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Critiques de Dominique Gelli (31)
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Crénom, Baudelaire !, tome 1 : Jeanne

J'ai adoré cette nouvelle biographie sur Charles Baudelaire, l'auteur des fleurs du mal. Il est vrai que j'ai toujours aimé ce poète maudit dans son aspiration pour la perfection. On va être gâté dans ce récit qui ira de dépravation en dépravation avec un côté assez obscène et souvent assez immoral.



C'est un jeune dandy qui n'a jamais connu le travail et qui dépense sans compter pour satisfaire toutes ses envies et lubies. Pour autant, il va avoir un talent assez monstrueux pour la prose de vers en réinventant la poésie la poussant vers la modernité. Bref, on sait que les génies peuvent très mal se comporter dans la vie privée et en société.



Il est surtout question de son rapport avec les femmes. Tout d’abord sa mère qui fut sa déesse adorée avant l'abandon pour un nouveau mari puis une certaine forme de haine bien que le respect soit toujours présent. Il y aura également cette femme maigre et moche d'origine juive tiré d'un bordel mais surtout Jeanne Duval, une belle amante noire qui sera sa muse.



A noter que dans cette œuvre, il étrangle à main nue une de ses femmes sans jamais être inquiété par ailleurs. Le fameux poème « le vin de l'assassin » décrit d'ailleurs très bien ce féminicide. On a toujours supposé que Baudelaire s'est inspiré d'un fait réel mais jamais qu'il avait concouru à l'acte sous l'emprise de l'alcool. Cette BD va franchir quelques limites assez scabreuses.



On découvrira également qu'à l'âge de 22 ans, le poète tombé dans l'alcool et criblé de dettes a tenté de se tuer d'un coup de couteau. Evidemment, on va retrouver tous les thèmes chères à l'auteur à savoir l'angoisse existentielle, la souffrance, la déchéance et la mort. Solitude, maladie et dépression seront au programme. Bref, il va falloir s'accrocher et ne pas tomber dans le jugement moral. Âmes sensibles s'abstenir car le sordide n'es pas loin entre pratique sado-maso et débauche.



On comprend tout de même que Baudelaire cherche à extraire la beauté du mal par le travail poétique afin de dépasser la souffrance propre à l'âme humaine. Cependant, ses excentricités dans une vie de bohème ne seront pas très bien comprises par les mortels. On est souvent proche du scandale dans un délit d'outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs.



C'est le regretté Jean Teulé qui laisse cette œuvre magnifique adaptée par Dominique et Tino Gelli et qui se poursuivra sur trois tomes. A noter que graphiquement, c'est admirablement accompli dans les traits du dessin. On aura même droit à un bel écrin ainsi qu'une magnifique couverture. Mon seul bémol proviendra du fait que je n'ai pas reconnu le visage pourtant familier de Baudelaire.



Bref, un portrait certainement fidèle à ce qu'a été ce poète torturé dans le Paris de la Monarchie de Juillet puis de la Seconde République mais cela va sans doute provoquer du dégoût. C'est sans doute une autre vision plus réaliste pour bien comprendre le génie de son œuvre.



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Mangez-le si vous voulez

En cette belle journée du mois d'août 1870, le nouvel adjoint de Beaussac, Alain de Moneys, s'apprête à se rendre à la fête annuelle de Hautefaye. Ayant travaillé longuement la veille au soir à son projet d'assainissement de la Nizonne, il se fait déjà tard. Aussi se dépêche-t-il d'embrasser ses parents avant de filer, sa mère regrettant son départ dans une semaine à cette guerre contre la Prusse. En bon patriote, il a décidé de s'engager pour son pays même si son statut de notable aurait pu lui éviter de combattre. Avant de partir, il a quelques affaires à régler, notamment offrir une génisse à Bertille, trouver quelqu'un pour réparer le toit d'une grange. En chemin pour Hautefaye, on le salue, le félicite pour son engagement, le congratule pour son élection à Beaussac, l'interroge quant à son projet d'assainissement qui devrait approvisionner tous les champs alentour en eau. Arrivé au village, certains esprits s'échauffent quant à l'avancée de la guerre qui, pour certains, tourne au désastre. Une dispute éclate et l'un des villageois a entendu le cousin d'Alain crier « Vive la Prusse ! ». Peinant à y croire, connaissant son cousin, Alain sait qu'il ne peut avoir prononcer une telle absurdité. C'est alors qu'il dit « Pourquoi pas "À bas la France !" ». Aussitôt, il y a méprise sur le sens de ses mots. S'il plaide un malentendu, les villageois ne l'écoutent plus et l'un d'eux le frappe en plein visage...



