Pampelune, capitale de la Navarre, début des années 2010, Amaïa Sanchez, inspectrice nommée depuis peu à la section des Homicides est réveillée au petit matin pour se rendre sur une scène de crime à Elizondo, un village de la vallée de la Baztan dont elle est originaire. Pour l’aider, deux coéquipiers l’Inspecteur Fabio Montes et le stagiaire Jonan Extaide, sous inspecteur.
La victime, une jeune fille de treize ans, Aïnhoa Elizasu, gît nue les vêtements arrachés, bras allongés et mains tournées vers le ciel, étranglée par une cordelette, la toison pubienne rasée sur laquelle a été déposée un txatxingorri un gateau traditionnnel de cette région du pays basque.
Très vite, le parallèle est fait avec le mode opératoire d’un autre meurtre perpétré un mois auparavant. La brigade régionale de Pampelune est sur le pied de guerre, le point de vue et l’aide de la garde civile d’Elizondo pourraient être déterminants. Les supputations vont bon train, les crimes seraient-ils l’oeuvre d’un berger, d’un célibataire de la montagne, d’un chasseur, d’un voyou, d’un pédophile ou d’un psychopathe bien caché. Ici, à Elizondo les familles se côtoient depuis des générations mais certains secrets demeurent bien gardés.
En quelques lignes Dolores Redondo installe le cadre de cette affaire, une région rurale et montagneuse où aujourd’hui encore les croyances et superstitions cohabitent avec les réalités de terrain. Histoire, géographie, météo, folklore mythologique participent à l’installation d’une atmosphère surnaturelle. Dans un hiver qui se meurt et attend le printemps, les hêtraies basques sont des écrins idéaux et naturels pour être le réceptacle d’histoires extraordinaires et, le basajaun, le gardien invisible, le garant de l’équilibre des lieux, personnage mythologique bienveillant, est mis à rude épreuve ainsi que les nerfs de l’inspectrice. Peut-être que Mari, autre figure de croyances populaires intercédera pour apporter la lumière sur cette affaire ! En effet avec ce retour aux sources, l’inspectrice, fille du pays, replonge dans un passé tumultueux et réveille des blessures enfuies, mettant à mal son esprit cartésien.
L’immersion dans cette petite communauté, l’intrusion dans l’intimité des personnages, héroïne comme personnages secondaires, grâce à des profils psychologiques travaillés, la familiarisation rapide et progressive avec les proches de l’inspectrice ressemblent à celles ressenties et partagées à la lecture de la série de Camilla Läckberg mettant en scène Erica Falck et son compagnon Patrick Hedström. Il est possible de la rapprocher de sa compatriote Fred Vargas de part la facette historique mais pour moi la ressemblance s’arrête là et cette comparaison notée sur la quatrième de couverture semble plutôt être un argument vendeur.
Ce polar, Le Gardien invisible, premier volet de la trilogie du Baztan de l’auteure basque espagnole, Dolores redondo, a été une évasion, l’occasion de renouer avec le genre.
Une parenthèse agréable qui invite le lecteur à découvrir cette région.
A lire sur un tapis de mousse à l’ombre d’une hêtraie avec un fidèle compagnon à ses côtés pour les les lectrices à l’imagination débridée…
PS : Je n’ai pas encore goûté de txatxingorri mais j’envisage de grignoter dès que je peu un sandwich aux calamars accompagné d’une bière, un remontant contre les coups de mou vanté par l’héroïne de Dolores Redondo !
Une lecture détente.
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C'est ma première lecture de Dolores Redondo et la première réflexion qui me vient à l'esprit est que l'exigence est le maitre- mot . Exigence de l'auteure envers elle- même et exigence du lecteur ou de la lectrice également. S'il a fallu plus de deux ans à Dolores Redondo pour écrire ce remarquable roman , il faudra un nombre conséquent d'heures au lecteur pour venir à bout de ces plus de 600 pages dans lesquelles une grande attention s'impose pour saisir toutes les connections menant au dénouement . Oui , une attention de tous les instants ou alors la quasi - certitude de se " perdre " (...et dans les bayous , vous verrez , ça fait pas vraiment envie ... ) , voilà, à mon avis , le contrat indispensable à parapher dès les premières lignes de ce roman atypique et " tellement machiavélique ", finalement .
Le point de départ est énoncé rapidement : un tueur en série est recherché pour le massacre de plusieurs familles . le psychopathe profite de catastrophes climatiques pour perpétrer ses forfaits et ...disparaître en tout quiétude .
Remarquée pour des compétences particulières que l'on découvrira au cours du roman , Amaia Salazar , stagiaire au FBI , est intégrée à l'équipe de l'agent Dupree . Les supputations quant à l'identité du coupable vont bon train et conduisent les enquêteurs en Louisiane , peu avant l'arrivée destructrice de la tempête Katrina ..Vous vous souvenez ?
Celui qui a hérité du pseudonyme de " Compositeur " sera - t - il , cette fois encore au rendez-vous?
Ce roman s'organise en différentes étapes vraiment fouillées, travaillées , bien écrites .( traduites).
