État sudiste, la Caroline du Sud, émancipe les esclaves en janvier 1865. Ainsi Oretta Bootles connaîtra le racisme mais non l'esclavage en 1924, employée par la famille Coles; qui depuis toujours à gérer la destinée de sa famille. Edwin Coles, le patriarche de l'exploitation de coton, règne en maître et en despote sur son immense exploitation ; le premier à avoir le téléphone, une automobile et l'électricité. En outre grand ami et généreux donateur du gouverneur de l'état. Son épouse Annie, maîtresse femme qui donne la chance de travail et de toit aux personnes les plus démunies, mais dont l'aveuglement l'oblige à ne pas voir la sombre vérité qui perdure depuis des années dans sa demeure. Enfin Gertrude Pardee, mariée à un homme violent, alcoolique et mère de quatre enfants.
Le destin va entrecroiser la vie de ces trois femmes, dans une époque loin d'être une sinécure, aussi bien pour les femmes que les personnes de couleur. Une époque où les conditions de travail, ne permettent pas le libre-arbitre dans la vie quotidienne. Heureusement, existe des femmes tel que Retta au grand cœur, une humaniste, qui réfute avec véhémence la rigidité des mœurs de l'époque, les barrières sociales et prône l'amour de son prochain – mais la souffrance n'a pas de couleur n'est-ce pas ?.
Annie Coles, qui a soixante-dix ans envisage les choses avec le recul que confère l'expérience, et qui pourtant refuse une vérité qu'elle ne peut admettre – un déni : les fameux secrets de famille. Avec une conséquence qui la fait souffrir, depuis des années, l'éloignement et l'absence de nouvelles de ses deux filles. Un amour maternel qu'elle reporte sur ses deux fils et la gestion d'un atelier de couture pour les femmes de la petite ville.
Enfin Gertrude, une pauvre femme malheureuse, mais tenace et courageuse, qui prend une décision brutale et fatale. Qui va générer une situation difficile pour ses enfants dont le ventre crie famine. Puis elle sera avec la lassitude devant l'ignominie qui continue, et sa pugnacité de mère, le bras vengeur de la vérité.
Un livre choral poignant sur ces périodes révoltantes de l'esclavagisme, de l'essor du capitalisme qui écrase tout, de la furieuse misogynie ambiante et latente ; bref une période qui laisse peu de place à l'empathie. Sous les mots de l'auteure, l'on sent le pouvoir d'assimiler, si cela est possible, les vicissitudes des pauvres gens, la révolte de ces situations qui ne leur laissent pas le choix de leur avenir mais uniquement d'accepter leur passé. " Le chant de nos filles " évite le manichéisme sur les thèmes de l'enfance maltraitée et des femmes battues ; un beau livre d'amour !
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