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Critiques de Dominique Maisons (237)
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Respirer le noir

Voici déjà le quatrième tome de cette collection délicieusement noire, développée autour de nos cinq sens et cette fois dédié à celui de l’odorat. Après « Ecouter le noir », « Regarder le noir » et « Toucher le noir », Yvan Fauth du blog littéraire EmOtionS nous invite donc à « Respirer le noir » en compagnie d’auteurs de renom, le temps de douze nouvelles qui devraient pouvoir réconcilier les plus sceptiques avec le genre.



1. R. J. Ellory – le parfum du laurier-rose

Qui de mieux que le maître du noir et grand fidèle de cette collection pour ouvrir ce bal olfactif ? R.J. Ellory invite à suivre les pas d’Anderson, un ancien policier qui sort de prison après une très longue détention pour un crime dont les souvenirs et les odeurs le poursuivent. Une histoire enveloppée d’un parfum de vengeance où l’odeur du sang se mélange régulièrement à celle du laurier-rose. Un récit parfaitement maîtrisé mêlant justice et crime !



2. Sophie Loubière – Respirer la mort

Déjà présente dans « Ecouter le noir », Sophie Loubière raconte les déboires de Willy, qui a développé un odorat hors norme suite à un accident de jeunesse. Un très bon récit qui débute la tête enfoncée dans une bouse de vache et qui développe des capacités olfactives pour le moins surprenantes au fil des pages…



3. Franck Bouysse – Je suis un poisson

Nouveau venu au sein de cette collection, Franck Bouysse se base sur une pathologie certes rare, mais bel et bien réelle pour nous conter le calvaire d’un homme atteint du Fish-Odor Syndrom. Malgré une chute assez prévisible, j’ai particulièrement apprécié la superbe plume de cet auteur qui invite à partager la solitude de cet individu souffrant d’un manque d’amour, incapable de nouer des relations sociales à cause de l’odeur nauséabonde qu’il dégage…



4. Mo Malø – Cristal qui sent

C’est sans grande surprise que Mo Malø décide de nous emmener au Groenland, région qu’il affectionne particulièrement au cœur de ses romans, pour une expédition visant à retrouver le carnet d’expédition d’un climatologue disparu depuis 90 ans. Un décor qui a le mérite de rafraîchir un peu le lecteur en cette période de canicule et un périple enneigé qui va révéler l’existence d’un cristal diffusant une odeur qui rend vite accro. Un bon récit dont la thématique se rapproche peut-être très/trop fort de la nouvelle de Sophie Loubière…



5. Dominique Maisons – Deux heures et trente minutes

Cet auteur que je découvre à l’occasion de cette nouvelle nous emmène dans les coulisses de l’Elysée, où la découverte d’un corps va mettre les sens de la sécurité nationale en alerte. Une enquête certes classique, mais parfaitement maîtrisée et un auteur dont je note le nom.



6. François-Xavier Dillard – Happy World

Ah, la voilà, la nouvelle qui va vous faire tourner les pages un peu plus vite et augmenter votre rythme cardiaque. « Happy World » est un parc d’attraction où une famille de quatre s’apprête à passer une journée de rêve…sauf qu’un étrange commando s’apprête à y perpétrer un attentat terroriste. Le bon père de famille que je suis a retenu son souffle en suivant les efforts de ce papa essayant de sauver sa famille… Une montagne russe d’émotions ! Bravo François-Xavier Dillard (« Prendre un enfant par la main ») !



7. Adeline Dieudonné – Glandy

L’autrice de l’excellent « La Vraie Vie » partage toute la misère d’Alexandre Glandy, un homme amoureux qui noie sa misère dans l’alcool. Si cette nouvelle parvient à restituer les odeurs fétides liées à la condition de cette homme désagréable buvant le peu d’argent que sa femme tente de mettre de côté, je n’ai malheureusement pas accroché à cette histoire. Probablement que l’incapacité de pouvoir m’attacher à un tel personnage n’y est pas étranger…



8. Hervé Commère – le monde d’après

Hervé Commère dresse le portrait d’une petite bourgade sur le déclin depuis que l’unique entreprise du coin a été contrainte de fermer ses portes. Si L’auteur de « Sauf » décrit avec grand brio l’amertume et les difficultés des habitants de ce bled croulant sous le chômage, le lien olfactif de cette nouvelle m’a par contre semblé bien léger. Bien aimé !



9. Vincent Hauuy – Miracle

Vincent Hauuy (lisez le « Le tricycle rouge » !) propose une nouvelle plus futuriste qui invite à plonger dans le cerveau d’un meurtrier comateux afin d’élucider un meurtre. Un récit d’anticipation qui invite le lecteur à découvrir la mémoire des odeurs afin de résoudre une enquête. Pas mal.



10. Jérôme Loubry – Les doux parfums du cimetière

Cette nouvelle de Jérôme Loubry (lisez « Les refuges » !) se déroule dans un cimetière en compagnie d’un gamin venant régulièrement se recueillir sur la tombe de sa mère. Si l’environnement sied donc parfaitement à l’ambiance noire de cette collection, le récit s’avère cependant le plus lumineux de tous. Outre ce petit garçon particulièrement attachant qui associe les autres visiteurs endeuillés à une odeur spécifique, j’ai beaucoup apprécié l’humanité qui accompagne ce petit conte tendre et poétique.



11. Chrystel Duchamp – L’amour à mort

En trois chapitres très courts, l’autrice de « Le sang des Belasko » et « Délivre-nous du mal » invite à suivre les déboires d’un homme victime d’une rupture amoureuse, qui passera du paradis à l’enfer via un passage par le purgatoire, poursuivi par l’odeur d’un bien étrange hôpital. Surprenant !



12. Barbara Abel & Karine Giebel – Petit nouveau

S’il y a un duo que l’on prend grand plaisir à retrouver au sein de cette collection qui m’aura incité à lire des nouvelles, c’est bien celui-ci ! Un récit à quatre mains inspiré d’un fait réel, qui réunit une nouvelle fois deux reines du polar, l’une française, l’autre bruxelloise. La cerise sur le gâteau, la touche finale de noirceur qui vous invite à refermer cet ouvrage la peur au ventre, presque avec l’envie de remettre cet horrible masque et à vous désinfecter les mains toutes les deux minutes, juste au cas où quelque chose de pire que le COVID viendrait menacer notre société… Brillant !



Ancré dans les problématiques de notre société actuelle grâce à plusieurs nouvelles très proches de la réalité, « Respirer le noir » propose des nouvelles certes inégales, ce qui est inhérent au genre, mais dans lesquelles je vous invite néanmoins à plonger le nez, surtout dans celles de François-Xavier Dillard et de Barbara Abel et Karine Giebel. Personnellement, je me prépare à goûter à nouveau du noir avec le cinquième et dernier volet de cette collection.



Et si vous n’avez pas encore eu votre dose de nouvelles, je vous invite vivement à lire « Chambres noires » de Karine Giebel… du très haut de gamme !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Avant les diamants

La Chasse aux communistes est ouverte à Hollywood en 1953. McCarthy, ses Beagles puritains et ses Setters ascétiques traquent faucilles et marteaux dans les boîtes à outil des scénaristes et acteurs. Chasse à la cour de la Galinette à paillettes. Le seul rouge qui est autorisé par les comités de censure, c’est celui du sang versé par les faux indiens dans des westerns de série B.

Les grands studios étant jugés trop indépendants et réfractaires à une propagande trop apparente, l’armée, lassée du subliminal, charge deux agents, un accro aux courses et une jeune femme dopée aux grands principes, d’engager un producteur de navets, Larkin Moffat, pour réaliser un film de genre dopé au patriotisme. L’opération est financée par la mafia et une valise de deux millions de dollars est confiée à Moffat, avec la bénédiction d’un représentant de l’église, gardien de la morale dans la cité des anges, farouche apôtre des ligues de vertu catholique et amateur de jeunes acteurs. Pléonasme.

Le problème de ce Moffat, c’est qu’il est incontrôlable, ambitieux à outrance, pervers et d’une jalousie pathologique vis-à-vis de sa maîtresse, Didi, qu’il veut imposer en tête d’affiche.

Tout l’opération va déraper et révéler la face cachée d’Hollywood, l’exploitation des acteurs par le système, le despotisme des patrons des Majors, la comédie de la vraie vie où les gentils et les méchants boivent dans le même verre à la santé du rêve américain. Il n’y a pas un personnage pour rattraper l’autre, de la Pin-up arriviste gonflée à bloc au réalisateur maudit , du proxénète Siffrédien au sheriff raciste, ils barbottent gaiement dans leurs turpitudes.