Adapté du roman éponyme de Jean Teulé, cet album retrace un véritable et tragique fait divers survenu en 1870, en Dordogne. Alors qu'il voulait simplement défendre les paroles de son cousin Maillard, Alain de Moneys prononce une phrase qui sera tout de suite très mal interprétée par les villageois de Hautefaye. Dans une ambiance déjà tendue, ceux-ci l'accusent purement et simplement d'être un Prussien. Et c'est un déferlement de violence qui s'abat sur le jeune adjoint de Beaussac. Une violence allant crescendo et une folie collective que rien ni personne ne semble raisonner. De notable et adjoint fort respecté, Alain devient le traître à abattre. Cet album est tout simplement glaçant et relève d'une absurdité confondante. L'on est plongé dans des scènes d'horreur et de violence presque insoutenables et inexplicables d'autant qu'il s'agit d'un terrible fait divers. Gelli illustre parfaitement cette ambiance féroce et inhumaine, ainsi que la folie qui s'est emparée des villageois, grâce à son trait tendu, ses visages haineux et son noir et blanc éclaboussé de rouge sang.



Effroyable...



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Crénom, Baudelaire !, tome 1 : Jeanne

Je n’ai pas encore lu le roman de Jean Teulé mais cela ne saurait tarder. J’ai donc fait les choses à l’envers et j’ai attaqué cet album en me disant que je retrouverai certainement toute la truculence de cet auteur que j’adore et qui nous a, malheureusement, quitté bien trop tôt.

Effectivement, j’attendais beaucoup de ce premier tome et j’ai été comblée. On y voit le lien entre le poète et Jeanne Duval, une de ses muses. Le côté maudit de Baudelaire apparaît bien, associé, forcément, à sa vie tumultueuse.



Je mets juste un bémol sur les graphismes. Je n’en suis pas fan. Mais comme l’histoire m’a vraiment intéressée, j’ai fait fi de ce détail.



J’attends avec impatience de pouvoir lire le prochain tome de cette trilogie.


Lien : https://wordpress.com/post/p..
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Crénom, Baudelaire !, tome 1 : Jeanne

Club N°53 : BD non sélectionnée

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Pas lu encore le roman de Jean Teulé mais la mise en BD est énorme : avec un graphisme grandiloquent, le poète est décrit dans tous ses excès et contradictions et sa poésie illustrée magiquement.



Une grande réussite, on attend les 2 tomes suivants.



NdM

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Très glauque, je ne devais pas avoir envie de lire ça...



Gwen.

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Mangez-le si vous voulez

Jean Teulé a pris l'habitude de ressortir de vieux faits historiques qui se sont perdus dans nos mémoires et de les remettre en perspective. Ainsi, j'avais beaucoup apprécié « Entrez dans la danse » où l'action se situait à Strasbourg en plein cœur du Moyen-Age.



Là, c'est une terrible histoire qui s'est passée en août 1870 à la fin de l'Empire de Napoléon III pendant la guerre avec les prussiens. Le cadre sera celui d'un petit village de la Dordogne. Un brave gars va aller dans une fête villageoise où il y a une foire paysanne. Il va se faire lyncher, torturé et brûlé vif avant d'être mangé par la foule en délire alors qu'il pensait être de retour pour boire le thé avec sa mère.



