleur biblique de sorte que plus personne n’osait ouvrir la bouche, notait Millechamp, “de peur qu’ils ne leur volent au fond du gosier”. Plusieurs hommes d’équipage se taillèrent des éventails de fortune dans des morceaux de planche. “[Ils] s’en servaient pour brasser l’air infecté d’un geste du poignet”, se rappelait un officier.
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Dans une partie d’échecs létale sur les océans, ces pièces étaient déployées tout autour du globe pour accomplir la prophétie de Sir Walter Raleigh : “Celui qui commande la mer commande le commerce ; celui qui commande le commerce commande les richesses du monde.”
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Le Centurion fut le premier à disparaître dans l'obscurité. Après avoir aperçu ses feux vacillants dans la nuit du 19 avril, Bulkeley écrit dans son rapport : « Ce fut la dernière fois que je vis jamais le Commodore ». Il aperçut les autres bâtiments au loin, mais ils eurent assez vite « disparu » à leur tour, le tonnerre de leurs canons noyé par le vent. Le Wager était désormais livré à son destin, seul en mer.
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Cette terre est gorgée de sang.
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Comme le dit Sherlock Holmes dans sa célèbre formule : « Une fois que l'on a éliminé l'impossible, ce qui reste, aussi improbable que cela soit, doit être la vérité. »
P. 163
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Avant de rejoindre le ministère de la Justice, Hoover avait travaillé à la bibliothèque du Congrès - "je suis certain qu'il serait devenu conservateur s'il y était resté", dit un ancien collègue - où il apprit à ranger des données à partir d'un système proche de la classification décimale de Dewey. Il adopta donc cette méthode de classement par subdivisions numériques pour organiser le fichier central et l'index général du Bureau.
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En 1924, l'Indian Rights Association, qui défendait les intérêts des tribus américaines, mena une enquête au sein de ce qu'ils appelèrent "une orgie de pots-de-vin et d'escroquerie". Le groupe d'étude décrivait comment les Indiens fortunés de l'Oklahoma "étaient impudemment dévalisés aux yeux de tous, d'une manière à la fois méthodique et impitoyable", et comment les tutelles étaient "une prime en or accordée aux amis les plus fidèles des juges en échange de soutien lors des élections".
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Lorsque Anna rentrait, elle aimait retirer ses chaussures, et Mollie aurait voulu pouvoir entendre le bruit réconfortant qu’elle faisait en se déplaçant nonchalamment dans la maison. Au lieu de cela, il y régnait un silence aussi calme que dans la Prairie.
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Ils savaient ce qu'était la liberté car ils ne possédaient rien et rien ne les retenait.
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La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi.
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En 1870, les Osages – expulsés de leurs tipis, leurs tombes pillées – acceptèrent de vendre leurs parcelles du Kansas aux colons à un dollar vingt-cinq l’acre. Malgré cela, certains d’entre eux massacrèrent des Indiens, laissant leurs corps mutilés, scalpés. À la vue de ces horreurs, un agent des Affaires indiennes s’interrogea : « Qui de ces gens sont les véritables sauvages, la question se pose. »
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LA TEMPÊTE AU COEUR DE LA TEMPÊTE - LE SCORBUT

Les températures chutèrent puis les pluies épaissirent, durcirent et se muèrent en grésil et en neige. Les filins étaient recouverts d'une croûte de glace et quelques hommes attrapèrent des engelures. "Au-dessous de quarante degrés de latitude, il n'y a plus de loi, au-dessous de cinquante degrés, il n'y a plus de Dieu", met en garde un adage. Or l'équipage se trouvait maintenant dans les cinquantièmes hurlants. Sous ces latitudes, le vent souffle avec "une telle violence que rien ne peut résister, et la mer se creuse tant qu'elle martèle et met un navire en pièces", écrivait Byron. C'était "la traversée la plus déplaisante du monde".
Byron savait que l'escadre avait besoin de toute la persévérance et de toute l'opiniâtreté de chaque homme et mousse. Mais presque immédiatement après que le Wager eut franchi le détroit de Le Maire, le 7 mars, il s'aperçut que nombre de ses compagnons étaient incapables de se lever de leur hamac. Leur peau commençait à bleuir et à noircir comme du charbon - "une efflorescence de chairs fongiques", selon la description du révérend Walter. Leurs chevilles étaient horriblement enflées, et le mal qui les rongeait remontait dans leurs cuisses, dans leurs hanches et jusqu'à leurs épaules, comme un poison corrosif. Quand le maître instructeur Thomas fut atteint à son tour, il ne ressentit d'abord qu'une petite douleur dans le gros orteil gauche, mais il ne tarda pas à remarquer les nodules et les plaies ulcéreuses qui se propageaient sur tout son corps. Des symptômes qui s'accompagnaient, écrivait-il, "de douleurs dans les jointures des genoux, des chevilles et des orteils, si intolérables que je pensais, avant de les subir, que la nature humaine n'aurait jamais pu les supporter". Par la suite, Byron attrapa cette terrible maladie et découvrit qu'elle provoquait "une douleur d'une violence inouïe".
La tempête au cœur de la tempête

