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Citations de Dominique Sigaud (72)


Qu'as-tu fait ?
Toi devant le miroir, qu'as-tu fait ?

Mais rien ne répondit. Vint alors la suivante. Ces hommes, trois jours durant, qu'avaient-ils fait ? Aussitôt elle eut très soif, la bouche sèche, la langue, les muqueuses autour comme si elle était encore entre leurs mains, là si près dans la ville qu'elle aurait pu sentir leurs odeurs puantes d'aisselles.

Dans le miroir, des mèches collées épaisses à la place des cheveux hautains. Cernes noirs, peau boursouflée à la place du visage amène. Elle avait été un butin pour ces hommes, c'est la dépouille qu'elle regardait.
Que les as-tu laissés faire ?
[...]
Les avait-elle laissés tout prendre ? N'aurait-il pas mieux valu qu'ils dévorent tout jusqu'à la moelle comme des charognards ; autant dire mourir ? Question aussitôt repoussée. C'est le trou qu'ils avaient laissé ; elle autour.
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[Franz Stangl, commandant nazi]
Sa femme lui avait posé la question quand elle était venue le rejoindre pour quelques jours de vacances avec les enfants, dans la campagne près [du camp d'extermination] de Sobibor. "Comment peux-tu ÊTRE LÀ et n'avoir rien à faire avec ça ?" Elle avait entendu dire ce qui se passait dans le camp et insisté pour qu'il réponde (...)
Il lui avait répondu que son travail était purement administratif, qu'elle n'avait rien à craindre pour son âme, puisque c'était le fond de sa question, et elle l'avait cru, s'en était tenue là. Le travail d'Adolf Eichman aussi était purement administratif. Il n'avait participé à l'organisation de la 'solution finale' que d'un point de vue purement administratif et logistique.
(p. 77-78)
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La question des crimes commis pendant [la seconde Guerre mondiale] posa d'ailleurs à son tour de nombreux problèmes. Autant de crimes et de criminels, comment faire ? On établit à la hâte des tribunaux, on nomma des juges qui pour certains n'avaient jamais jugé, on dressa d'immenses camps de prisonniers et des listes interminables de criminels et de suspects par ordre alphabétique, soixante-six mille à la suite, mais qui allait s'en occuper et quel nom donner à leurs crimes ? De nouvelles catégories apparurent, au nombre de trois à nouveau : crime de guerre, de génocide, et crime contre l'humanité, dont on feignit de croire qu'il n'avait jamais existé, alors que trois cents ans plus tôt, le crime dit de lèse-humanité avait déjà vu le jour.
(p. 19-20)
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Etre (une) mère, c'est aussi ça.
Donner la vie.
Offrir à l'enfant de vivre, même seulement quelques heures.
Accepter de le porter. L'aimer jusque-là. S'aimer soi-même peut-être jusque-là.
Posséder ce savoir.
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"Comment être à la fois cette chose désagrégée et cet être vivant.
L'écriture recoud les bords. "
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Ce n'est pas un hasard. Un savoir manquant n'est jamais un hasard, plutôt un symptôme de ce qu'on ne sait pas voir. De ce qu'on ne sait pas comment voir. De ce qu'on ne veut pas savoir.
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Ce jour-là, le jour du meurtre, il avait éprouvé le sentiment violent de s'être enfin affranchi; ça n'avait duré qu'un instant, une heure ou deux peut-être, mais l'ivresse avait été là, immense; c'est pour s'offrir un regain de vie qu'il l'avait tuée [...].
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De son siège à l'arrière de la voiture, Miguel de Oro regardait Anna Maria approcher ; sa robe de coton bleu découvrait ses genoux, nette à la poitrine, sans manches, une paire de sandales presque plates aux pieds, les ongles faits, la peau assez blanche malgré l'été. Une femme avançant vers lui sur la route. Le souvenir d'autres femmes tenues par les poignets devant lui autrefois aussitôt en mémoire. Leurs corps. Les questions. Leur peur.
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Page 189
Ce que l'absence de statistiques rend plus grave encore, c'est que nombre de ces viols sont, de fait, de l'inceste. Si l'inceste et le viol sont, physiquement, les mêmes actes, ils n'ont pas tout à fait les mêmes conséquences ni les mêmes séquelles sur l'enfant. Ils n'ont pas non plus tout à fait les mêmes conséquences au regard de la loi française, pour laquelle l'inceste, constitue une circonstance aggravante : les peines sont plus lourdes et les délais de prescription plus longs. Mais l'Etat français, y compris lors de la dernière loi de 2018, a toujours refusé d'en faire une infraction à part, spécifique.
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Depuis 2017, c’est un progrès, l’Organisation internationale du travail (OIT) inclut le mariage forcé dans les statistiques de l’esclavage moderne (voir p. 124, 134) et reconnaît qu’il touche des millions de filles ; une chance peut-être pour que ces unions soient de plus en plus remises en cause.
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Je vous écris. Vous êtes la seule personne à qui je puisse l’adresser. C’est ce que vous m’avez en quelque sorte accordé. Je sais ce dont vous disposez comme langue, que vous le comprendrez comme je vous le dis. Ce qui toujours me touche. Je parle, vous entendez. Je peux vous poser toutes les questions, vous entretenir d’à peu près tous les sujets, votre langue est un territoire dans lequel la mienne peut se présenter. Vous m’offrez la langue. De la partager également. Vous êtes le premier auprès de qui je m’autorise à pratiquer la mienne comme elle est. Vous avez la vôtre. Au fil du temps la mienne à son contact dira des choses dont je ne savais rien. Vous ne sanctionnez aucun énoncé. Au pire vous vous taisez. Vous appelez ça la conversation. C’est ce que je fais avec vous.
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Je l'écris parce que je ne supporte pas l'idée qu'une fois encore il ne reste rien de toi, que je juge cette fois impossible que tu n'aies pas une place quelque part même si c'est sous forme d'encre et de mots. Je l'écris parce que ton départ est trop difficile.