Un simple malentendu sur une plaisanterie va entraîner toute une réaction en chaîne. En effet, on venait d'apprendre la défaite des troupes françaises à Reichshoffen. Il fallait accepter la mauvaise nouvelle et surtout trouver un responsable de ces malheurs.



Alain de Moneys qui passait par là allait le payer de sa vie. On l'accusa d'être un prussien alors qu'il était sur le point d'être envoyé au front pour se battre contre eux et qu'il était plutôt le bienfaiteur de ce village.



C'était tout à fait ridicule mais on n'arrête plus une foule en délire qui veut du sang et de la vengeance gratuite tant la haine du pression était palpable dans ce village très reculé de la frontière. Certains ont essayé comme le curé. D'autres comme le maire ont plutôt été lâche (mangez-le si vous voulez). La justice ne laissera pas ce fait impuni.



L'auteur nous présente ce fait divers comme l'une des anecdotes les plus honteuses de l'histoire du XIXème siècle. Après lecture, je confirme que ce n'est pas exagéré. Encore aujourd'hui, il faut se méfier de la vindicte populaire. Une phrase mal comprise et c'est le bûcher dans la plus grande sauvagerie pour celui qui devient le bouc émissaire.



Les faits seront minutieusement reconstitué à la manière d'un reportage assez sordide.



Bref, on va avoir droit au pire de ce que l'humanité peut offrir. Une lecture qui ne sera pas saine et pour un public très averti.

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Mangez-le si vous voulez

J'ai retrouvé toute la puissance du livre de Jean Teulé, avec le dégoût visuel en plus. Un ami qui n'avait pas lu le livre et ne connaissait pas le fait divers a été particulièrement déstabilisé en feuilletant la BD. Il faut dire que ce noir et blanc où les seules touches de couleur sont le rouge sang d'Alain de Moneys poursuivi, battu, torturé par la foule... c'est dérangeant. Mais nécessaire, à mon avis.



Le roman de Jean Teulé a déjà une forte puissance évocatrice. Et rendre cela, ce n'était pas un pari gagné d'avance. Mais le résultat est à la hauteur de l'abomination qui s'est déroulée en cette belle journée d'été 1870 à la foire d'Hautefaye. Sorte d'hallucination collective, de folie de masse, de mouvement de foule, comme on a pu en voir à Abu Graïb par exemple (aux dires des soldats jugés et condamnés). Sur un malentendu, la foule va se mettre à poursuivre Alain de Moneys, fils de riche propriétaire, bien vu de tout le monde et qui a refusé d'acheter un ticket d'exemption pour la guerre contre les Prussiens. Il veut aller combattre. Et c'est toute l'ironie de la chose... il va être pris pour un Prussien dans ce mouvement de folie collective. Car la France subit de lourdes défaites face aux Pruissiens et les paysans ne veulent pas que leurs fils partent à la guerre (cela n'excuse ni ne justifie rien...). Et cette folie est loin d'être passagère... Plusieurs heures durant, il va être torturé, puis sauvé par quelques amis qui voient clair, puis repris et torturé de nouveau, et ainsi de suite. Et il va même être brûlé, cuit et mangé sur des tartines. Il est vrai que la météo est mauvaise, les récoltes désastreuses... mais cela n'excuse rien, bien sûr. Cela fournit un détail macabre de plus à Jean Teulé. Il en raffolait.



Il faut revenir sur ces amis d'Alain de Moneys. Car cela montre un peu d'espoir. Tout le monde ne cède pas à la folie collective. Et je formule le voeux que j'aurais été de ce côté, et non pas de la foule.



Le fait divers est saisissant et dérangeant, malaisant. Tout comme le roman. Tout comme cette BD. Mais cela vaut la peine de s'accrocher jusqu'au bout. Jusqu'au jugement. Jusqu'aux suites plusieurs mois plus tard.
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Mangez-le si vous voulez

Toute l'atrocité dont l'humanité est capable en quelques pages....



