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Critiques de David Lefèvre (27)
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Le galop du vent sous le ciel infini

Avec ce livre, je rejoins d'autres terres australes, non plus l'Australie (cf. ma critique précédente d'un récit de voyage - Sauvage par nature - que j'ai nettement moins apprécié ) mais la Patagonie que l'auteur connaît bien puisqu'il a décidé d'y vivre.

dans une langue poétique, il décrit le passage des saisons, au gré des vents nombreux dans ce bout du monde, d'ailleurs le titre est bien choisi.

Dans ce récit, il est aussi beaucoup question des hommes, célèbres ou pas, qui habitent cette contrée sauvage ou qui l'on visitée et sont "tombés en amour" pour elle. Bruce Chatwin, par exemple, en a tiré des histoires pas toujours bien accueilles par les autochtones, pourtant affabulateurs eux aussi.

D'autres racontent un tremblement de terre suivi d'un raz-de-marée dévastateurs et l'affolement prémonitoire de tous les animaux (y compris des escargots !).

L'auteur a rencontré des ouvriers spécialisés dans la tonte des moutons, travail dur et épuisant.

Le livre se termine par la description d'un personnage original, à l'image de cette région fantasmagorique.

Pour que cette lecture soit plus agréable, une carte détaillée fait défaut .
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Solitudes australes : Chronique de la caban..

Je reviens d’un beau voyage, d’un grand voyage, qui me fait douter de ce retour, à tel point – de non-retour tant je suis partie loin – qu’il est difficile de mettre mes mots sur ceux de David Lefèvre tant j’ai mis mes heures dans les siennes, mon cœur au rythme du sien.



Ce livre relate un véritable voyage, périple au bout du monde, au plus profond de soi. Pas un exploit ni une fuite malgré le rejet d’une certaine société occidentale mais le désir revendiqué d’un accomplissement intègre.



Cette Chronique de la cabane retrouvée est une aventure et une expérience vécues autant humblement que pleinement, autant tournée vers l’environnement que l’intime; une aventure et une expérience au cours desquelles « l’écriture est une escale « . Bien que cette cabane soit une retraite, c’est certain, paradoxalement peut-être, le regard y est attentif, sensible, l’esprit patient, ouvert au monde, aux réflexions, aux questions, la pensée féconde. Réaliste, David Lefèvre interroge la frénésie du monde, la société de profit et de consommation sans que ses réflexions soient leçons, violences ou formules péremptoires. Philosophe, il interroge notre relation à notre société d’origine, à notre terre natale; il s’interroge sur notre rapport aux lieux d’élection, à nos lieux d’adoption, sur nos racines et celles du monde, sur la notion de temps et d’avenir; philosophe d’une philosophie sans attache consentant aux mystères, d’une » résistance sans prétentions « .



David Lefèvre, après avoir vagabondé en Patagonie, part s’installer sur l’île chilienne de Chiloé. Il rejoint un lopin délaissé par un ami à une dizaine de kilomètres de l’Océan Pacifique. Au bord d’un lac, entourés de forêts, une cabane sur pilotis l’attend. De septembre à avril, saisons clémentes sous cet hémisphère, Solitudes australes relate cette installation, la découverte de l’environnement, ses habitants qu’ils soient humains ou animaux, la nature, le climat à la pluie et au vent. Entre ciel, terre et eau, les heures, les couleurs, les humeurs. Et l’aménagement de la cabane, les travaux de rénovation et de défrichement… Le voyageur devient » un peu paysan, un peu pêcheur, un peu charpentier. « Un peu botaniste et un peu ornithologue aussi.



Et ce qui transparaît de ce récit, au-delà de l’éveil, de la respiration, c’est la modestie de cet homme; au-delà de ce choix de vie de » pauvreté volontaire « , une sobriété à travers la beauté qu’il donne à voir, à ressentir, sans fioriture, sans s’imposer, ni imposer quelconques clichés en noir et blanc. Entre explorations et contemplations, ses descriptions de son environnement naturel sont magnifiques. Sa plume aussi riche que généreuse, épanouie, rend la lumière, la force et la densité, en parfaite harmonie avec l’esprit du lieu auquel s’est donné l’auteur.



