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Citations de Davide Enia (121)


« Tu sais ce que je voudrais ? Voler le froid de l'hiver, et comme ça, quand viendrait le sirocco, j'aurais toujours le frisson du vent sur la peau et un peu dans le coeur aussi. Dans les histoires, par contre, je voudrais me souvenir seulement de l'instant d'avant. L'instant avant de pêcher un poisson, l'instant avant de toucher un sein, l'instant avant de goûter une orange. Et après, si j'apprends à écrire, je ferai une histoire toute avec des « ne pas » : quand je ne suis pas parti, que je ne t'ai pas dit au revoir, que je ne suis pas allé ailleurs, que je ne travaillerais pas pour un patron et qu'il n'y a pas eu la fête sur la place et que je n'ai pas dansé (…). En tout cas, je cours plus vite que toi. (…) Et ils coururent ensemble, quittant l'enfance, l'un à côté de l'autre, pour la dernière fois de leur vie. »
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Deux amoureux s'embrassent près d'un bateau dans l'air tiède de ce début d'octobre. Le ciel offre son bleu en cadeau, et dans l'image que l'eau renvoie, les reflets des lumières étincellent comme des lucioles, brèves et vite englouties par ce qui est trop paisible et trop distant pour englober vraiment les angoisses et les joies de ceux qui habitant de ce côté ci de la vie.
Ici, au coeur de l'Europe, on a gardé la mémoire de la force de la mer. C'est écrit dans la peau de cette ville, au visage marqué de rides de sel.
Une ville qui a compté autant de marins parmi ses habitants connaît ses lois.
La mer respire, à la différence du ciel.
La mer donne et prend quand elle le décide, comme le ciel.
La mer, cette même mer où je viens d'arriver accompagné par les canaux, qui baigne toutes les côtes d'Europe, est maintenant remplie de corps morts, ces migrants naufragés dans l'Odyssée du désespoir.
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"A quoi tu penses, Davidù ?"
C'est surprenant, cette insistance des femmes à demander aux hommes ce qu'ils pensent. La réponse, le plus souvent, est simple, aussi élémentaire que le mâle : à rien. Parfois on est simplement en train de regarder une tâche sur un mur. D'autres fois, c'est l'écoute d'un formidable solo de guitare électrique qui absorbe toute l'attention. Il n'y a aucune logique. Plus surprenante encore est la façon dont le mâle se sent tenu de fournir une réponse sensée et profonde qui alimenterait son charme mystérieux. [...] Nous les garçons on pense moins, mais beaucoup moins que vous ne croyez. Les garçons, tu piges ? Des heures et des heures à regarder des types en short courir derrière un ballon, à jouer les fiers-à-bras avec les copains, à faire des pompes en s'appuyant sur les poings. Les hommes, Nina. Quelles pensées veux-tu qu'il y ait derrière tout ça ? C'est déjà un miracle si nous arrivons à marcher et à siffloter sans trébucher tous les trois pas.

(P222-223)
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Grand-mère enseignait aussi les gros mots à ses élèves, en douce, pour mieux les préparer à la vie, "qui est faite de verbes et de calcul, mais aussi d'offenses et d'injures, et il vaut toujours mieux les connaître ".
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Le Sud souffre d’une difficulté à communiquer venue d’une culture séculaire où se taire est une preuve de virilité. « Omo di panza » est une manière flatteuse de désigner celui qui est supposé avoir assez d’estomac pour tout garder pour lui : les doutes, les secrets, les traumatismes. C’est un trait distinctif du paternalisme : les garçons apprennent dès l’enfance l’art de se taire. Parler, c’est une activité de fìmmina. Les faibles parlent, les vrais mâles restent muets. La consigne du silence, seuil de ce roc presque inébranlable qu’est l’omertà, est une condition sine qua non d’intégration. Bref : « A megghiù parola è chìdda ca’ un si dice » la meilleure parole est celle qu’on ne dit pas. » (p. 41-42)
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C'était ça pour toi être père ? Me suivre en silence quand je marche dans les ruines et les buissons d'épines, sans me perdre de vue ?
Si je ne m'étais jamais aperçu de sa présence, c'est que je donnais plus d'importance à ce qui manquait, les paroles, au lieu de comprendre la valeur de ce qui avait toujours été là, son regard.
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Il faut que t'arrêtes de te détester, Davidù. C'est facile de pleurer sur soi. Se sentir coupable, c'est un bon prétexte. Tu veux devenir quoi ? Un chichiteux qui passe son temps à pleurnicher ou un homme qui se tient droit ? Rappelle-toi toujours, en amour les seuls mots qui comptent, c'est : fais-moi mal.