Ce seront tout d'abord de longues discussions menées par les enquêteurs dans les locaux du FBI puis dans une caserne de pompiers de la Nouvelle Orléans , avant un périple plutôt glauque , mais plus " vivant " ( quoi que )....dans la ville inondée regorgeant de cadavres humains ou animaux , d'odeurs pestilentielles ... Et là, dans l'horreur va se débattre une population qui , en plus de la catastrophe , devra supporter l'indifférence , voire le mépris des autorités , les tirs de snipers , les pillages , les assassinats , le manque de nourriture , de soins , de secours . L'apocalypse . La déchéance. Les rituels vaudous comme seule issue , comme seule espérance . Les bayous crachent sur ces pauvres gens , le mépris d'une nation ! (non , non , rien n'a changé ... tout ...tout a continué.)
Quant à Amaia, elle va " briller " dans cette histoire , poussée par une force intérieure extraordinaire acquise depuis son enfance très particulière passée en Navarre et relatée en parallèle, par étape, tout comme d'ailleurs celle de l'agent Dupree. Des histoires loin d'être banales et qui nourrissent nos interrogations et notre intérêt jamais démenti , nous conduisant , comme tout le reste du roman d'ailleurs , aux portes de la mort , aux portes du paranormal , à la frontière du surnaturel , à l'extrême limite de la " ligne rouge " ....
Pour moi , ce roman a nécessité des pauses , des moments " de respiration " . J'avoue en avoir eu besoin , avoir effectué quelques retours en arrière aussi et , en même temps , j' ai toujours ressenti le besoin de " reprendre " assez vite , jamais d'abandonner malgré la tension et l'angoisse . Comme me le disait mon épouse, un livre " à ne pas lire lorsque vous recevez vos petits- enfants " !!! mais plutôt à découvrir lorsque vous ê tes sûrs que rien ne viendra vous perturber et embrouiller votre esprit , lorsque le soleil brillera ( pour le moral ) ....
Je pense que c'est le type de roman destiné à recevoir autant de critiques négatives que de critiques dithyrambiques , on aime ou on n'aime pas et je pense aussi qu'il peut entraîner des abandons , oui , bon , 650 pages ....ce n'est pas rien . C'est mon avis mais ce n'est pas non plus " la vérité vraie " , j'aimerais bien savoir , c'est tout .
Par contre , je sais que je vais continuer à lire cette auteure , ça c'est certain ...enfin pas tout de suite quand même, ma PAL contient des " petits romans sympas et plus ...légers " . Oui , c'est ça , plus léger, plus " soft " comme on dit ...Là , j'ai " ma dose " mais , "non , rien de rien , non , je ne regrette rien .."
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Que c'est triste. Oh mais quelle tristesse ! Triste de perdre un être cher. Encore plus tristes sont les étonnantes, les perturbantes découvertes que celles de la famille, de la lignée de ce mari disparu. Avec l'écrivain, Manuel, qui vient de perdre Alvaro son mari dans un accident de voiture loin, bien loin du lieu où il aurait dû se trouver, nous gratterons, découvrirons, explorerons, pisterons et nous irons de surprises en surprises mais toutes plus accablantes les unes que les autres.
Découvrir une famille dysfonctionnelle. Rencontrer une belle-mère acariâtre, méchante. Déchiffrer les codes de moeurs sorties des boules à mites de cette lignée d'aristocrates d'un autre temps. Retourner dans le temps, dans l'enfance, dans les années d'internat.Triste vie de famille pleine de secrets. Manuel aura à faire . Il s'écrasera, il doutera, à force de fouiller cette terre et ces gens inconnus mais il se relèvera et revivra.
Dolores Redondo nous présente des personnages riches, étoffés, avec de la substance et du caractère . C'est la force de ce roman. Une délicatesse et un respect dans la virulence des sentiments et des gestes qui accompagnent ceux-ci. L'autrice a su nous surprendre tout le long de la lecture de "Tout cela je te le donnerai". Pour ma part, une excellente lecture .
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Heureux mélange que ce roman ! Il allie le suspense d’un thriller, la réflexion d’une enquête policière, et l’ambiance de la Nouvelle Orléans avec son bayou, ses croyances vaudou et… son ouragan Katrina ! Je trouve parfois les romans d’enquêtes répétitifs mais celui-ci m’a dépaysée.
Amaia Salazar, sous-inspectrice espagnole, participe à un séminaire international du FBI à Quantico. Pour s’être démarquée lors d’un exercice de profilage, elle est ponctuellement intégrée à l’équipe du grand ponte car l’exercice était en réalité une véritable affaire, que ses talents pourront aider à résoudre : Plusieurs familles ont été retrouvées mortes dans leurs maisons après des catastrophes naturelles. Ces morts pourraient sembler « naturelles » dans le charnier des tempêtes, mais elles présentent d’étranges similitudes : même victimologie avec père, épouse, trois enfants et une grand-mère, toujours regroupés dans le salon les têtes vers le nord. Ces détails étaient passés inaperçus lors des triages post-apocalyptiques, jusqu’à ce qu’un témoin rescapé assiste au meurtre de l’une des familles : Il affirme qu’un homme a tué chaque membre par balle puis mis leur mort en scène en faisant de grands gestes. A partir de ce moment, la traque commence. D’autres morts suspectes sont réétudiées et tout le monde est sous tension, car nous sommes en 2005, juste au moment du passage du Katrina sur la Louisiane. Il y a donc tous les risques que le désormais nommé « compositeur » utilise cet ouragan pour camoufler d’autres meurtres. Pour le trouver, le temps presse : il faut établir son profil !