David Lefèvre ne vit pas isolé du monde dans son monde. Il rappelle le pillage économique, le désastre écologique, dont est victime le Chili, la Patagonie en particulier, et s’inquiète, à juste titre, pour l’île de Chiloé où il s’est installé, y pratiquant la photographie. Un carnet de splendides photographies se découvre en milieu d’ouvrage.
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Solitudes australes : Chronique de la caban..

J’exerce une veille auprès des éditeurs que j’aime pour ne pas manquer une parution, en particulier quand il s’agit de livres qui ne font l’objet parfois que d’un minuscule article de magazine ou n’apparaissent que peu dans les blogs



C’est ainsi que j’ai lu David Lefèvre et que j’ai partagé avec lui sa cabane sur l’île de Chiloé.

Une cabane pour assouvir son rêve

« Un cadre de retraite ou d’errance, que l’on avait secrètement attendu, et qui se révèle conforme à l’estampe mentale que l’esprit avait tissé en secret »

C’est une terre rude que ce coin de la planète surtout dans une vieille cabane délabrée mais après avoir vécu dans les bois de Walden une cabane en terre australe était une expérience tentante.

Daniel Lefèvre voyage léger : un minimum d’objets, aucun superflu « un lit en fer repoussé » un seul vrai meuble « une vieille armoire sans portes » et quelques ustensiles indispensables « une poêle à frire et une marmite mâchurée » des outils pour travailler, des semences pour le potager et une malle de livres.

Il a fait le choix de la solitude et partage son temps entre les travaux de rénovation de la cabane, la préparation du potager et bien sûr la lecture.

Tout est découverte « J’abordai un monde neuf » il explore son territoire, il écoute les bruits de la nature, observe sa cabane tenir bon devant les orages, il entend « les gouttes affolées (qui) sonnent et cavalent sur le toit ».



Il aime les plaisirs simples « De retour dans la cabane avec une brassée de fagot, je retrouve le plaisir d’allumer un feu ».

Les repas sont du genre gastronomie frugale « Au menu du dîner : darne de saumon, pain frotté d’ail, bettes du potager. D’abord porter les braises à point, tisonner. Retourner le poisson sur le gril et regarder la chair rosir, repas frugal porté à la perfection. »

C’est chaque matin un monde neuf qui est offert et c’est enivrant « Je traversais un monde vierge ; je remontais le cours du temps. Ce bout de terre qui m’attendais semblait venir de loin. J’avais franchi la ligne de partage des mondes »

Il regarde, il écoute les bruits de la nature, observe sa cabane tenir bon devant les orages, il entend « les gouttes affolées (qui) sonnent et cavalent sur le toit ».

Toute la nature est à lire, plantes,insectes, oiseaux et même un matou venu trouver abri chez lui et qu’il baptise Léon.

Il n’est pas loin de l’océan et ses escapades le porte parfois au bord du Pacifique et le soir venu

« A la bougie, j’aligne ensuite des remarques fraîches dans les pages de mon journal de bord » car la lecture ne lui suffit pas « J’écris pour ancrer les choses et ne pas oublier ce que j’ai vécu »



Il n’y a que du beau monde dans sa bibliothèque, Thoreau bien entendu, Bouvier, Thomsen, Rick Bass, et dès que le besoin s’en fait sentir « je pars marcher. Je longe le lac et essaie de remonter tous les sentiers animaliers ou humains qui se présentent à flanc de montagne. Mes pensées respirent et errent dans toutes les directions. Je suis devenu tour à tour le piéton de ma piste, l’enfant du lac, le contemplateur des forêts. »

Ce nomade sur les traces de Nicolas Bouvier qui est son mentor est bien agréable à suivre au long des huit mois de son récit. Un cahier de photos est là pour nous donner l’envie de prendre la route et de le rejoindre sur son île des confins.


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Solitudes australes : Chronique de la caban..