(P336)
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Rien n'en dit aussi long que le silence entre deux personnes qui viennent de rompre. Et pourtant, dans cette certitude de l'abandon, on s'entend enfin l'un l'autre à travers ce silence pur parce que absolu. Et on comprend que l'autre est un abîme qu'on n'a jamais exploré.
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Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer .
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Un moment poulpe, c'est quand une histoire, si elle le veut, vient à ta rencontre, sans que tu aies besoin de te jeter sur elle et de la capturer. Il faut rester près d'elle, respecter ses rythmes et être prêt de toute son âme à l'accueillir.
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Le nom de Lampedusa, en réalité, c’est un fourre-tout : les migrations, les frontières, les naufrages, la solidarité, le tourisme, la haute-saison, la marginalité, les miracles, l’héroïsme, le désespoir, la souffrance, les mort, la renaissance, l’accueil. Tout ça dans le même mot, un amalgame qui reste encore sans interprétation claire ni forme identifiable.
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On n’échappe pas à la guerre en montant dans un avion. On s’enfuit à pied et sans visa. Quand la terre finit, on monte dans un bateau. C’est toujours la même histoire finalement. Une jeune Phénicienne s’échappe de la ville de Tyr, elle traverse le désert tout entier et puis ses pieds n’avancent plus parce que devant elle il y a la mer. Là, elle rencontre un taureau blanc qui baisse la tête, la prend sur son dos, et devient une barque qui sillonnera la mer pour l’amener en Crète. Cette jeune fille s’appelle Europe. C’est de là que nous venons. Nous sommes les enfants d’une traversée sur l’eau.
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« La main apprend le mouvement pour dessiner la voyelle, et le corps, par la répétition, apprend les mouvements de frappe et d'esquive. 
Tu veux dire que la main apprend ?
Le corps a sa propre intelligence. C'est une feuille sur laquelle on écrit.
Mmm, si tu le dis.
Tout est écriture.
Tout ?
Oui.
Même la pasta con le sarde ?
Oui.
Et les hanches des filles ?
Oui.
Et les attentats à la bombe ?
Oui.
Et ils écrivent quoi, ces mots de coups de poing et de feintes ?
L'histoire de ma famille. »
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- Gerruso, tu me fais du chantage ?
- Oui. Alors, c'est qui les plus forts, entre les hommes et les anges ?
- Les hommes. Un être humain ça peut se briser, un ange non.
- Alors c'est l'ange qui est plus fort, non ?
- Est fort celui qui peut se briser mais ne se brise pas.
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Écrivez ce que vous avez vu, racontez-le partout [...]. Sur le continent, ils ne se rendent pas comptent de ce qui arrive [...], ce que vivent vraiment tous ces pauvres gens qui arrivent ici, les atrocités qu'ils ont dû subir, le mépris de leur existence, l'humiliation de leurs rêves et de leurs espoirs. (p. 57)
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Et même onc' Cesare il pleure. Et ça, c'est la première fois que je vois pleurer. Alors je me mets à côté de lui et moi aussi j'essaie de pleurer, mais j'y arrive pas, je me pince fort le bras, mais l'envie de pleurer me vient pas. Alors je compte dans le ciel les avions qui bombardent, mais arrivé à cent-vingt-sept j'arrête.
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On n'échappe pas à la guerre en montant dans un avion. On s'enfuit à pied et sans visa, puisque personne n'en délivre plus. Quand la terre finit on monte dans un bateau. Et cela revient à remonter à nos origines, à la source d'où jaillit encore l'eau qui nous abreuve. C'est toujours la même histoire, finalement. Une jeune Phénicienne s'échappe de la ville de Tyr, elle traverse le désert tout entier, et puis ses pieds n'avancent plus parce que devant elle il y a la mer. Là, elle rencontre un taureau blanc qui baisse la tête et la prend sur son dos, et devient la barque qui sillonnera la mer pour l'amener jusqu'en Crète. Cette jeune fille s'appelle Europe. C'est de là que nous venons. Nous sommes les enfants d'une traversée sur l'eau.
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Un moment-poulpe, c'est quand une histoire, si elle le veut, vient à ta rencontre, sans que tu aies besoin de te jeter sur elle et de la capturer. Il faut rester près d'elle, ça oui, respecter ses rythmes et être prêt de toute son âme à l'accueillir. C'est tout.
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La médecine est une matière qui agit sur le corps, qui est la mesure de notre présence terrestre. C’est dans la chair que la maladie se développe. Mais il reste toujours, même pendant le traitement, la part immatérielle de l’être humain. Et si on ne l’alimente pas, même un peu, c’est le vide. (p. 134)
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Davide Enia
La vie de quelqu'un ne se résume pas aux livres qu'il a lus.
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