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Critiques de Edith Bruck (81)
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Le pain perdu

« Il y a très très longtemps, il était une fois une petite fille qui, au soleil du printemps, avec ses petites tresses blondes virevoltantes, courait les pieds nus dans la poussière tiède. » Cette enfant pleine de vie, c’est Edith Bruck qui livre, à 90 ans, un témoignage saisissant avant que sa mémoire ne lui fasse défaut. Le livre débute comme un conte, une fable car ce passé heureux semble irréel et trop lointain. Edith Bruck a grandi dans le village hongrois de Tiszabercel. En avril 1944, alors qu’elle a 13 ans, les gendarmes raflent tous les juifs du village. Edith fut déportée à Auschwitz avec l’une de ses sœurs puis dans d’autres camps avant d’être libérée en avril 1945.



Ce qui est particulièrement intéressant dans « Le pain perdu », c’est le récit de la vie d’Edith et de sa sœur après les camps. L’autrice nous décrit les difficultés qu’elle a éprouvé à trouver sa place dans le monde des vivants. Le retour dans son village natal est calamiteux, son séjour en Tchécoslovaquie est un échec. Personne ne veut voir les rescapés. Edith décide alors de rejoindre sa sœur partie s’installer en Israël. Mais là non plus, elle ne se sent pas à sa place. La terre promise, tant rêvée par sa mère, se révélera bien âpre. La désillusion est de taille et Edith Bruck décide de quitter le pays en intégrant une troupe de cabaret. C’est grâce à cela qu’elle trouve enfin le pays qui l’accueillera et où elle réside toujours : l’Italie.



Le témoignage d’Edith Bruck est aussi tragique qu’emprunt d’une vitalité extraordinaire. Écrit de manière directe, sans pathos, ce texte montre la trajectoire d’une femme qui refuse de se laisser dicter sa vie, refuse toute forme d’autorité et fait fi des difficultés, des obstacle qui se dressent devant elle après sa libération. « Le pain perdu » se clôt sur une lettre à Dieu absolument bouleversante : « (…) pitié oui, envers n’importe qui, haine jamais, c’est pour ça que je suis saine et sauve, orpheline, libre et c’est ce dont je Te remercie, dans la Bible Hashem, dans la prière Adonai, et dans la vie de tous les jours, Dieu. »
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Le pain perdu

.La lecture de ce terrible livre m’a profondément touché et de deux manières opposées : le dégoût pour une espèce capable d’infliger à ses propres membres des tourments tels que ceux qu’a vécus Edith Bruck , et l’angoisse de voir renaître et prospérer de nos jours les miasmes qui ont rendu possibles ces horreurs . Mais aussi la sidération et l’admiration pour la capacité de cette femme de renaître, lutter ,témoigner malgré la mort , les camps , la haine … Un ouvrage très dur mais dont la lecture se doit d’être un hommage à son courage .
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Le pain perdu

Un livre de plus sur la persécution des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale? Oui, sauf qu'il n'y en aura jamais un de trop pour ranimer les mémoires. Edith Bruck livre ici un témoignage poignant, à hauteur d'enfant, sur les campas mais aussi sur le difficile retour à la vie après la libération, et l'amnésie volontaire de certains…
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Le pain perdu

Un témoignage empreint de résilience, courageux et à mon sens indispensable pour continuer la route de la vie.

J'ai particulièrement apprécié l'authenticité de ce récit que l'on ressent dans sa façon de raconter et partager comment sa vie a pris un tournant terrible et indicible.

Je salue sa capacité à transmettre ses ressentis et son histoire, avec ses questions et ses incompréhensions.

Un récit simple et difficile, qui doit nous rappeler de ne jamais oublier cette période dramatique afin que cela ne se reproduise plus.



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Le pain perdu

Préservons ces témoignages, les voix s’éteignent, c’est le cycle de la vie, mais les écrits restent pour dire l’indicible afin que nul n’ignore et que tous nous transmettions encore et encore.