C'est un réel bonheur de lire et de suivre David Lefèvre dans son périple de vie. Après "aux quatre vents de Patagonie" où il voyage à travers le cône sud sud américain, le voici, dans ce nouveau livre installé sur les bords d'un lac de l'île Chiloé au Chili. Là bas, il vit seul loin de la foule à restaurer une cabane. Il veut vivre ce qu'il appelle une "pauvreté volontaire" faite de choses simples : l’observation de la faune, la cueillette, la création d'un petit jardin, l’immersion totale dans un monde qui n'a pas été abîmé par l'homme. On pourrait comparer ce récit à celui de Sylvain Tesson parti seul dans sa cabane Sibérienne. Mais, il n'en est rien. Le livre de David Lefèvre est plus fort, plus intime, plus humble que son homologue des rives du Baïkal.
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Solitudes australes : Chronique de la caban..



S’installer dans une cabane un peu délabrée située au bord d’un lac, au cœur d’une forêt, à quelques kilomètres de l’océan Pacifique. Vivre là, et, à partir de l’observation, installer la vie en se retroussant les manches. Et surtout : coucher sur le papier ses émotions, ses activités quotidiennes, les rares rencontres, les variations du paysage… Au bout du séjour, cela donne un récit d’une rare sensibilité. L’auteur possède une réelle faculté de nous transporter sur les lieux de sa retraite. On respire les eaux du lac qui s’écoulent au pied de sa cabane, on éprouve le climat des saisons, on entend le chant des oiseaux et presque l’empreinte du chat sauvage à ses chasses nocturnes. On ressent au fil des pages la façon dont David Lefèvre s’imprègne du milieu qui l’entoure. C’est une relation de connivence avec une nature qui nourrit le corps et l’esprit.



Voici un livre qu’on ne lâche pas, ou, au contraire, que l’on s’oblige à savourer lentement, en se berçant des mots. Car la langue touche au but, riche et pesée mais jamais ampoulée. Un livre, comme son auteur, qui va à l’essentiel, magnifique de sobriété.
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Aux quatre vents de la Patagonie : En route..

Récit de voyage de plus d’un an et demi en Patagonie aux multiples rencontres, émerveillements, réflexions. Le but initial est d’élucider le mythe des Césars qui naquit à l’époque de la conquête espagnole et aurait donné lieu à la création d’une cité perdue d’hommes blancs. Mythe beaucoup moins connu que celui de l’Eldorado, D Lefèvre parcourt les montagnes, forêts, rivières, villes perdues, ensommeillées ou fantôme, créant une cartographie mythologique dont le cœur bat des différentes racines de la Patagonie moderne.

Mêlant récits d’exploration, d’histoire, on est également amené à rencontrer et partager avec des gens simples et anonymes qui aiment et n’ont d’autres horizons que ceux nuageux de la Cordillère des Andes ou ceux des tempêtes du détroit de Magellan.

Un vrai plaisir de lecture qui m’a rappelé les récits de Nicolas Bouvier, avec une vraie qualité littéraire avec un choix du mot et de la phrase.

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Aux quatre vents de la Patagonie : En route..

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Le galop du vent sous le ciel infini

Depuis 2010, David Lefevre s'est retiré sur l'île de Chiloé pour vivre en parfaite harmonie avec la nature et s'adonne ainsi à une vie frugale proche de l'autosubsistance. Il consacre plusieurs récits à cette expérience unique comme Aux quatre vents de Patagonie ou le magnifique Solitudes australes. Dans ce Galop du vent sous le ciel infini, il revient vers les origines de cette fascination pour la Patagonie, terre de mythes et d'aventures extraordinaires qui exerce un pouvoir d'attraction immense sur les hommes.



Après s'être abreuvé durant sa jeunesse à des récits d'écrivains amoureux de cette région comme Roger Caillois, Jean Raspail, Cendrars, Supervielle, Saint Exupéry ou encore Bruce Chatwin, sa rencontre avec cet espace "de ciel, de pluie et de vent" sonne comme une révélation : "Dans l'époustouflante beauté de ses paysages, je reconnus l'incarnation d'une sorte d'absolu que depuis toujours je portais en moi".