Cette enquête principale est tout à fait dans la veine de la série Esprits criminels : L’établissement du profil progresse par les échanges de raisonnement entre agents. Chacun explique la progression de ses recherches et points de vue tout au long du roman, rendant le récit très pédagogique. Mais l’originalité est dans le décor, et les protagonistes seront dans une sacrée panade puisqu’ils se sont transportés sur le lieu présumé des prochains crimes : en pleine trajectoire de l’ouragan à la Nouvelle-Orléans. L’auteure plante le chaos qui règne avant, pendant, et après la tempête. J’ai beaucoup aimé naviguer avec l’équipe (car tout est inondé). A sa tête, l’agent Dupree qui connaît bien le terrain : Il y a vécu, et qu’il y a même déjà traqué une autre sorte de criminel… Le baron samedi : l’Esprit des morts, auquel croit beaucoup la population imprégnée de rites vaudous. Et vous avez déjà essayé d’attraper un fantôme ? Alors il court toujours, et la mort rôde tout autour de notre enquête, nous obligeant à nous plier nous aussi, aussi cartésiens que l’on soit, à certains rites « vaudous », mot qui signifie « l’esprit qui parle ». Car ce qui fait que la magie, blanche ou noire, fonctionne, c’est que l’on y croit. Or, la population est persuadée d’avoir la mort aux trousses.
Quant à Amaia, elle est habituée de ces ambiances du fait de ses origines espagnoles, d’une région où l’on chassait les sorcières, et en ayant connu une elle-même… L’auteur alterne le récit de l’enquête présente en pleine tempête avec, d’une part, le passé mystérieux de l’agent Dupree qui achète des grigris et consulte des marabouts et, d’autre part, l’enfance tortueuse et intrigante d’Amaia, sauvée par l’esprit de la forêt… Chaque histoire progresse dans un bon rythme. Et même si la magie est présente qui offre son lot de dépaysement appréciable, l’auteure ne tombe pas dans la facilité du fantastique qui explique tout. Elle intrique parfaitement ces trois ambiances dans la réalité, et l’on s’enfonce dans ce roman comme l’on pénètre dans le bayou : avec curiosité et anxiété, sans trop savoir à quelle sauce on va être mangé. Voilà comment on dévore avec passion 670 pages en trois jours de vacances. La bonne nouvelle, c’est que cette histoire est précédée d’autres tomes à découvrir. Merci à HundredDreams pour la découverte, j’ai adoré ce moment !
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A Elizondo, une petite fille meurt dans son berceau. Un drame pour la famille mais la mort subite du nourrisson reste malheureusement aussi inexplicable qu'inévitable. Pourtant, la grand-mère de l'enfant a remarqué une petite marque sur le front du bébé, et le légiste confirme, la petite a bel et bien été étouffée dans son sommeil. Désigné par sa belle-mère, le père de l'enfant est arrêté alors qu'il tentait de s'enfuir avec le corps du bébé...
L'inspectrice Amaia Salazar est chargée de l'affaire et en vient à s'intéresser à ces ''morts au berceau'' qui semblent un peu trop fréquentes dans la vallée du Baztan. Pour certains, ces décès seraient l'oeuvre d'Inguma, une créature mythologique qui étouffe ses victimes en aspirant leur souffle de vie. Mais Amaia sait que la vérité est ailleurs, peut-être dans le retour d'une secte satanique très active dans la région il y a une trentaine d'années. Son mari et son fils absents, la policière peut se consacrer totalement à son enquête, soutenue par le beau juge Markina, épris d'elle et qui ne la laisse pas indifférente. Saura-t-elle résister à la tentation ?
Troisième et dernier tome de la Trilogie du Baztan, l'heure est donc venue de faire le bilan de ces enquêtes où se mêlent les vieux mythes basques, les crimes les plus odieux et la vie privée de la jeune inspectrice Amaia Salazar, chef de la brigade des homicides de la police forale de Navarre. Grâce à Dolores Redondo, profondément attachée à sa région et à sa culture, cette région méconnue d'Espagne est devenue un endroit mystérieux et attachant pour un lecteur de plus en plus enclin à s'y rendre, voir de ses propres yeux cette nature sauvage, ces forêts séculaires et la fougueuse Baztan dont les eaux grondent sous les ponts de pierre. Enclavée, isolée, la population s'est crée des légendes, des mythes qui perdurent depuis la nuit des temps. Cette culture ancestrale, toujours présente, est le terreau idéal pour les sectes païennes, voire sataniques, qui fleurissent dans un pays où la religion catholique a perdu de son prestige. Au fil des tomes, Amaia a eu maille à partir avec le Basajaun, le Tarrtalo et, ici, l'Inguma qui aspire le souffle des bébés dans leur berceau. Mère depuis peu, l'inspectrice est particulièrement sensible à ces morts d'enfants qui ne sont que le début d'une terrible affaire où disparitions, crimes et suicides semblent empêcher la résolution de l'enquête. Sans oublier qu'Amaia se débat toujours avec les sombres souvenirs de son enfance. Sa mère vient d'être déclarée morte par les autorités mais la jeune femme est sûre que sa machiavélique génitrice rôde toujours, vivante et plus que jamais décidée à la dévorer. A ce passé trouble qu'elle tente par tous les moyens de tenir éloigné s'ajoute sa propre maternité et son obsession d'être une bonne mère quand son métier la garde souvent loin de son foyer. Personnage ambigu, pas toujours sympathique, Amaia Salazar est tout de même le pivot de ces romans qui tournent autour de sa famille très implantée dans la région, mais aussi de ses failles, ses peurs, sa détermination. Elle a encore beaucoup a à donner et pourrait bien revenir pour de nouvelles enquêtes.
