Citations de Donato Carrisi (1724)
La longue nuit a commencé. L'armée des ombres est déjà en ville. Ils préparent sa venue, paré que bientôt il sera ici. Le Magicien, l'Enchanteur des rêves, le Maître de la nuit : Kairus a plus de mille noms.
- Nous les appelons les dormeurs.
Hommes, femmes, enfants inconnus dont l'assassinat n'a pas encore été imputé à un coupable. Ils attendaient depuis des années que quelqu'un se présentât pour les libérer de la malédiction de ressembler aux vivants. Comme dans un conte macabre, il suffisait de prononcer un mot secret.
Leur nom.
Calmann-Levy, P.18
"Mila avait appris des psychologues que les enfants attribuent à des personnages réels les traits de personnages imaginaires, pas nécessairement des méchants. L'inconnu peut devenir un vampire mais aussi un clown sympathique ou un Spidermann perfide. Toutefois, il existe toujours un détail qui démasque le double, le rend à nouveau humain."
Quand on n'a plus de ressources propres, tout ce qui reste est la foi en un Dieu en qui on ne croit pas.
Parfois les hommes se laissent guider par leurs superstitions, pensa-t-il. Pour conjurer l'angoisse du doute, ils sont prêts à croire à n'importe quoi.
Les gares.
Lieux de passage pour les uns, but pour les autres qui s'arrêtent là et n'en repartent plus. Les gares sont une sorte d'antichambre de l'enfer, où les âmes perdues s'amassent en attendant que quelqu'un vienne les chercher.
Les pénitenciers ne s'intéressaient pas à l'existence du démon, ils étaient même les seuls de l'Eglise à en douter. Ils l'avaient toujours considéré comme un prétexte commode inventé par les humains pour se soustraire à la responsabilité de leurs propres fautes et pour absoudre les défauts de leur nature.
Le diable existe parce que les hommes sont mauvais.
Tu ne t'es pas demandé pourquoi le Vatican a aboli l'ordre des pénitenciers ? Le pape n'a pu prendre cette décision que pour une raison très grave, tu ne crois pas? Qui n'a jamais été révélée. Une sorte de ... d'effet collatéral de leur activité. Les archive de la Penitentiaria Apostolica sont le lieu où depuis toujours le mal est étudié, décomposé et analysé. Or il existe une règle selon laquelle chaque pénitencier n'a accès qu'à une partie de la documentation. C'est utile pour préserver le secret, mais aussi parce que personne n'est capable de supporter autant de noirceur.
Il y a une raison pour laquelle les poneys plaisent tant aux enfants. Parce qu’ils ne grandissent jamais, ils sont figés dans l’enfance. Une condition enviable.
Ton horizon est très limité, mon ami. Tu as à disposition une vie humaine, la plus grande et surprenante création de Dieu, et la seule chose à laquelle tu penses est la baiser…
On ne survit pas à un tueur en série. Rien ne sert de pleurer, de désespérer ou de supplier. Au contraire, cela alimente le plaisir sadique du tueur. La seule possibilité pour la proie est la fuite. Mais la peur, la panique, l’incapacité de comprendre ce qui se passe jouent en faveur du prédateur.
Chaque fois qu’on profère un mensonge, il faut se rappeler de tous les faits qui le font tenir sur pied. Quand les mensonges sont nombreux, le jeu devient complexe. Un peu comme le jongleur de cirque qui tente de faire tourner des assiettes sur des bâtons. Chaque fois qu’il en ajoute une, l’exercice devient plus difficile, et il est contraint de courir d’un côté à l’autre, sans répit. C’est à ce moment-là qu’on faiblit, qu’on s’expose.
Quand un individu ment, il doit effectuer une activité psychologique intense pour compenser toute une série de tensions. Pour rendre ses réponses plus crédibles, il est contraint d’atténuer des informations véridiques, déjà sédimentées dans sa mémoire, et à recourir à des mécanismes d’élaboration logique pour les amalgamer au mensonge qu’il raconte. Cela requiert un effort énorme, ainsi qu’une certaine imagination.
Derrière cette façade, il y avait la vérité. Et la vérité était faite de violence. Une violence qui permet aux tueurs en série de faire l’expérience d’une sensation de pouvoir qui efface, au moins temporairement, leur sentiment d’infériorité. La violence perpétrée leur consent d’arriver à un double résultat : obtenir le plaisir et se sentir puissants. Sans avoir besoin de relations avec les autres. Le meilleur résultat avec le minimum d’angoisse relationnelle. « Comme si ces individus n’existaient qu’à travers la mort des autres », pensa Mila.
L’hôte prend possession du nid, et se comporte comme l’autre espèce. Par cette imitation grotesque, il se convainc d’en faire partie. Il justifie chaque chose par son amour infectieux. Il n’accepte pas d’être repoussé comme un corps étranger. Mais, quand il est fatigué de cette fiction, il se débarrasse de sa nouvelle famille, et il se cherche un autre nid à infecter.
Le temps n’existe pas, dans le ventre du monstre qui l’a engloutie : il se dilate et se contracte, comme un estomac qui digère lentement son repas. Et il ne sert pas. Ici, le temps ne sert à rien. Parce qu’il ne peut pas répondre à la question la plus importante. « Quand cela finira-t-il ? » La privation du temps est la pire de ses punitions.
Si quelqu’un avait tué Adolf Hitler, ou Jeffrey Dahmer, ou Charles Manson, tant qu’ils étaient encore dans les langes, aurait-il réalisé un acte bon ou mauvais ? Leurs assassins auraient été punis et condamnés, certainement pas célébrés comme sauveurs de l’humanité !
Faire les choses ensemble signifiait que maintenant ils devaient s’occuper l’un de l’autre, et que donc aucun des deux ne pouvait « laisser tomber ». Aucun des deux n’avait le droit de se laisser aller à la tristesse.
Depuis ce jour, elle avait décidé qu’elle ne laisserait plus son âme se priver de cette mesure fondamentale des autres et de la vie qu’est la compassion. Si elle ne la trouvait pas en elle-même, elle la provoquerait artificiellement.
Trouver un remède à la souffrance des autres compensait ce qu’elle n’avait jamais vécu. Sa malédiction était devenue son talent.