Ce devoir de mémoire nous ancre dans la mémoire collective, dans l’appartenance à la Nation.

L’horreur n’a eu ni limites ni frontières.

Edith Bruck à la fin de l’ouvrage nous livre une confidence poignante, celle de la mémoire qui s’enfuit et donc l’urgence à témoigner encore.

Dans tous ces témoignages, Primo Levi, Simone Veil, Marceline Loridan, Charlotte Delbo entre autres,il y a l’universel et le personnel.

D’où l’importance de dire l’indicible.

Edith est née le 3 mai 1931, dans un petit village hongrois Tiszabercel, près de la frontière ukrainienne, en 1944, elle subit les premières manifestations de racisme contre les juifs. Petite fille vive et intelligente, déjà pourvu d’un caractère affirmé, elle est emmenée avec sa famille à l’aube de ses 13 ans, dans un convoi pour les camps.

Dernière image heureuse, sa mère les mains dans la pâte à pain, dont les ingrédients avaient été offerts par des voisins compatissant devant leur dénuement.

La famille est séparée, le père avec son frère David, la mère avec Jonas, et Edith avec sa grande sœur Judit.

Edith devient le matricule 11152.

« Marcher ! Vite ! En avant ! nous répétaient les deux gardes. Celle qui n’y arrive pas doit le dire et on l’hospitalisera !

Quatre sœurs, dans l’espoir d’un lit, levèrent aussitôt la main, et les fusils des soldats répondirent par quatre coups. »

Un an de camps puis la liberté ?

Les deux sœurs ont pu rester ensemble jusqu’au bout.

Le rapatriement se fait dans l’ordre d’arrivée, les Hongrois seront les derniers rapatriés, Edith et Judit vont faire comme d’autres partir dans un voyage de retour périlleux.

Que peut-il y avoir de pire que ce qu’elles ont déjà vécu ?

Il y a des escales où elles retrouvent des survivants, où elles apprennent les morts, où elles découvrent qu’il y a eu des hommes et des femmes qui se sont battus contre l’ignominie « les Justes »,

La première personne qu’elle retrouve c’est Mirjam, leur sœur aînée, très endurcie, un accueil glacial, elle ne cherche pas à savoir ce qu’elles ont vécu, Judit et Edith se sentent « de trop ». Mirjam leur apprend que leur frère David est chez leur autre sœur Sara, c’est ainsi qu’elles apprennent qu’elles ne reverront pas leurs parents ni le petit Jonas.

Ne se sentant désirées nulle part, elles vont retourner dans leur village. Arrivées sur place, c’est là aussi l’indicible, une maison pillée, les voisins craignent les représailles qu’elles pourraient vouloir exercer.

C’est au milieu du fumier qu’Edith récupère son seul héritage, les quelques photos de famille qui ont résisté.

Dès lors Judit n’a qu’une idée, aller en Palestine, comme en rêvait leur mère. Edtih, elle, veut écrire encore et encore, elle commence ses carnets.

Judit partira la première, Edith retournera chez sa sœur Sara, puis ira chez David qui s’est marié, puis elle partira.

Elle finira par aller en Palestine où elle retrouvera Judit.

Mais, brisée, elle ne se sent pas à sa place.

Les hasards de la vie font qu’elle finira par s’installer en Italie, où elle fera sa vie, continuera ses carnets débutés en hongrois et continués en italien.

Une identité et une place retrouvée grâce à l’écriture, témoigner c’est se réappropriée son être.

Edith Bruck, quasi nonagénaire, veut encore témoigner. Elle dit en fin d’ouvrage comment lors de signe de perte de mémoire, elle a ressenti l’urgence de dire.

Chaque récit sur cette période a une valeur universelle, mais aussi une valeur personnelle.

Ce qui est commun c’est de taire ce qui a été vécu, enfouir pour oublier. Mais au contraire d’autres veulent dire encore et encore. Ne pas oublier, surtout si comme moi c’est la voix de l’enfant que vous entendez derrière ces témoignages.

