Citations de David Sala (65)
Je l'ai ressorti de la vase et je suis remonté à la surface. Dégoulinant de fatigue.
Et je me tenais là, juste devant elle, à cause de mon introuvable cerf-volant.
Alors qu'ils s'approchaient, ils sentirent un parfum envoûtant et eurent une surprise : la maisonnette était faite de sucré étincelant, de sucre généreux.
Ce fut surtout durant les auditions qu’il s’avéra que ma pensée s’était clarifiée et concentrée ; inconsciemment, j’avais perfectionné devant l’échiquier ma défense face aux feintes menaces et aux ruses perfides. Je ne laissai entrevoir aucun de mes points faibles pendant les auditions, j’eus même l’impression que les sbires de la Gestapo commencèrent peu à peu à me considérer avec un certain respect.
J’appris de ses parties jouées par ces grands maîtres les finesses, les ruses dans l’attaque et la défense. Comme on peut reconnaître un poète à ses vers, je pouvais distinguer le style et la tactique de chaque joueur. Ces chers camarades.
Les premiers pas, furent un fiasco, je n’arrêtais pas de m’embrouiller, 5, 10, 20 fois je dus reprendre le début de cette partie. Mais j’avais tout mon temps… moi, l’esclave du néant.
Cette attente était un plaisir, j’avais quelque chose de nouveau à considérer, enfin quelque chose de nouveau pour mes yeux affamés… et ils accrochèrent avec avidité au moindre détail. Quand soudain, mon regard s’arrêta net sur quelque chose. Mes genoux se mirent à trembler : un livre !
Vole le livre maintenant ! Tu pourras lire ! Enfin lire à nouveau.
Je sentais que mes nerfs allaient lâcher, et conscient de ce danger, je cherchais des échappatoires, quelles qu’elles soient.
Alors seulement je commençais à comprendre quel sens diabolique avait ce système de la chambre d’hôtel, cet assassinat psychologique.
Souvent je passais les mercredis chez mes grands-parents, Josep et Denise, les parents de mon père. Ils habitaient rue tranquille, une rue qui portait bien son nom, jusqu’au moment où mon grand-père se m’était à bricoler.
Je crois que notre liberté, c’est d’abord apprendre à désobéir,… tenter de reprendre l’initiative.
- Vous comprenez ce qui se passe, vous ?
- Pas le moins du monde. Mais, de toute évidence, la bataille a commencé.
Je ne veux surtout pas replonger dans cette fièvre passionnée qui a bien failli me perdre.
Tu rêves. N’ouvre pas les yeux, reste ici encore un peu.
Restait tous ces objets, tous ces souvenirs accumulés, imprégnés d'une vie entière. Et cette maison, indissociable de notre enfance, qu'on ne pourrait pas garder. Chacun de nous prendra quelques objets, accompagné de cette illusion d'avoir préservé quelque chose. (p.165)
Aucune voix, aucun son, un vacuum absolu. Rien à faire, rien à écouter, rien à voir, un vide privé d'espace et de temps.
Vous savez maintenant quel danger peut représenter ce jeu pour moi. Je ne veux surtout pas replonger dans cette fièvre passionnée qui a bien failli me perdre.
Le plaisir de jouer s'était mué en délectation morbide et celle-ci en esclavage.
- Inventez de nouvelles parties, jouez contre vous-même, voilà tout!
- C'est aberrant, absurde! Aussi paradoxal que de vouloir sauter par-dessus son ombre!
Mais j'avais tout mon temps... moi, l'esclave du néant.