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Citations de David Grann (220)


Le Wager et le reste de l'escadre étaient en mer depuis à peine deux semaines, et il ne s'était pas encore acclimaté à son nouvel environnement. Il devait baisser la tête s'il ne voulait pas se cogner au plafond du second faux-pont et partageait ce caveau de chêne avec d'autres jeunes enseignes. Chacun avait droit à un espace d'à peine plus de cinquante centimètres de large pour attacher son hamac, de sorte que leurs coudes et leurs genoux s'entrechoquaient parfois avec ceux de leurs voisins. C'était quand même royal : presque vingt centimètres de place supplémentaire qu'il n'en était alloué aux simples matelots, [...]
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David Grann
Mais White savait que le système judiciaire américain, au même titre que ses services de police, était gangrené par la corruption. Il y avait beaucoup de juges et d'avocats véreux. Les témoins étaient menacés, les jurys achetés.
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Il avait été envoyé en patrouille dans les Antilles, une mission souvent considérée comme la pire de la Navy à cause du spectre de la maladie. Le fléau safran (la fièvre jaune). Le flux sanglant (la dysenterie). La fièvre des os brisés (la dengue). La mort bleue (le choléra).
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Livré à lui-même sur l'océan, à mille lieues du monde qu'il connaissait, il pouvait faire ses preuves lors de luttes primordiales : braver les typhons, vaincre des navires ennemis, secourir ses compagnons dans la tourmente.
Mais s'il avait déjà donné la chasse à quelques pirates, notamment à Henry Johnson, le manchot irlandais qui tirait au pistolet le canon de son arme posé sur son moignon, ces premières croisières s'étaient révélées peu mouvementées ...
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Après son retour en Angleterre, Morris publia un récit de quarante-huit pages, qui s’ajouta à la bibliothèque sans cesse plus volumineuse de ces chroniques de l’affaire du Wager. Les auteurs se présentaient rarement, leurs compagnons et eux, en agents d’un système impérialiste. Ils étaient la proie de leurs propres luttes quotidiennes et de leurs ambitions, occupés à manœuvrer leur navire, à obtenir des promotions et à gagner de l’argent pour faire vivre leur famille et, en fin de compte, à leur survie. Mais c’est précisément cette complicité irréfléchie qui permet aux empires de prospérer. En fait, c’est exactement ce dont ces structures impériales ont besoin : des milliers et des milliers de gens ordinaires, innocents ou non, qui servent un système, qui se sacrifient même souvent pour lui, sans qu’aucun, ou presque, ne le remette jamais en question.
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Byron était confronté à la dure vérité de ce monde de bois : la vie de tous dépendait de la prestation de chaque membre de l'équipage. Ils étaient comme les cellules d'un corps humain , une seule cellule maligne les conduirait tous à leur perte.
(p.60)
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L’Histoire est un juge impitoyable. Elle expose au grand jour nos erreurs les plus tragiques, nos imprudences et nos secrets les plus intimes ; elle jouit de son recul sur les événements avec l’arrogance d’un détective qui détiendrait la clé du mystère depuis le début.

Chapitre 23 : Une affaire non résolue
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Les empires préservent leur pouvoir grâce aux histoires qu'ils racontent, mais celles qu'ils ne racontent pas sont tout aussi essentielles - les obscurs silences qu'ils imposent, les pages qu'ils arrachent.
(p.362)
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Comme Anson, Cheap avait passé l'essentiel de sa vie en mer, une existence pénible à laquelle il avait d'abord espéré échapper. Pour citer Samuel Johnson : « Aucun homme ne sera marin s’il ne s'ingénie pas à finir en prison ; car être à bord d'un navire, c'est être en prison, avec en prime le risque de se noyer. »
(p.24)
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À partir de 1877, il n’y eut presque plus de bisons à chasser – les autorités ayant vivement encouragé les colons à les exterminer sachant bien que, selon les termes d’un officier de l’armée, « chaque bison mort est un Indien en moins ». La politique du gouvernement était passée du confinement à l’assimilation forcée, et les représentants gouvernementaux essayaient de plus en plus de convaincre les Osages d’aller à la messe, de parler anglais, et de couvrir leurs corps de vêtements en fibres végétales.