Sombre et cruel, ce dernier épisode clôt magnifiquement cette excellente trilogie, voyage dans le pays basque espagnol et dans la noirceur de l'âme humaine. Une auteure et une région à découvrir absolument.
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L’an dernier , je découvrais avec grand plaisir un nouvel auteur de polar espagnol, Victor del Arbol, avec La tristesse du samouraï. Et bien, rebelote ! Mais cette fois, c’est une auteure : Dolores Redondo. Un nom à retenir ! Plus encore à lire tant son roman est original , captivant et surprenant. Le gardien invisible, premier volet de la trilogie Batzan (le deuxième, déjà écrit, paraîtra en fin d’année en Espagne), est un policier classique qui très vite tourne au roman noir, très noir. Il nous plonge dans le Pays basque espagnol profond, sombre, où la mythologie et les croyances populaires perturbent les relations humaines… La folie et la cruauté ne sont jamais très loin.
" Oublier est un acte involontaire. Plus on essaie de laisser quelque chose derrière soi, plus cette chose vous poursuit ". Quand Amaia Salazar est promue responsable de l’enquête sur les meurtres de jeunes filles à Elizondo (village de Navarre à cinquante kilomètres de Pampelune), tout un équilibre fragile et patiemment élaboré pour échapper à son passé s’écroule. Comment elle, l’inspectrice rompue aux techniques d’investigation les plus modernes, formée aux méthodes du FBI à Quantico pour traquer les tueurs en série, peut-elle être tenue en échec sur ses terres ? Ces meurtres de jeunes filles savamment mis en scène la confrontent à ses propres fantômes. Cerise sur le gâteau, le ou les meurtriers laissent sur le cadavre un petit biscuit, une spécialité de l’entreprise familiale ! La souffrance, la mort, le non-dit, autant de symptômes qui gangrènent sa faculté de jugement. Quelque chose obstrue son champ d’investigation. Sous les dehors de la réussite professionnelle et affective, elle va mal. Angoisses, cauchemars et puis cette infertilité presque inexplicable… Pourquoi a-t-elle quitté la vallée ? Pourquoi vivait-elle, petite, avec sa tante et non pas avec ses parents ? Quelles rancœurs et quelles rivalités pourrissent les relations des trois sœurs héritières de la fabrique de txatxingorris gérée d’une main de fer par Flora ? Flora, l’archétype de " l’etxeko andreak ", ces femmes de la vallée qui règnent sans partage sur leur maison et leur terre, pendant que les hommes sont trop loin ou trop faibles. Amia, fillette traumatisée, a soigneusement enfoui en elle l’indicible. Presque à son insu. L’enquête va fonctionner comme un révélateur de ses terreurs anciennes.
Le Gardien invisible est un polar de territoire. Et quel terroir ! La Navarre imprègne chaque page, chaque rebondissement, et s’insinue au cœur des motivations psychologiques des personnages. La nature suinte, les odeurs exhalent le long des berges du Baztan, entre mythes locaux et résurgences historiques. Ce pays de rêves et de légendes hante les nuits de Amaia Salazar. Crime humain, dévoration animale ou monstre légendaire ? Certains affirment avoir croisé le basajaun (sorte de yeti) et la mythique Maïa. L’intrigue est donc complexe mais Dolores Redondo mêle habilement le réalisme d'une enquête policière et d’une intrigue familiale à la magie de la mythologie basque. La construction est solide : l’enquête progresse lentement, brisée irrégulièrement par de courtes évocations d’un passé angoissant vécu par une petite Amaia de huit ans. Progressivement, passé et présent se confondent, l’assassin actuel rejoignant le monstre ancien. Envoûté par la poésie singulière de cet auteur, le lecteur s’enfonce dans une intrigue dont la banalité n’est certes pas la signature !
Un roman puissant, passionnant, fascinant, qui résonne longtemps… Et on n’a qu’une hâte, retrouver au plus vite Amaia ! Dommage que l’éditeur se soit égaré dans des erreurs de frappe et de construction particulièrement choquantes !
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Avez-vous déjà vu un basajaun ? Peu de personne en ont eu la chance.
C’est un être tout droit sorti de la mythologie Basque, une sorte de protecteur de la forêt, une créature à mi-chemin entre l’homme et l’animal.
Cette enquête policière se déroule au Pays Basque, et cela nous donne l’occasion de nous familiariser avec les coutumes et les traditions de cette région, où les habitants semblent accorder une grande importance aux mythes anciens.
De très jeunes filles sont retrouvées mortes, leur corps abandonné sur les bords de la rivière.
L’inspectrice Amaia Salazar, originaire du coin est donc chargée de l’enquête, et celle-ci va l’emmener très loin dans le passé, un passé obscur qu’elle a tenté d’oublier.
L’ambiance des petits villages reculés, un peu hors du temps est très bien retranscrite.