Ses rencontres sont marquées par le sceau de l'inoubliable et même les humeurs de ses saisons l'enchantent. Parmi les aventures et les rencontres extraordinaires qu'il a pu vivre sur ces terres australes, il choisit ici de s'approcher de plus près de quelques unes. Il s'attarde notamment sur le marin Charles Milward, oncle de Bruce Chatwin et sur sa fuite épique à bord du Dresden, croiseur allemand pourchassé par la marine britannique dans les mers australes en 1914. En mentionnant Bruce Chatwin et son En Patagonie il s'interroge alors sur les limites de ce récit de voyage, qui a pu quelquefois laisser la réalité historique en suspens. Chatwin a à peine mentionné dans son récit le coup d'état de 1973 et ses conséquences, le pays tout entier étant alors sous le joug d'une dictature militaire répressive et violente. Cet oubli permet à David Lefevre de s'interroger sur l'engagement de l'écrivain voyageur :



"Je veux croire cependant qu'en certaines occasions, l'écrivain ne peut se contenter d'être un go between, mais un homme capable de s'engendrer lui-même. Je veux croire que son statut peut être la cause d'une inquiétude chaque fois qu'il observe du dehors un monde qui vire au désert glaçant, et ce sans se préoccuper de savoir si ce sera là ou non la source de son malheur ou bien de sa notoriété." p; 192



La puissance des récits de David Lefèvre tient dans cette alliance subtile entre des passages narratifs autour de ses rencontres originales, comme avec cet homme qui tient un cabinet de curiosités préhistorique, sorte de musée officieux, et des réflexions plus philosophiques qui interrogent sa présence au monde. Entre récit, essai, réflexion philosophique, poétique, il rend ici un bel hommage à cette région du bout du monde et à ses habitants.



"Pendant des mois, j'ai observé le temps qu'il fait là-bas. J'ai levé les yeux et j'ai connu la part du ciel, cet autre paysage renversé sur le dos des hommes. J'ai vu se faire et se défaire d'indicibles nuages. J'ai vécu cet instant précis où les contours de la terre s'effacent et les saisons s'abolissent. Les pluies m'ont rincé et les vents m'ont envoyé au tapis. (...) Ma propre vérité m'est venue un jour de la bouche d'un gaucho qui me connaissait de la veille, auquel j'annonçais vouloir traverser la Patagonie en marchant sur un seul méridien : "Tu en reviendras la peau et l'esprit burinés, mais tu sauras ce que la nature du monde réserve à ceux qui s'approchent d'elle en la regardant."" p. 15



Ce que j'ai moins aimé : J'avoue m'être perdue dans le cheminement autour de Charles Milward, oncle de Bruce Chatwin et de son aventure à bord du Dresden.


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La vie en cabane : Petit discours sur la fr..

J'ai beaucoup aimé ce petit livre qui prône la vie simple. Je l'ai lu en étant quelques jours dans un monastère et les parallèles y ont été nombreux : la simplicité, le silence, la sensation de se sentir protégé, l'envie d'y voir d'autres visiter ce territoire pas tout à fait comme les autres. J'aspire à cette vie.....
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Solitudes australes : Chronique de la caban..

David Lefèvre, en parallèle avec divers emplois alimentaires, est parti à travers le monde. Parmi ses nombreuses rencontres, un ami qui propose de lui prêter un terrain avec une cabane au bord du lac Huillinco, sur l’île chilienne de Chiloé, pour y passer plusieurs mois. Il y restera et tiendra un journal de bord de septembre à avril, du printemps à l’automne. La cabane nécessite une remise en état, et l’auteur se donne à fond dans les travaux manuels, menant aussi à bien la création d’un potager dans la forêt avoisinante. J’ai aimé sentir la nature qui entoure la cabane, les averses, voire les tempêtes qui la frappent, et les petites bêtes diverses et aussi plus grosses, qui signalent à l’auteur que c’est leur territoire.

J’ai un peu moins apprécié les réflexions philosophiques, enfin certaines d’entre elles me parlaient, mais pas toutes, ce qui est bien normal, et chacun devrait y trouver phrases à relever et matière à réfléchir sur son propre rapport à la nature.

La solitude, la proximité immédiate de l’environnement poussent évidemment à se poser des questions sur la vie, sur l’homme et la nature, sur la société de consommation, mais, et l’auteur note bien qu’il faut revenir à la réalité, comment croire que ce mode de vie puisse convenir à tout le monde et être extensible à l’infini ? Si j’imagine les forêts envahies de cabanes, et d’individus attirés par cette forme de pauvreté volontaire, je ne suis pas certaine que l’environnement et la nature s’en porteraient mieux. Cela fonctionne si ça reste assez marginal. Vu la population terrestre, éviter de construire et d’habiter les villes paraît une douce utopie.