Edith Bruck rend celui-ci particulièrement prégnant et émouvant. Il me semble que c’est la première fois que je lis le rejet d’une famille, l’absence de cohésion, ce repli sur soi.

Une enfant devenue adulte dans l’horreur, et des décennies plus tard c’est la voix de l’enfant que vous entendrez.

A lire car ce n’est pas du passé.

©Chantal Lafon




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La voix de la vie

Cette anthologie complète "Pourquoi aurais-je survécu ?" en proposant les poèmes qui n'avaient pas été traduits dans ce premier ouvrage. C'est ce que dit l'éditeur, mais j'ai repéré quelques textes qui sont dans les deux 😉

Ces textes sont présentés selon les quatre recueils qui ont été édités en italien. Cela nous permet d'avoir aussi les textes de présentation écrits par Édith Bruck pour deux de ces livres et c'est intéressant de connaître son intention littéraire. Elle parle ainsi de la poésie qui l'accompagne depuis l'enfance et qui remplaçait même sa prière du soir !

Ces cent-vingt-cinq poèmes nous mènent de 1975 jusqu'aux années 2020 avec la pandémie du Covid 19 et les 90 ans de l'autrice. Ils évoquent autant des sujets de la vie quotidienne d'Édith Bruck que des souvenirs d'enfance, de ses parents ou de la guerre. Il y a aussi le retour de l'antisémitisme ou du racisme.

Les derniers vers du recueil sont un rapide résumé de sa vie : sa famille, la Shoah à laquelle elle a survécu, l'Italie qui l'accueillie, sa rencontre avec le pape François... avec une belle conclusion :

"Le vide que tu regardes

n'est jamais vide.

Le silence autour

n'est jamais silence.

Il te suffit d'écouter

il est plein de voix."
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Le pain perdu

160 pages environ. Voilà ce qu'il aura fallu à Edith Bruck pour faire le récit de la première moitié de sa vie. Et quelle vie... Je doute qu'elle serait d'accord pour dire qu'elle a eu une destinée hors du commun. Cela signifierait qu'elle concèderait avoir été au-dessus du lot et elle est, à mon avis, trop humble pour ça.



Quand il s'agit de la Shoah, la plupart des témoignages des survivants entendus racontent le voyage aller en wagon, la vie dans les camps, leur libération... et s'arrêtent là. Nous donnant alors l'impression que les rescapés ont bénéficié d'une sorte de rapatriement sanitaire chez eux et ont repris tranquillement leur vie d'avant, comme si ce qu'ils avaient vécu après était moins digne d'intérêt. Pour illustrer ce constat, je pourrais parler de l'œuvre de Primo Levi. Si tout le monde connaît Si c'est un homme (23645 lecteurs à ce jour sur Babelio), peu de gens connaissent en revanche l'existence de La trêve (108 lecteurs). La trêve commence là où Si c'est un homme s'est arrêté, c'est à dire à la libération du camp d'Auschwitz par les Russes et raconte le voyage de l'auteur de plusieurs mois à travers l'Europe de l'Est qui le ramènera chez lui. Si c'est un homme m'avait accablé bien sûr mais j'avais déjà été mise au courant de l'horreur des camps. La trêve a littéralement changé ma vision de la Shoah en en repoussant les frontières temporelles au delà de la fin officielle de la guerre.



Dans Le pain perdu, Edith Bruck partage également toutes les difficultés matérielles, administratives et sociales qu'elle a rencontrées lors de son voyage retour. Je crois que ce qui m'a le plus marqué, c'est l'attitude hostile de la population civile mais aussi celle de la propre famille d'Edith quand enfin elle revient auprès des siens. Un témoin gênant qui empêche d'aller de l'avant. Voilà à quoi elle est réduit.

C'est là que mon admiration pour elle arrive à son comble. Cette énième épreuve ne la met pas à terre. Certes, elle a vécu bien pire. Et sans une plainte, ni rancœur elle s'anime et commence à vivre comme elle l'entend. Dans un monde post apocalyptique où tout élément de stabilité est vécu comme un salut miraculeux, elle se met à travailler, à s'exiler et surtout à se marier par utilité non pas une, ni deux mais trois fois en quatre ans.