Du stupre façon Ellroy à la violence Tarantinesque, le roman de Dominique Maison m’a impressionné par son rythme et sa mécanique irréversible. Tous les personnages de ce polar magistral traversent l’histoire comme un mec bourré qui veut quand même prendre sa voiture à la fin d’une soirée arrosée. Tout le monde sait que cela va mal finir mais le gars se sent invincible, porté par un destin, jusqu’au premier platane.

Dominique Maisons filme les coulisses, les décors en carton, les acteurs sans leur costume, en mêlant au générique, Errol Flynn, Clark Gable, Franck Sinatra et surtout l’irrésistible Hedy Lamarr, qui vole la vedette aux êtres de fiction du roman et tire la couverture à elle, au propre, au sale comme au figuré. Leur dernière séance. Les étoiles ne brillent que la nuit et ces stars désabusées entretiennent leur légende en multipliant les excès en fricotant avec des mafieux, attirés par la lumière. C’est l’ «Hollywood Babylone » de Kenneth Anger.

Grand Roman noir backstage qui décortique le mythe hollywoodien et qui décrit cette volonté d’instrumentaliser la machine à rêve pour manipuler les masses. Un régal et un final apocalyptique.

Coupez ! C'est dans la boîte !







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Tout le monde aime Bruce Willis

Je remercie Babelio et les Editions de la Martinière pour cette découverte d'un auteur dont les précédentes oeuvres ont été récompensées de plusieurs prix.

Qu'en est-il de son nouvel opus ?

Son héroïne, Rose Century, une jeune femme particulièrement séduisante, est une étoile montante du cinéma américain, mais elle semble vouée à s'autodétruire, " à s'isoler, à jeter l'opprobre sur son nom et sur ses proches ".

On ne peut pas dire que Rose soit entourée par une famille très affectueuse : un père autoritaire et ambitieux que Rose rend responsable du suicide de sa soeur, une mère passive, un frère indifférent...

On suit donc dans une première partie la vie hollywoodienne d'une future star, vie qui finalement ne s'avère pas particulièrement réjouissante, ainsi que ses frasques qui font les délices de la presse à sensation. Et justement, Rose est suivie par un agent de sécurité chargé d' "effacer" les épisodes les plus scabreux qui pourraient nuire à sa carrière ou à l'ascension politique de son père.

Alors, quand Rose pète les plombs et tente de se suicider, "on" décide de la neutraliser et Rose se retrouve "soignée" dans une singulière communauté…

J'ai eu quelque difficulté à m'attacher au personnage de Rose dans la première partie du roman, qui m'a d'ailleurs laissé une certaine impression de déjà-vu car elle évoque une réalité connue : le milieu du cinéma n'est pas forcément le milieu le plus épanouissant, les prédateurs sexuels sont à l'affût (mais ils vont être obligés de se faire plus discrets après l'affaire Weinstein) et les "pétages de plomb" y sont nombreux.

Mais les parties suivantes sont beaucoup plus intéressantes et mouvementées, et le suspense monte en puissance jusqu'à une fin aux rebondissements inattendus.

Ajoutons que l'écriture de l'auteur est nerveuse, sans temps morts, et que le personnage de Rose acquiert une certaine consistance dans les épreuves qu'elle doit surmonter, et on aura au final un thriller plutôt réussi.



P.-S : mais au fait, quel rôle joue Bruce Willis dans cette histoire ? Il faut attendre la fin pour le découvrir !
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On se souvient du nom des assassins

Tout d'abord, j'aimerais remercier Babelio et les éditions de la Martinière de me faire découvrir ce "Prix Griffe noire du meilleur roman historique 2016".

"L'Aliéniste" de Caleb Carr a trouvé son successeur ! - promet (ou avertit) la quatrième de couverture; et il se trouve que j'ai bien apprécié ce livre...



Mettons donc un peu d'ordre dans tout ça, en commençant par la "Griffe noire" - tout à fait; même si elle trempe parfois dans le sang en ketchup du Théâtre du Grand Guignol.

"Roman historique" - oui et non; cela se passe à Paris en 1909, l'atmosphère de la Belle époque y est rendue à merveille, on y rencontre les personnages historiques ( Binet, Hennion, Leroux, Crowley, Méliès) et on apprend un tas d'anecdotes - mais on ne sort que rarement du cadre de cette enquête rocambolesque. Tout au plus, on sent la menace de la Grande Guerre qui se profile en sourdine à l'horizon.

En ce qui concerne la comparaison avec le sombre récit de Carr, les moteurs de tri babéliotes vous proposent "Fantômas" de Souvestre à la place, et ils ont en partie raison !



Prenez Sherlock Holmes, Rouletabille et Auguste Dupin, ajoutez-y un peu de dandysme à la Brummel - et voici Max Rochefort - un écrivain à la mode, adulé de tout Paris, auteur des célèbres aventures de "commissaire Nocturnax". (Nocturnax !! Comment rester insensible...?!)

Giovanni, un jeune homme issu de la communauté pauvre des immigrants italiens de Belleville, qui travaille comme "un homme à tout faire" pour le journal "Le Matin" devient son assistant...

... sans savoir que bientôt, tous les deux vont s'embarquer dans une aventure digne des meilleurs épisodes de "Nocturnax" !



Qui est-ce qui a assassiné le cardinal Berdoglio d'une façon atroce dans sa chambre d'hôtel, en maculant les murs de signes occultes et mystérieux tracés par sa propre hémoglobine ?

Est-ce la douce Justine, la femme de chambre, pour laquelle notre Giovanni s'enflamme d'une passion tendre et soudaine ?

Afin d'innocenter la malheureuse, et par le goût d'aventure, Giovanni et Max mènent une enquête parallèle avec le commissaire Juvard, le membre des célèbres Brigades du Tigre.



Et vous en avez pour vos sous ! Les poursuites en dirigeable, les poursuites dans les égouts parisiens, les poursuites avec les premières voitures, les cagoules en cuir bien enfoncées et quarante au compteur (...j'exagère, vous apprendrez que ça allait bien plus vite, ces engins de l'époque !); les asiles d'aliénés et les demeures obscures, les sociétés secrètes, les déviations psychiques....

Sur le principe de "rasoir d'Ockham", Max parvient très vite à élucider le mystère de "comment"; et sur le même principe le lecteur devine aussi le "qui & pourquoi" bien avant la fin, mais dans ce cas là, peu importe !

L'aventure prend l'allure d'un cheval au galop et on veut être dans les premières loges pour assister à sa fin spectaculaire.

Tant pis pour la tournure finale improbable et romanesque, où le Paris de Clemenceau avec sa clarté haussmannienne et le Paris sombre et souterrain des feuilletons de "Nocturnax" commencent à se confondre...

.... on en ressort avec un souvenir d'une lecture d'aventure extrêmement plaisante, avec quelques renseignements très intéressants sur cette curieuse époque en prime !



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Respirer le noir

Respirer.

Profondément.

Emplir d'air (et de tout ce qu'il contient) mes poumons, ouvrant mes narines, gorge envahie, torax déployé... Je respire.

Un bon coup.

Pour retrouver mon calme.

Pour ne plus trembler.

Pour tourner ma langue sept fois dans ma bouche.

Pour remettre mes mains dans mes poches.

Avant de faire des bêtises que je pourrais regretter.

Envie de meurtre!!!



Que c'est difficile d'être adolescent...

Plus difficile encore, c'est d'être maman d'une adolescente!

Je sais de quoi je parle: allez, debout, c'est l'heure de te lever!

Ramasse tes chausettes!

Lâche donc ton portable, il est presque minuit!

Non, à 14 ans, tu n'as pas besoin d'un compte sur Instagram (sur Babelio, d'accord... Tu ne parles pas français? Et après?).

Non, à 14 ans, tu n'as pas l'âge d'aller boire un coca avec tes copains après 20 heures....

Parles-moi sur un autre ton: je suis ta mère!

Grosse? Mais non, tu n'es pas grosse: 55 kilos pour 1,62 m. Tu es folle!



Respirer le noir. Encore un recueil de nouvelles qui accompagne ma pause-dejeûner (z'avez qu'a lire mon billet sur "Exils"... Je ne vais pas me répéter, tout de même!).

Après avoir "Écouter le noir" que j'avais apprecié malgré une nouvelle qui m'a completement échappée, j'ai mis un certain temps à me replonger dans ce genre de littérature "courte". Pause-dejeûner oblige, donc.