J'avais d'abord découvert l'histoire de ce jour maudit pour Alain De Monéys à travers le livre de Jean Teulé.Et déjà à l'époque j'avais été profondément perturbée par cette histoire qui révèle le pire de ce que peut devenir un homme, et d'autant plus quand l'individu devient un groupe... agissant ainsi comme une meute, franchissant allègrement toutes les limites.



J'ai eu cette même sensation d'horreur en parcourant cette bande dessinée. Et si, au début, je n'étais pas enthousiaste sur le style des illustrations finalement je trouve qu'il est parfaitement adapté à l'histoire. Ce noir et blanc ponctué de rouge ne pouvait pas être plus a propos et retranscrit à la perfection toute l'atrocité de ce sordide fait divers.



A lire, ne serait-ce qu'en mémoire de la victime.

Mais accrochez-vous !

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Mangez-le si vous voulez

C'est d'abord le titre qui m'a interpellée. Puis un visuel fort, un homme de dos fait face à une foule armée, le titre rouge sur fond noir. Enfin la 4ème de couverture m'apprend qu'il s'agit d'un fait divers survenu dans le Périgord en 1870. Je n'hésite pas, je sais que ça va être fort.

Une semaine avant son départ pour le front de la guerre franco-prussienne, un jeune noble, fils unique, aimant et aimé de tous, se rend à la foire d'un village voisin pour y chercher de quoi aider ses voisins (une génisse à l'une, un artisan pour réparer le toit d'un autre). Sur le chemin il s'enquit des uns et des autres, a un mot attentionné pour chacun. Il avait les moyens d'échapper à cette guerre, d'envoyer un autre à sa place en échange d'une somme d'agent. Cela se pratique. Mais il n'envisage pas de se soustraire à son devoir, malgré un handicap.

Or les nouvelles du front sont mauvaises. Les fils ne reviennent pas, c'est le déshonneur, l'incompréhension, la colère. Et par un incroyable et absurde quiproquo, cette colère s'abat sur lui. S'ensuit un épisode d'hystérie et de délire collectif d'une rare sauvagerie, avec 100 pages de torture sur 160. On ne comprend pas comment il n'y succombe pas avant, on lui souhaite dix fois de mourir pour ne plus souffrir. C'est très éprouvant. Ames sensibles s'abstenir.

Le dessin, bien sombre, à l'encre noire éclaboussé de rouge sang, est parfait. Une petite bombe.
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Crénom, Baudelaire !, tome 1 : Jeanne

Il y a 202 ans aujourd'hui naissait Charles Baudelaire, l'occasion de se plonger dans ce tome 1 d'une trilogie adaptée du roman de Jean Teulé.



Un tome initial qui commence par la fin, une chute dans l'escalier de l'église de Namur et un mot crié "Crénom"... Avant de dérouler le fil d'une drôle de vie. Entre une enfance collée à sa mère, qu'un militaire lui enlèvera après le décès de son père à un exil forcé sur un bateau vers les Indes.



Pourquoi Baudelaire semble t-il si insupportable ? Le récit montre la genèse de sa folie, d'une rage cynique qui hurle sa poésie du mal à la face des passants. Et le rôle des premières femmes de sa vie, après sa mère bien sûr, dont son soleil noir, Jeanne.



Le dessin de Tino Gelli est sombre et éclatant à la fois. Il dégénère en fonction des humeurs poétiques de l'ignoble Charles, implosant dans des pleines pages ésotériques qui accompagnent les poèmes.



Cette trilogie, initiée par Jean Teulé avant sa mort, montre que la BD peut être une porte d'entrée vers un des plus grands poètes de la langue française. Une opportunité à saisir !
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Patacrèpe et Couillalère, tome 1 : Patacrèpe et C..