J'écris cette critique de longs mois après en avoir fait la lecture et je crois que j'aurais été incapable d'écrire tout ça sitôt ma lecture achevée. Preuve que Le pain perdu ne vous inspirera peut-être pas instantanément, mais que vous pouvez en revanche faire confiance à la plume simple et percutante d'Edith Bruck pour graver votre cœur pour longtemps et faire de cette grande dame une indéfectible source d'inspiration.
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Le pain perdu

Ce récit autobiographique très personnel de l'autrice raconte sa jeunesse en Hongrie, son internement dans les camps avec sa famille, la perte de ses proches, sa survie, son retour en terre natale et sa quête d'un monde meilleur en terre promise (Israël) pour finalement la trouver en Italie. Avec en parallèle sa construction, son passage de jeune fille à femme et la découverte de la vie et des sentiments amoureux dans ce contexte. Sa construction s'est faite seule car après son passage dans les camps, elle s'est retrouvée orpheline de famille et de nation, ne pouvant compter que sur elle-même.



Une lecture forte, poignante et paradoxalement assez lumineuse en dépit des évènements. On ressent la force interne de l'autrice qui va de l'avant tout en ayant vécu une vie difficile. Toute la force de caractère d'Edith Bruck est retranscrite dans ce récit. Ses propos sont à la fois factuels et très intimes mais sans jamais tomber dans le pathos. C'est ce côté qui donne un caractère doux à la lecture malgré la noirceur des faits vécus et relatés.
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Le pain perdu

Je sors de ce livre comme morcelée, sans doute comme l'autrice l'est elle-même. L'écriture brouillonne m'a perdue plus d'une fois, qui était qui, sauts d'histoires, enchaînements hasardeux... ce n'était pas toujours bien agréable de se faire ainsi promener sans toujours comprendre les liens, les ressorts, les pays. Rien de clair. Même sur le style de l'écriture c'est compliqué, au départ il est écrit "elle" un elle qui devient je, sans aucune préparation.

Et pourtant.

Un témoignage important est là, entre les mots égarés dans le temps et l'espace. Il y a bien d'autres auteurs témoignant de l'horreur des camps et de la reconstruction qui s'en suit, mais chaque voix est d'une grande importance, parce qu'unique. Je comprends son urgence à raconter, à 89 ans, je comprends cette urgence qui l'a prise et qui nous plonge dans un désarroi total à tenter de la suivre de pays en pays. Et aussi, il manque les émotions sans doute inaccessibles, il manque des morceaux d'histoires entre ce qui est raconté, il manque cette famille tuée et survivante, il manque un apaisement impossible que l'humanité a été incapable d'apporter. Et comme elle, je crains cette extrême montée de violence à travers le monde, comme si nous n'apprenions jamais rien du passé.



Un livre à lire, même s'il n'a pas la perfection de certains.



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Je te laisse dormir

Je te laisse dormir, une autobiographie sublime qui peint la dévotion d’Edith Bruck pour son mari, pour sa famille, pour la mémoire des proches aimés.



Cette autobiographie est l’une des plus belles que j’ai lue. L’autrice fait tourner son histoire autour de son mari, poète et réalisateur. C’est une autobiographie composite, sa vie est peinte par le biais d’un entremêlement de sentiments, d’événements. Edith Bruck retrace la violence de sa déportation et des camps de concentration qu’elle nomme « l’Au-delà ». La douleur du passé conditionne sa vie, ses sentiments et l’intégralité de ses actes, toujours emprunts de dévotion.



La douleur et l’amour se mêlent dans chaque page, d’où une lecture parfois complexe car d’une force poignante. Edith Bruck trace l’histoire de son nouveau pays, l’Italie, pays de Nelo, son mari. Une dimension intimiste s’installe par la description d’entretien avec des auteurs italiens, la correspondance entre Edith et Nelo, ainsi que des lettres de Primo Levi.