Le gouvernement leur devait encore de l’argent pour les terres du Kansas, mais il refusait de s’acquitter de sa dette tant que les hommes en pleine possession de leurs moyens, comme Ne-kah-e-se-y, refuseraient de cultiver leurs terres ; et lorsqu’ils cédèrent le gouvernement voulut payer sa dette sous forme de vêtements et de rations alimentaires. Un chef protesta : « Nous ne sommes pas des chiens qu’il faut venir nourrir. »
[Chapitre 4 : La réserve souterraine]
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Le soleil fut le seul témoin impartial. Il observait depuis des jours cet étrange objet qui se soulevait et retombait sur l’océan, ballotté sans merci par le vent et les vagues1. À une ou deux reprises, le vaisseau faillit se fracasser sur un récif, ce qui aurait mis un terme à notre récit. Mais par un coup du sort ou du destin, comme on l’affirmerait parfois plus tard, il dériva vers une crique au large de la côte méridionale du Brésil, où des habitants le suivirent du regard.
Long de quinze mètres et large d’un peu plus de trois, c’était un bateau de piètre allure – il donnait l’impression d’avoir été assemblé avec des morceaux de bois et des bouts de tissu réduits au néant. Ses voiles étaient déchiquetées, sa bôme fracassée. De l’eau de mer s’infiltrait dans la cale, d’où s’exhalait une odeur pestilentielle. En s’approchant, les passants entendirent des bruits inquiétants : trente hommes étaient entassés à bord. Ils n’avaient plus que la peau sur les os et ils étaient vêtus de haillons. D’abondantes crinières algueuses leur mangeaient le visage.
Certains étaient si faibles qu’ils ne tenaient plus sur leurs jambes. L’un d’eux ne tarda pas à rendre son dernier soupir. Mais un personnage qui semblait être à leur tête se leva au prix d’un effort incommensurable et annonça qu’ils étaient des naufragés du vaisseau de ligne de Sa Majesté britannique, le HMS Wager.

(Début du prologue)
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Le gouvernement américain, prétendant que la majorité des Osages étaient incapables de gérer leur patrimoine, avait demandé au Bureau des affaires indiennes de désigner les membres de leur communauté aptes à administrer leur fortune. Malgré les objections virulentes de la tribu, une grande partie des Osages, dont Lizzie et Anna, furent déclarés « incompétents », et se virent imposer des curateurs blancs qui supervisaient le moindre de leurs achats, jusqu’aux tubes de dentifrice qu’ils se procuraient dans la boutique d’à côté. Un Osage qui avait été mobilisé pendant la Première Guerre mondiale protesta : « Je me suis battu en France pour ce pays, et on ne m’autorise pas à signer mes chèques moi-même ! » Ces curateurs étaient généralement choisis parmi les membres éminents de la société blanche du comté.
Chapitre 5 : Les apôtres du diable.
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A partir de 1877, il n'y eut presque plus de bisons à chasser - les autorités ayant vivement encouragé les colons à les exterminer sachant bien que, selon les termes d'un officier de l'armée, "chaque bison mort est un Indien de moins".
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Au début des années 1870, les Osages avaient été déplacés depuis leurs terres d’origine du Kansas vers une réserve rocailleuse d’Oklahoma, censée être de moindre valeur mais dont on découvrit par la suite qu’elle reposait sur le plus grand gisement pétrolifère des États-Unis. Pour y accéder, les chercheurs devaient louer les terres aux Osages et leur reverser des royalties. Au début des années 1900, chaque personne inscrite sur le rouleau de la tribu commença à recevoir un chèque trimestriel. Le montant initial ne s’élevait qu’à quelques dollars, mais, au fil du temps, alors que l’on extrayait de plus en plus de pétrole, les dividendes se comptèrent par centaines, puis par milliers de dollars. Le montant augmentait presque tous les ans, comme les ruisseaux de la Prairie qui se rejoignent pour former la large rivière boueuse qu’est le Cimarron, et que les membres de la tribu aient à eux tous accumulé des millions de dollars. (Pour la seule année 1923, la tribu perçut plus de trente millions de dollars, soit l’équivalent de plus de quatre cents millions de dollars actuels.) Les Osages étaient alors considérés comme le peuple le plus riche par individu au monde. « Voyez et contemplez ! s’exclamait un journaliste de l’hebdomadaire new-yorkais Outlook. Les Indiens, au lieu de mourir de faim […], jouissent de revenus réguliers qui rendent les banquiers malades de jalousie. »
[Chapitre 1 : La disparition]
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La mort est de tout temps solennelle, mais jamais autant qu’en mer, rappelait l’un d’eux. L’homme est là, près de vous, à vos côtés, vous entendez sa voix, et l’instant d’après, il est parti, et rien n’atteste de sa disparition, sinon le vide qu’il a laissé. […] Il reste toujours un couchage inoccupé dans le gaillard d’avant, et un homme vous manque lorsqu’il faut assurer le quart au petit jour. Il y a un homme en moins pour tenir la barre, et un en moins pour grimper avec vous le long de la vergue. Sa silhouette vous manque, et le son de sa voix, car l’habitude vous les a presque rendus nécessaires, et tous vos sens ressentent cette perte.