Bien qu'inégales, comme dans tout recueil de nouvelles, j'ai trouvé leur niveau excellent. Peut-être parce que le "Noir" a une odeur. le malheur et la mort se sentant à mille lieues à la ronde, il a semblé plus "simple" ou plus "évident" aux auteurs de créer une nouvelle "noire" tournant autour de la respiration et/ou de l'odorat.

Résultat: inspirées (c'est le cas de le dire, puisqu'elles s'y prêtent), chaque nouvelle se respire, se hume ou coupe le souffle! J'ai même retenu ma respiration...

Bravo à Adeline Dieudonné qui m'a rappelé "Le parfum". J'ai sentis les remugles décrits si nettement que j'ai eu du mal à avaler mon potage!

La nouvelle de Mesdames Karine Giebel / Barbara Abel, duo imbattable ne pouvait qu'être parfaite. Je l'ai lue le souffle court, "aspirant" (ben, oui...) à ce qu'elles épargnent les "gentils", sans savoir qui allait périr. J'aime déjà beaucoup la plûme de chacunes de ces dames séparément. En tandem, c'est formidable. Elles ne sauraient faire autrement. À noter: le talent de ce duo pour planter un décor, installer une ambiance et "parfumer" l'atmosphère d'angoisse, sur un format aussi court qu'une nouvelle, mais avec le brio dont elles usent et abusent quand elles écrivent des romans, textes beaucoup plus copieux. Bref, une réussite! Et la petite pique politique (aaaah...le nom de ce toutou!!). Impayable!



Et maintenant? Comment lier mon intro et mon envie de meurtre avec l'ado de mon deuxième paragraphe? Oui, c'est bien elle que j'ai envie d'étrangler. Et pourtant, c'est ma fille, la chair de ma chair, le fruit de mes entrailles (ma fille, ma bataille, j'voulais pas qu'elle s'en aille... Merci Balavoine...).

Mère indigne? Monstre-maman?

Noooon!

Je voudrais l'étouffer... de baisers, la serrer sur mon coeur à lui couper le souffle, la porter tout contre moi pour sentir son parfum de bébé devenu grand.

Elle est née au début d'une chaude nuit d'octobre, pendant un été indien comme il y en a souvent au Portugal. L'accouchement (très compliqué...) ne s'est pas du tout passé comme je l'avais imaginé pendant les mois de ma grossesse (mais ça, c'est encore une longue histoire...). Quand, vers trois heures du matin, la sage-femme nous a emmenées du bloc opératoire jusqu'a notre chambre, elle a pris soin de coucher ma princesse à mes côtés, tout près de mon coeur, au creux de mes bras... Et jusqu'au matin, j'ai caressé son petit nez retroussé pour sentir sa douce respiration et m'assurer qu'elle était bien vivante...



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Avant les diamants

Los Angeles 1953, Larkin Moffat, producteur de seconde zone dans l'industrie du cinéma, se cantonne dans des westerns où le principal acteur est un vieux comédien sur le déclin. Il est contacté par Chance Buckman et Annie Morrison des militaires. Leur mission est de produire et lui faire réaliser des films mettant en scène l'armée pour en faire la propagande et diffuser une image positive, destinée à séduire les jeunes susceptibles de s'engager, la société de production l'AFE - l'American Family Entertainment venant d'être créée à cet effet. L'occasion est trop belle pour Larkin, ambitieux et prêt à tout, qui se voit attribuer deux millions de dollars et y trouve l'opportunité de placer sa jeune maitresse Didi Brumelle dans le rôle principal. C'est sans compter avec Jack Dragna, un maffieux sur le retour qui finance le projet, et qui lui, souhaite imposer Liz Montgomery, sa protégée, dans le premier rôle féminin. De son côté le père Starace, bien introduit dans le milieu du cinéma, écume les réunions et les manifestations des producteurs et réalisateurs pour collecter des fonds destinés à financer ses actions de bienfaisance, mais dans cette époque baignée par le Maccarthysme, il n'est pas bon d'être homosexuel. C'est lors d'une de ces soirées que Jacinto, son jeune amant latino sympathise avec Liz et Didi, les deux femmes se sentant attirées l'une par l'autre. Les évènements vont se précipiter, le magot de deux millions devenant l'objet de tous les désirs.



Avant les diamants est une sorte de fresque noire et cynique du cinéma ou plutôt de ses dessous sordides où tous les coups sont permis entre promotions canapé, de plein gré ou sous contrainte, parties fines où drogues et stupéfiants coulent à flot, autant que l'alcool, photos compromettantes servant de moyens de chantages, élimination de starlette de façon sadique, tous les moyens les plus bas et cruels sont bons pour arriver à ses fins - obtenir un rôle ou la réalisation d'un film. Avant les diamants est donc une vision au vitriol de l'industrie américaine du cinéma, sous le joug des producteurs eux-mêmes pilotés par les agences gouvernementales - en tète l'armée - pour véhiculer le bien fondé d'une politique ou d'un style de vie, le tout sous censure du Maccarthysme.

Même si la galerie de personnages est bien incarnée, j'ai trouvé le récit très froid, un texte à charge qui probablement aborde des problématiques réelles mais qui m'a oppressée. Servi par une écriture au scalpel, le roman est épuisant dans la cruauté et le cynisme, avec des séquences de sadisme, des personnages bien dessinés mais peu sympathiques

Très noir et très crû.
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Respirer le noir

S'il continue dans cette veine, Yvan Fauth (alias mon ami @Gruz sur Babelio) va vraiment me rendre accro aux nouvelles, moi qui n'en lisait presque jamais il y a deux ans à peine ! Mais depuis qu'il m'a fait découvrir cette collection autour des sens qu'il dirige avec brio, je viens réclamer ma dose à chaque nouvelle parution. Et pour mieux s'assurer de ma dépendance, ce diable d'homme a eu une idée imparable à l'occasion de la parution du quatrième opus : organiser un concours sur son blog EmOtionS, dont le gagnant remporterait un exemplaire de "Respirer le Noir" dédicacé par chacun des 13 auteurs, rien que ça ! Et devinez quoi : j'ai gagné ! Dès lors, j'étais foutue...



Ah, il faut que je m'interrompe ; je viens de sentir une délicieuse odeur, oubliée depuis des mois ici : la PLUIE ! Je vais respirer cette fragrance digne des meilleurs parfums, après tant de sécheresse, à plus tard.



(15 minutes plus tard) Voilà c'est déjà fini, mais je m'en suis mis plein les narines ! Mais revenons à d'autres effluves, plus ou moins ragoûtants selon les textes.



Premier invité : R.J. Ellory himself, dans "Le parfum du laurier-rose", cette fleur "à la fois belle et mortellement vénéneuse". Andersen était un bon policier. Mais il a tué. Et pendant 29 ans, c'est l'odeur du sang qui le poursuivra du fond de sa cellule. Sauf parfois en rêve, où une petite victime innocente lui enverra le doux parfum abricoté du laurier-rose. Mais Andersen a purgé sa peine... Une de mes nouvelles préférées, où l'empathie ne va pas nécessairement là où on l'attendrait.



Sophie Loubière vient ensuite nous faire "Respirer la mort". Pas très engageant, présenté comme ça ! Surtout que ça commence par la tête d'un gamin enfoncée dans une bouse par son grand frère... En grandissant, Willy (l'embousé) développe des capacités olfactives extraordinaires, et parfois très gênantes : "tu sens la sardine", dira-t-il un soir à son père rentré plus tard qu'à l'accoutumée. Las, c'était plutôt la morue, comme le comprendra la mère ! Mais ce sens surdéveloppé va peu à peu prendre une place bien trop importante dans l'existence de Willy... Excellent texte également, qui figure dans mon top 5.



Franck Bouysse va m'emmener en territoire plus connu, en évoquant la triste vie d'un individu atteint du Fish-Odor Syndrom dans "Je suis un poisson". Je connaissais déjà cette affection par le biais d'un roman jeunesse ("la fourmi rouge" d'Emilie Chazerand") et je m'attendais donc à ce que l'auteur nous décrit de la vie sociale plutôt limitée des victimes de ce syndrome. Par contre la conclusion...chapeau ! Elle résonne d'ailleurs avec la fin du texte précédent, et avec une actualité pas encore enterrée. Un peu court à mon sens, mais Franck Bouysse a eu du nez !