Davantage que les considérations philosophiques, j’avoue avoir préféré les portraits des voisins du narrateur, à quatre pattes ou à deux, ces derniers n’étant pas forcément les plus civilisés, et aussi les évocations du climat et des paysages, côté lac, comme côté océan, et le cahier de photos à l’intérieur qui permet de se représenter les lieux. Pour moi l’aspect voyage immobile et le cadre unique de l’île de Chiloé sont un peu frustrants, mais j’en retiendrai de très beaux passages où l’auteur réussit vraiment à faire partager son expérience et sa réflexion.
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Solitudes australes : Chronique de la caban..

Loin de toute civilisation tonitruante et souvent aliénante, l’auteur a choisi de se retirer dans une cabane au bord d’un lac, avec comme seuls compagnons la faune et la flore environnante. Il choisit alors une petite île chilienne, l'île de Chiloé, et cette expérience lumineuse qui lui permet de retrouver le monde et de l’embrasser dans toute sa plénitude.







« C’était cela : être présent. Immobile. Comme une stèle au jardin des pierres. Laisser faire. Regarder. Ecouter. Avoir intensément désiré cet état. Se sentir décollé du sol, attiré comme une plante vers la clarté. » (p. 22)







« Tant que les impératifs de l’âge de m’obligent pas à battre en retraite, je me tiens là, debout, et prends l’air du soir sous les variations du crépuscule. Dehors, un grillon grince, des mandibules mettent en pièces leurs victimes, des moucherons d’eau volettent au hasard, un bourdonnement s’enfuit vers le néant. » (p. 115)







Occupé à retaper sa cabane, ses seules autres occupations consistent à chercher sa subsistance quotidienne, puis à observer ce qui l’entoure d’un œil neuf et émerveillé. A la fois soumis à ses sensations et à sa raison, cette expérience le pousse à une méditation intérieure florissante.







« Faisons en nous la place au touchant, au léger, au sublime, au cosmique, à tout ce qui palpite et fait monter notre âme au ciel avant l’heure d’enterrer nos convictions, et de nous vautrer dans les habituels reniements de l’âge mûr une fois venue l’heure où le courage s’use, avant d’éprouver un jour cette fatigue de vieux soldats qui n’aspirent qu’au repos. » (p. 126)







« Et pendant que l’homme exige un décorum à sa disposition, qu’il prend le monde comme une invention façonnée par lui, quel qu’en ait été l’architecte, des animaux franchissent les méridiens, engendrent leur descendance, s’éteignent sans qu’on s’inquiète de savoir s’ils ont assez vécu et si leur existence nous a été profitable. » (p. 51)







Quelques écrivains l’accompagnent dans son monde : Giono et ses Vraies richesses, Henry Thoreau, Harry Martinson, Barry Lopez, John Haines, Annie Dillard… Autant de personnalités qui entretiennent un rapport fort à la nature et à la solitude. Néanmoins, il n’est pas sans rencontrer quelques chiliotes en chair et en os et c’est avec encore davantage d’ouverture et de plaisir qu’il partage alors quelques instants à leurs côtés.







Quand il évoque sa vie d’avant, ses réflexions ont un arrière-goût désagréable :







« Comme ceux que je côtoyais, j’étais moi aussi coupable de soumission volontaire. Naïf, j’ignorais que l’exploité se complaît parfois dans les griffes de l’exploitant et que chacun n’a pas envie de terrasser sa servitude et ses ignorances. Écueil de la modération : à force de s’effacer, on finit par disparaître. À cette époque, j’étais incapable de donner une direction à ma radicalité.