On est totalement immergés dans les secrets d’une petite communauté où tout le monde se connaît, où les familles forment des sortes de clans dans lesquels chacun a une place à tenir et un rôle déterminé à jouer au risque de faire basculer l’équilibre de tout le groupe.
Premier tome d’une trilogie, ce roman se lit d’une traite et m’a donné très envie de découvrir les suivants, afin de continuer à cheminer avec Amaia Salazar et apprendre davantage de choses sur le Pays Basque.
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Oh nom d'un chien ! Quelle claque ce fut, ce roman ! J'ai l'impression en le refermant de perdre une partie de ma famille. Très bien rythmé, avec une écriture empreinte de délicatesse. Cela m'a donné l'envie de découvrir les autres romans de l'auteur.
De même ses personnages sont très loin de la tendance manichéenne actuelle. Qualités et défauts se mêlent et s'entremêlent...
Que feriez-vous si la Garde Civile venait sonner chez vous tôt le matin, pour vous annoncer que votre mari est mort ? Qui plus est, mort à des centaines de kilomètres de là où vous pensiez qu'il se trouvait... Et si vous découvriez qu'il ne vous avait pas tout dit sur son enfance et sa famille...
Argh... Difficile de ne pas vous saturer d'indices, faites-moi confiance sur ce point : une fois ce livre ouvert, vous n'aurez plus aucune envie de le lâcher.
Bonne lecture :)
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Pas fâchée de terminer la lecture fastidieuse de la "Trilogie du Baztan", inaugurée avec Le gardien invisible et poursuivie avec De chair et d'os. Ofrenda a la tormenta met enfin un terme aux enquêtes d'Amaia Salazar... Succès surprise en Espagne et dans le monde, 400 000 lecteurs, 32 pays ont acheté les droits, l'adaptation cinématographique du premier opus est en préparation... le cadre du roman est inhabituel. Dolores Redondo a choisi la Navarre pour mettre en scène une série de meurtres sordides touchants des femmes et des enfants.
Soyons honnête, je n'ai que peu de goût pour les histoires de tueurs en série, de crimes rituels, d'amputations et autres messes noires, mais le lieu et la culture locale ont eu raison de mes réticences. Donc, nous avons tous les éléments du thriller psychologique qui combleront les amateurs du genre, dans une région inusitée, une inspectrice jeune et belle connectée avec les victimes mais peu sympathique, on la comprend vu le passé et la famille qu'elle se trimballe, un mentor cajun du FBI qui donne des conseils au téléphone, les affres de la maternité qui la renvoient à une douloureuse histoire personnelle...
Le gardien invisible aurait sans doute suffi, certains personnages devraient parfois se retirer de la scène en pleine gloire comme Greta Garbo. Je voyais clignoter les signaux Fajlilbacka, Erica, Patrik, et ça me faisait un peu peur. Quand on aime le polar social ou foutraque, la gentrification du genre a parfois du mal à passer.
Donc, avec des sacrifices de bébés, Ofrenda a la tormenta apporte toutes les révélations que l'on avait vu arriver à la vitesse d'un cheval au galop.
J'aurais sans doute limité ma lecture au premier volume si l'action s'était déroulée ailleurs que dans le valle de Baztan y de Roncal, région isolée et fort belle qui se prête aux mystères. Dolores Redondo tire de l'oubli les mythologies basques et navarraises, les meurtres s'inspirant d'anciennes légendes (le Basajaun, le Tarttalo et autres Ingumas). Elle dépeint avec talent une nature angoissante, la forêt des contes de Grimm - on s'y promène tant que les monstres n'y sont pas- nimbée d'un halo onirique, une population vivant en vase clos et dont l'isolement exacerbe les sentiments.
L'auteur révèle à la fin du volume le sordide fait divers qui inspira sa trilogie, trilogie qui fait miraculeusement revivre les villages d'Elizondo ou d'Arizkun, depuis le succès international des romans. Un bon prétexte pour s'arrêter quand auparavant on filait droit sur Pamplona.
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Dolores Redondo est une auteure espagnole que j’aime particulièrement. Je l’ai découverte il y a quelques années avec son incroyable trilogie de la vallée de Baztan.
Sous son regard, cette région enclavée des Pyrénées espagnoles devient sombre, inhospitalière, inquiétante, oppressante. Mêlant habilement traditions, légendes et créatures magiques nés du folklore basque, l’auteure installe un climat menaçant, mais aussi captivant.
Ce quatrième tome est un préquel qui se lit indépendamment des trois premiers, mais si vous souhaitez le lire, je vous conseille très fortement de commencer par le premier tome « Le gardien invisible », sinon les trois premiers tomes perdront, je pense, de leur intérêt et ce serait vraiment dommage de passer à côté de cette trilogie originale, addictive et très bien écrite.
Avec « La face nord du cœur », l’auteure enferme le lecteur dans un huis-clos moite et lourd ayant pour cadre, non plus la région basque, mais la Louisiane ravagée par l’ouragan Katrina. Ce changement de décor, le Bayou et la Nouvelle-Orléans, laisse la culture cajun, les superstitions et les croyances vaudou, fifolets, gaueko, et autres, se mélanger à la culture basque d’Amaia.
