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Citations de Dominique Simonnet (14)


Croire à l'amour... Était-ce donc une religion ? Fallait-il avoir la foi ? Un jour, un journaliste l'avait surnommé "l'anthropologue de l'amour", et il en avait été flatté. cela faisait des années qu'il sillonnait la planète pour tenter d'établir l'origine des sentiments. Les Neandertal connaissaient-ils déjà la palette des émotions ? Comment était-on passé du rut simiesque à une étreinte plus subtile ? Qui, le premier, était sorti de sa gangue animale ? Qui avait tenté un geste tendre, une caresse inédite, un baiser, avant de découvrir l'empathie, l'affection, l'attachement ? Qui avait inventé l'amour ? C'est un beau sujet de recherche ! se disait-on souvent.
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Longtemps, la chair fut péché. Pendant des millénaires, les rois, les prêtres, les maris ont obstinément contrôlé les corps et la sexualité. En Occident, il a fallu des siècles, et tant de souffrances, tant de sang, pour desserrer le carcan des Etats et des religions, et imposer enfin le droit au plaisir et à l’amour.
Aujourd’hui, nous pouvons enfin faire l’amour sans procréer, procréer sans faire l’amour, et donner libre cours à notre désir. Pourtant, comme les hommes et les femmes d’antan, nous recherchons fébrilement le Graal, le grand amour, vrai, intense, et si possible durable. Comme chez Platon, nous sommes toujours en quête de notre autre moitié.
Alors nous errons, résignés, prisonniers de nos rêves inconciliables, ballotés entre notre soif d’absolu et l’appel récurrent de notre corps animal, entre la douceur qui nous fascine et le plaisir qui nous tue.
Louis Farrell – La Malédiction mammifère
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Le monde est bien trop tragique pour qu'on le prenne au sérieux. Aujourd'hui, seule la folie nous fait tenir debout.
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Comme dans le film, il trouvait sa Mrs Robinson à lui jolie, mais surtout sexy, tout en étant incapable d'expliquer la différence. "simple, lui avait di Jean-Louis, expert en la matière. Belle, c'est ce que tu vois. Sexy, c'est ce que tu ressens. C'est la différence entre l'admiration et le désir."
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A l'origine, le plaisir, c'est l'appât, une ruse de l'évolution qui incite les mammifères à procréer à certains moments favorables pour perpétuer l'espèce. Chez nous, les humains, le désir est permanent. C'est ce qui nous a fait progresser : comme ils ne pouvaient sauter les uns sur les autres en continuation, nos ancêtres Homo sapiens ont bien été obligés de refréner leur pulsion, de la transcender en somme. Ils ont mis le corps convoité à distance, ils l'ont magnifié, érotisé... Le sentiment amoureux est sans doute né de ce désir contenu et pacifié. Peut-être aussi l'art, la culture... En quelque sorte, nous sommes les enfants du désir.
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Quand bien plus tard, Bart repensera à cette époque, il s'étonnera de l'aveuglement fanatique dont avait fait preuve une petite partie de sa génération, contaminée par un mauvais virus qui paralysait les cerveaux et anesthésiait la pensée. Le vent frais de 1968 avait tourné à l'orage, les idées neuves avaient cédé aux dogmes grossiers, les libertaires avaient été balayés au profit des doctrinaires. C'était le temps des discours creux, le temps des groupuscules ridicules et des sectes farfelues () Le temps de la bêtise haineuse et de la violence que celle-ci finissait toujours par ramener dans ses filets.
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Quand j'étais petite, i was affraid of the sky, j'avais peur du ciel de la nuit. Il me donnait le vertige, comme si j'étais sur le bord d'un cliff.
- Un précipice?
- Oui un précipice. On disait que l'univers était du vide, seulement du vide. On croyait que l'on était seuls, sur notre petite planète.
-Maintenant, tout a changé...