Pour retrouver ma propre trajectoire, il me fallait d’urgence déserter cette mauvaise farce, faire le tri et regarder les solutions qui me restaient. Je décidai de ne plus disperser mon énergie dans le néant mais d’aller enfin ma pente naturelle : je voyagerais pour voir le monde et lui voler sa part de chaleur et d’humanité. Oui, c’était dit, j’irais rencontrer la planète, je disparaîtrais sous les cimes, je naviguerais sur le flot sauvage des cours d’eau avant de devenir un homme-machine, marqué et repéré. Je dévorerais l’espace à la poursuite de l’horizon. Comme un navire navigant à l’estime, je fouillerais l’inconnu démesuré. Cela répondait autant à une volonté profonde qu’à la nécessité de me mettre en retrait de mes aversions les plus indicibles. » (p.122-124)







Dans un style digne des plus grands, David Lefevre partage avec son lecteur une existence frugale lumineuse, lui offrant un monde intact et fascinant. Les photographies au mitan du livre sont aussi là pour attester de ce petit miracle de bonheur.







« N’est-il pas condamné à une certaine solitude l’être délicat qui sent le pouvoir du vent entre ses mains, la danse de l’abeille revigorante, le souffle de l’esprit qui habite le sous-bois. Qui croira ce que j’éprouve à écouter le chant d’un oiseau nocturne ou à passer une nuit à marcher sous la pleine lune ? » p.143)







Un récit inoubliable, fort, un indispensable du nature writing.




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Solitudes australes : Chronique de la caban..

Voici un auteur qui cherche ce que la langue a de meilleur pour traduire son amour de la nature. Son écriture est à la fois brillante et à fleur de peau. Hormis les descriptions de faune et de flore, toujours délicates et précises, il y a le deuxième versant du livre : la réflexion. Non pas des idées passées dans toutes les bouches mais une approche aussi réaliste qu'inhabituelle sur le monde comme il va. On ressort de ce livre avec une furieuse envie de rompre le quotidien et d'aller rejoindre l'auteur dans sa cabane pour goûter à la beauté qui l'entoure, ou bien de relever ses manches pour construire la sienne. En pleine forêt, au bord d'un lac.
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Le galop du vent sous le ciel infini

La Patagonie, offerte au ciel , pluie et vent, comme dans le chapitre inaugural, histoire de bien marquer le terrain. Puis, fasciné par la Patagonie (il n'est pas le seul) il relate son expérience et celle de nombreux marins ou écrivains. Quelques rencontres et visites (j'adore les *tondeurs de moutons!) et voilà qu'il mène l'enquête sur En Patagonie de Bruce Chatwin (un incontournable), son oncle Milward, et finalement l'épopée du Dresden.



Les lecteurs aimant les beaux récits trouveront de quoi se régaler. Et, ce qui ne gâte rien, David Lefevre écrit toujours aussi bellement.



Je choisis un passage dans le chapitre "De l'inconvénient d'écrire ses voyages" où, en pleine réflexion sur sa vision de En Patagonie de Chatwin, il s'interroge lui-même.

"Quelle est la place du récit de voyage dans le grand tout de la littérature? Et quel nom lui attribuer? La relation de l'ailleurs, l'aventure du vécu, le récit du monde...? Comment le sauver d'une tyrannie des hiérarchies et des nomenclatures qui ne jure si souvent que par le sacro-saint roman et qui peine à croire que le récit d'un voyage puisse dire beaucoup plus que le seul voyage pour s'élever à la dimension d'une oeuvre littéraire à part entière? Pour nous autres qui passons et décidons d'écrire ce que nous avons vu, l’écrivain se double d'un témoin. "Etc.
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Solitudes australes : Chronique de la caban..

Livre magnifique sur l'isolement volontaire de l'auteur, durant la belle saison, sur l'île de Chiloé en Patagonie.Travaux manuels et réflexions sur le temps qui passe et quoi faire de sa vie.
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Aux quatre vents de la Patagonie : En route..

"J'appartiens à la famille des coureurs d'aventure qui vont au pas de la tortue, indifférents aux époques. J'ai juste besoin d'un bon alibi pour me mettre en route." La Cité des Césars, voilà qui sera le fil conducteur de David Lefevre, durant dix-huit mois de séjour en Patagonie. Recherches en bibliothèques, conversations avec des spécialistes ou des curieux, d'hypothèses en mystères, il déroule aussi une passionnante histoire, celle de la Patagonie, illuminée de figures extraordinaires, telle celle de Sarmiento, dont la vie incroyable est un roman à elle seule.