*
Ce changement de décor avec les ravages du cyclone Katrina confère beaucoup de réalisme à l’intrigue, entretenant une tension incroyable et un suspens qui monte au rythme des eaux qui envahissent la Nouvelle-orléans. Dolores Redondo décrit remarquablement bien la Louisiane ravagée par la montée des eaux, la détresse des habitants livrés à eux-mêmes, l’arrivée tardive des secours, les violences urbaines.
« Les tempêtes ne ramènent rien… Elles emportent tout. »
*
Août 2005, Etat de Louisiane
Amaia Salazar suit une formation de profileuse aux Etats-Unis dans le cadre d’un échange entre le FBI et Europol.
Remarquée très vite pour ses excellentes capacités de profilage et ses dons extraordinaires que l’on pourrait appeler intuition, instinct, l’agent Dupree la recrute dans son équipe pour retrouver un tueur en série qui profite des catastrophes naturelles pour cacher ses crimes.
« Une perle rare, un être capable de raisonner avec toute la logique scientifique du monde, et aussi sensible à l'invisible que le Petit Prince. »
*
Amaia Salazar est une enquêtrice que j’aime beaucoup. Alors oui, il est vrai qu’elle a un caractère secret, irascible, tourmenté, qui rejoint les clichés du policier au passé trouble, mais Amaia touche le lecteur par son histoire personnelle et son terrible passé qui prennent autant de place dans l’intrigue que l’enquête policière.
« Amaia était une enquêtrice-née. Un de ces êtres doués naturellement de la capacité de discerner la trace du mal. Un privilège douteux, certainement, acquis lors d'un séjour dans son enfer personnel. »
Discrète mais d’une présence rassurante.
Irascible, mais d’une empathie rare.
Abimée mais courageuse, faisant de son passé une force.
L’enquête devient vite prenante, faisant écho au passé douloureux et traumatisant d’Amaia.
« Non, l’ama ne te mangera pas cette nuit.
Dors, petite sorcière. »
Par flashback, le lecteur découvre les traumatismes de son enfance, tout en suivant les progrès de l’enquête. Les scènes de crime sont sobres, un plaisir pour le lecteur qui n’est pas submergé d’images horribles.
« Ce que la chenille appelle fin,
le reste du monde l'appelle papillon. »
Lao Tseu
*
Sous la plume très visuelle de Dolores Redondo, le roman nous entraîne dans une intrigue complexe et passionnante dans laquelle les anciennes croyances Vaudou et la mythologie basque s’entremêlent.
*
Avec ce quatrième tome autour de l’enquêtrice Amaia Salazar, Dolorès Redondo confirme son talent en proposant une intrigue prenante, des personnages bien travaillés, une héroïne attachante, un décor apocalyptique angoissant et une atmosphère surnaturelle liée aux croyances populaires.
Mélange de genres, à la fois roman policier et fantastique, j’ai passé un très bon moment.
N’hésitez pas à découvrir cette auteure.
*
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Pour avoir lu de Dolores Redondo "La trilogie du Baztan", je retrouve la sous inspectrice Amaia Salazar avec énormément de bonheur. "La face nord du coeur" me semble être une espèce de préquelle à la trilogie du Baztan. On y découvre Amaia stagiaire au FBI et sa rencontre avec son mentor et ami, l'agent Dupree, de grande renommée.
C'est quasiment quatre récits en un.
Des familles entières tuées par balle et dont les meurtres sont camouflés par les conséquences de cataclysme tel une tornade ou un ouragan. Meurtres sur lesquels enquêtera Salazar avec les agents du FBI.
L'ouragan Katrina et les citoyens de la Nouvelle Orléans qui doivent évacuer leur maison et voient leur ville détruite par la montée des eaux. Dolores Redondo a su nous rendre compte de toute l'horreur de cette catastrophe et nous faire vivre de façon toute crue et tellement réelle l'apocalypse.
L'histoire d'enlèvements de jeunes filles à la Nouvelle Orléans et jamais résolues. Le baron Samedi, être maléfique s'il en est un, serait à la tête de la planification de ces enlèvements et ces affaires obsèdent l'agent Dupree qui n'a de cesse de vouloir en connaître la fin.
Puis, l'histoire de l'enfance d'Amaia Salazar à Élizondo, une enfance malheureuse, perturbée mais heureusement amadouée et tendrement, loyalement aimée par une tante bienveillante.
C'est un roman envoutant, prenant, captivant où souvent il est question de convictions, de superstitions, de croyances sinon de foi. C'est un roman exigeant pour le lecteur comme il a dû être exigeant à écrire mais c'est six cent pages d'une écriture puissante, brillante.
Et, on y ressent à fleur de peau, les peurs de la nuit, les frissons, les angoisses , les perceptions.
Et quand Dolores Redondo nous dit que lorsque la chenille voit la fin, les autres voient le papillon, et bien tout est dit .
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La trilogie du Baztan m'avait scotchée chez moi une semaine durant, à une époque où renoncer à toute vie sociale signait la puissance d'un livre, et non la persistance d'un virus flanqué de ses variants et autres recomposants. Aussi ai-je sauté sur la préquelle, même si elle se situe far away from the Pays Basque. Certes, les bayous de Louisiane, comme la vallée du Baztan, traînent une longue réputation de sorcellerie; mais justement: comment le lecteur va--t-il garder le plaisir de la découverte quand il s'agit pour l'auteur de se couler dans une mythologie connue, même approximativement, de tous: celle du vaudou et des morts-vivants?