Un dernier point qui mérite un éloge, la douceur de la traduction. Il est complexe de parvenir à retranscrire les sensations d'un auteur. Cette traduction de René de Ceccatty, est légère, mais la profondeur lexicale est sublime.



Le tour de force d’une bonne autobiographie, comme Je te laisse dormir, est de faire ressentir un besoin d’en savoir plus sur l’auteur, sur ses œuvres.
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Pourquoi aurais-je survécu ?

La poésie d’Edith Bruck est une autobiographie en vers. Elle y raconte sa déportation à Auschwitz à l’âge de 13 ans - où elle y perdra ses parents - et son rôle de survivante des camps de la mort : celui de témoin et de victime avec un devoir de mémoire.

Comme la plupart des déportés, Edith Bruck ressent un besoin inaltérable de faire revivre - à travers ses écrits - ce qui ne doit pas sombrer dans l’oubli.



-

« Quand viendra mon heure

Je laisserai en héritage

Peut-être un écho à l’homme

Qui oublie et continue et recommence … »

-



Dans « Pourquoi aurais-je survécu ? », chaque poème est un fragment de sa mémoire. Ils montrent combien toutes ses pensées sont habitées par son passée et répondent à l’exigence d’un témoignage, besoin vital pour elle.

Les saynètes qu’elle y construit - d’une plume sobre et incisive pour décrire l’indicible - ne cèdent pourtant jamais place au besoin d’une narration mélodramatique.



Ici, Edith Bruck nous rappelle que la poésie peut être un moyen de guérison, de résilience, et un puissant instrument de mémoire.

Ses vers sont une invitation à nous souvenir, à réfléchir et à ne jamais oublier.

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Le pain perdu

Vous pensiez avoir tout lu sur la seconde guerre mondiale ? Moi aussi.



Mais quelle claque ce récit.

L’auteure nous parle d’elle, de sa vie, de son vécu de jeune fille.

Ce n’est pas réellement une histoire comme tant d’autres ou l’on nous narre les camps de concentration ou les camps d’extermination. Ce passage est vraiment tout petit.

Non ici l’auteure a décidé de nous parler de l’après, de la reconstruction. De comment vivre après avoir été descendu plus bas que terre, presque enterrée.



Un livre fort et poignant.



Un récit qui malgré que j’en connaisse beaucoup m’atteint toujours au plus haut point !



Un livre court mais intense.
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Le pain perdu

VIVRE ET TEMOIGNER

Il y a des êtres sans nul doute plus assoiffés de liberté que d’autres, portés par un tempérament audacieux et indocile et guidés par des expériences de vie ineffaçables.

Edith Bruck est de ceux-là. Polonaise d’origine elle est arrêtée avec sa famille à douze ans, envoyée à Auschwitz, déportée avec sa sœur à Dachau puis Bergen-Belsen.

A 90 ans cette année, Edith Bruck témoigne. Pas seulement de son expérience dans les camps mais aussi dans ce livre, de toute une existence portée par une folle envie de vivre, sans haine, et d’être libre.

A la sortie des camps, marquée par la violence, la faim, la mort, l’humiliation, la soumission et la survie, Edith Bruck ne veut plus jamais obéir, ni se soumettre à qui que ce soit. Elle saisit alors son destin à pleines mains, sans jamais tergiverser, prenant corps et âme à chaque instant de son existence des décisions franches, parfois radicales, mais toujours pour avancer, comme pour fuir plus que tout son adolescence sacrifiée sur l’autel de la haine, dans les camps puis dans la terrible errance des années qui ont suivi la libération.

Mariée trois fois avant ses vingt ans, elle finit à force de renoncements, de retrouvailles et de pays traversés, et notamment une tentative de retour en Israël, par rencontrer à Rome le réalisateur Nelo Risi. Elle l’épouse, l’aime profondément, acquiert la nationalité italienne et écrit depuis tous ses livres dans la langue de ce pays qu’elle considère comme le sien.