Sur les chemins, il marche, teste divers véhicules, s'arrête parfois longuement chez l'habitant ou dans une pension, emmenant à sa suite le lecteur de la Ruta 40 à la Carretera Austral, selon qu'on se trouve en Argentine ou au Chili. Comment de fois franchira-t-il cette frontière courant le long de la Cordillère? Frontière fixée en 1994 pour certaine partie. Définitivement?



Les familiers de ce blog savent que les récits de voyage en général et les éditions Transboréal en particulier s'y taillent une bonne place, mais là, franchement, c'est du haut de gamme.

David Lefevre n'impose pas de journal de bord trop détaillé, parfois il prend son temps, parfois des dizaines de kilomètres sont passés sous silence. On ne connaîtra pas le poids et le contenu de son sac, la marque de ses chaussures, les détails des préparatifs. On le suit, c'est tout. Et avec un vif plaisir. Ses découvertes, ses étonnements, ses fascinations, ses prises de position deviennent celles du lecteur. Parfois j'oubliais que je lisais un récit de voyage, je me sentais vraiment dans un roman d'aventures drôlement bien présenté, où tout se lie harmonieusement.



De plus, c'est fort bien écrit, au point que je relisais certains passages pour le plaisir (la bibliothécaire page 39, le tatou page 157, et plein d'autres passages..). Car je l'avoue, les récits de voyage, oui, mais écrits avec les pieds, non. Là, réussite totale!



Je n'en ai pas terminé avec l'auteur, qu'on laisse à la fin du livre en pleine interrogation. Mais je sais qu'il s'est installé sur l'île de Chiloé; cependant je n'ai pas voulu découvrir la suite avant d'écrire ce billet. Quoique j'exagère un peu : j'ai rencontré l'auteur au salon de Châteauroux en 2013 et il a eu la gentillesse de me raconter un peu de sa vie là-bas. Patience donc!



Je ne renonce pas au plaisir de citer les remerciements

"Si ceux qui ne nous doivent rien ne nous donnaient rien, pauvre de nous. Ce livre est la somme de nombreuses rencontres qui furent les jalons de cette longue itinérance : (liste de noms). Et tous les autres anonymes.

Les taxis des grands espaces et des petits bouts de chemin.

Les propriétaires inconnus des cabanes et abris ouverts au repos du passant."



Note : il y a un encart photos!


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Solitudes australes : Chronique de la caban..

David Lefèvre, écrivain voyageur, décide se retirer seul dans une cabane prêtée par un ami, au bord d’un lac. Sur la superbe île de Chiloé (les photos du cahier central sont vraiment magnifiques), au Chili, il veut mener une vie frugale, authentique, avec ses seuls livres pour compagnons.



Cet ouvrage a été écrit à partir de notes prises sur place par l’auteur, durant une période de solitude choisie, à l’image de ce que prônait Thoreau ou de l’expérience vécue récemment par Sylvain Tesson (qui a d’ailleurs à peu près les mêmes références littéraires que celles citées dans Solitudes australes) Dans les forêts de Sibérie. Plutôt que de mener une vie dure et gagner un salaire misérable, David Lefèvre a décidé de tout quitter et de vivre simplement, avec le minimum de frais. Il a pour volonté de revenir à l’essentiel, de s’éloigner de notre société de consommation. Il s’emploie à faire de sa cabane un lieu habitable, à avoir des animaux sauvages comme plus proches voisins, à consommer ce qu’il cultive et le produit de sa pêche.



Plaidoyer pour le choix d’un retour à l’authenticité, l’accomplissement d’un idéal intérieur, Solitudes australes vous emmènera dans un beau mais rude voyage au bord d’un lac chilote.

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La vie en cabane : Petit discours sur la fr..

Dès les premières pages j'ai réalisé avec satisfaction que cela ne ferait pas doublon avec les deux gros livres plus axés sur la Patagonie, l'esprit de la collection étant plutôt celui d'essais sur un thème donné. Avant la Patagonie, le chemin de l'auteur a rencontré diverses "cabanes" dans des coins variés du monde. Yourtes, tentes, tipis, ..., elles sont censées ne laisser aucun dommage ou aucune cicatrice sur la terre, étant écologiques au sens contemporain du terme. Pour l’écrivain, ce fut un espace de paix et de concentration. Mais gare aux dangers de l'isolement, il ne s'agit pas de vivre toujours en ermite. Ce peut n'être qu'une étape.



