Citations de Edgar Hilsenrath (401)
p. 214 L’homme est une créature dotée d’imagination, ou devrait l’être contrairement à l’animal qui est dépourvu. La force de l’amour donne des ailes à l’imagination et elle et capable de transfigurer toute chose terrestre jusqu’un doigt ne soit plus un doigt, une langue plus une langue, des orteils plus des orteils, un nez plus un nez, un pénis plus un pénis (…) et ainsi de suite.
a famille a tranché : Anna Maria épousera le Juif russe Sergueï Mandelbaum. Parce que l’enfant est en route. Parce que l’honneur de la maison Pepperoni est en jeu. Hors de question en revanche qu’Anna Maria s’installe en Russie. Ergo, ne reste qu’une solution : sortir Sergueï Mandelbaum de Russie coûte que coûte. […] Alors Nino Pepperoni prend personnellement l’affaire en main – autrement dit, il passe le bébé à son avocat et homme de confiance, Archibald Seymour Slivovitz. […] On déniche Lopp. Il vit à Mexico sous le nom d’emprunt de Pedro Domingo Rodriguez. S. K. Lopp alias P.D. Rodriguez connaît les frontières européennes comme le fond de sa poche. Lopp se voit promettre par téléphone 200 000 dollars s’il exfiltre Sergueï Mandelbaum du territoire soviétique.
b) Le chauffeur conduisait lentement. […]
Lopp avait écouté le flot de parole en fumant une Camel et sans quitter la rue des yeux. Cette rue lui plaisait bien. Cette rue était impec. Mais dire que la foule était habillée avec élégance, c’était exagéré. Lopp balança sa Camel à moitié consumée.
Quand Mandelbaum commença à préparer son dîner, Lopp s’aperçut qu’il était déjà neuf heures du soir, neuf heures dix pour être précis. Typique, pensa Lopp, ces fainéants dorment la moitié de la journée, prennent leur petit déjeuner tard, déjeunent tard et par conséquent dînent tard. Tout est un peu décalé.
Lopp était content de sa chambre. Elle était meublée avec goût, chose inhabituelle pour un petit hôtel de cette catégorie, un de ces rooming house sans portier qui ne figuraient dans aucun annuaire téléphonique. Il y avait une salle de bain, un coin cuisine, des placards, un lit double, un bureau, des fauteuils club, une table, quelques chaises et même un téléphone avec ligne directe. Plus qu’il n’était besoin. Il y avait aussi un téléviseur et un rasoir électrique. Le seul point noir c’était l’escalier d’incendie rouillé à côté de la fenêtre d’angle. Lopp se disait : Cet escalier d’incendie est dangereux, d’autant que les fenêtres n’ont pas de barreaux. La nuit, n’importe qui peut entrer comme il veut.
Nous sommes un peuple séduit, dit le gardien. Croyez-vous à l'innocence de ceux qui ont été manipulés?
Des œufs au lard, dit-elle. Tu es juif, tu ne devrais pas manger de lard.
- Je ne 'occupe pas trop de religion, dit Lesche. J'appartiens au peuple juif par la destinée commune, le passé commun holocauste.
- Tu ne peux pas te libérer de l'holocauste, dit-elle.
- Je n'en serai jamais libéré, dit Lesche.
Lesche constata une fois de plus qu'Anahid était indiscutablement belle. Ses yeux l'impressionnaient particulièrement. Ils étaient grands, en amande, empreints de l'éclat et de la tristesse de son peuple, l'expression d'une grande souffrance et d'une grande histoire.
je suis un écrivain allemand et j'ai besoin de la langue allemande. Je ne suis pas revenu pour retrouver les Allemands mais ma patrie linguistique.
J’aimerais croire qu'il y a une justice divine, mais dès que j'essaie de me familiariser avec cette idée, je vois les enfants d'Auschwitz et les millions qui furent persécutés, torturés et assassinés.
Les chômeurs croient que les étrangers sont responsables du chômage, bien que ce soit une absurdité. Les chômeurs croient que les étrangers prennent le travail des Allemands, et cela ouvre la voie aux extrémistes de droite.
Je crois que les nazis m'ont refusé le droit à l'existence parce que j'étais juif. En Amérique, le droit à l'existence m'a été refusé parce que je n'avais pas de succès.
On peut aimer l'allemand sans aimer les Allemands.
Et quand la guerre a été finie, il y a eu, tout d'un coup, deux Jakob Bronsky.
[...]
Le premier Jakob Bronsky, mort avec les six millions, et l'autre Jakob Bronsky, celui qui a survécu aux six millions.
(Edgar Hilsenrath aux jeunes Allemands) :
lisez mon livre… Mon livre contre la violence et la barbarie.
(Parlant des États-Unis d'Amérique) :
Ils auraient dû nous sauver en 1939.
Tu vas enfin avoir l’occasion de baiser une authentique secrétaire de direction. ( mais)
Dans ce pays (les USA), la pauvreté et la solitude sont une infamie.
…les gouvernements de tous les pays de cette planète se foutent royalement de savoir si vous vous faites tous massacrer ou non. Le problème juif leur casse les pieds, à vrai dire, personne ne veut se mouiller.
... Quand on écrit quelque chose pour se débarrasser l'âme, on en est définitivement libéré. L'écriture est une libération pour moi.
- Je suis écrivain. Les livres, c'est comme la coiffure. Il faut attirer l'attention des gens sur un livre à l'aide de la publicité. Peu importe s'il est mal écrit. Les gens se précipiteront dans les librairies pour le réclamer. Il y a des chefs-d’œuvre qui ne se vendent pas, simplement parce que l'éditeur n'en a pas fait la promotion.
- Moi, je lutte en permanence contre les souvenirs de l'holocauste, mais ils reviennent sans cesse. Singer m'avait dit en guise d'adieu : "Pourquoi les Allemands ont-ils besoin d'un mémorial ? Le pays tout entier est un monument à l'holocauste."