Redondo relève le défi en entrecroisant l'enquête en Louisiane avec les souvenirs que des meurtres familiaux font surgir chez notre enquêtrice à l'enfance fracassée: à sa mère-sorcière et son père faible s'opposent un père-monstre et une mère soumise. La narration alterne l'enquête américaine et le meurtre programmé de la petite Amaïa par les diables du Baztan. Dans ces deux mondes, le surnaturel est à la fois un fait social et une exploration de l'inconscient. Le vaudou existe parce qu'on y croit, et on y croit parce qu'il explique, comme les contes de notre enfance, les forces qui nous animent: l'angoisse, l'amour, la haine, le désespoir, la lâcheté...
Mais l'exil en Louisiane permet aussi une incursion dans le roman social puisque l'enquête se déroule pendant l'ouragan Katrina. À l'enfant abandonnée aux monstres par son père que fut Amaïa font écho non seulement les familles massacrées par un père dévoyé, mais aussi les Afro-Américains laissés seuls face à la tempête, sans soins ni secours, que leur nationalité américaine n'a pas protégés et que Washington a reniés en regardant ailleurs. Trois intrigues comme trois fils qui se nouent: quand ils ne se détournent pas, ceux qui promettaient de vous protéger vous écrasent de leur mépris et de leur haine. L'Amérique n'est qu'une famille dysfonctionnelle dont les Noirs et les pauvres sont les bâtards qui n'intéressent personne.
Mais en littérature aussi il existe des péchés capitaux qui justifient ma note dubitative: notamment le ravaudage (qui consiste à nouer de façon sommaire et voyante la trilogie et sa préquelle) et l'auto-promotion ("Salazar, quelle femme extraordinaire vous faites" "Mais quelle femme extraordinaire vous faites, Salazar" - chère auteure, laissez-moi en juger au lieu de me seriner le point de vue de Dupree, je sais lire).
Ce n'est donc pas le livre de trop - loin de là. Mais peut-être est-il temps d'abandonner Amaïa Salazar à ses démons pour exorciser d'autres territoires.
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Sur les traces du Basajaun...
« Oublier est un acte volontaire. Plus on essaie de laisser quelque chose derrière soi, plus cette chose vous poursuit ».
Oublier, c’est ce qu’Amaïa a souhaité faire en quittant sa vallée. Oublier sa mère, son passé, la violence de son enfance. Réussir sa vie. Se marier avec James. Faire un enfant. Exercer son métier de policier qui la passionne. Mais le passé n’est jamais loin. Il finit toujours par vous rattraper…La voilà donc contrainte de retourner à Elizondo, sa ville natale, pour enquêter sur la mort de jeunes filles retrouvées mortes dans d’étranges mises en scène. Hébergée chez sa tante, épaulée par son adjoint et la police locale, elle découvre que les mortes étaient connues de ses sœurs et doit se confronter à de terribles découvertes…
Un peu dans la veine de la Trilogie de Lewis de Peter May (à lire si cela n’est pas déjà fait), cette trilogie de Baztan a tous les ingrédients qui font les bons polars : des personnages attachants, un environnement et une atmosphère marqués (Les bois sont particulièrement oppressants), du Folklore (le Basajaun n’est jamais loin) et une intrigue très bien menée (avec bien sûr une fin qui donne envie de se jeter sur le tome 2).
Au final, un excellent roman policier qui vous embarque manu militari dans les secrets familiaux mais aussi dans les croyances, légendes et autres mythes basques ! A moi la suite -:)
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Tout cela je te le donnerai fait référence aux possessions innombrables qu'invoquent Satan pour tenter le Christ. C'est aussi le roman qui me permet de découvrir la romancière espagnole Dolores Redondo.
Lorsqu'on apprend que son mari vient de trouver la mort dans un accident de voiture, c'est déjà une épreuve sans nom. Mais quand de surcroît cet accident est survenu à des centaines de kilomètres de l'endroit où ledit conjoint était sensé être, ça fait beaucoup trop. Et pourtant, pour Manuel, écrivain quinquagénaire de Madrid, ça n'est qu'un début.
Dès ce premier chapitre où ces deux terribles enclumes tombent sur la tête du Madrilène, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour lui, torturé entre la mort de l'être aimé et la poisseuse et détestable sensation d'avoir été trahi par ce même être. Comment lâcher prise au chagrin quand toutes les années vécues ensemble, l'amour qu'on croyait partagé, se retrouvent comme salies par le poison des mensonges envisagés?
Les chapitres suivants conduisent Manuel, et nous par la même occasion, en Galice, à la recherche de la vérité sur qui était véritablement Álfaro et qu'est-ce qu'il s'est réellement passé au moment de sa mort. Il est des couvercles qu'on ne soulève pas sans conséquences non plus que sans souffrances. Dolores Redondo, à travers son roman, pose la question suivante : que vaut-il mieux? Trouver la vérité aussi éprouvante soit-elle, ou choisir de partir en préférant ne rien voir, ne rien savoir? Dilemme dilemme.
Si le livre présente une trame d'ensemble qui reste convenue, sa richesse porte surtout sur la personnalité des protagonistes mis en scène. Les personnages, à commencer par Manuel et le lieutenant Noguares, sont construits avec recherche et solidement étoffés à mesure que les chapitres défilent. Faux-semblants, vraies vipères, Dolores Redondo multiplie pistes et indices dans sa narration labyrinthique. Un peu trop parfois sans que ça n'alourdisse la lecture au point de la rendre pesante.