"Cristal qui sent" de Mo Malo (tiens : ça m'évoque un autre cristal, celui de Théodore Sturgeon pour les férus de SF, et le clin d'oeil est certainement voulu !). Je ne connais pas encore cet auteur, mais il semble que ses romans se déroulent souvent dans le Grand Nord. ce texte ne fait pas exception, nous y suivons une expédition cherchant à localiser la sépulture de Villmussen, dernier compagnon de route d'un explorateur dont la mission s'était achevée tragiquement. Au cours de leur périple, ils vont tomber sur un mystérieux rocher doté d'une propriété inédite : il "sent". Et après en avoir réalisé un prélèvement, leurs propres capacités olfactives vont se modifier d'une façon incroyable. Et justement, je n'y ai pas vraiment cru, je n'ai pas réussi à rentrer dans cette histoire, peut-être parce qu'il faisait environ 40° à l'extérieur quand je l'ai lue ?



Changeons de décor avec "Deux heures et trente minutes", et partons pour le palais de l'Elysée, avec Dominique Maisons, auteur encore inconnu pour moi. Il y fait bien plus confortable, l'atmosphère y est feutré, mais un drame vient de s'y produire, qui pourrait menacer la sécurité de la nation tout entière. Et notamment son jeune dirigeant, dont l'évocation m'a fait sourire. retenez votre respiration, sinon tant pis pour vous ! Une nouvelle un peu plus légère, plaisante, mais qui ne marquera pas durablement ma mémoire, olfactive ou autre.



Mais la suivante, attention, là on entre dans du lourd ! Et pourtant François-Xavier Dillard nous emmène dans son "Happy world", un parc d'attraction qui m'a rappelé "Europa-park", un endroit de rêve où comme le héros, j'aimais emmener ma petite famille lorsque nos enfants étaient plus jeunes. Le seul inconvénient de ces endroits, c'est qu'il faut faire d'interminables queues pour profiter des attractions les plus prisées. Et ça, Nicolas (le papa) ne le supporte pas. Samia (la maman) va donc se dévouer et poireauter dans la file d'accès du Speed Mountain, le dernier-né des manèges du parc. Pendant ce temps-là, Nico et les enfants vont faire un petit tour dans ces grosses bulles transparentes qui roulent sur l'eau, ça a l'air trop fun !

Pendant ce temps-là, un commando de sinistres individus s'apprête à diffuser le contenu de mystérieuses bonbonnes par le circuit d'irrigation du parc... Comme pour la plupart des lecteurs, cette histoire m'a prise à la gorge, je retenais mon souffle tout au long des 6 chapitres et de l'épilogue qui les conclut. C'est un texte élaboré malgré sa relative brièveté, il comporte tous les éléments que j'aime dans un roman. Dans le top 2 sans hésiter !



Après, la chute fut un peu brutale avec le "Glandy" d'Adeline Dieudonné que pourtant j'apprécie pour ses romans. Mais cette fois je n'ai pas accroché du tout. L'histoire serait tirée d'un fait divers, elle se passe juste avant la première guerre mondiale. Glandy est au service d'un petit notable, et supporte mal sa condition, surtout qu'il s'est amouraché de la fille de son patron. C'est Carnaval, et il s'imagine que sous un déguisement il pourra l'approcher et la séduire. Le rapport avec le thème ? Très lointain, quelques odeurs évoquées, notamment celle du vomi après la cuite, miam-miam ! J'ai passé très vite à la nouvelle suivante...



Et celle-ci m'a flanqué un uppercut, car elle est très réaliste et pourrait fort bien être lue dans la page fait-divers d'un quotidien régional. C'est "Le monde d'après", d'Hervé Commère, et ça se passe dans le monde de maintenant, celui que nous connaissons depuis l'apparition d'un sale petit virus. Un village très tranquille, surtout depuis que la carterie Bellegrand, unique entreprise du coin, a dû fermer ses portes face à la concurrence étrangère. Le petit lotissement construit à l'époque de la prospérité a été déserté, les habitants s'en vont chercher du travail sous d'autres cieux. Mais un jour, un agent immobilier se met en tête de redonner vie à ces pavillons abandonnés. Ce qu'il ignore, c'est qu'il y a très longtemps, un jeune garçon avait volé une clé de chacun des pavillons. Je n'ai absolument pas trouvé de lien avec le sens de l'odorat, je n'ai pas compris ce que cette nouvelle faisait dans ce recueil, mais à part ça j'ai vraiment beaucoup aimé.



"Miracle" de Vincent Hauuy, que je ne connaissais pas, et qui ne m'a vraiment pas transcendé avec son polar d'anticipation où il nous convie à une plongée neuronale dans la psyché d'un tueur comateux. Je me suis un peu perdue dans cette sombre histoire où le parfum" Miracle" de Lancôme tient un rôle essentiel. Sans plus, une des nouvelles que j'ai le moins aimée.



Jérôme Loubry, par contre, m'a énormément touchée avec "Les doux parfums du cimetière", l'histoire de Pierre qui a perdu sa mère et vient régulièrement lui parler sur sa tombe, lui raconter les autres visiteurs du lieu qu'il caractérise chacun par une odeur. On croise Monsieur Gâteau, ainsi nommé parce que le tabac de sa pipe rappelle à Pierre l'odeur des gâteaux que sa mère lui confectionnait. Madame Cerise et Patchouli, à cause de son parfum capiteux, qui vient "visiter" son mari et lui montrer sa poitrine opulente (ce que Pierre, caché derrière un arbre, ne manque jamais de guetter). Benoît, un joggeur qui passe par le cimetière pour raconter ses performances sportives à ses grands-parents devient Monsieur Vinaigre. Et bien d'autres encore, dont il épie les conversations avec leurs défunts. A cause de sa sensibilité particulière aux fragrances de chacun, il va devenir "le Nez de la Mort". Une histoire délicate, qui pourrait être triste mais que j'ai trouvée au contraire pleine de fraîcheur et très émouvante.



Place à Chrystel Duchamp, avec "L'amour à mort" qui nous mènera du paradis à l'enfer avec un passage par le purgatoire. En trois brefs chapitres, une histoire qui au départ paraissait banale va se transformer en un pur cauchemar. Très efficace, et bouchez-vous le nez, l'enfer ça ne sent pas bon !



Et enfin, pour clore ce festival dédié à notre sens de l'odorat, le duo de choc déjà présent dans les autres opus, isolément ou ensemble, j'ai nommé Barbara Abel et Karine Giebel, qui nous ont concocté "Petit nouveau", un titre dont nous comprendrons le sens à la toute fin du récit. On y retrouve un thème traité dans une autre des nouvelles présentées ici, mais cela n'a n' absolument pas nui à l'intérêt que j'y ai porté. je préfère ne pas trop en dire, mais si vous connaissez un peu ces deux auteures, vous vous douterez qu'il y aura de la noirceur, du suspense, plusieurs histoires qui s'imbriqueront, et un talent extraordinaire pour emporter le lecteur. Et tout ça en partant également d'un fait réel... Sans conteste, la meilleure histoire en cerise sur le gâteau bien odorant que nous a cuisiné Yvan !



Je me rends compte que ma critique est devenue aussi longue que mon nez, et qu'il faut que je reprenne mon souffle, que je respire une bonne bouffée d'air frais, et vous aussi sans doute. Comme entretemps la nuit est tombée, je vous invite à m'accompagner dans mon jardin, où enfin l'odeur piquante de l'herbe desséchée a cédé la place aux doux effluves de la terre mouillée.

Mais, c'est étrange, une odeur inconnue vient agresser mes narines...















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Tout le monde aime Bruce Willis

« Tout le monde aime Bruce Willis » de Dominique Maisons - La chronique qui réhabilite enfin le marcel !



Je ne sais pas si tout le monde aime Bruce Willis mais tout le monde devrait aimer Dominique Maisons !



En effet l’auteur n’a pas son pareil pour nous conter des histoires passionnantes se renouvelant sans cesse en bon auteur-caméléon qu’il est.



Caméléon car mais oui Léon, il change complètement d’univers avec son nouveau roman (NDLR : à chacun de ses romans en fait). Après nous avoir fait vivre une incroyable aventure dans le Paris du début du XXème siècle dans son précédent roman « Tout le monde se souvient du nom de l’assassin », c’est dans le clinquant Los Angeles de 2018 qu’il nous emmène nous promener. Du côté de Hollywood précisément. Construit en 3 parties, le roman est une cascade de petits kifs. Et c’est juste un pur délice de suivre les tribulations de Rose, jeune actrice au succès ascendant mais dont le subconscient lui cache bien des secrets, la rendant ingérable pour le plus grand plaisir du lecteur qui n’en demandait pas tant à l’auteur !



