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Citations de David Van Reybrouck (168)


Si la méfiance est le prix à payer pour la sécurité, je ne suis pas prêt à le payer. Plutôt libre et vulnérable, qu’en sécurité et craintif.
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Je ne tarde pas à m’apercevoir que, s’il est un domaine en Afrique du Sud où règne encore, des années après l’abolition de l’apartheid, une stricte séparation entre les races, c’est bien celui de la coiffure. En général, les salons de coiffure pour Noirs ressemblent à des chantiers. Des gens passent et repassent avec des seaux de mortier, on vous applique une couche d’enduit sur le crâne, on tire des câbles, on vous visse de fausses tresses. Le volume de la radio est à fond et, tout comme sur un vrai chantier, des pourparlers interminables s’engagent. Mon irruption, toutefois, fait cesser les conversations. Le propriétaire se précipite vers moi. Il m’assure qu’il ne demanderait pas mieux que de me rendre service, mais qu’avec des cheveux aussi raides que les miens, il ne peut tout simplement rien faire. Penaud, il m’indique un salon de coiffure tenu par un Blanc, de l’autre côté de la rue.
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Mais le plus beau est naturellement un buffet de gare sans gare et même sans train. Pour cela il fallait que je sois à Kinshasa. Le train pour Matadi ne circule plus depuis des années déjà, avais-je entendu dire, mais parfois, soudain, d’un seul coup, il surgit, une fois par semaine, une fois par mois, personne ne le sait précisément, d’ailleurs quelle importance, il surgit, lentement, en rampant, toujours recouvert de grappes de personnes, de jerrycans jaunes, de gerbes de sucre de canne, d’attentes pleines d’espoir, crissant bruyamment sur les rails rouillés. Et devant cette gare en ruine sont installés cinq ou six parasols effilochés, jaunes, rouges, bleus, et sous l’un d’entre eux est accroupie maman Justine, devant une petite poêle bosselée où elle casse deux œufs et émince des oignons qui grésillent à la chaleur du feu de charbon, elle s’essuie le front et me sourit : “Les œufs c’est bon dit-elle, et il n’y a pas de train aujourd’hui, tu veux du pilipili avec ?”
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Lorsqu’en 1938 quelqu’un lui demande lequel –du communisme, du fascisme ou du parlementarisme –des trois systèmes politiques a sa préférence, il répond qu’il ne voit dans la politique “qu’une cage pleine de singes avides”.
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Marx nous avait déjà appris qu’une répartition du travail bien organisée est la condition de toute vie sociale. Chez les fourmis, la chose va de soi alors que chez les humains, elle demande un certain apprentissage. C’est la raison pour laquelle les fourmis ont été une source d’inspiration pour toutes sortes de réformes sociales et morales.
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David Van Reybrouck
“On a le droit de vote, mais pas le droit à la parole”
Télérama
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On pourrait comparer la création de l'Etat du Congo à l'histoire d'un particulier ou d'une société qui, en Europe, aurait fondé un certain nombre d'établissements sur le Rhin, de Rotterdam jusqu'à Bâle, ce qui lui aurait valu de se voir attribuer la souveraineté sur toute l'Europe occidentale (p. 74)
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Les explorateurs du XIX siècle ne comprenaient pas que les villages où ils débarquaient soient depuis longtemps au courant de leur arrivée. Quand ils apprenaient qu’un message tambouriné pouvait parcourir six cent kilomètres en vingt-quatre heures, ils parlaient de télégraphe de brousse. Ils ne savaient pas que cette forme de communication était antérieure d’au moins mille cinq cent ans à l’invention du morse.
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Il était d’ailleurs illusoire d’espérer que des élections convenables amènent automatiquement à une démocratie convenable. L’Occident fait l’expérience de toutes sortes de régimes démocratiques depuis deux mille cinq cent ans , mais ne s’est converti au suffrage universel au moyen d’élections libres que depuis à peine un siècle. Pourquoi s’attend-il à ce que cette méthode puisse transformer, d’un coup de baguette magique, une culture politique où la corruption et le clientélisme sont profondément ancrés en un État de droit démocratique sur le modèle scandinave ?
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Sans avoir déménagé une seule fois dans sa vie, il a été successivement citoyen d'un État neutre, sujet de l'Empire allemand, habitant du royaume de Belgique et citoyen du Troisième Reich. Avant de redevenir belge, ce qui sera son cinquième changement de nationalité, il est emmené comme prisonnier de guerre allemand. Il n'a pas traversé de frontières, ce sont les frontières qui l'ont traversé.
