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Critiques de Dominique Vidal (15)
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Antisionisme = antisémitisme ?

Ce court texte de 120 pages édité par Dominique Vidal à la suite du discours d'Emmanuel Macron pour la commémoration de la rafle du Vél d'Hiv du 16 juillet 2017 veut faire la clarté sur la confusion entretenue autour de ces deux notions qui sont pourtant distinctes mais qu'un certain nombre de personnes veulent confondre pour mieux empêcher toute critique de l'état d'Israël au nom de la défense des juifs et de l'antisémitisme. Il reprend l'historique de l'antisémitisme, notamment en France et dans le monde, et depuis la formation de l'état d'Israël l'imbrication du conflit israélo-palestinien à travers le monde, et ses répercussions en France entre autre.

En ces jours où les politiques et beaucoup d'éditorialistes poussent des cris angoissés sur cette recrudescence de l'antisémitisme qui serait due d'après eux à l'islam dans les quartiers, il est bon de lire ce texte et de se confronter à nombre d'analyses qui n'ont pas toujours l'audience méritée.



https://blogs.mediapart.fr/dominique-vidal/blog/150219/contre-lantisemitisme-avec-intransigeance-et-sang-froid



https://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/12/05/il-faut-parler-d-antisemitisme-avec-rigueur_4535515_3232.html



https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/200717/lettre-ouverte-m-le-president-de-la-republique-francaise


Lien : https://blogs.mediapart.fr/e..
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Antisionisme = antisémitisme ?

Petit livre très clair qui, après un rappel utile sur la genèse du sionisme, démontre que l'antisionisme n'a rien à voir avec l'antisémitisme.

Argumentaire très précieux, quand au plus haut niveau on a des mots qui suggèrent le contraire, un peu hâtivement.
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Ce que la Palestine apporte au monde

Riche recueil trouvé à la librairie de l'Institut du Monde Arabe suite à l'exposition "ce que la Palestine apporte au monde", cette publication épaisse rassemble des entretiens, des réflexions riches et équilibrées, des illustrations, qui sont précieuses par les temps de guerre que nous traversons ... ainsi que de très nombreuses références pour d'ouvrages pour approfondir la discussion.

Le recueil est organisé en chapitres : Pays (Territoires et Diasporas), Cause politique (internationale, régionale et originale), Souffle culturel, puis une conclusion, intitulée "promesse".
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Ce que la Palestine apporte au monde

Une nouvelle livraison de la revue Araborama, coéditée par Le Seuil et l'Institut du Monde Arabe, consacrée à la Palestine, la meilleure manière de rendre hommage à un "pays" et à son peuple, plus que jamais meurtris comme l'actualité nous le rappelle. Plus que "ce que la Palestine apporte au monde", l'essentiel du recueil, nourri par les plumes des meilleurs chercheurs, journalistes et écrivains, arabes ou européens, sur la question, évoque d'ailleurs ce que la colonisation israélienne provoque, spoliation et morcellement dramatiques du territoire, humiliation et répression permanentes, privations et paupérisation, et la résistance palestinienne à cette infinie et désespérante guerre d'usure. Mais la dernière partie met aussi en pleine lumière, à travers des contributions consacrées au keffieh, aux créations visuelles, à la musique ou à la littérature palestinienne, le "souffle culturel" d'un peuple, cette énergie qu'il nous faut soutenir, ces voix qu'il nous faut entendre, pour qu'il continue à survivre. A lire, évidemment par petits bouts, mais d'urgence !
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L'état du monde 2014 : Puissances d'hier et d..

On a affaire à un recueil d'articles écrits chacun par un analyste différent (chercheurs, journalistes, politologues...) organisé en trois parties. Les deux premières s'articulent autour de la redéfinition du terme de puissance à la lumière de divers phénomènes de l'actualité mondiale. La troisième partie, elle, remet en perspective certains des faits majeurs de la géopolitique de ces dernières années.



