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Critiques de Eka Kurniawan (38)
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L'homme-tigre

Margio a tué Anwar Sandat et pour tout le monde, c’est une nouvelle ahurissante. Margio, c’est un bon gars, certes un peu renfrogné, mais tranquille. Seulement voilà, le jeune homme a un tigre dans son corps - un héritage familial.



J’ai adoré les pages où les légendes s’engouffrent, où l’on bascule dans le réalisme magique. J’ai adoré la beauté de ce tigre blanc comme un cygne, blanc comme un nuage, blanc comme du coton, dont notre héros tombe éperdument amoureux, et on le comprend; j’ai été fasciné par l’énormité de la sauvagerie qui peut s’emparer de celui que ce beau et si poétique félin habite. La conteuse du village de son grand-père, Ma Muah, m’a bien séduite aussi, avec son stock d’histoires qu’elle n’a pas besoin de complètement inventer, « car, disait-elle, tout cela avait réellement eu lieu dans le passé ». Un passé où donc les princesses djinns enlevaient de beaux garçons pour les emmener dans leur palais, et où il y avait des unions matrimoniales entre les hommes et les tigres - ce qui explique que Margio ait pu hériter de l’un d’eux.



Ce qui est dommage, c’est que le reste du roman, bien qu’étant d’une qualité tout à fait estimable, n’est pas aussi captivant. L’évolution, les problèmes de famille, les tiraillements du héros qui vont conduire au meurtre, sont évoqués avec justesse et c’est intéressant d’être dans le quotidien d’un village indonésien. Mais c’est moins vif, moins étonnant, moins drôle que mon autre lecture d’Eka Kurniawan, Cash. Du coup, j’ai été un petit peu déçue.
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 Cash

Une ironie mordante - mais tendre quand même, une écriture vive, prenante, un drôle de mélange entre du très cru et une belle finesse, bref une chouette découverte.

Histoire, personnages ou style, c’est souvent surprenant et savoureux. Eka Kurniawan place son (anti-) héros dans une situation assez délicate et nous lecteurs, entre compassion et sourire, nous laissons entraîner avec beaucoup de plaisir dans cet univers indonésien où il y a de l’humour grinçant et de la bagarre mais aussi une certaine douceur dans les sentiments, dans l’amitié sans faille comme dans cet amour qui vous tombe dessus même quand vous êtes fermement résolu, et pour des raisons qui vous semblent les meilleures du monde, à ne jamais tomber amoureux de la vie.

C’est que depuis qu’il a été témoin d’un viol, Ajo Kawir a beau répéter à son pénis «Lève-toi, mon Oiseau. Lève-toi, misérable. Tu ne peux pas dormir tout le temps.», son membre (plus trop) viril fait la sourde oreille, préférant se la jouer Belle au bois dormant. Alors, pour défouler ses ardeurs de jeune homme, pour oublier son funeste destin, Ajo Kawir cherche continuellement la baston.

Ce n’est pas que la baston soit mon thème de prédilection, mais là, j’étais sous le charme, c’est drôle, intelligent, dépaysant.

Bien envie de lire maintenant le roman d’Eka Kurniawan paru en 2017, Les Belles de Halimunda.

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Les belles de Halimunda

Indonésie. Asie du sud Est. Le plus grand archipel du monde. Le quatrième pays le plus peuplé au monde. Le premier pays à majorité musulmane au monde. Moluques, Sumatra, Bornéo, Bali, Java...plus de 13 000 îles. Leur géographie, l’histoire de leur colonisation, de leur occupation, de leur indépendance a façonné leurs visages. Complexité ethnique, culturelle, spirituelle, linguistique.. Et pourtant nous en savons, ici, que très peu…

Cela commence comme un conte, une légende…C’est l’heure où les morts sortent de leur tombeau..

Les âmes reviennent. Les fantômes du passé ressurgissent, hantent le présent. Rien n’est direct chez Eka Kurniawan. Tout est en filigrane, mais on comprend la filiation de la malédiction. L’origine du mal. On peut effectivement lire les belles de Halimunda comme un conte, en méconnaissant l’histoire indonésienne...mais quel dommage cela serait de se soustraire à l’intelligence de ce récit.