Moderne, baroque, féministe dans son propos, « Tout le monde aime Bruce Willis » est un roman inclassable. C’est trash comme du « Closer » mais écrit comme du Camus, c’est dire si c’est beau ! Maisons possède l’une des plumes les plus brillantes du siècle. Ses mots enjolivent l’esprit et subjuguent l’imaginaire créant instantanément un monde qui se matérialise et s’anime dans votre esprit au fur et à mesure que ces dits mots défilent devant vos yeux. C’est si bien écrit qu’on ressent chaque joie, chaque malaise, chaque atermoiement de l’héroïne.



Et puisqu’on parle des mots et des références, l’écriture et l’ambiance font penser à du Brett Easton Ellis moins la coke. Un Ellis où l’on comprendrait chaque mot et chaque chapitre, un joyeux mélange de « Glamorama » pour le name-dropping et le freakshow hollwoodien ; et de « Moins que Zéro » pour l’ambiance délétère de jeunes friqués en perdition.



Jouissif, jubilatoire, dans ce roman Maisons ne s’interdit rien. L’auteur s’éclate, l’auteur se lâche et le lecteur est en roue libre ne sachant à quel saint se vouer. On se laisse délicieusement guider, à l’aveugle, le foulard sur les yeux. Et un bouquin qui met Bruce Willis dans son titre - l’homme pour qui le mot coolitude a été inventé – n’a qu’une seule vocation : vous donner du bon temps.



D’ailleurs, vous ne bouderez pas votre plaisir en découvrant au fil de votre lecture d’étonnants voire très drôles « Easter Eggs », que je ne dévoilerai pas ici pour ne pas vous gâcher la surprise sinon vous dire que le roman contient la meilleure vanne du monde sur Johnny Depp (!).



Jésus a dit à Pierre, un de ses 12 apôtres, « tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église » ; nous on a envie de dire « tu es Maisons, et sur cette maison je bâtirai mon plaisir. »




Lien : https://cestcontagieux.com/2..
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Tout le monde aime Bruce Willis

L.A. avec ses reflets dorés ou argentés, je ne sais plus, mais ça doit faire rêver, non ?

Dominique Maisons décape le mythe avec des formules pêchues. Pas de phrases compliquées, pas de termes alambiqués, c’est efficace. Un peu racoleur même.

Son héroïne avec son héroïne, coquette avec sa coke, craquante avec son krach, Rose, actrice, belle avec ses vertigineux talons et sur eux, ses agents avec beaucoup d’argent, mène une vie de débauche et d’excès.

Un père qu’elle déteste brigue une carrière politique, une mère qui décalcomanie sa vie ratée sur celle de sa fille. Cet univers impitoyable ne demande qu’à basculer.

Ça foisonne d’acteurs et d’actrices au mal de vivre à des milliers de dollars.

C’est un peu « Voici » en 390 pages sans images. Voilà.

Un passé bien lourd empêche à Rose toute éclosion de son propre émoi.

Et moi, à ce stade du livre, je ne sais quoi entrevoir.

Toutefois après le décapage, c’est le dérapage. All change.

Vous n’aurez pas nécessairement le souffle coupé, seulement les bras vous en tomberont.

Il ne vous sera peut-être pas impossible de le lâcher, accrochez, vous serez certainement décoiffé.

A l’occasion, si tu as deux minutes, téléphone Maisons, on pourra discuter de notre amour ou pas pour Bruce Willis et surtout de ton penchant violent pour les rebondissements d’Extra-Terrestres…



Merci infiniment aux éditions de la Martinière et à Babelio, Masse-critique.

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Avant les diamants

Hollywood, formidable instrument de propagande, un Panzer idéologique qui depuis que le cinéma existe inonde la planète. Los Angeles 1953. Le gouvernement américain s’effraie, les pontes des studios réclament plus de liberté et un nouveau cinéma pointe le bout de nez.



L’armée est bien décidée à prendre le contrôle de toutes les séries B prochaines, pas question que de petits films indépendants sapent le moral de notre belle jeunesse.



Le major Chance Buckman et l’agent Annie Morrisson sont dépêchés pour mettre en chantier un premier film « indépendant », ils doivent trouver un producteur et un scénario, pour le financement, il y aura toujours un mafieux qui raclera ses fonds de tiroirs pour blanchir ses dollars dans la machine à rêves. On ne fait pas forcément des films pour créer des œuvres d’art, mais plutôt pour pouvoir s’en acheter.



Un producteur sans scrupules qui s’imagine déjà jouer dans la cour des grands, des starlettes prêtes à tout, un curé amoureux, des flics très ripoux, des tueurs à gages et deux millions de dollars en cash : la triste mais fascinante comédie humaine peut commencer.Sexe, drogue, flingue et vitriol en vingt-quatre images secondes.



Dominique Maisons, en vrai cinéphile mordu- il nous l'avait déjà prouvé avec un précédent roman, nous livre un polar très noir traversé par tout ce qui a fait Hollywood dans l’après-guerre, un véritable name-dropping glamour et désenchanté.



Très documenté, « Avant les diamants » est une méticuleuse déconstruction du mythe Hollywoodien.



Le lecteur, pris par une écriture vive et haletante a parfois du mal à dénouer le vrai du faux. Mais si le mythe est plus romanesque et trash que la réalité, imprimons le mythe.
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Respirer le noir

"Respirer le noir" est un recueil de nouvelles noires écrites par des auteurs qui aiment le noir.

12 nouvelles sur le thème de l'odorat. Même si les nouvelles est un genre que je n'affectionne pas particulièrement il faut reconnaître que le talent de des auteurs de ce livre a réussi à retenir mon attention à chaque fois. Chaque nouvelle, sauf une, m'a séduite et je descerne le prix de l'émotion à Jérôme Loubry, qui est décidément un écrivain que j'apprécie beaucoup. Mes deux favorites Barbara Abel et Karine Gibel ne m'ont pas déçue. Je ne vais pas écrire un mot sur chaque auteur, mais , tous ont su répondre à la commande avec originalité.



















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Avant les diamants

Silence,

On tourne...



Il arrive que l'on prenne une claque avec nos lectures.

Là, je viens d'en prendre une magistrale.

Je vais m'en relever, certes, mais quand même.

Cette gifle, je l'ai prise pas tant par le style de l'auteur qui est efficace, c'est indéniable, que par le sujet.

Ah ! Hollywood et son âge d'or.

J'en ai rêvé.

Ses stars, ses paillettes, ses fêtes, ses excès...

Mes rêves, Dominique Maisons les transforme en cauchemar.

Non, non,  je n'exagère pas.

Comment détruire un mythe en cinq cent pages.

Pour moi, il faut aborder Avant les diamants comme un film noir.

Vous savez, de ceux qu'on tournait dans les studios hollywoodiens dans les années 50. (1950, je précise pour ceux qui liront cette chronique dans trente ans...).

Donc, noir et blanc imposé. De toute façon, on n'imagine pas les acteurs, que l'on va croiser dans ce roman, en couleur, parce que vous allez en croiser, je vous le promets, d'Errol Flynn à Clark Gable ou de Kim Novak à Edie Lamarr et bien d'autres.



Moteur !



L'armée veut investir dans le cinéma indépendant, Hollywood est une poule aux oeufs d'or, et tout le monde veut sa part du gâteau. Les gens du milieu (Je parle des gens du cinéma) mais aussi, les gens du milieu (là,  je parle de la mafia). C'est d'ailleurs à ce milieu-là qu'un couple de militaire, en service commandé, va demander d'investir une grosse somme d'argent pour le tournage d'un film.

Une très grosse somme.

Qui fait des envieux.

Et là... ouverture de la cage aux fauves.

On lâche des lions, des loups, des hyènes... tout ce petit monde n'a plus rien d'humain.

Les rêves de grandeur, de gloire, de richesse, font tourner les têtes.

Au bal des ordures il y a foule.

Maisons va vous emmener dans un Hollywood que vous n'auriez jamais imaginé. Oh, bien sûr, on en a entendu des histoires, de drogues, d'alcools, d'orgies... mais là, noir, c'est noir.

Pour espérer réussir, il faut faire des sacrifices et donner de sa personne dans tous les sens du terme, s'abandonner au pire, perdre tout orgueil...

Derrière les images glamour que de larmes.

Au début, je suis rentré presque discrètement dans son histoire, il plante le décor, comme sur un plateau de tournage, il nous présente le casting et une fois que tout est en place... c'est là que vous prenez le premier coup. Déjà, ça fait mal parce que vous ne l'aviez pas vu venir, ensuite ça s'enchaîne jusqu'à une fin digne des meilleurs scénarios.

Tout ce qui se passe dans la deuxième partie du livre va vous laisser KO.