Si la deuxième partie qui s'attache à lister les nouveaux acteurs de la puissance mondiale m'a paru plus faire œuvre d'inventaire que de boussole, la vue d'ensemble donnée par l'ouvrage est très éclairante et pousse le lecteur à l'esprit critique par la diversité des points de vue qu'adoptent chacun des auteurs.



Pousse à la curiosité également : une foule de sujets sont traités ici. Il n'est donc pas difficile d'en sortir avec l'envie d'en approfondir certains. Dominique Plihon, Laurent Bonnefoy et Stéphane Lacroix ainsi que Jean Luc Racine m'auront pour ma part marqués.



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L'opinion, ça se travaille...

Je n'ai pas terminé ce livre - j'ai dû faire une pause - il faut être accroché ou franchement insensible pour ne pas succomber à l'indignation qu'il suscite.

Parfait témoignage structuré et sourcé de l'état de l'information en temps de guerre.

Comme on l'entend actuellement à propos de la Gouta ou du Yemen, "la première victime de la guerre, c'est la vérité". Une maxime qui je n'apprécie pas en ce qu'elle place la vérité avant l'humain même, mais force est de constater que les conflits se suivent et se ressemblent en tous points.

Pour les 3/4 que j'ai lu, c'est très très bien documenté, très clair, mais aussi très sombre... Si vous avez encore besoin d'une excuse pour vous indignez, alors c'est ce livre qu'il vous faut !

Car ni les médias, ni les dominants, n'évoluent.
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L'opinion, ça se travaille...

Décryptage des médias en temps de Guerre

Très instructif sur la guerre du Kosovo
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Le ventre est encore fécond. Les nouvelles ex..

En 2012, Dominique Vidal brosse un portrait des partis d’extrême droite en Europe. Séduisant avant tout l’électorat populaire et exploitant les humiliations et les peurs, certains recueillent, dans une douzaine de pays, 10% des suffrages, voire plus, et quelques uns ont participé à des gouvernements, favorisés par « l’absence d’alternative à gauche et les surenchères à droite ». Il analyse leurs spécificités et caractéristiques communes, notamment la substitution de l’antisémitisme traditionnel par l’islamophobie, à l’Ouest tout au moins et le « ravalement de façade » des héritiers du fascisme.

(...)

Si cet état des lieux peut paraître relativement ancien (2012), il apporte un regard rétrospectif intéressant, notamment au sujet de l’analyse des thématiques développées par l’extrême-droite. On ne peut que constater le chemin parcouru depuis.



Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Les banlieues, le Proche-Orient et nous

Ce livre fait suite à une tournée dans des lycées des banlieues et quartiers périphériques en France. L’idée de départ était simple : dépassionner et donc asseoir politiquement les ressentis et les colères en faisant connaître des faces cachées sur la Palestine, rendre plus compréhensibles les éléments déformés par les médias pour agir collectivement sur la situation, ici et là-bas, pour que le «taayoush » (vivre ensemble en arabe) prenne la place des divisions communautaires.



La triple présence de la déléguée générale de la Palestine, d’un militant israélien juif anticolonialiste et d’un historien journaliste a permis des débats surprenants tant sur les sociétés palestiniennes et israéliennes (occupation militaire, attentats suicides, refusniks, intifada, construction du mur ) que sur la situation en France (inégalités, antisémitisme, racisme anti-arabe, foulard, banlieues).



Le livre est illustrés de nombreux inserts (Marwan Barghouti, Edward Said, statistiques sur les inégalités dans les zones urbaines sensibles, extrait du travail de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, appels « En tant que juifs… » et « Manifeste des intellectuel arabes », article sur la construction d’un métro français entre Jérusalem et ses colonies, confidences ignobles d’Alain Finkielraut).



Loin des simplifications hâtives, ce nécessaire travail d’exposition et de débats pour « sortir des tribus et reconstruire des alliance » afin de « ne pas rester prisonniers de nos passés » doit être diffusé, les expériences de dialogues existantes doivent être popularisées. Le rejet de l’autre vit de nos renoncements, de l’absence d’inscription des particularités dans une vision dynamique de l’universel.