Les duos comiques d'animaux peuvent être aussi fascinants que drôles... Patacrèpe et Couillalère, si peu raffinés qu'ils soient n'en réussissent pas moins leurs numéros comique.

Une bd méconnue, qui mérite un détour.
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Mangez-le si vous voulez

C'est l'histoire d'un malentendu.

Mais c'est une histoire vraie.

Dans la cambrousse. Les nouvelles ne vont pas vite. Les couteaux pas les plus aiguisés du tiroir vont se laisser prendre au jeu de la foule en délire et poursuivre, massacrer, torturer, brûler, et même manger celui qui pourtant était leur voisin, sur un quiproquo. Mais ils sont 600, pas moyen de les raisonner. Tout cela au nom de l'Empire déchu depuis 2 mois.

Quand la majorité n'a pas toujours raison.

(les dessins sont surprenants, du noir et blanc et ce sang qui ressort)
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Crénom, Baudelaire !, tome 1 : Jeanne

Portant un amour exclusif pour ne pas dire maladif à sa mère, rebelle à un beau père militaire qui veut le dresser, adepte de ce qu’il a rendu célèbre sous le nom de paradis artificiels, Charles Baudelaire est un noceur dont le goût pour la débauche n’a d’égal que le talent et qui brûle la vie par les deux bouts.







Il s’acoquine avec Jeanne Duval, une jeune métisse dont il fait sa muse, son modèle.











Quand le regretté Jean Teulé s’attaque au mythe Baudelaire, au vu des biographies dont il nous a régalé de par le passé, on ne pouvait qu’être enthousiaste et le résultat fût à la hauteur des attentes.















Amateur de BD, auteur à ses heures et adapté souvent avec bonheur dans le médium, Teulé souhaitait que son roman passe par la case BD (facile, j’avoue!) et avait commencé à y travailler avec Dominique Gélli qui, après la disparition de l'écrivain, continuera le travail épaulé par son frère.

Le premier tome de Crénom Baudelaire (qui sera une trilogie) est une réussite, captant à merveille la verve et le talent de Teulé avec des parti-pris graphiques évoluant en fonction du récitatif et de l'état de son sujet sont parfois un brin déroutants mais fonctionnent fort bien.





Nul doute que Teulé aurait apprécié…et peut-être même que Baudelaire également!
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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Mangez-le si vous voulez

« Et pourtant, nous étions de braves gens »



Une adaptation graphique de « mangez-le si vous voulez » du regretté Jean Teulé qui est à l’image du roman, à savoir très dérangeante, troublante. Elle vient en effet raconter comment, en une journée d’août 1870, une foule de braves gens, tout à fait comme vous et moi, ont littéralement lynché un jeune homme de passage à la foire du village. Ils l’ont lynché, torturé, brûlé, et même mangé.

On pourrait se dire qu’il n’y a que des monstres pour faire cela. Et pourtant cela serait renier l’horrible vérité à savoir que ce sont de braves gens qui ont commis ces actes atroces. Pas de quoi avoir foi en l’humanité.



Jean Teulé, et ici Gelli dans le cadre de cette adaptation en bande dessinée, s’emparent de ce fait pour en faire un récit factuel. Les faits rien que les faits, pour expliquer l’effet de foule, comment un groupe peut basculer dans la violence la plus extrême et ne plus être capable du moindre discernement.



Le style du dessin est assez particulier, dans des tons très gris où ne dénote que la couleur rouge du sang, à mesure que l’on plonge dans l’horreur.



Une BD très dérangeante, très clairement pas destinée à toutes et tous mais qui est intéressante.
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Mangez-le si vous voulez

De qui préférons-nous tenir ? Du chimpanzé ou du bonobo ?



Le roman de Jean Teulé a fait son petit effet en son temps, et je ne suis pas sûr qu'il ait valu à son auteur une grosse côte de popularité de la part des périgourdins ! Il faut reconnaître que les faits, avérés historiquement, ne livrent pas une image paisible des autochtones du nord Dordogne de cette époque. Une image que leurs... descendants(?) n'apprécient sûrement pas qu'on mette en avant...