A travers cette saga familiale, où l’étrange, le merveilleux, l’onirisme du récit porte et fait naître la réalité de l‘Histoire, l’auteur nous nous plonge dans l’histoire contemporaine indonésienne  et nous la fait entendre: de l’époque coloniale sous le pouvoir des hollandais à l’invasion japonaise aux camps où les Hollandais étaient enfermés, à la lutte pour l’indépendance, à l’arrivée des communistes et de leurs massacres en 1965 par l’armée de Soeharto.

Sans aucun doute pour comprendre l’Indonésie d’aujourd’hui il faut lire Aka Kurniawan, mais également Pramoedya Ananta Toer, auteur qui me tarde également de découvrir.

Les belles de Halimunda, un roman épique, étonnant, et qui nous ouvre les portes de l’âme indonésienne.



Astrid Shriqui Garain
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 Cash

Je redécouvre la plume d'Eka Kurniawan, que j'avais adoré avec L'homme-tigre, il y a quelques années.

Le jeune auteur indonésien n'a pas perdu de sa verve, ni de son panache et nous narre les folles aventures, entremêlées de beaucoup de baston et de sexe, du jeune Ajo Kawir, traumatisé alors qu'il était adolescent, après avoir assisté au viol d'une simple d'esprit par deux policiers.

Depuis, Ajo Kawir ne bande plus et son "petit oiseau" reste plongé dans un sommeil profond. Pour compenser et tromper sa frustration, il se lance corps et âme dans la bagarre, cassant la gueule au premier venu.

Son meilleur ami, Si Tokek, le suit dans la baston et compatit à son malheur.

Un jour, un mafieux propose à Ajo de combattre le Tigre, figure local redoutée de tous, d'une violence incroyable et jusqu'alors invaincu. le jeune homme, désespéré suite à une déception amoureuse avec la belle et féroce Iteung, accepte.

C'est un roman haut en couleurs, très vif et plein d'humour. Ne vous attendez pas à un récit linéaire. Ici, ça foisonne, passant d'une scène à l'autre, d'une époque à l'autre, d'une histoire à l'autre, sur fond tropical. Malgré la violence et un langage cru, les sentiments tels que l'amitié et l'amour sont là, délicatement exprimés.

Les personnages sont touchants, je m'en souviendrai !

Merci, Eka Kurniawan, pour cette belle histoire dépaysante. Tu nous enchantes.

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L'homme-tigre

2015 restera sans doute comme une année des plus heureuses pour l'auteur indonésien Eka Kurnawian qui aura vécu la publication de deux de ses livres en anglais et un en français, publié à l'origine en 2004 : L'homme-tigre. Tout commence par le meurtre sauvage du dénommé Anwar Sadat, artiste peintre de son état et séducteur compulsif par ailleurs, par un garçon appelé Margio, unanimement apprécié pour sa gentillesse, malgré une vie domestique difficile sous le joug d'un père tyrannique et violent. Quel est le mobile de cet assassinat ? Le lecteur le découvrira 250 pages plus tard après une série de retours en arrière qui racontent le quotidien d'une petite ville indonésienne. Réalité sociale et présence de mythes et légendes locales se croisent dans ce roman qui ne manque pas de piquant ni d'exotisme mais qui ne dépasse pas ce stade tant le style très sage ne parvient pas à donner davantage de densité à une histoire dont on est parfois déçu par le peu de développements accordés par l'auteur. Ainsi, le côté paranormal de l'affaire, cette âme de tigre blanc qui se transmet de génération en génération, est-il traité de façon relativement plate et anodine. Aucun ennui dans la lecture de L'homme-tigre mais pas passion non plus. Le romancier n'a t-il pas les crocs suffisamment acérés ? Nous le saurons ultérieurement puisque (l'excellent) éditeur Sabine Wespieser a promis de nous faire découvrir d'autres livres d'Eka Kurniawan.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Les belles de Halimunda

Halimunda est une ville imaginaire de la côte sud de Java, dont l’histoire est marquée par des femmes à la beauté fatale. Sans oublier le colonialisme, la Seconde Guerre mondiale, les révoltes populaires, les rivalités – masculines essentiellement – et une pincée d’onirisme qui remue la poussière et l’éclaire.



