Don Winslow

À l’université, Keller avait un professeur qui affirmait que la civilisation se résumait à une question de plomberie. Grosso modo, les infrastructures permettant d’apporter de l’eau propre et d’évacuer les eaux usées étaient ce qui permettait aux individus de se rassembler massivement dans des habitations permanentes et de créer des villes et des cultures. Sinon, les gens étaient obligés de vivre en nomades pour échapper à leur merde.

- On vit une triste époque quand un homme n'est plus à l'abri dans sa propre prison.

- Keller, tu viens de passer le premier tour des éliminatoires pour l'oscar des Connards.

- Essaieriez-vous de faire passer notre ministre pour un con ?
- Je crois qu'il peut très bien se débrouiller tout seul .

Je parle pour ceux qui ne peuvent pas parler, les sans voix. J'élève la mienne, j'agite les bras et je crie pour ceux que vous ne voyez pas, que vous ne pouvez peut-être pas voir, pour les invisibles. Pour les pauvres, les faibles, ceux qui sont privés de leurs droits, les victimes de cette prétendue "guerre contre la drogue", pour les quatre-vingt mille personnes assassinées par les narcos, par la police, par l'armée, par le gouvernement, par les acheteurs de drogue, par les marchands d'armes, par les investisseurs dans leurs tours étincelantes qui ont fait fructifier leur "argent nouveau" avec des hôtels, des centres commerciaux et des lotissements.
Je parle pour ceux qui ont été torturés, brûlés et écorchés vifs par les narcos, battus à mort et violés par les soldats, électrocutés et à moitié noyés par la police.

Peut-être que l’argent ne peut pas acheter le bonheur, mais il peut le louer pendant un long moment.

La vie était une rivière, que le passé descend le courant. C’est faux : s’il coule, il coule avec le sang dans tes veines. On ne peut pas plus se séparer du passé que l’on ne peut s’arracher le cœur.

La cocaïne à elle seule constitue un marché de trente milliards de dollars par an aux États-Unis. Sur toute la cocaïne qui entre aux États-Unis, 70 % transitent par Juárez et le Golfe.
Soit vingt et un milliards.
Et un piso de un milliard, rien que pour la cocaïne.
Par an.
Vous pouvez devenir multimillionnaire, et même milliardaire, en distribuant votre marchandise et en payant le piso. Beaucoup le font, ils mènent une vie agréable. Vous pouvez même devenir encore plus riche en contrôlant une plaza et en faisant payer d’autres trafiquants pour l’utiliser, sans jamais toucher à la drogue, de près ou de loin. Mais les gens ne comprennent pas que les principaux narcos peuvent rester une année, voire toute une vie, sans jamais toucher à la drogue.
Leur métier est de contrôler des territoires.

Il y a des frontières mentales et des frontières morales : franchissez les premières et vous pouvez faire le grand tour et revenir sur vos pas, mais si vous franchissez les secondes, il n'y a plus de come-back possible, plus jamais.

Ben ne pige toujours pas...
Chon pense...
...qu'on ne change pas le monde.
C'est lui qui vous change.
Par exemple...

Don Winslow continue ses gammes et progresse.
Hong-Kong et son quartier des intouchables est une premisse du côté trash et poisseux nécessaire à ce qui fera la force de La griffe du chien,

Il était froid comme la banquise, sauf que lui, y'a pas un pinguoin qui aurait osé lui chier dessus !

La vie imite l’art. Mais l’art médiocre.

Combien elle est bonne, la vie, avec ces lèvres pleines, ce cou tiède et ces yeux gris comme la mer qui n’attendent plus que sa main tendue.

Ça passe quand on a vingt et quelques années… traîner dehors, emballer des petites touristes, s’enfiler des mousses au Sundowner, sortir les gens du bouillon… Les journées d’été sont longues et l’on se croit éternel.
Puis on se rend brusquement compte qu’on a trente balais, qu’on n’est pas immortel et qu’on ne possède rien. Ni compte en banque, ni maison, ni épouse, ni régulière ni famille.
Et qu’on sauve tous les jours de la mort des gens qui, eux, ont tout cela.

Les chiens sont généralement plus futés que les gens.

Les règles ne sont pas faites pour être brisées mais contournées...

Il n’y a pas de femmes dans ces camps et les hommes sont esseulés. Ils relèvent un instant les yeux pour lorgner d’un œil coupable ces filles fantomatiques qui sortent de la brume. Le désir habite leur regard, bien que nombre d’entre eux soient pères de filles du même âge.

Les malfrats plumaient Vegas à qui mieux mieux.
Et pourquoi pas ?
Les gains coulaient à flots.
Le seul problème, c'était que les boss en voulaient toujours davantage et que d'autres familles guignaient le magot ; de sorte que les "écrémeurs" ne se contentaient plus d'écumer le puits, mais en étaient venus à creuser de plus en plus profond.
Or, il n'y a qu'une faible quantité d'eau dans le désert.

On réussit quelques coups et on se croit meilleurs qu’on ne l’est.