L'idée de génie de l'auteur, c'est aussi d'avoir mélangé, dans son récit, des personnages réels et célèbres et des personnages de fiction et d'avoir rendu tout ça crédible.

L'un des meilleurs romans noirs de l'année.

Ce livre ferait un film formidable.



Coupez !







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Respirer le noir

Après avoir découvert – il y a un an – le sens du toucher avec « Toucher le noir » (ma chronique est toujours disponible sur mon blog), c'est l'odorat que j'ai choisi d'appréhender avec ce recueil de nouvelles.



Sous la forme de nouvelles, cette collection, initiée par Yvan Fauth, se concentre autour des cinq sens dans le domaine de la littérature noire. Débutée avec l'écoute (« Ecouter le noir »), suivie par la vue (« Regarder le noir »), vient ensuite le toucher (« Toucher le noir ») et ce tome-ci vient en quatrième tome avant de se clôturer par le goût (paru juste avant l'été).



Pour les lecteurs les plus réfractaires au style littéraire des nouvelles, ce recueil serait amène à les séduire au vu des grands noms de la littérature noire qui y prennent part à nouveau, qu'ils viennent du Royaume-Uni (comme R.J. Ellory) mais aussi de France et De Belgique.



J'ai beaucoup aimé la manière dont chacun de ces auteurs de renom a eu d'aborder le thème de l'odorat, chacun de façon très personnelle. En fin de compte, ils ne sont liés que par une très fine ligne directrice et c'est intéressant de lire ces textes si différents, avec chacun des sensibilités particulières.



J'apprécie en fait beaucoup ce type de format entre deux lectures compliquées ou quand j'ai l'esprit tellement embrouillé de 1000 et 1 choses que je suis au bord de la saturation pure et simple. En fin de compte, je ne lis pas assez de nouvelles !



J'ai, il est vrai, toujours la peur d'être déçue car distiller une ambiance, placer les décors, introduire les personnages en quelques pages seulement est un vrai travail d'équilibriste. Pourtant, avec ses recueils chapeautés par mon confère blogueur, Yvan Fauth du blog EmOtionS, je suis certaine de passer un excellent moment de lecture et d'évasion. Encore une fois, c'est une mission remplie avec beaucoup de succès.



Voilà donc encore une lecture parfaite pour cet été !
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On se souvient du nom des assassins

Ce roman est en tous points exceptionnel. Par son histoire, par son contexte, par son écriture, par ses personnages. Un roman profondément ambitieux. Un roman réellement ludique. Dominique Maisons a réussi la quadrature du cercle littéraire : concilier cette réelle ambition tout en proposant un vrai roman populaire.



1909, Paris s’éveille. S’éveille à l’avènement de nouvelles techniques révolutionnaires, mais aussi à l’essor de la littérature populaire de masse. On se souvient du nom des assassins est le récit de cette époque, celui d’un écrivain populaire à succès qui devient enquêteur, celui de son condisciple qui est le narrateur de cette histoire, celui d’une investigation incroyable qui réserve des surprises en masse.



Une plongée dans une époque où la littérature populaire gagnait ses lettres de noblesse (oui je sais, c’est contradictoire) et où l’arrivée de nouveaux divertissements permettait de s’évader d’un quotidien particulièrement difficile.



Exceptionnel, je l’ai dit et je le répéterai à l’envie. Dominique Maisons a abattu une somme de travail titanesque pour bâtir cette intrigue et l’environnement dans lequel elle se déroule. On sent que l’auteur a effectué nombre de recherches pour rendre le tout crédible. Mais là où beaucoup d’auteurs tombent dans le piège du recopiage de pans entiers d’informations, Dominique Maisons a totalement digéré ses prospections de telle sorte qu’on semble réellement transporté dans les années 1900. Tout sonne juste, vraisemblable, chaque détail est là pour souligner l’atmosphère particulière et l’intrigue admirable qui s’y déroule.



On a réellement l’impression de lire un roman écrit au début du XXème siècle, avec ce dynamisme tout particulier des romans feuilletons. Avec une vraie pointe de modernité aussi, des pics sanglants dans la description des meurtres que l’auteur sème au travers de cette intrigue. Une ambiance à l’ancienne, assez légère, contrebalancée par la violence inouïe des crimes commis et rehaussée par l’écriture sublime de l’auteur.



Et il y a cette galerie de portraits inoubliables, de personnages hauts en couleur. Comme cet écrivain fantasque, sorte de dandy aux mille talents, dont l’esprit de déduction file à 100 à l’heure (aussi vite que son automobile). Comme son assistant, le narrateur de service, qui découvre le monde à travers les pérégrinations que lui impose le coquet de service. Deux personnalités qui se complètent, deux démiurges qu’on suit les yeux grands ouverts.



Comme les personnages féminins aussi, touchants et qui sont indispensables à la densité de ce récit. Comme la rencontre également de nombreuses personnalités réelles au détour de l’histoire, de Gaston Leroux à Célestin Hennion qui fut célèbre pour ses Brigades du tigre. Et bien d’autres encore, qui donnent tout son sens à cette histoire…



On se souvient du nom des assassins est un vrai roman policier (pas un polar, le terme serait anachronique) doublé d’un formidable livre d’aventure. Les 500 pages se dégustent sans aucun temps mort, tant l’auteur nous réserve surprises sur surprises.



Dominique Maisons ne fait pas que preuve de nostalgie, à travers cette aventure. Son propos est profond, sa description d’une période où la séparation de l’Église et de l’État est encore toute fraîche apporte une belle perspective sur nos interrogations contemporaines concernant la laïcité. C’est le cas également lorsqu’il décrit le racisme quotidien dont souffrent les immigrés italiens dans ces années 1900 (le narrateur du récit est lui-même fils d’italiens venus vivre en France).



Suivre cette sorte de Ligue des gentilshommes face au mal, concoctée par Dominique Maisons, est un plaisir de tous les instants, et un bonheur de lecture rare. Le genre de roman singulier face à pléthore de livres qui se ressemblent tant. Je le répète une nouvelle fois, On se souvient du nom des assassins est un roman exceptionnel à plus d’un titre.
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Avant les diamants

Lu dans le cadre du Prix du Meilleur Roman Points.



Avec "avant les diamants", Dominique Maisons nous emmène dans l'univers impitoyable du Hollywood des années 1950. Tout en paillettes et en glamour, lorsque l'on gratte un peu le vernis de cette machine à rêver, on se retrouve très vite avec du sang noir sous les ongles.



Nous suivons tour à tour plusieurs personnages fictifs ou réels. Tout part de Larkin Moffat, un médiocre producteur très ambitieux, violent et machiste qui se fait approcher par deux agents de l'armée qui ont pour mission de promouvoir une Amérique conquérante, face à la menace bolchévique. L'idée est de faire passer cette propagande "en douceur", par le biais du cinéma indépendant. Moffat arrive à se faire financer par la mafia italienne qui lui prête 2 millions de dollars et rêve de faire de Didi, sa maîtresse, l'actrice principale du film...



Ce magot va être à l'origine de bien des convoitises. Chacun a des intérêts divergents mais tous ont des vues sur le pactole de Moffat et vont tout faire pour arriver à leurs fins. Sexe, violence, mensonge, tous les moyens sont bons. C'est vraiment pas joli, joli !



On y croise aussi beaucoup d'actrices et d'acteurs, comme Hedy Lamarr, Liz Montgomery, Errol Flynn, ainsi qu'un détective privé, quelques agents du FBI, un prêtre homosexuel, un flic archi-pourri... tous très réalistes, qu'ils aient existé ou non.



L'atmosphère est très noire, digne d'un Tarentino avec de gros flingues, la mafia, des bars sombres, des fêtes somptueuses, des dettes de jeux, le tout sur fond d'essais nucléaires et de Maccarthysme. Un monde d'hommes qui pue la testostérone. On se rend compte du machisme ambiant et de la violence systématique faite aux femmes. La communauté noire n'est pas en reste et commence à se battre pour ses droits civils.



J'ai beaucoup aimé ce "roman vrai", extrêmement bien documenté et mené tambour battant jusqu'à son dénouement. Dominique Maisons a le talent de très vite planter le décor grâce à son écriture extrêmement cinématographique qui colle au thème. Il dénoue les nombreux fils de son intrigue avec brio, en n'oubliant aucun de ses personnages.



Une belle découverte !