Loin des simplismes d’une grande presse en quête de mots chocs, ce livre offre des regards lucides, exigeants et souriants aux autres.
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Nouvelles guerres

Demain, la guerre ? Aujourd'hui déjà. Ce livre montre que la guerre ne cesse jamais mais aussi que sa définition évolue. La bonne vieille guerre armées contre armées, nations contre nations, s'estompe au profit de conflits plus complexes. Les Etats se battent contre des groupes armés mouvants. On ne sait jamais trop si les missions sont militaires ou policières. de plus, la guerre se privatise, comme l'ensemble du monde. Et ce n'est pas tout : il faut prendre en compte le dérèglement climatique, le marché de l'armement, le cyberespace, les drones, les ONG, les casques bleus, les Etats qui flanchent, le chantage à la terreur, etc. La guerre, hélas, a encore de longs jours devant elle, comme le montrent, à la fin du livre, quelques exemples qui font froid dans le dos : Congo, Centrafrique, Syrie, j'en passe. Il est des livres qu'on aimerait ne pas avoir à lire.




Lien : http://www.lie-tes-ratures.c..
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Palestine/Israël : un Etat, deux Etats ?

D’un coté un État surpuissant et une population juive israélienne qui semble très majoritairement adhérer aux fondements idéologiques du sionisme, donc à un État juif niant l’Autre, les palestinien-ne-s dans leurs droits d’hier et d’aujourd’hui.



De l’autre, un peuple palestinien profondément divisé en trois composantes : palestinien-ne-s israélien-e-s, palestinien-e-s de Cisjordanie et de Gaza, palestinien-e-s en exil, sans oublier les autres considérants sociaux, l’occupation, la ségrégation, l’apartheid et les milliers de morts.



Une véritable asymétrie, d’autant plus que les grands États de la planète ont apporté ou apportent un soutien, une collaboration à l’État d’Israël et ne remettent pas en cause sa politique et ses violations quotidiennes du Droit international.



Les auteur-e-s abordent de multiples sujets. Je n’en évoque que certains :



« Aspects institutionnels et juridiques de la reconnaissance international de l’État de Palestine » Monique Chemillier-Gendreau nous rappelle, entre autres, que « la souveraineté sur l’ensemble du territoire mandataire a été reconnue au peuple arabe de Palestine par les termes mêmes du mandat de la SDN en 1922 » et que « La volonté d’Israël d’être reconnu comme un État juif n’est pas seulement irréalisable, elle est aussi contraire à tous les principes du droit international. »



« Quand la gauche du Yichouv rêvait de binationalisme » (Dominique Vidal)



« L’étonnant renversement des démographies israélienne et palestinienne 1948-2048) » (Youssef Courbage). J’ai une certaine réticence sur ce type d’article, qui indépendamment des orientations de l’auteur, réduit les questions politiques à des dimensions démographiques très aléatoires en terme de projection. Par ailleurs l’analyse aurait gagné en profondeur en introduisant un point de vue de genre et les écarts/contradictions que cela implique, y compris dans les campagnes natalistes.



« Des économies entre séparation et intégration » Julien Salingue décrit les orientations d’origine sionistes sur « le travail juif » et la « préférence ethnique », les économies sous perfusion, les modifications entraînées par l’occupation/annexion de la Cisjordanie. La majorité des aides internationales reçue par les Palestiniens profite à l’économie israélienne (90% des exportations palestiniennes partent en Israël et 80% des importations en viennent). Économiquement, seule une solution régionale semble avoir un minimum de viabilité.



« Jérusalem, deux capitales et un partage » Isabelle Averan montre comment « Une panoplie législative diversifiée permet à Israël, en violation de la légalité internationale, de transformer les habitants palestiniens de Jérusalem en résidents à Jérusalem » et analyse les choix de « confessionnaliser le conflit pour le détourner de ses enjeux politiques ».



« Israël, l’apartheid et l’État palestinien » Leila Farsakh présente les différences et les proximités des régimes sud-africains et israéliens et justifie l’analogie employée (qui sera, par ailleurs, la base de la campagne internationale Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS)). Elle analyse aussi Oslo en regard de la loi international et les impacts de la colonisation, du mur, des bouclages et des checkpoints.