Et quelles magnifiques descriptions de la Galice, de ses vignes en terrasses au bord du fleuve, tradition viticole qui remonte au début de notre ère et dont les récoltes sont des prouesses physiques. Accessoirement j'ai aussi appris grâce à l'auteure que le vin galicien se buvait traditionnellement non dans des verres mais dans de petits bols de céramique ou de porcelaine. Un détail peut-être mais j'avoue en être friande. Dolores Redondo donne très envie de se rendre dans cette belle région du nord-ouest de la péninsule, de visiter les pasos, les vastes domaines aristocratiques des Grands d'Espagne qui continuent de suivre autant que possible les us séculaires de leur famille. Peut-être en humant l'air à la recherche des effluves envoûtants des fleurs de gardenias...
Une très belle découverte que ce bon pavé de 750 pages environ paru il y a peu chez Pocket. Je compte bien lire la trilogie policière que l'auteure a écrit avant ce roman. Son style (et la traduction bien sûr) est très agréable à lire.
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Amaia, l’héroïne de la trilogie du baztan, est de retour dans ce roman intense et terriblement noir. Partie étudier aux États Unis, dans l’antre du FBI, elle est loin de son Pays Basque natal, même si de nombreuses incursions y sont faites tout au long du récit quand l’histoire narre son passé. Suivant son intuition , avec l’aide de l’inspecteur Dupree et son equipe, elle va se retrouver à pister un tueur de famille…
Un excellent polar, sans temps mort, qui mêle habilement (comme dans le gardien invisible) croyances populaires, folklore local et environnement hostile. Le terrain de chasse du tueur en série (et d’Amaia) est la Nouvelle Orléans, en pleine confusion avec l’arrivée du terrible ouragan Katrina. Sous fond de vaudou et de tempête apocalyptique, un texte rude, dense et terriblement addictif.
Dévoré en 2 petits jours
Un ❤️
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Des coups frappés à la porte, insistants, énergiques, impérieux.
Ecrivain à succès, Manuel Ortigosa voudrait les ignorer. Il est occupé à terminer son dernier roman, il est inspiré, en verve.
Mais les coups ne cesseront pas et il se décide à ouvrir la porte sur le gouffre vertigineux dans lequel il va tomber. La Guardia Civil lui annonce que son mari est mort dans un accident de voiture quelque part dans un coin perdu de Galice. Au choc succède le soulagement. Alvaro est à Barcelone pour affaires, cela ne peut être qu’une grossière erreur. Et pourtant…Ce n’est là que le début de l’enfer pour Manuel qui s’aperçoit qu’il ne connaissait pas l’homme qu’il avait épousé. Alvaro était un Grand d’Espagne, un marquis chef d’une famille riche et puissante de Galice. Alvaro lui avait caché tout un pan de son existence…Pourquoi ? Parce qu’il avait honte de lui ? De son homosexualité ? Sur place, l’écrivain découvre qu’il hérite de tous les biens de son époux, au grand dam de son frère et de sa mère. Et il n’est pas au bout de ses surprises. En effet, Nogueira, un garde civil fraîchement retraité, lui annonce qu’il soupçonne un meurtre derrière la mort d’Alvaro. Entre chagrin, incompréhension et colère, Manuel entame une enquête. Qui était vraiment son mari et pourquoi a-t-on voulu le tuer ?
Conteuse espagnole hors pair, Dolores Redondo nous emmène ici au fin fond de la Galice, dans un coin d’Espagne où la famille Muñiz de Dávila règne en maître depuis des siècles.
Bien sûr, les temps ont changé mais les mentalités restent figées dans un passé et l’on reste toujours très respectueux d’une famille qui fait vivre la région.
Manuel découvre l’étendue des biens que possédaient son défunt mari et se heurte à l’hostilité de sa belle-famille. En particulier, la Marquise, la mère d’Alvaro. Une femme dure qui place la réputation des Muñiz de Dávila au-dessus de tout, et a fortiori des sentiments.
Si l’écrivain pensait refuser son héritage et regagner rapidement Madrid, il change d’avis à cause d’un policier à la retraite qui attire son attention sur des incohérences concernant l’accident d’Alvaro. Débute alors une enquête qui va plonger les deux hommes dans les plus sombres secrets de la riche famille. Manuel va douter de son mari, de sa sincérité, de son honnêteté. Mais il va aussi se rapprocher de sa belle-sœur et de son neveu et, contre toute attente, se lier d’amitié avec Nogueira, l’irascible et homophobe garde civil qui va entrouvrir sa carapace et se confier.
Au- delà de l’enquête, efficace et pleine de rebondissements, Tout cela je te le donnerai est aussi un roman sur la perte, le deuil, la famille et brasse de nombreux sujets tels que la pédophilie, la drogue, le viol, la puissance des riches, etc.
Et, en prime, l’autrice nous régale de magnifiques descriptions de cette région méconnue d’Espagne.
Un roman foisonnant et immersif. Le temps de la lecture on a réellement l’impression de vivre aux côtés d’Alvaro et de Nogueira, de partager leurs repas, leurs moments de complicité, leurs coups de blues.
Un coup de cœur.
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