CLAP DE FIN



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Avant les diamants

L'éditeur a rajouté au titre sur le bandeau de couverture « le roman noir d'Hollywood ». Parfaite définition de ce livre. Un grand roman noir axé sur le milieu du cinéma en 1953. En pleine guerre froide et chasse aux « rouges », l'armée américaine entend peser encore plus sur l'image de l'action des États-Unis donnée au monde par l'usine à rêve hollywoodienne.



Les grands studios suivent déjà les recommandations morales du code Hays. La commission McCarthy traque les soutiens communistes, réels ou supposés : scénaristes, réalisateurs et acteurs. Mais, alors que les GI partent repousser le communisme en Corée, l'armée veut diffuser encore plus l'image du soldat combattant de la liberté.

Pour cela le bureau de liaison de l'armée à Los Angeles est chargé de soutenir en sous-main l'émergence d'un studio indépendant qui suivrait à la lettre les directives des militaires. Le major Buckman, joueur invétéré, et Annie Morrison, l'agente qui lui a été adjointe – et qui ne le laisse pas indifférent, choisissent Larkin Moffat. Un producteur de films de série B, âpre au gain, sans surface financière et sans scrupules.

Pour trouver des financements pour leur nouveau poulain, les militaires se tournent vers le père Starace, à la tête de la ligue de vertu chrétienne, qui peut soutenir les films correspondant à leur idéal de la famille américaine.



Les personnages s'animent, se croisent, dans un milieu machiste, où quelques directeurs de studios font et défont les stars. Le Hollywood de 1953 fait rêver les jeunes filles qui veulent succéder aux gloires de l'époque, mais les agences d'acteurs et les réalisateurs profitent de leur naïveté. L'argent circule, au profit de tous, notamment de la mafia, tendance Mickey Cohen, alors en prison. Le récit montre les ambitions des uns et des autres, leurs compromissions et leurs faces cachées. Les images publiques doivent être parfaites, mais dans les arrières cours se déroulent des amours que la morale d'alors condamne. Certains trouvent leurs plaisirs dans des lupanars, d'autres dans des bouges des quartiers sud de Los Angeles. Addiction au sexe, aux stups ou aux jeux : this is Hollywood.



Dominique Maison bâtit son intrigue en mélangeant toutes ces caractéristiques qui font de ce début des années 50, une époque en cinémascope. Au fil du récit, le lecteur croise Errol Flynn, Franck Sinatra, poussé par la Mafia, John Wayne, à la démarche chaloupé comme dans ses westerns, Ronald Reagan, alors président… du syndicat des acteurs.



La plongée dans l'époque et dans le monde du cinéma est totale. Les détails et anecdotes foisonnent.



Au regard de la densité de l'ouvrage, les dernières pages déçoivent un peu. Maisons en fait trop. Seul un Tarantino pourrait aujourd'hui s'enflammer pour un tel final.



Remarquablement écrit, parfois très cru, Avant les diamants passionnera tout amateur de cinéma… et tout fan de ces polars à l'ambiance glauque où on croise un détective privé en imperméable, des policiers faisant justice à leur façon, ou un monsieur tout le monde coursant un agresseur pour les beaux yeux d'une pin-up vénéneuse.



Un bel hommage au cinéma et au roman noir.
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Tout le monde aime Bruce Willis

La richesse de l’univers d’un écrivain vient souvent de sa capacité à se renouveler. A l’aune de ce critère, Dominique Maisons doit être richissime. Son imagination et sa faculté à créer des ambiances totalement différentes le rendent vraiment unique.



Que ce soit par le thriller ou le roman policier historique (l’éblouissant : On se souvient du nom des assassins), il trace une route sinueuse, avec un réel goût pour le virage à 180 degrés.



Ce nouveau virage à de quoi donner le tournis, le long de Mulholland Drive, dans cette jungle urbaine qu’est le milieu hollywoodien. Rien à voir avec le Paris de 1900, théâtre du précédent roman.



Au casting : Rose Century, vingt ans et star planétaire du grand écran. Borderline, traînant son mal-être bien loin de l’image « paillettes et sourires émaillés ». Il faut dire que sa famille a tout du stéréotype de la success story à l’américaine.



Ça peut paraître assez banal comme sujet ? Vous n’imaginez pas combien ce n’est pas le cas, non vous n’imaginez pas… Il n’y a qu’à se référer au titre du livre, Tout le monde aime Bruce Willis, aussi énigmatique qu’alléchant. Quelle intrigue peut bien se cacher derrière un slogan pareil ?



Dominique Maisons s’amuse et sait jouer avec le lecteur. Cette histoire semble n’être qu’une plongée dans les coulisses d’Hollywood, sujet rabâché. Mais Maisons n’est pas un écrivain lambda, et cet univers n’est pas tout à fait ce qu’il semble être.



Oui, on sent que l’auteur a voulu se lancer dans un projet plus « léger » (j’insiste sur l’importance des guillemets), plus ludique. Ça n’empêche pas ce livre d’être un vrai roman noir. Tout comme une satire et tout comme un thriller, parfois. Inclassable, comme son géniteur.



Je ne dirai pas un mot de plus sur l’histoire, ce serait un gâchis criminel. Je peux cependant vous dire que l’auteur y dépeint la partie sombre du rêve américain, le cauchemar derrière la machine à rêves.



Ce récit est vraiment bien plus singulier qu’il n’y paraît. Par son ton tragi-comique, par ses surprises impossibles à anticiper, par le sentiment jouissif qu’on ressent au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue.



Bruce Willis, l’acteur, résume à lui seul ce monde de l’image, y compris par sa représentation décalée dans l’imaginaire collectif (sourire en coin de rigueur). Un monde d’apparences que l’auteur nous raconte avec un talent unique. Pour preuve, ses personnages épatants, avec cette héroïne à laquelle il nous fait profondément nous attacher, alors qu’elle a tout de la tête à claque au début de l’histoire.



Tout le monde aime Bruce Willis est un roman noir aussi distrayant que jubilatoire. Une plongée décalée et surprenante derrière le rideau hollywoodien.



Tout le monde devrait aimer Dominique Maisons !
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On se souvient du nom des assassins

On se souvient du nom des assassins : le titre, qui est aussi la dernière phrase du roman, laisse songeur: car le monstre combattu dans ce livre est un être de fiction dont le patronyme n’a aucune raison de rester dans nos mémoires. Mais ce titre comporte une allitération aussi remarquable que le fameux « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ». Les crimes narrés ici sont signés d’un double S et l’enquête a beau se situer en 1908, il est difficile de ne pas déchiffrer un sous-texte qui guette les signes précurseurs du nazisme: rivalité franco-allemande, xénophobie, capitalisme décomplexé qui s’enrichit à spéculer sur l’armement, naissance du surhomme nietzschéen (mal compris par Hitler comme notre assassin lit Sade au pied de la lettre)…

Le mal ne surgit donc jamais inopinément et le serial killer ne manque pas de nuancer et sa monstruosité et sa défaite en pressentant combien le siècle qui débute sera celui des massacres en masse.

Mais Maisons (avec 2 S) nous sert son oracle dans la plus pure tradition du roman populaire : Gaston Leroux lui-même participe à la résolution de l’énigme et le héros de l’histoire m’a irrésistiblement fait penser à Arsène Lupin, séducteur, aventurier, perspicace… La Belle Époque se montre à nos yeux admiratifs parée de toutes ses gloires: ses monstres sacrés (cocottes et actrices), ses progrès scientifiques et techniques (de la lampe torche à l’aviation en passant par le bertillonage), sa presse toute-puissante. Le style lui-même nous donne l’impression de revenir au temps du roman-feuilleton, quand l’auteur tirait à la ligne des détails qu’aucun lecteur ne s’offusquait de lire en croyant perdre son temps : « Marguerite entra pour nous demander ce que nous prendrions à l’apéritif. Elle nous avait préparé quelques amuse-bouches salés pour nous aider à patienter. Hennion but un pastis très allongé, il faisait assez chaud en cette fin de journée. Max opta pour un vermouth à l’eau de Seltz, et je me contentai d’une eau pétillante au citron. »

Mais que le trépidant et impatient lecteur moderne ne s’inquiète pas: il en aura pour son argent, suffisamment de courses-poursuites et de rebondissements pour ne jamais avoir envie de poser le roman.

Bref un pastiche brillant, de la Belle Ouvrage !
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Le festin des fauves

Ce soir il y a orgie chez les décideurs de la planète, théâtre masqué où tout est permis, les plus gros contrats se signent entre deux prostituées mineures et deux lignes de coke. Malheureusement pour Arnaud Delaunay, lobbyiste puissant et redouté, Judex, un mystérieux justicier décide d’assainir et le marché. Rien de tel qu’un assassinat en direct au cours d’une partie fine dans un hôtel particulier de Neuilly pour mettre en émoi tout le microcosme politique et financier mondial.