« De la lutte à mort à la dialectique maître/esclave » Raef Zreik indique que « Cette lutte « implique un minimum de convivialité et un sens prospectif d’un ‘nous’ commun qui se substitue à l’opposition habituelle entre ‘nous et eux’ ». Il nous rappelle que l’OLP a reconnu « le caractère national de la présence juive en Palestine ». Il conviendrait plutôt de parler du caractère national acquis de la présence juive israélienne. Si la dimension « nationale juive » extra-territoriale peut-être discutée, elle ne saurait être confondue avec celle des juifs/juives israélien-ne-s.



« Le vrai problème, c’est la décolonisation » Gadi Algazi souligne « insister sur la nature coloniale du conflit ne signifie pas que ce dernier soit unidimensionnel : il s’agit sans doute aussi d’un conflit national » et indique « la décolonisation représente un processus de réparation des erreurs du passé douloureux et imparfait, pas une machine à remonter le temps ». Il précise par ailleurs « Nous ne devons pas l’oublier si nous voulons saper le colonialisme, et c’est pourquoi il convient de se battre en Israël pour les droits universels et l’accès de tous aux services sociaux – indépendamment de l’ethnie, du sexe, de la religion, de la nationalité ou de l’affiliation politique » et j’ajoute que ce combat reste(ra) valide dans tous les États existants ou à venir.



Farouk Mardam-Bey termine par « Palestine démocratique et laïque : les avatars d’un mot d’ordre »



Des lectures importantes, mais à elles seules insuffisantes pour dégager une ou des pistes crédibles et majoritairement acceptées.



Est ce l’air du temps, même les auteur-e-s prenant en compte les questions sociales, n’envisagent l’avenir qu’à l’aune des questions nationales. Pourtant, les modalités d’auto-organisation, de participation de la majorité des femmes et des hommes, au delà de la révolte contre l’ordre colonial, ont toujours des dimensions sociales. Briser les unanimités factices et faire ré-émerger les dimensions de classe et de genre, peut à la fois permettre de fendiller/ désagréger le consensus interne de la société juive israélienne et créer les ponts d’une convergence d’intérêts des populations. Il n’y a jamais de « solution » nationale sans bouleversement des structures sociales.
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Portraits d'une France à deux vitesses

Logement, éducation, santé, vieillesse, travail... les domaines sont bien nombreux dans lesquels la France connaît d'importantes inégalités sociales, ce que nous montrent Samuel Chalom et Dominique Vidal en plusieurs portraits, certes brefs, mais éloquents, qui sont une bonne introduction à une première prise de conscience de ces inégalités, qui vont bien souvent de pair.



Car oui, et encore plus depuis le Covid, la France est un pays à deux vitesses, dans lequel le système permet aux plus riches de s'enrichir puissance 10 avec force indécence et cynisme, alors que les plus pauvres ont de plus en plus de mal à subsister au quotidien. Enseignant dans un ancien bassin minier, à la population rurale très défavorisée, depuis quelques années, je ne peux que confirmer, et m'en indigner tous les jours !
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Qui gouverne le monde ?

L'ouvrage reprend les articles publiés dans l'Etat du monde 2017. La question posée par le titre est ambitieuse, dans un domaine où chacun a son opinion. Les deux directeurs de l'ouvrage ont réuni les contributions de divers spécialistes, à la fois chercheurs et journalistes, parfois militants, autour de cette question piège. Badie, en introduction, fixe comme objectif d'éviter deux écueils ; la naïveté de ceux qui ne voient rien et la croyance que les pouvoirs et les contre-pouvoirs du système libéral suffit à garantir la liberté et l'autonomie du citoyen électeur et individu consommateur face à la paranoïa des complotistes qui prennent pour "acquis l'aboutissement du récit :si le monde fonctionne tel qu'on le voit, ce ne peut être qu'en vue de reproduire ceux qui le dirigent ; il suffit donc de ramener tous les traits qui le distinguent à une nécessaire confirmation des pouvoirs en place" (page 22)



Voici les quelques aspects que je retiens à la fin de ma lecture.