Une image qui cadre mal avec la douceur de vivre d'une campagne vallonnée réputée pour sa douceur de vivre, le foie-gras qu'on y cuisine, les noix, les cèpes et la truffe qu'on y récolte, le Bergerac , le Pineau, le Cognac ou quelque autre nectar plus ou moins fermenté qu'on y peaufine et consomme avec plus ou moins de modération.



Il est d'ailleurs fait allusion page 24 à un cépage appelé Noah qui entrait à l'époque en Périgord dans la composition des nectars précités. Un cépage goûteux à forte teneur en sucre dont la culture fut interdite et les plants arrachés au 20e siècle, quand le corps médical eût démontré sa toxicité pour le système nerveux après fermentation...



Il faisait chaud cet été là, en 1870. Très chaud, même. La sécheresse sévissait depuis des mois et pour la population rurale locale c'était une calamité. A la foire de Hautefaye où traînaient quelques centaines de badauds, une bonne poignée de soiffards s'était déjà pas mal consolée avec une cuvée de Noah, précisément.

Concours de circonstance, c'est à ces soiffards qu'Alain de Money dut son calvaire et son incroyable supplice, pour une allusion à la guerre qu'il fit sans penser à mal et que ces quelques excités prirent pour du défaitisme. Et quel calvaire, quel supplice ! Roué de coups des heures durant, torturé puis brûlé et enfin même un peu mangé, on peine à le croire et c'est pourtant vrai !

Le plus incroyable dans cette histoire c'est l'effet boule de neige, car cette poignée de furieux "patriotes" entraîna vers la complicité active un nombre invraisemblable de suiveurs qui torturèrent toute une longue après-midi d'été ce pauvre De Money, le traînant de place en place pour un chemin de croix pour le moins... diabolique.

Mettre ce chemin de croix en images était une gageure et Gelli s'est mesuré au défi avec brio, je trouve. Son graphisme schématique monochrome est très efficace en noir et blanc, "rehaussé" de moins en moins discrètement par des éclaboussures de rouge, bien sûr.

La dramaturgie franchit les limites du supportable avec notamment l'orgie meurtrière collective dans la bergerie, "agrémentée" d'une scène de copulation très...dérangeante. On se demande s'il fallait oser les images mais Gelli l'a fait, jusqu'au bout, jusqu'au bûcher, jusqu'au cannibalisme.



A-t-il bien fait ? Je ne sais pas.

Ai-je bien fait de prendre cette BD dans ma petite bibliothèque du nord Dordogne où je vis ? Je ne sais pas.

Quoi qu'il en soit, fasciné, j'ai lu et regardé jusqu'au bout, incrédule bien que je connaisse l'histoire, bien que j'aie lu le livre de Teulé et vu à Paris la pièce qu'il en a tirée.

La mise en images est ici au moins aussi efficace, sinon plus, que le livre et la pièce ! Oui, avec sa BD, l'audacieux Gelli m'a chopé plus encore que ne l'avait fait Teulé, je crois.



Les faits-divers sordides ont un indéniable pouvoir d'attraction pour nombre de citoyens ordinaires, dont je suis pour le coup.

Peut-être se demande-t-on inconsciemment l'attitude qu'on aurait eu, si on avait été mis en présence d'une telle folie collective ?



L'homme, parfois bonne pomme, est aussi parfois un drôle de... bonobomme !

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Patacrèpe et Couillalère, tome 2 : Présidents du ..

Couillalère s'estime être devenu président du monde. Pour que tous les hommes soient égaux, il veut tous les mettre en prison. Mais cela semble peu réaliste car il faudrait des gens pour les garder. Si la moitié est prisonnière pendant que l'autre est gardienne, ce n'est plus l'égalité. Il ne veut pas non plus que Patacrèpe soit co-président ou vice-président. Il veut garder le pouvoir pour lui tout seul et flanquer en prison son ami.