- Oui, tout a changé. C'est le contraire. J'imagine le ciel comme un endroit très peuplé, plein de surprises.
- Avec de la vie...
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Il suffit de si peu de choses en effet, une petite anfractuosité, un obstacle, un incident, pour orienter le cours de la vie.
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Regarde, chaque vague suit toujours le même chemin, elle remplit les mêmes creux, les mêmes fissures, et, ce faisant, elle les creuse davantage. Il y a donc une sorte d’inclination immuable qui renforce de manière inéluctable les petites tendances. C’est ce que j’appelle la théorie du renforcement.
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Aujourd’hui, on a toujours peur d’aller fouiller en dessous des choses.
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En temps de guerre, le viol suit systématiquement la conquête, la femme est le deuxième territoire à envahir.

En temps de paix, ce sont les bonnes vieilles croyances religieuses que l'on va chercher. Voiles-moi ces jambes, ce ventre, ces seins, ce visage, enveloppez-moi ce beau corps de femme, ma propriété, pour que je puisse en jouir en exclusivité ! Ce n'est pas moi qui l'exige, mais Lui, là-haut (gloire à Lui !), dans Son infinie sagesse... Comme c'est commode !

Quant à elles, les pauvres, prises dans le filet des interdits sans cesse réinventés, elles se désolent ou s'en accommodent, se lovent sur les poitrines velues et se prêtent au rituel ancestral en tentant de dérober au passage une parcelle de plaisir.
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San Francisco, 1986
" Castro, quartier de fantômes, scène d’un film d’épouvante où les gens disparaissaient du jour au lendemain comme prélevés par la main d’un géant invisible, effacés du décor pendant la nuit. Effacé le marchand de journaux qui hier encore vendait le Bay Area Reporter où on lisait la liste, chaque jour plus longue, des notices nécrologiques. Effacé le serveur du bar du coin au rire cristallin. Effacé le facteur moustachu qui filait en chantant sur son vélo. Effacé le banquier de l’agence voisine. Effacés. Effacés. Effacés. Le sida étant un diable pervers, on ne savait jamais où la gomme allait se poser.
« On tombe comme des mouches ». Comme ça, d’un coup. Et ils mourraient comme des mouches, les pattes en l’air, dans quelques soubresauts, en quelques jours, en quelques heures, en s’amenuisant sur un lit de l’unité 5B de l’hôpital général de San Francisco, en se dégonflant comme une baudruche percée, avec une perfusion au bras impuissante à calmer la douleur. Andy l’avait raconté à Julia, il avait vu à l’hôpital des scènes insupportables, des corps tous semblables, qu’ils aient 18 ans, 30 ans ou 50 ans, si légers, si petits, si frêles qu’on s’attendait à ce qu’ils s’envolent au premier courant d’air. Et c’est bien ainsi qu’ils partaient, en s’envolant, dans un courant d’air… Le regard de ce jeune homme au seuil de la mort, plume posée sur un lit trop grand pour lui, ce regard d’une détresse déchirante. Le désespoir de ces hommes encore vaillants (mais pour combien de temps ?), penchés sur leur compagnon, le bras passé autour du cou du malade, le soutenant avec une tendresse infinie… Car si à Castro, on pratiquait jusque là une sexualité libre dans les saunas, pour s’amuser (on disait en riant : « On va à l’église »), on vivait aussi souvent, et simultanément, en couple amoureux. Il y avait un amour fou dans les couloirs blancs de la mort. Un amour incommensurable…"
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"Le grand homme est là. Il est tout petit. Plus petit encore que Bart l’imaginait. Etrange comme le philosophe à l’œuvre si vaste, à la renommée si grande, paraît si frêle. Avec ses oreilles décollées, il ressemble à un petit garçon vieilli prématurément. Un vieil enfant… Son visage impassible impressionne. Il déshabille du regard chacune des personnes présentes avec une intensité qui fait presque peur, et Bart incline spontanément la tête dans un geste absurde de révérence. Jean-Paul Sartre n’a pas pris la peine d’ôter sa lourde pelisse à col jaune qu’il porte comme une tortue sa carapace et il toise l’assistance de ses yeux acérés derrière ses lunettes rectangulaires.