Les différents articles s'intéressent d'abord à la place qu'ont aujourd'hui, dans un espace mondialisé les vecteurs traditionnels du pouvoir et de ses luttes : les religions, le pouvoir des clans et des tribus, les Etats modernes, les acteurs économiques. Il en ressort un tableau où les Etats, les institutions internationales, les entreprises, les lobbies, la société civile et les mouvements citoyens interagissent dans un univers en déficit de gouvernance et dominé par les acteurs du marché.



Le chapitre sur les les instruments de coercition, apanage de l'Etat classique, est particulièrement intéressant. Il montre la privatisation croissante des instruments de coercition qui ne sont plus tant l'armée ou la police que ce que Jean-Pierre Dubois appelle "le pouvoir de créance" plus contraignant que le recours aux armes. Après avoir pesé sur les pays du Sud, il pèse maintenant sur des pays du Nord et sur les classes moyennes surendettées. Cette analyse rejoint celle de l'article intitulé "enchainés par la dette".



Certains axes clés traditionnels conservent leur importance : l'énergie, les réseaux de transports, l'opinion, la monnaie.



Dans le contexte de guerre en Ukraine, le chapitre sur la Russie et son évolution post chute du mur met en lumière les erreurs des occidentaux dans leur politique à l'égard de la nouvelle Russie qui a engendré le ressentiment et la rancœur d'un Poutine nostalgique de la grandeur de l'ère soviétique. L'occident a échoué a arrimé la Russie à la dynamique de l'Europe, en la reléguant à un statut de puissance moyenne



Les réseaux de toute nature viennent influer à tous les niveaux. Depuis les mafias qui contrôlent certains secteurs jusqu'aux cercles de sociabilité des élites mondiales issues des mêmes milieux ou des mêmes écoles, aux lobbystes de Bruxelles qui en imposent aux représentants du peuple, aux organisations étatiques de type OPEP, aux organisation humanitaires (MSF ou Human Right Watch ou aux réseaux djihadistes qui veulent exporter leur guerre.



Un ordre international nouveau s'est mis en place auquel l'occident a du mal à s'adapter et qu'il a du mal à comprendre n'étant plus en capacité d'imposer ses vues, ses valeurs ni ses intérêts à de nouveaux acteurs étatiques puissants, à l'instar de la Chine, qui jouent de leur propres cartes en Asie comme en Afrique.



Le dernier chapitre est consacré aux mobilisations citoyennes de type Occupy Wall Street, à l'émergence des partis de type Syriza ou Podemos et aux aspirations de démocratie directe et horizontale qui peinent face à la verticalité des institutions représentatives. L'exercice du pouvoir implique des compromis. Il est donc nécessaire à ces partis de se dégager des marges de manœuvre pour laisser s'exprimer les aspirations sociales.



Un tour d'horizon instructif et dense !

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Un autre Israël est possible. Vingt porteurs ..

« Quatre millions d’hommes et de femmes manifestant dans les rues de France contre la politique néolibérale : impossible ? C’est pourtant ce qui , toutes proportions gardées, s’est produit durant l ’été 2011 en Israël. Et cette vague surfait, à en croire les sondage, sur l’écrasante majorité de la population. Du jamais vu depuis 1948. »



Dominique Vidal et Michel Warschawski soulignent « Certes, les ”indignés” de là-bas ne portaient pas de banderoles affichant leur solidarité avec le combat des palestiniens pour leur autodétermination ».



Quoiqu’il en soit, « Ce soulèvement social sans précédent n’en a pas moins commencé à établir un lien, encore ténu, entre la politique intérieure du gouvernement Netanyahou, contre laquelle il se dressait, et sa politique extérieure. »



Les vingt portraits de ce livre permettent d’entrevoir d’autres facettes de la société israélienne, qui ne saurait se réduire à un bloc homogène sans contradiction. L’élargissement des fissures sociales, conséquences des politiques néolibérales, « En moins de dix ans, ils démantelèrent le système de sécurité sociale, d’assurance maladie, d’allocations familiales, de retraites et privatisèrent les services publics, réduits au minimum », combinées aux budgets de guerre et de colonisation, pourraient ouvrir un espace de radicalisation démocratique.