Le roman m’a paru être un arbre renversé : une multitude de branches, à la lecteurice de grimper, de se balancer et de sauter de l’une à l’autre pour remonter aux racines et, peut-être, comprendre. À l’occasion, on pourra trouver un endroit stable où se lover et se laisser bercer par la joliesse d’une péripétie ou d’un sentiment.



Aux premières pages de l’ouvrage, Dewi Ayu, la prostituée la plus célèbre de la ville, sort de sa tombe vingt et un an après sa mort et rentre chez elle, où elle trouve sur la véranda sa dernière-née : une jeune femme à la laideur extravagante. Son vœu avait donc été exaucé : la beauté de ses aînées ayant semblé n’apporter que catastrophes et tourments, Dewi Ayu s’était efforcée de rendre la quatrième la plus repoussante possible. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de recevoir de curieuses visites nocturnes…



De phrase en phrase, le récit se forme, entre l’horreur et la beauté. La violence reste généralement calme, servie par une écriture déconcertante. Le style est limpide et sobre, mais chargé d’une poésie qui déplace les émotions réflexes. On sourit face à l’horreur et frissonne devant la tendresse. Eka Kurniawan tisse un long conte où figures légendaires et réalisme historique s’alimentent et, doucement, redéfinit les amours.
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Les belles de Halimunda

Argh, j'ai eu du mal à aller au bout !

Ce livre est formidable car il m'a fait découvrir l'histoire de l'Indonésie et l'occupation des néerlandais dans ce pays.

Ensuite, cela m'a fait penser au théâtre d'ombres, avec les vilains esprits, les gentes dames, et les héros.

Même si elle exerce le métier de prostituée l'héroïne de ce roman ne manque pas de panache.

Et donc on suit l'histoire de Dewi Ayu et sa descendance, ponctuée de fantômes, de légendes et de fait historiques.

Ça change tellement de ce que je suis habituée à lire !!!

Ce qui m'a gênée, ce sont par moment les histoires dans l'histoire, mais tout du long je me suis transportée à Java, et j'avais par moment la musique balinaise dans mon esprit.

Chouette lecture.
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 Cash

Sur l'édition originale indonésienne du troisième roman d'Eka Kurniawan figure un splendide oiseau bariolé. Très symbolique image, puisque dans ce livre traduit en français sous le titre de Cash, le personnage principal ne cesse de s'adresser à son (petit) oiseau pour se lamenter de sa paresse. En d'autres termes, notre héros est impuissant, suite à un épisode traumatique de sa jeunesse, et quand, comme lui, on passe son temps à montrer sa virilité et à se battre, il y a de quoi se désespérer. Kurniawan, connu depuis peu d'années en France, est déjà considéré, malgré son jeune âge, comme le meilleur écrivain indonésien actuel, qui s'est d'ailleurs avant tout illustré par ses nouvelles (encore inédites en nos contrées). Si certains lecteurs jugeront sans doute Cash bien trop crû et porté sur la chose, ainsi que parfois chronologiquement confus dans ses différentes intrigues, il n'en reste pas moins extrêmement drôle et pittoresque, explorant avec vivacité les bas-fonds de l'île de Java. Violence, érotisme, humour : autant d'ingrédients qui alimentent des aventures picaresques où le sordide côtoie parfois le sublime, avec un savant mélange d'obscénités et de romantisme (sans oublier une sorte de réalisme magique) dans un cocktail parfois irrésistible (un peu moins dans la deuxième partie du livre, un tantinet brouillonne). En tous cas, il y a de la vie et de l'énergie dans ce roman détonant, un brin provocateur et outrancier et qui, au-delà de ses excès, manifeste une grande humanité et, le croirait-on, une véritable sensibilité féministe. Quant à savoir si le petit oiseau finira, oui ou non, par se redresser, il faudra attendre les toutes dernières pages du roman pour l'apprendre.
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 Cash

Bon alors là je suis totalement passée à côté de ce roman.