Bart n’en revient pas de se trouver devant le philosophe. Le Mur, la Nausée, la P. respectueuse, les Mains sales, Huis Clos… Des nuits blanches à dévorer ses ouvrages… L’écrivain, le philosophe, le prix Nobel de littérature, l’un des génies de ses insomnies est là, devant lui. (…)
Un vieil enfant. Sec et froid. Sa voix métallique grince dans la salle comme une machine grippée. Il s’exprime clairement, posément – il n’est pas philosophe pour rien. Bart écoute respectueusement mais au fond de lui, il n’aime pas ce qui se dit. Sartre aligne les mêmes clichés, il chante le même refrain, ces phrases d’évangile que Bart a entendues tant de fois de la bouche des étudiants maoïstes. On dirait la litanie d’un curé. Il « croit » à la lutte des classes. Il « croit » au pouvoir du peuple. Il « croit » à la résistance contre le capitalisme et la bourgeoisie. Assis à ses côtés, Alain Geismar, le leader de 68, arbore sur son pull-over un badge à l’effigie du président Mao. De temps en temps, l’assistance tend le poing en réponse à un slogan, comme les fidèles se lèvent pendant la messe. Bart le voit bien : c’est une religion, avec ses grands prêtres, ses sermons, ses médailles, ses excommunications.
« Le pouvoir au peuple. Le pouvoir au peuple. Le pouvoir au peuple. »
Sartre ! Sartre, nom d’un chien ! Bart a presque honte de le penser, le philosophe lui apparaît… ridicule. Le peuple ! Quel alibi commode ! Staline, qu’ils ont renié, se réclamait du peuple. Trostksy, qu’ils ont décrié, se réclamait du peuple. Maintenant, ce serait Mao qui représenterait le peuple ? Le président Mao a dit… Comme le dit le président Mao… Ils ânonnent ça tels des enfants. « Jacques a dit », « Jacques a dit »… On dirait une secte d’illuminés. Sont-ils fous ? Aveugles ? Comment le philosophe, qu’il admirait quand il était adolescent, ne voit-il pas ce qu’il voit, lui, Bart : que tout cela est une farce sinistre, que leur grand Timonier est un guignol meurtrier ? Sartre peut-il avoir tort à ce point ? Et s’ils savaient parfaitement de quoi ils retournent ? Et s’ils étaient tous de fieffés menteurs ? Un moment, Bart se prend à douter. Et si c’était lui, Bart, le petit provincial, si ignorant en politique, si novice, qui ne comprenait rien ? Mais non, ce qu’il entend le consterne.
Edouard, lui, boit les paroles du Maître. "
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Il y avait les furtives qui se dissipaient sur les trottoirs comme une brise légère ; les insolentes, mini-jupes renversantes et cheveux au vent, qui vous dévisageaient en passant d’un air conquérant ; les fugitives qui filaient sans vous regarder, indifférentes et affairées ; les distraites, tête dans les nuages, qui s’excusaient d’un rire en vous heurtant… Il y avait les blondes tombées d’un Botticelli, les brunes ténébreuses façon Italie, les rousses flamboyantes au regard piquant… Jeans, jupettes, pantalons à pattes d’éph, casquettes, chapeaux rigolos… Il y avait, il y avait, il y avait… Des jambes de gazelles effrontées, des silhouettes dégraissées, et cette allure qu’elles affichaient toutes comme un don inné, cette manière impériale de se mouvoir en se fichant du monde entier… Les Parisiennes ! Bart ne savait pas où tourner la tête, comme si on avait rassemblé en une même ville les plus belles créatures de la planète.
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