Dans cet album, Tronchet va encore plus loin dans l'absurde, le non-sens et le surréalisme. Il en arrive à humaniser le ravioli, à trouver un ravioli qui mène une campagne électorale et devient président des raviolis avec des dialogues loufoques du genre : « Patacrèpe, il ne faut pas juger sur les apparences... car souvent l'essentiel est à l'intérieur !

- Oui, comme pour les raviolis !

- Exactement ! Le ravioli, il paie pas de mine mais quelle richesse intérieure !!! » Une BD hilarante pour qui apprécie un style d'humour très particulier et à ne pas prendre au pied de la lettre bien sûr.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Mangez-le si vous voulez

« Mangez-le si vous voulez » est une histoire absolument affreuse et encore plus lorsque l'on sait que c'est un fait réel, arrivé dans une petite commune française de Dordogne, en 1870.

Voici le récit d'un homme pris dans une terrible méprise, par une foule devenue folle et qui va vivre aux heures les plus sombres de sa vie, l'impensable.



Le dessin au trait fin est en noir et blanc avec des nuances de gris, à cela s'ajoute du rouge sang qui vient par saccades augmenter la violence du récit... Au fil des pages, les floues nous absorbent et nous emportent dans la noirceur de l'oeuvre.



C'est un livre dont l'histoire nous a rappelé le « Rapport Brodeck » de Manu Larcenet, d'après le roman de Philippe Claudel, sauf qu'ici, nous vivons le drame à son heure la plus horrible. Il nous a fait penser aussi pour l'injustice vécue au livre de Thomas Gilbert « Les filles de Salem » mais en plus violent. ⠀⠀



C'est un récit absolument glaçant qui nous laisse dans la stupeur et l'effroi. À découvrir, mais à ne pas mettre entre toutes les mains.
Lien : https://www.instagram.com/bd..
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Mangez-le si vous voulez

En 1870, une semaine avant de partir à la guerre contre la Prusse, et alors qu'il se rend à la foire d'un village voisin, Alain de Monéys qui est normalement ami de tous, est brusquement désigné comme l'homme à abattre. En l'espace de deux heures, il sera poursuivi, battu, torturé puis brûlé vif par des centaines de personnes. Pourquoi cette rage et cette violence? C'est un malheureux quiproquo qui vient relancer la colère de la foule contre la guerre, la Prusse, et les prussiens.



J'ai lu Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé il y a des années. Je me souviens d'une lecture qui m'avait retournée et révoltée. Je remercie Babelio de m'avoir permis de me replonger dans cette horrible histoire, cette fois-ci sous forme de BD.

Pour reparler brièvement de l'histoire, c'est une histoire forte et révoltante. Encore plus lorsqu'on sait que ce qui est raconté c'est vraiment déroulé. On assiste à un déferlement de violence, une montée crescendo de la folie de la foule qui semble de plus se rendre compte de rien, à part de leur colère. Cette violence retombe le lendemain puis dans les jours qui suivent lorsque les procès commencent.

L'horreur et l’écœurement sont intensifiés par les illustrations. En effet, en lisant le roman de Teulé, on ne peut qu'imaginer les tortures subies par Alain de Monéys. Avec ce roman graphique, on les voit.

Les illustrations sont très bien faites, dans un style réaliste mais en même temps en toute simplicité. On sent monter la violence et la folie de la foule avec des illustrations qui deviennent plus fortes, plus horribles, changeant parfois les visages humains par des créatures. Je pourrai même dire que certaines illustrations font peur. Toutes les illustrations sont en noir et blanc, toutefois des touches de couleur j'ajoutent, notamment le sang qui est en rouge. Et plus on avance dans le roman graphique, plus la présence du rouge s'intensifie, montrant encore la violence et la cruauté de ce qui est infligé à Alain.



