« Paul M. ne portait que des vestes Arnys » : ainsi débute le roman de Didier Goupil, les Tiroirs de Visconti. Paul M. est un collectionneur qui vit retiré dans sa maison de Gironde. Son existence est vouée au culte du beau, à la recherche de pièces pour meubler sa maison. Il se plaît dans la fréquentation d'objets et livres rares, porteurs d'histoires qu'il se plaît à imaginer.
Pour décrire cet homme apparemment mystérieux, Didier Goupil construit son roman en écrivant des chapitres courts, avec des titres censés résumer leur contenu : « livres », « inachevé », « julien », « fiction », « Gironde », « dernier voyage »... J’ai trouvé ce procédé un peu facile car souvent, les titres reflètent imparfaitement le contenu des chapitres en question. Ils sont surtout présents pour relier les différents morceaux du texte. Malgré cela, la lecture est fluide et limpide mais m'a laissée dubitative. Au fur et à mesure que j'avançais dans le roman, j'espérais que le texte allait décoller, qu'il y aurait un peu d'animation ( !), que le personnage en question allait révéler un épisode marquant qui pourrait le faire changer de cap, à l'occasion... Or il ne se passe rien de bien intéressant finalement, l'auteur parsème son texte de réflexions autour de son personnage, autour de sa vie, de ses envies, de ses marottes. Et moi, lectrice, cela m'a peu intéressée même si j'ai fini le livre sans encombre.
Autre chose qui m’a déplu, même si je l'ai perçu comme relevant d'une volonté propre de l'auteur, beaucoup de personnages réels dans le roman cohabitent avec ce monsieur Paul, désigné comme fictionnel. Pierre Bergé apparaît donc ainsi que son inséparable compagnon Yves Saint Laurent, un modèle pour Paul M. Les écrivains ne sont pas en reste puisque Paul est bibliophile :
« Le cabinet de lecture sur lequel ouvrait la première porte ressemblait lui davantage à l'enfer.
Sade, Apollinaire et Bataille pour les anciens, Gabriel Matzneff ou Tony Duvert pour les contemporains, Paul ne cachait pas son admiration pour les auteurs sulfureux, honnis et vilipendés par l'époque.
« Croyez-moi, il n'y a pas pire haine que celle des vertueux ». (page 56)
Mais dans le récit on retrouve aussi François-Marie Bannier, défendu par Didier Goupil et là cela me gêne un peu aux entournures... D’autant plus que le frère de feu le mari de Liliane Bettencourt apparaît lui aussi dans le roman ! Là cela fait un peu trop, non ?
Le titre du roman est inspiré par Visconti qui, lors du tournage du Guépard, a exigé que les tiroirs des meubles contiennent de vrais objets ou tissus de l’époque du film. Intéressant mais je connaissais déjà l’anecdote avant de lire le livre…
Pour finir - je m’excuse car plus j’avance dans cette chronique, plus je descend le livre - j 'ai trouvé par ailleurs que l’écriture de Didier Goupil est intéressante mais j’aurais aimé davantage de style, de passion dans le texte. Bref, je suis déçue. Un roman qui se lit mais qui s'oublie.
Si cela vous intéresse, un site internet existe autour de ce livre : http://www.lestiroirsdevisconti.com/
Lien :
http://attrape-livres.over-b..