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Citations de Davide Enia (121)


La vie de quelqu'un ne se résume pas aux livres qu'il a lus. (p.118)
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- "Papa", lui avais-je demandé en un temps lointain de mon enfance, j'avais peut-être quatre ans, "pourquoi tout le monde boit son café avec du sucre et pas toi?
- Parce que j'aime le goût du café." (p.117)
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- Gerruso, tu me fais du chantage ?
- Oui. Alors, c'est qui les plus forts, entre les hommes et les anges ?
- Les hommes. Un être humain ça peut se briser, un ange non.
- Alors c'est l'ange qui est plus fort, non ?
- Est fort celui qui peut se briser mais ne se brise pas.
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"- Et vous rêvez de quoi ? insista Melo.
- De sons, d'odeurs, de sensations tactiles."
Grâce à l'audace de Melo s'ouvrirent devant moi des perspectives jamais imaginées jusque-là, où les rêves sont une mélodie, les odeurs des troncs d'oliviers rencontrés dans l'enfance, la douceur de la soie qui vient se poser sur les reins, le goût de cerise d'un baiser qu'on croyait avoir perdu. (p. 109)
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Écrivez ce que vous avez vu, racontez-le partout [...]. Sur le continent, ils ne se rendent pas comptent de ce qui arrive [...], ce que vivent vraiment tous ces pauvres gens qui arrivent ici, les atrocités qu'ils ont dû subir, le mépris de leur existence, l'humiliation de leurs rêves et de leurs espoirs. (p. 57)
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Chaque fois, j'ai le sentiment de me trouver face à des êtres qui portent en eux tout un cimetière. (p. 14)
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Ce son quasi muet. Le son du chasseur bombardier.
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On dit de ton Onc’ Baldo qu’il est si fort aux jeux de cartes que c’est toujours lui qui décide quand il faut gagner. Mais, surtout, c’est toujours lui qui décide quand il faut perdre.
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Putain, qu’est-ce qu’ils sont forts ces siciliens.
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Sous la cendre du temps brûlent les braises du remords.
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Ça nous a ouvert les yeux : malgré tout – malgré la prison en Libye, la traversée hallucinante qu’il avait affrontée pendant des jours et des jours, sa famille restée au pays -, le fait qu’il raconte une blague m’a fait comprendre que ces gens n’étaient pas une abstraction ou des titres dans les journaux, mais des êtres humains, comme nous.
(…)
"Avant, dit Paola, j’avais tendance à voir leur souffrance, les corps amaigris, les bleus, les cicatrices, leur regard effrayé. Je les regardais du haut de mon piédestal, tu comprends ? D’une position qui, puisqu’on les aide, les rend redevables à jamais. Et cette histoire drôle m’a fait prendre conscience de l’épaisseur de l’histoire individuelle de chacun. Je ne pouvais pas comprendre la douleur des expériences qu’ils ont vécues, mais je réalisais tout à coup que c’était, que c’est une erreur gigantesque de les traiter avec ce paternalisme absurde. Il n’y a pas que le désespoir. Il y a le besoin de réussir, de devenir meilleur, il y a les chansons et les jeux, l’envie de goûter certains plats ou de plaisanter avec les autres."
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Et même onc' Cesare il pleure. Et ça, c'est la première fois que je vois pleurer. Alors je me mets à côté de lui et moi aussi j'essaie de pleurer, mais j'y arrive pas, je me pince fort le bras, mais l'envie de pleurer me vient pas. Alors je compte dans le ciel les avions qui bombardent, mais arrivé à cent-vingt-sept j'arrête.
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Tu ne seras jamais un souvenir pour moi, Bepuzzo. Ce n'est pas dans ma mémoire que je te garderai. Le temps, c'est toujours au présent. Et tu es toujours avec moi dans la constellation de mon existence, tu es l'une des étoiles les plus lumineuses. Et tu sais ce qu'elles font les étoiles ? Elles traversent le temps pour nous montrer le chemin. p.222
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Ce matin là, je m'étais demandé pourquoi mon père n'avait toujours pas fait le portrait de son frère.