C'est une lecture très dure, d'autant plus avec les illustrations qui sont très fortes et qui ne cachent rien. Âmes sensibles s'abstenir!
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Mangez-le si vous voulez

Je remercie tout d'abord Babelio ainsi que les éditions Belcourt pour cet ouvrage.



Ayant lue (et fortement appréciée) récemment le roman de Jean Teulé, relatant la dernière journée de ce cher Alain de Monéys, j'ai été très contente de recevoir ce roman graphique. En lisant le roman, il était difficile d'imaginer les tortures qu'à pu subir ce jeune notable. Dominique Gelli l'a donc fait pour nous.



Cet album est incroyable, terrible à regarder bien souvent car nous faisons face à des tortures inimaginables. On en vient souvent à se demander comment il est possible qu'Alain de Monéys soit resté en vie aussi longtemps après tout ce qu'on lui à fait subir. Du moins, jusqu'à ce que celui-ci soit brûlé vif, évidemment.

Dur de se dire que ceci soit réellement arrivé.

Comment une foule peut devenir bestiale à ce point, à en oublier l'identité de leur voisin, pour finir par manger sa propre graisse fondue par les flamme, sur du pain finement tranché

Quelle horreur.



Les dessins quant à eux sont un mélange de finesse et de brutalité. Tantôt raffinés, tantôt vaporeux, cela ressemble à un songe brumeux et tragique.

L'illustrateur a su mettre en avant la bestialité de la plupart de ces villageois criminels, déformant leurs traits par la folie et la psychose.

Ce roman graphique est par ailleurs en noir et blanc.

Nous verrons parfois des touches de couleurs, qui accentuent la brutalité et la douleur. Les choses les plus sales, tortueuses, sont en couleurs. Le sang est rouge et le feu bel est bien jaune par exemple, au lieu d'être en noir et blanc.



Un très bon roman graphique, à ne pas mettre entre toutes les mains toutefois.

Si vous l'osez toutefois, prenez une grande respiration et foncez voir la monstruosité de l'être humain dans toute sa splendeur.




Lien : https://ivresse-livresque.bl..
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Mangez-le si vous voulez

Ce roman illustré sur la mort d'Alain de Moneys un jeune homme plein d'ambition qui malgré son handicap allait faire les guerres napoléoniennes envers la prusse. Mais 2 jours avant de partir il lui fallu aller à la foire d'Hautefaye un petit village périgourdin. Et ce jour lui fut fatidique il fut lynché, torturé, brûlé vif et même mangé comme un vulgaire animal donner ne pature. Comment un telle frénésie a pu prendre les habitants de ce petit village et comment rien n'a pu être fait ce roman graphique signé Gelli reprend le roman de Jean Teulé.

Mon avis : c'est un livre plus que compliqué je n'ai pas été attirée par les dessins mais je voulais connaitre le psychologique derrière cette folie humaine qui a pris des centaines de périgourdin. Cette folie qui les a conduit a tuer un homme de sang froid. J'ai été bouleversée et je n'ai pas pu m'arrêter de lire et de passer ces images aux peignes fins pour remarquer les traits tirés des personnages mais surtout de Alain lui qui subi les revers d'une bien triste histoire.
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Mangez-le si vous voulez

Une BD insoutenable dont on ne peut pourtant se défaire.

Servie par un puissant dessin noir et blanc au lavis parsemé de rouge sang, l'histoire est celle d'un fait divers de 1870 rendu célèbre par Jean Teulé dans son roman éponyme.

Tout part d'un "mal entendu" qui va conduire une foule galvanisée à poursuivre un homme profondément bon et à le mener vers une fin inéluctable malgré un petit groupe d'hommes qui tentera inlassablement de le sauver.

La foule devenue bête indomptable assoiffée de vengeance s'acharne sur cet homme qui incarne l'ennemi prussien.

La haine est palpable autant que l'écho au monde contemporain qui, à travers l'effet incontrôlable des réseaux sociaux nourrissent certains de "fake news".
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