Violence et sexe, des beaux quartiers aux backgrounds de Pigalle en passant par les coulisse de pouvoir ou un laboratoire de méthamphétamine dans le bocage normand. Clubs privés, journalistes infiltrés dans la polices, policiers infiltrés dans les journaux, politiciens corrompus, grands patrons véreux et pervers, financiers manipulateurs, disfonctionnement de la plupart des services du 36 quai des Orfèvres, sexe drogue mais pas du tout Rock’n Roll, bienvenue dans nos démocraties du XXIe siècle.



Sexe et violence pas comme la géopolitique réac de Gérard de Villiers auquel le style ou l’absence de style fait penser mais plutôt tendance Che-Anonymous-Alter-Mondialiste-Gauchiste.



.Énorme pavé saignant dans lequel Dominique Maisons déroule une intrigue à tiroirs où l’on reconnait nombre d’affaires et d’hommes politique célèbres. Le romancier ne nous épargne rien et c’est au bulldozer qu’il entraine le lecteur dans un « Page Turner » suffoquant et nihiliste. Sexe, violence et cannibalisme vous voilà prévenu.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Respirer le noir

N’ayant jamais été fan du style de la nouvelle, il fallait tout de même envoyer du lourd pour arriver à me faire saliver devant un recueil de nouvelles.



Yvan a su y faire, on s’est laissé faire. Et nous aurions eu tort de ne pas lire ces romans consacrés aux cinq sens et composé uniquement de nouvelles sombres, avec, à chaque fois, des auteurs différents.



C’est une sortie que j’attends ardemment, je saute sur le livre en librairie et je mordrais le premier qui essaierait de me le prendre des mains et ensuite, tel un vin nouveau, je le fais vieillir sur ma pile, je lui laisse prendre un peu de poussières, je le décante et ensuite, je déguste.



RESPIRER… La chose la plus importante, sans cela, nous mourrons. Et bizarrement, alors que respirer est essentiel, nous respirons mal. Alors, ouvrons en grand nos poumons, prenons une grande bouffée d’oxygène et plongeons dans ce recueil de nouvelles noires, sombres et ne retenons pas notre respiration.



On commence avec "Le parfum du laurier-rose" de R.J Ellory (love). Andersen est un policier qu’un vice de procédure va transformer en coupable. La nouvelle vous frappe dans la gueule, notamment en raison de la longue peine infligée à cet homme qui a rendu justice. L’empathie est toute pour lui. Je n’ai pas réussi à sentir le parfum abricoté du laurier-rose, mais je me suis pris une tarte dans la gueule.



"Respirer la mort" (Sandrine Loubière) est une nouvelle que j’ai particulièrement bien aimé, notamment en raison des deux gamins et de la bouse de vache (vache qui n’a pas chié sur la petite taupe, heureusement). Le plus jeune a développé des capacités olfactives du tonnerre. Les gamins sont devenus adultes… Le final m’a soufflé, lui aussi.



"Je suis un poisson" (Franck Bouysse) avait tout d’une nouvelle drôle, malgré le syndrome qui affecte le personnage principal. Vie sociale réduite à zéro, vie professionnelle aussi, sauf à aller bosser aux halles de Rungis, rayon poissons ou dans un abattoir… Au moment du final, je me suis tapée sur la cuisse, me disant qu’elle était bien bonne celle-là, riant même un bon coup, avant que mon cerveau ne me rappelle ô combien c’était putain dangereux à cette époque-là. Oh mon dieu ! Reviens, ne fais pas ça !!



Dans "Cristal qui sent", Mo Malø nous entraîne dans le Grand Nord, dans le froid (avec col roulé), un traîneau tiré par des chiens. L'expédition commence et le but est de localiser la sépulture de Villmussen, disparu mystérieusement, 80 ans plus tôt. Là aussi les capacités olfactives sont être développées à l’extrême et j’ai aimé ce serpent qui se mord la queue dans le final.



"Deux heures et trente minutes" (Dominique Maison) fait partie de mes préférées. Palais de l’Élysée, un technicien de surface vient de s’écrouler sur le tapis épais pendant qu’il faisait le ménage (ben non, hein, ce n’est pas Brigitte qui passe l’aspi). Le suspense monte crescendo, le mystère aussi, et le final est totalement génial, dommage que l’auteur ne nous ait pas fait le plaisir de nous montrer ce qu’il se passait après… Oups, je risque des ennuis, moi, rien qu’en suggérant cela !



Je ricanais toujours de la chute de la nouvelle précédente, quand François-Xavier Dillard m’a entraîné à "Happy world", sorte de Disneyland. Je m’amusais bien, même si je n’avais pas envie d’aller sur le Speed Mountain quand tout à coup, l’auteur m’a saisi, me glaçant d’effroi. Oh putain, je ne riais plus, mais plus du tout. Sueurs froides garanties. Mais directement dans mes préférées aussi.



Difficile ensuite de reprendre pied et de se téléporter en 1914, avec "Glandy" d’Adeline Dieudonné, qui possède des vrais morceaux de belgitude, se déroule à Marcinelle (manquait plus que Gisèle), en Belgique donc. La chute est vertigineuse entre ces deux nouvelles et celle-ci est très sombre, on sent qu’elle est tirée d’un fait divers, comme l’annonce l’autrice. Réaliste, elle nous fait côtoyer les petites gens, boire du péket (genièvre), renifler les odeurs de vomi. Le final est atroce. Noir et sombre.



"Le monde d’après" (Hervé Commère) n’est pas de la SF, mais pourrait appartenir aussi à la catégorie des faits divers. Un village tranquille où tout le monde vit grâce à une entreprise qui, un jour, met la clé sous le paillasson, à cause de la concurrence étrangère. Puis vient le covid, les confinements, la colère monte suite aux parisiens qui viennent s’aérer à la campagne. Respirer le bon air ! Oui, cela aurait pu être un fait divers tragique et c’est affreux. Une nouvelle que j’ai bien aimée aussi tant elle était terrible et réaliste.



De l’anticipation avec "Miracle" de Vincent Hauuy, qui a tout d’une enquête policière, Chase étant à la recherche de la vérité sur la mort de Maria, sa partenaire chez les flics. Bizarrement, j’ai compris avant lui et je me doutais du nom qui allait sortir. Par contre, c’est une de celle que j’ai le moins aimée.



"Les doux parfums du cimetière" (Jérôme Loubry) restera ma préférée de ce recueil, avant toutes les autres, parce qu’au lieu de me coller des sueurs froides ou de me glacer d’effroi, elle était remplie de tendresse, de poésie et contenait un concentré d’émotions qui m’ont explosé au visage. Cela se passe dans un cimetière, je ne dirai rien de plus, si ce n’est qu’elle était émouvante et que j’en ai eu les larmes aux yeux.



Ça va puer très fort avec "L’amour à mort" (Chrystel Duchamp). Un petit côté fantastique, un petit côté glauque, un sourire à la fin lorsque l’on comprend, mais malgré tout, elle ne m’a pas emportée.



Bouquet final avec "Petit nouveau" du duo Karine Giebel et Barbara Abel, une nouvelle qui m’a glacée d’effroi aussi, parce que tout est possible, réaliste, horrible… Pire, à la fin, elles nous expliquent que ça a déjà eu lieu et là, on reste silencieuse. Noir c’est noir, il ne reste plus d’espoir.



Plusieurs récits s’imbriquent les uns dans les autres pour donner un récit sombre, violent et angoissant. Une personne que je ne nommerai pas n’aime pas les traîtres, moi non plus, mais de là à utiliser ce truc… Une nouvelle angoissante, mais dans mes préférées aussi.



Malgré deux nouvelles que j’ai moins aimées, l’ensemble tient la route et m’a apporté assez d’angoisses, de peurs, d’émotions pour que mes batteries soient rechargées pour quelque temps.



Une fois de plus, Yvan du Blog "ÉmOtionS", a réuni une belle brochette d’auteurs et nous propose un menu des plus alléchants. Le plumage ressemble au ramage, ce qui se trouve dans l’assiette est conforme à ce qui était annoncé, l’équilibre est là, moi, je dis bravo et vivement le dernier sens !



PS : Yvan, dans ta postface, tu te présentes comme le taulier du Blog "ÉmOtionS", mais le taulier, c’était aussi le surnom de Johnny… Quel bel hommage tu lui rends ! Tiens, ça me donne envie de pousser la chansonnette… mdr


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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