Je venais de le comprendre.
Aucune photo n'est plus précise que le sentiment qu'on éprouve pour une personne aimée. ils étaient plus que des frères. Ils étaient le vocabulaire commun écrit ensemble depuis le début de leur vie. p.215
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Le téléphone fixe avait ses cathédrales sentimentales. C'est agrippé au téléphone, chez moi, que j'ai appris la naissance de mes deux derniers frères et la mort de mon grand-père. Dans une cabine téléphonique qui n'existe plus j'ai murmuré "je t'aime", dans une autre j'ai pleuré, dans une autre encore je me suis retrouvé sans jeton juste au moment de dire "Excusez-moi, je le regrette". Certaines cabines avaient la réputation assez justifiée de porter chance. P.184
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Papa avait appris à photographier les gens. Il était passé assez naturellement de l'objet inanimé à l'objet vivant, de chair et d'os. Comme si la nature morte avait été l'apprentissage nécessaire pour approcher l'être humain. Les objets lui avaient permis d'approcher son moi intime et le mystère de la vie. p.180
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Je me suis toujours obligé à regarder les patients dans les yeux. Aujourd'hui on n'a plus qu'une relation indirecte : le médecin pour accélérer la procédure est toujours le nez sur son clavier pour taper les informations que le patient lui donne. Soixante dix pour cent du temps que le médecin consacre à une visite consistent pour lui à regarder un écran. Beaucoup de médecins n'ont pas encore pris conscience de ça. Moi, même si ce n'est pas indispensable, j'examine toujours le patient à l'ancienne : je l'écoute au stéthoscope, je prends sa tension - alors que bien souvent ce sont des infirmiers qui s'en chargent -, j'établis le contact physique entre médecin et patient qui est essentiel.
[...] Une phrase gentille, une poignée de main, une oreille qui écoute le trop-plein qui s'y déverse. c'est de cette façon aussi qu'on guérit. p.136
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« Tôt ou tard, m’avait dit un pêcheur, on en reverra sur ces plages. » Cette prédiction, partagée par tous les habitants, se réalisa l’année suivante, le 3 octobre 2013. Un événement qui dépassa les pires cauchemars. Une embarcation se retourna à quelques centaines de mètres des côtes, les eaux se couvrirent de cadavres et Lampedusa fut envahie par les télévisions et les cercueils. Un événement précédé par quelques petits signes. Les cadavres trouvés dans les filets, par exemple, étaient rejetés à la mer pour éviter l’immobilisation administrative des bateaux de pêche. La nouvelle qu’un bateau avait peut-être coulé – « peut-être », car on n’avait d’informations que par ceux qui avaient traversé sur des bateaux voisins – n’arrivait qu’en fin de journal. En l’absence de cadavres, la mort restait confinée dans des territoires qu’on préférait laisser inexplorés. Pourtant, dans les mois qui précédèrent la tragédie, les sauvetages des garde-côtes avaient été quotidiens, les gens continuaient de traverser le Sahara, les femmes d’être violées dans les prisons libyennes, les bateaux et les canots pneumatiques de partir, de couler ou d’être interceptés.
L’histoire ne s’était pas arrêtée.
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Plus d’étrangers que d’habitants sur l’île : au moins dix mille personnes, pour guère plus de cinq mille Lampedusiens. Suscitant à la fois crainte et curiosité, méfiance, mais aussi miséricorde. Des volets restaient fermés, d’autres s’ouvraient pour donner des pulls et des chaussures, offrir un verre d’eau, proposer une prise pour recharger un téléphone, une chaise pour se reposer et une place à table pour partager le pain. Ces gens qu’on avait devant les yeux, c’étaient des gens en chair et en os, pas des statistiques dans le journal ou des chiffres assénés à la télévision. C’était comme de l’assistance par intérim, on retrouva et distribua des cirés, on fit cuire des kilos de pâtes pour ces jeunes qui avaient faim, qui n’avaient rien mangé depuis des jours.