Elle qui fut la petite fille aux pieds nus en Hongrie, qui a vu et entendu sa mère pleurer ce pain qu’elle dut abandonner le jour de leur arrestation, s’inquiète aujourd’hui de cet antisémitisme toujours menaçant en Europe, « des plantes vénéneuses qui n’ont jamais été éradiquées et où poussent de nouvelles branches, des feuilles que le peuple dupé mange… »

Alors inlassablement elle continue de témoigner, plus que jamais, enjoignant Dieu de lui laisser encore du temps et la capacité de dire et raconter notamment à la jeunesse, berceau du monde de demain.

Dans une langue sans ambages, parfois sèche, sobre, parce que son regard sur le monde est tranchant et franc, le témoignage d’Edith Bruck commençant comme un conte, se veut universel car essentiel à plusieurs titres, à tous et partout où il pourra être entendu.

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Le pain perdu

À peine eu le temps de finir " le pain perdu" d'Edith Bruck que je dois vous en parler. Quelle puissance monstrueuse dans ce livre. Tout parait si réel, en même temps ça l'a été, mais on a réellement l'impression de voir, de vivre ce qui se passe. L'écriture est pure, elle est crue, elle ne nous laisse aucun répis. On la suit, dans les trains, dans ces horribles camps. Et pourtant, elle nous offre un témoignage magnifique mais dur. Pour ne jamais oublier. Ce genre de livre est absolument nécessaire. Je n'avais jamais lu un témoignage sur cette histoire aussi fort. Dans sa façon de raconter. Encore une fois, c'est cru, les mots utilisés sont des mots chocs mais en même temps, sont-ila vraiment assez forts pour exprimer ces horreurs ? Et pourtant, au delà de cette écriture puissante et crue, se dégage une lueur d'espoir, d'amour et de beauté. Je vous écris ça immédiatement après l'avoir fini, de façon pure et brute, en 2min, sans réflexion, uniquement dans le ressenti du récit et je crois que cela colle parfaitement à l'ambiance et la façon dont il est raconté.

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Le pain perdu

On accompagne l’auteur, rescapée d’Auschwitz, de son village hongrois au camp de concentration. Le plus intéressant, à mon sens, est la difficulté du retour, de la réinsertion, de la vie. Les survivants ne peuvent ni ne veulent parler de leur expérience. Les proches ne sont pas souvent des soutiens, occupés eux-mêmes à repartir dans la vie, en fondant une famille, parfois de façon précipitée, la vie vs la mort. L’auteur relate ses expériences, avec un sens de l’humour, et un détachement, un autre moyen de survie ?
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Le pain perdu

Edith Bruck, grande dame toujours vivante, a survécu aux camps de la mort. A la manière de Primo Levi, dont elle a été la correspondante et l’amie, elle raconte avec lucidité, simplicité et poésie l’avant, en Hongrie avec sa famille, puis l’enfer des camps et l’après, le presque impossible retour. "Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle." Magnifique récit en humanité et poésie !
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Le pain perdu

Peu importe le nombre de récits déjà lus sur le sujet, la lecture d’un tel texte reste, à chaque fois, un bouleversement, un état d’incompréhension face à l’indicible et, en même temps, une admiration pour la résilience dont les survivants ont fait preuve.

Edith Bruck passe son enfance en Hongrie où, les années passant, elle se sent, en tant que juive, de plus en plus exclue par la population locale. Avec la guerre, le nazisme et le fascisme montant dans cette Hongrie collabo, toute sa famille est déportée en 1944 à Auschwitz. Sa sœur et elle seront ensuite transférées à Dachau, Christianstadt, et Bergen-Belsen.

C’est le parcours de cette enfant, cette adolescente, femme en devenir que nous suivons de sa Hongrie, aux différents camps dont elle finira par être libérée… encore faut-il être capable de se reconstruire, de retrouver goût à la vie, un sens à celle-ci.