La cabane pointe son nez là où on ne l'imaginait plus, à Notre-Dame-des-Landes (après le Larzac). Mais gare, chez nous il existe des lois, on ne s'installe pas n'importe où en cabane, la société demande domicile fixe et inscription au cadastre, certains sont priés de s'installer ailleurs que sur les rives de la Loire (exemple récent).

Même si cela ne se termine pas toujours par une "mise en cabane"...
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Aux quatre vents de la Patagonie : En route..

Dans notre imaginaire, la Patagonie est une sorte de "Terra Incognita" , un lieu battu par les vents des quarantièmes rugissants, un vrai bout du monde avec ses rares arbres décharnés et son herbe rase.

Ce cône sud de l'Amérique séduit pourtant, sans doute par son côté loin de la foule et plus proche de la nature. De l'authentique quoi !

Si vous lisez le livre de David Lefèvre « Aux quatre vents de la Patagonie », vous serez happé par la Patagonie qu'il nous fait explorer, loin des clichés que l'on peut avoir. De part et d'autres de la Cordillère des Andes, il nous emmène à la recherche de la chimérique Cité des Césars. Son texte, précis et méticuleux, est ponctué d’événements historiques, de récits du quotidien tout ceci agrémenté par des paysages des plus grandioses.

David Lefèvre démarre son périple dans les grandes capitales Argentine et Chilienne (un peu étouffantes à son goût) puis pose le pied sur l'île de Chiloé. Une fois la Cordillère passée, il entame une lente descente vers la Terre de Feu via La Ruta 40. Pour le reste, il vous faut lire cet ouvrage .
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Solitudes australes : Chronique de la caban..

Ce récit est une réelle respiration qui nous fait sortir de notre quotidien pour nous faire partager un autre monde. L'écriture, précise et sensible, témoigne d'une réelle présence aux choses. La nature est magnifiée, les forêts nous enveloppent, les saisons défilent sous nos yeux...

David Lefèvre, un proche de Thoreau. A lire de toute urgence.
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La vie en cabane : Petit discours sur la fr..

Dans une langue précise et érudite, l'écrivain-voyageur David Lefèvre dresse un plaidoyer de la vie en cabane, qu'il voit comme une forme absolue de résistance à la société consumériste. L'idée principale est de se séparer du superflu et du superficiel. L’ascétisme aiguise la pensée, renforce l'indépendance d'esprit et la qualité de pensée.



Le sous-titre de ce texte philosophique est en ce sens explicite : « Petit discours sur la frugalité et le retour à l’essentiel.



Mais il ne reflète pas le caractère militant de l'ouvrage. Car pour David Lefèvre, la cabane est véritablement un outil contestataire voire même insurrectionnel, symbole du retour à la terre. Il prend l'exemple des zadistes de Notre-Dame-des-Landes. Radicale est sa vision du monde moderne qu'il qualifie d' »univers de dévastation volontaire ». Il rejette en bloc le matérialisme, ne veut pas « vivre cette fiction ordonnée par d'autres, un songe collectif et mimétique sous l'emprise du modèle dominant.



Cela m'a gêné. Je reste profondément respectueux de ce mode de vie, et même convaincu de ses vertus, de là à en faire un mode de vie supérieur aux autres...



Certains passages relèvent malheureusement du pensum, construits sur des assertions et non des démonstrations, avec une vision simpliste de la société humaine et cette idée (paradoxalement si moderne !) que la nature prévaut sur l'homme, que l'homme altère une sorte d'idéal originel, comme si l'homme ne faisait pas partie de la nature et que la nature n'obéissait pas elle-même à une économie de la transformation. On retrouve dans ce petit ouvrage le vieux mythe du bon sauvage. D'ailleurs, Rousseau est cité en référence.



J'ai en revanche apprécié les passages où l'auteur décrit les résonances intimes qu'il a développées avec l'environnement, grâce à une plume d'une belle sensibilité.
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