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Où trouveras-tu donc une caverne assez sombre
Pour couvrir ton visage farouche ?
Conspiration, n'en cherche point;
Cache-le sous le masque de la bienveillance et de son sourire caressant.
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Puis je cherchai Scott Mathis, le propriétaire de la Big Hill Trading Company. D'après ce registre, il aurait été responsable de neuf Osages, dont Anna Brown et sa mère Lizzie. En vérifiant la liste, je vis qu'une troisième personne s'était ajoutée à la liste, puis une quatrième, une cinquième et une sixième. Des neuf personnes qu'il avait sous sa tutelle, sept avaient rendu l'âme, dont deux avaient été notoirement assassinées. Je parcourus le registre à la recherche d'autres curateurs de l'époque. L'un d'entre eux était responsable de onze Osages, dont huit avaient péri. Un autre en avait treize, et plus de la moitié n'étaient plus de ce monde. Et un autre encore en avait cinq et tous avaient trépassé. Et ainsi de suite. Leur nombre était hallucinant et dépassait largement le taux de mortalité naturelle. Puisque, dans l'ensemble, aucune enquête n'était ouverte, il était impossible de connaître précisément le nombre de morts suspectes, sans parler du nom des responsables.
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Le juge fit promettre aux douze jurés de rendre un verdict en accord avec la loi et d'après les éléments apportés - "Que Dieu vous vienne en aide !"
Mais une question cruciale ne fut jamais abordée, ni par le juge, ni par la défense, ni même par l'accusation : est-ce qu'un jury composé de douze hommes blancs pourrait condamner un autre Blanc pour avoir tué des Indiens ? Un journaliste sceptique nota : "L'attitude des colons, éleveurs de bétail, envers les Indiens non métissés est bien connue." Un éminent membre de la tribu dit les choses encore plus franchement : "Je me demande si ce jury considère qu'il s'agit bien ici de meurtres et non de maltraitance sur des animaux."
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Pour Hoover, les agents étaient des rouages interchangeables, comme les employés d’une multinationale. C’était un très grand changement par rapport à l’approche traditionnelle de ce travail pour lequel les policiers étaient généralement issus de leurs propres communautés. Si ce changement permit de ne pas exposer les agents à la corruption et de créer un véritable organisme de police nationale, il ne tenait pas compte des particularités régionales et avait l’effet déshumanisant que subit tout employé qui est constamment déraciné.

Chapitre 16 : pour que le bureau se porte mieux.
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Il estimait qu’il lui faudrait trois semaines pour achever le reste de son périple, et il espérait que le plus dur était derrière lui. Dans son journal, il avait écrit : “Prions simplement que la route vers le nord soit beaucoup plus facile.” Pourtant, sur les pentes du dôme Titan, il trouva l’ascension “mortelle”. Il avait perdu plus de dix-huit kilos et ses vêtements sales lui pesaient. “Toujours très faible – les jambes comme des allumettes et les bras maigrichons”, notait-il dans son journal. Il avait les yeux creusés, ourlés de cernes. Ses doigts étaient engourdis. Ses tendons d’Achille étaient enflés. Ses hanches étaient marbrées de contusions, éraflées par les secousses du harnais. Il s’était cassé une incisive en mordant dans une barre de protéine gelée et il avait plaisanté avec l’opérateur d’ALE sur son allure de pirate. L’altitude lui provoquait des étourdissements et il avait des hémorroïdes sanglantes.
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