Un très beau récit à mettre entre toutes les mains, un devoir de mémoire essentiel !
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C'est moi, François

Un livre qui se lit d'une traite, comme le dit la personne qui a écrit la postface, et qui relate une belle rencontre assez insolite entre deux personnes de près de quatre-vingt-dix ans ! le pape François a lu une interview d'Edith Bruck, où elle parlait de sa "Lettre à Dieu", et il a souhaité la rencontrer. A leur première rencontre, dans l'appartement de l'écrivaine, il lui demande pardon pour la Shoah. Cette reconnaissance fait un peu de leur rencontre un symbole pour les catholiques : quand Édith Bruck, qui est très connue en Italie en tant que survivante de la Shoah, beaucoup de gens viennent désormais lui demander pardon.

Au-delà de cet aspect symbolique et un peu anecdotique, il y a une rencontre véritable entre deux personnes qui créent des liens assez forts entre entre elles. le pape téléphone à Édith qui lui demande des nouvelles de sa santé, il l'invite à la Maison Sainte-Marthe, il lui souhaite son anniversaire, elle lui envoie des poèmes qu'elle écrit ou qu'elle traduit, ils se font de petits cadeaux.

Cette amitié et les questions qu'elle lui provoque font remonter Edith Bruck à son enfance, à la communauté juive de son village natal en Hongrie et à sa mère et son père. Que diraient ses parents de cette proximité avec le représentant de l'Église catholique ? Est-ce que le pape aurait plu à sa mère ? le pape François doit-il endosser les fautes du catholicisme et son anti-judaïsme au long des siècles ?... A travers ces questionnements se révèle toute la complexité des relations entre le judaïsme et le catholicisme.
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Le pain perdu



DEVOIR DE MEMOIRE



▶️1944, Tsiszabercel, Hongrie : l’auteure, Ditke, a 13 ans quand en pleine nuit, les gendarmes frappent à la porte en hurlant de tout laisser et de sortir - dans la peur et la confusion, la mère pense au pain dont la pâte lève et qui va être perdu...Toutes les familles juives du village sont conduites au ghetto de la ville, première étape avant le train de marchandises et l’arrivée au camp, Dachau...

▶️...puis il y aura les transferts, Auschwitz, Bergen-Belsen et toujours la même horreur sans nom : «la faim, les poux, la peur d’être sélectionnées, les maladies et les suicides contre le fil barbelé et électrifié ».

▶️A la libération des camps, elle entame une vie d’errance, ira en Israël, «l’Etat nouveau-né », s’y marie par deux fois, refuse de faire le service militaire et s’engage alors dans une troupe de saltimbanques, reprend la route, chante et danse en Grèce, en Suisse puis en Italie qui sera sa terre promise : "Voilà, me disais-je, c'est mon pays. Le mot "patrie", je ne l'ai jamais prononcé : au nom de la patrie, les peuples commettent toutes sortes d'infamie". Commence alors son travail d'écriture...

▶️Ultime témoignage d’Edith Bruck qui, à presque 90 ans, sachant qu’elle perd la vue, entreprend ce dernier récit, «au bord de la fin » ; un récit sombre et douloureux - l’auteure, dans une économie de mots, raconte l’indicible de la barbarie...

▶️...Mais un récit singulier,qui refuse de verser dans la haine, porté par la rage de vivre pour écrire et témoigner : «Vivons, nous verrons en vivant. Nos vrais frères et sœurs sont ceux des camps. Les autres ne nous comprennent pas, ils pensent que notre faim, nos souffrances équivalent aux leurs. Ils ne veulent pas nous écouter : c’est pour ça que je parlerai au papier ».

▶️Un texte d’une beauté noire et tragique - poignant et nécessaire..
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Le pain perdu

Issue d’une famille juive et pauvre de Hongrie orientale, l’autrice installée en Italie après un long parcours d’errance, âgée aujourd’hui de près de 90 ans, raconte son “long chemin [...] dans la forêt obscure du XXe siècle” dans un récit tranchant.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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