Quand ce fleau s'attaqua aux visages des marins, plusieurs alors ressemblèrent aux pires monstres de leurs caucherieurs Leurs yeux injectés de sang étaient exorbités. Leurs mars tombaient, ainsi que leurs cheveux. Leur haleine exhalait, d'après un compagnon de Byron, une puanteur etiaie, comme s'ils avaient la mort sur les lèvres. Le cartilage qui leur soudait le corps semblait se déliter. Dans certains cas, de vieilles plaies ressurgissaient. Un homme qui avait été blessé à la bataille de la Boyne, livrée en Irlande plus de cinquante ans auparavant, vit ses anciennes cicatrices se rouvrir. "Et ce qu'il y a d'encore plus étonnant, observa le révérend Walter à propos de cet homme, le calus bien formé d'un os qui avait été rompu fut dissous, et la fracture telle que si elle n'avait jamais été consolidée»

Les sens n'étaient pas épargnés. Les hommes pouvaient avoir des visions de ruisseaux et de pâturages bucoliques, et l'instant d'après, reprendre conscience de l'endroit où ils se trouvaient et sombrer dans un complet désespoir. Le révérend Walter notait encore que "cette maladie est ordinairement accompagnée d'un étrange abattement d'esprit, de frissons, de tremblements et d'une grande disposition à être frappé de terreurs violentes au moindre accident". Un expert médical l'assimila à "la chute de l'âme tout entière". Byron vit certains hommes basculer dans la démence où, ainsi que l'écrivit l'un de ses compagnons, la maladie leur "montait au cerveau et ils couraient en tous sens, pris de folie furieuse". Ils souffraient de ce qu'un capitaine britannique avait nommé "la peste des mers" : le scorbut. Nul n'en connaissait la cause. Frappant un équipage après plus d'un mois de mer, c'était la grande énigme de l'ère de la marine à voile, qui tua plus de marins que tous les autres fléaux combinés, qu'il s'agisse des batailles au canon, des tempêtes, des naufrages et d'autres maladies.
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Au fil des siècles, ils [les autochtones Kawésjars] s'étaient adaptés à la rudesse de leur environnement. Ils connaissaient pratiquement les moindres recoins de la côte et portaient en eux des cartes mentales de ces dédales de chenaux, de criques et de fjords. Ils connaissaient les abris protégés des tempêtes, les torrents de montagne aux eaux cristallines que l'on pouvait boire sans danger, les récifs chargés d'oursins, d'escargots de mer et de moules comestibles, les anses où se regroupaient des bancs de poissons et les meilleurs endroits, en fonction de la saison et des conditions climatiques, où chasser le phoque, le lion de mer, le cormoran et le brassemer cendré.
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Il huma l'air marin et écouta la splendide symphonie autour de lui: le balancement de la coque, le claquement des drisses, le ressac des vagues contre la proue.
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Ceux-ci observaient avec une égale intensité leur nouveau capitaine. Il n'était plus l'un des leurs; il était responsable d'eux tous, chargé de toutes les âmes du bord.
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Chaque élément était essentiel au bon fonctionnement du navire. L’inefficacité, les bévues, la stupidité, l’ivrognerie pouvaient conduire au désastre. Un marin décrit un vaisseau de ligne comme “une mécanique humaine, dans laquelle chaque homme est un rouage, une courroie ou une manivelle, le tout entrant en mouvement avec une régularité et une précision sans pareilles selon la volonté du mécanicien : le tout-puissant capitaine”.
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“Le capitaine devait être pour ses hommes le père et le confesseur, le juge et le jury, écrit un historien. Il était plus puissant que le roi, car le roi ne pouvait ordonner que l’on fouette un homme. Il pouvait leur ordonner d’aller au combat et, de ce fait, exerçait un pouvoir de vie et de mort sur chacun à bord.”
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Ainsi que l’observait un marin : “Un vaisseau de ligne est, pour ainsi dire, la quintessence du monde, où il existe un spécimen de chaque caractère, quelques belles âmes et quelques vauriens de la pire espèce.” Parmi ces derniers, il listait “les bandits de grand chemin, les cambrioleurs, les voleurs à la tire, les débauchés, les adultères, les joueurs, les pamphlétaires, les géniteurs de bâtards, les imposteurs, les souteneurs, les parasites, les ruffians, les hypocrites, les bellâtres usés jusqu’à la corde”.
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