Je l'écris aussi pour les innombrables, ces infiniment nombreux qui comme toi un jour surgissent, espérés ou non, se logent en secret dans le creux de leur mère et disparaissent.
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La fille,pour des centaines de milliers de couples, c'est d'abord quelque chose qu'on ne veut (surtout) pas mettre au monde. Avoir un enfant, mais pas féminin.
L'histoire de la violence faite aux filles commence avec ça.
Dans les sociétés qui le mettent massivement en oeuvre, c'est souvent lourd de conséquences sur la non- valeur qu'on leur accordera ensuite. Si c'est quelque chose qu'il ne faut pas faire exister,comment ne pas les déconsidérer ensuite, pourquoi les protéger, les respecter?
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J'écris pour les mères innombrables de tes semblables qui voient un jour disparaître l'idée que vous veniez. Cette douleur immense de voir s'interrompre l'élan. Cette perte de ce qui n'est pourtant qu'un point si petit dans le ventre. Ce deuil. C'est de la vie qui s'en va dans une traînée de sang. C'est à vomir de chagrin. Cette fois tu ne resteras pas lettre morte. Tu ne te résumeras pas à l'être mort.
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Selon une étude réalisée en Angleterre et au pays de Galles, 72 % des enfants agressés sexuellement n’ont parlé à personne de la violence à l’époque, 27 % l’ont dit plus tard à quelqu’un ; 31 % n’avaient encore parlé à personne de leur expérience au début de l’âge adulte !
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Comment dire la vertigineuse différence entre loger en moi l'enfant et sa disparition? Cet autre en moi, cet au-delà de moi à l'intérieur de moi. C'est peut-être là, entre autres, l'immense jouissance: enfin, en moi, quelque chose qui ne se résume pas à moi, n'est pas moi, préparant la sortie au jour d'un autre être. C'est immense. C'est vertigineux. Comme toutes les portes ouvertes dans une maison. Quelque chose s'ouvre, immensément. Je ne suis plus tenue de ne contenir que moi-même. Je contiens ce qui échappera. L'enfant sorti de moi qui ira sans moi.
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Ils étaient des butins de guerre les uns pour les autres ; tous l'étaient. L'enfant pour sa mère, l'amant pour sa femme, l'ami pour son compagnon. Chacun sa vie durant cherchant le sien et le brandissant comme un soldat son butin : regardez ce quej'ai.
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Je ne te prendrai pas dans mes bras. Je ne t'appellerai pas Aimé. Je ne plongerai pas mon nez dans tes cheveux, je ne me collerai pas contre toi, je ne me pencherai pas sur ton berceau, je ne te porterai pas dans mon ventre énorme, je ne verrai pas les visages se poser sur le mien, je ne sentirai pas tes pieds bouger. Je n'entendrai pas tes premiers mots, je ne prendrai pas ta main dans la mienne. J'ai perdu cet amour-là."
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Elle croyait trop aux mots, sans pouvoir se résoudre à leur perversion, c'aurait été trop difficile pour elle, trop douloureux.
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Toutes les deux secondes, une fille est mariée contre son gré, soit 39 000 par jour, dans plus de 50 pays à travers le monde. À l’échelle mondiale, 1 fille sur 9 (soit 12%) est mariée avant 15 ans ! La pratique touche environ 12 millions de mineures chaque année, dont 39 % en Afrique subsaharienne.
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