On avait laissé les Lampedusiens livrés à eux-mêmes.
L’année suivante, le gouvernement annonçait qu’il n’y avait eu « aucun débarquement à Lampedusa » : comme une médaille honorifique qu’on accroche à la poitrine.
« C’est vrai, m’avait confirmé Paola en cet été 2012. Les embarcations n’arrivent plus. Même au printemps on n’en a pas vu. Et tu sais pourquoi ? Ils interceptent les bateaux avant et les escortent jusqu’en Sicile : les débarquements ont lieu là-bas, loin des projecteurs. Donc zéro débarquement à Lampedusa. Statistiquement irréfutable. Mais regarde-là, cette île. Elle est brisée, inquiète, prise dans la tempête médiatique, agitée de contradictions. Les gens parlent de moins en moins, sauf pour se plaindre de problèmes concrets, l’absence d’hôpital ou le prix de l’essence, la plus chère d’Italie. Et constater, quelquefois amèrement, que toute l’attention s’est focalisée sur ceux qui arrivent par la mer, alors que les difficultés quotidiennes que nous rencontrons, nous, les habitants, n’intéressent personne. »
La saison touristique, vrai moteur de l’économie de l’île, allait maintenant redémarrer.
De temps en temps, des gens lançaient un regard furtif vers l’horizon.
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J’avais rencontré le plongeur chez un ami.
Mais il n’y avait que nous deux.
La première et persistante sensation était celle-ci : c’était un géant.
Il avait dit tout de suite : « Pas d’enregistrement. »
Assis à l’autre bout de la table, il croisait les bras.
Et les avait gardés croisés.
« Moi, le 3 octobre, je ne veux pas en parler », dit-il d’un ton sec et sans réplique.
Sa voix était basse et mesurée, contrastant avec sa masse imposante. Des mots de mon dialecte, le sicilien, affleuraient dans ses phrases mais prononcés avec l’accent de chez lui – il venait des montagnes lointaines du nord de l’Italie, où la mer est une abstraction. Dix années à travailler en Sicile avaient laissé des traces. Tantôt les sonorités du Sud dominaient tout entier ce corps gigantesque, tantôt la lutte entre ses deux identités cessait, et il me fixait avec toute la majesté des montagnes du Nord.
Il était devenu plongeur par hasard, une occasion de travail saisie au vol après le service militaire.
« Nous les plongeurs, on est habitués à la mort, on nous en parle tout de suite, parce que c’est la donnée essentielle. Dès le premier jour d’entraînement, ils nous disent : en mer, on peut mourir. Et c’est vrai. Quand tu plonges, il suffit d’une erreur, et tu meurs. Un mauvais calcul, et tu meurs. Tu dépasses tes limites, et tu meurs. Sous l’eau, la mort t’accompagne, toujours. »
Il avait été envoyé à Lampedusa comme rescue swimmer, un de ces hommes qui montent sur les vedettes côtières en combinaison orange et qui plongent pendant les opérations de secours.
Il raconta les cours de plongée difficiles, la beauté mystérieuse des immersions, quand la mer est si profonde que la lumière du soleil ne passe plus, quand tout est sombre et silencieux. Depuis qu’il était sur l’île, il se soumettait à des entraînements spéciaux pour accomplir au mieux sa nouvelle mission.
Il déclara : « Je ne suis pas du tout de gauche, je suis même à l’opposé. »
D’abord monarchiste, sa famille était devenue fasciste, et il se sentait proche de ces idées.
Il ajouta : « Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni rleigion. C’est la loi de la mer. »
Soudain, il me fixa.
Même assis, il était impressionnant.
« Et quand tu sauves un enfant en pleine mer et que tu le tiens dans tes bras… »
Il se mit à pleurer, en silence.
Les bras toujours croisés.
Je me demandai ce qu’il avait vu, ce qu’il avait vécu, combien de morts le géant en face de moi avait affrontés.
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