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Je fais manifestement partie des écrivains qui écrivent les livres qu'ils ont eux-mêmes envie de lire (p. 597)
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David Van Reybrouck
En voulant faire du bien, on risque toujours d'imposer une tyrannie de la bienpensance, une tyrannie du bien.
[La grande librairie, 21 avril 2021]
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Quand on voulait se déplacer sur une distance de plus de trente kilomètres ou pour une durée supérieure à un mois, édictait un autre décret de 1910, il fallait avoir de soi un passeport médical qui indiquait sa région natale, son état de santé et les traitements éventuellement reçus (. ......) Quand on se déplaçait sans ce papier, on risquait une amende.
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.........j’ai commis une erreur monumentale en écrivant ma lettre en néerlandais : Patrick De Poortere parle français. Avec un nom de famille comme le sien, je n’aurais jamais pensé qu’il puisse être francophone, mais j’aurais dû me méfier. En digne rejeton d’une dynastie d’industriels de Flandre-Occidentale ayant fait fortune dans une branche aussi noble que l’industrie du tapis, il a sûrement été élevé dans l’idée que le français était la seule langue qui convînt à des gens de leur milieu.
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Je préfère parler à des gens ordinaires qu'aux personnes au pouvoir (...) j'en apprends plus à travers l'anecdotique que la rhétorique (p. 559)
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Les anciens combattants sont toujours une catégorie capricieuse mais, dans une armée coloniale, ils sont tout simplement explosifs. Ils luttent moins pour les leurs que pour un oppresseur étranger.
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Lumumba devint en un rien de temps un martyr de la décolonisation, un héros pour tous les opprimés de la Terre, un saint du communisme sans dieu. Ce statut, il le devait plus à l'horrible fin de sa vie qu'à ses succès politiques. Il était resté en tout et pour tout au pouvoir à peine deux mois et demi, du 30 juin au 14 septembre 1960. Son palmarès se résumait à une accumulations de bévues et d'erreurs de jugement. Sa brusque africanisation de l'armée avait été une initiative sympathique mais désastreuse, sa recherche d'un appui militaire auprès des Etats-Unis et de l'Union Soviétique, quoique compréhensible, avait été terriblement inconsciente, son intervention militaire au Kasaï avait coûté la vie à des milliers de compatriotes. Son comportement avait désarçonné Fulbert Youlou et Léopold Senghor, les premiers présidents du Congo-Brazzaville et du Sénégal. A ces critiques, on pouvait opposer qu'il était à peine préparé pour sa mission, qu'il avait été confronté à un exode civil irréfléchi et à une invasion militaire des Belges et qu'il avait dû assister aux atermoiements des Nations Unies à condamner avec vigueur l'agression belge. Les réactions malencontreuses de Lumumba face à une réelle injustice lui avaient valu systématiquement plus d'ennemis que d'amis. Le tragique de sa carrière politique fugace fut que le plus grand atout dont il disposait avant l'indépendance -son talent invraisemblable à soulever les masses- devint son plus grand désavantage une fois qu'il accéda au pouvoir et que l'on attendit de lui un comportement plus serein. L'aimant qui initialement avait attiré s'était mis à repousser.
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Je n’ai pas cessé de penser aux bananes qu’il ( le vieil homme de 126 ans)avait glissé vers moi lors de notre première rencontre. « Tiens, mange »Un geste si chaleureux, dans un pays qui défraie tellement plus la chronique pour sa corruption que pour sa générosité ».
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Marc Dutroux et Oussama ben Laden ont suscité chez des générations entières de parents la ferme conviction que le monde extérieur, grand et libre, ne valait rien. C’est environ à cette époque que la pompe à bière, le home cinéma et la machine à expresso ont fait leur apparition : au lieu d’une vie publique dans les bistrots, les cinémas ou les cafés, on restait entre soi à la maison, tandis que la salle de bains se mettait à ressembler de plus en plus à un centre de bien-être privé. La rue commerçante - l’espace public qui de tout temps devait continuellement dégager une impression festive de sécurité insouciante – ne pouvait plus produire cet effet que par le déploiement d’une armée d’agents de sécurité devant chaque porte, des malabars inexpressifs avec un pot entier de gel dans les cheveux et un fil téléphonique torsadé à l’oreille.

(Ode à l’autostop)
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Il n'est pas de plus court chemin vers la violence que l'humiliation.
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