« Dès les premières manifestations, on a entendu des slogans, repris massivement par les participants, tels que ”le logement n’est pas une marchandise, l’éducation n’est pas une marchandise, la santé n’est pas une marchandise – ce sont des droits” ». Quant au mot d’ordre « Nous sommes le peuple ! », lorsqu’il s’accompagne de « Villes et banlieues, pratiquants et non pratiquants, Ashkénazes et Sépharades, Juifs et Arabes », c’est un début de remise en cause, certes encore très timide, d’une conception ethnique de l’État et une ouverture vers « une conception citoyenne de l’identité israélienne ».



Si ce mouvement se développait, les questions des colonies, de l’occupation des terres et plus largement des droits des palestien-ne-s, se poseraient alors dans un autre contexte que celui de unanimité nationale (sioniste) contre « les ennemis extérieurs ».



Je souligne la franchise et la dureté de certains propos émis. Par exemple Hillel, le pacifiste à la kippa : « Israël présente aujourd’hui des traits fascistes évidents : le militarisme, l’ethnocentrisme, le remplacement des valeurs démocratiques par les valeurs nationalistes, l’osmose du pouvoir et de l’argent, les récentes attaques contre les libertés et les droits de l’homme – tout cela signale un grave glissement vers un régime autoritaire ».



20 portraits :

Daphnee Leef, porte-parole du ” Mouvement des tentes “,

Koby Snitz, militant des Anarchistes contre le mur,

Yehuda Shaul, fondateur de l’ONG, Breaking the silence (Briser le silence),

Hanine Zoabi, députée du parti Balad,

Hillel Ben Sasson, porte-parole du Mouvement Solidarité Sheikh Jarrah,

Raanan Alexandrowicz, cinéaste,

Henriette Dayan et Yvonne Deutsch, militantes féministes,

Hassan Jabareen, directeur général du Centre légal pour les droits de la minorité arabe en Israël,

Léa Tsemel, avocate,

Shlomo Swirski, sociologue,

Zeev Sternhell, historien,

Ilan Greilsammer, politologue, militant de La Paix maintenant

Aida Tuma, rédactrice en chef du quotidien arabe Al-Ittihad,

Dov Hanin, député du Parti communiste israélien,

Avraham Burg, ancien président de la Knesset, voir son livre Vaincre Hitler, Pour un judaïsme plus humaniste et universaliste (Fayard, Paris 2008)

Gadi Algazi, historien et animateur du mouvement Tarabut-Hithabrut

Nurit Peled, professeure de littérature comparée et militante pacifiste,

Daniel Boyarin, professeur de culture talmudique à Berkeley,

Idith Zertal, historienne, voir son livre La nation et la mort. La Shoah dans le discours et la politique d’Israël (Editions La Découverte, réédition en format de poche, Paris 2004)

David, lycéen, 15 ans.



Je termine par deux citations l’une d’Idith Zertal, « Tant que nous ne parviendrons pas à connaître le drame de la Nakba, à le reconnaître, à le comprendre, à l’enseigner, bref à le partager, sans pour autant nier l’énormité et l’unicité de la catastrophe juive, cette terre déchirée ne connaîtra pas la rédemption. Et nous ne ne trouverons pas de solution entre égaux à notre tragédie commune, autrement dit la paix » ; l’autre d’Edward Saïd, cité par cette auteure : « Reconnaître l’histoire de l’Holocauste et la folie du génocide contre le peuple juif nous rend crédibles pour ce qui est de notre propre histoire ; cela nous permet de demander aux Israéliens et aux juifs d’établir un lien entre l’Holocauste et les injustices sionistes imposées aux Palestiniens ».
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Un monde d'inégalités

Ou la géopolitique de l'injustice.

Ouvrage très documenté, les analyses sont rigoureuses et dépourvues d'idées préconçues, les points de vus et les sujets abordés sont variés.

Indispensable pour qui souhaite un état des lieux social et mondial.

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