Du sexe, du sexe et de la baston, de la baston. Voilà en gros de quoi est constitué ce livre. le personnage principal a été traumatisé d'avoir assisté au viol d'une de ses voisines, une simple d'esprit, par des policiers. Cela s'est passé lorsqu'il était jeune et depuis il n'arrive plus à bander. Donc pendant tout le récit, vous avez un homme qui parle à son Oiseau pour lui demander conseils, l'exhorter à se lever et le rassurer.



Le récit entremêle diverses histoires, diverses époques. Notre héros est un amoureux très naïf, un homme qui ne se réserve que pour une seule femme. Il tente tout pour redonner vie à son sexe, pour pouvoir satisfaire sa femme. Après un événement glaçant, on le retrouve dix ans plus tard, chauffeur de camions, philosophe amateur qui prône le dialogue avec son Oiseau.



J'ai trouvé certains passages illogiques, j'avoue ne pas avoir compris pourquoi certains personnages agissaient ainsi. le langage cru toutes les deux pages me tapait un peu sur le système. Au niveau du style, j'ai juste apprécié le naturel et la fraîcheur des dialogues. Ils sont super vivants et contiennent beaucoup d'humour.



La seule chose que j'ai aimé dans ce roman, c'est comment l'auteur rend hommage aux femmes. Les femmes de cet ouvrage sont malmenées par la vie, par les hommes, par la société : une simple d'esprit qui se fait violer par des policiers, une jeune femme qui se fait toucher par son professeur, une femme qui se retrouve à devoir coucher avec son propriétaire pour assurer un toit sur la tête à ses enfants. L'une d'elles, Iteung se décide à prendre des cours d'arts martiaux, elle défit n'importe quel garçon et n'a peur de personne. Elle tente d'aider son mari au point de commettre les pires atrocités.



Une grosse déception...
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L'homme-tigre

Margio, un jeune homme tranquille et sans histoire, égorge son voisin à coups de dents. Quelle folie soudaine a conduit ce garçon à tuer d’une façon aussi horrible un homme qu’il connaissait ? A ceux qui l’interrogent, Margio proteste de son innocence : « ce n’est pas moi, il y un tigre dans mon corps ». En plongeant dans le passé du jeune homme, Eka Kurniawan, auteur indonésien de la jeune génération, admirateur de Pramoedya Ananta Toer, écrivain de premier plan emprisonné sous le régime du général Suharto, explore dans ce roman la complexité de l’âme humaine à travers l’histoire d’une famille d’origine rurale qui a emménagé pour survivre dans les faubourgs d’une ville côtière. Utilisant le mythe du tigre blanc, symbole de la puissance animale, l’auteur met à jour cette part d’ombre cachée en tout homme.
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Les belles de Halimunda

Un pavé plus facile à lire que ce que je craignais, structuré comme un conte fantastique raconté veillée après veillée - l'histoire d'un personnage par chapitre, avec bien sûr des fils qui se croisent - ce qui suppose quelques phrases "résumé des épisodes précédents" ici ou là. Un pavé qui emmène en Indonésie par le biais d'une ville inventée qui semble une île isolée aux prises avec l'histoire coloniale (Hollande) et guerrière (invasion japonaise) par le biais d'une malédiction familiale.

Pour moi, trop de glauque et malsain accumulés (viols, coucheries et mariages difficilement compréhensibles pour mon âme occidentale, violences) pour ne pas finir nauséeuse et soulagée d'arriver enfin au bout mais suffisamment réussi et intéressant pour ne pas regretter de l'avoir lu.
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Les belles de Halimunda

C'est un livre que l'on a du mal à lâcher car il nous entraîne dans un enchaînement de filiations souvent incestueuses sur 5 générations. C'est un livre qui m'a intéressé à titre documentaire car il m'a renseigné sur l'histoire de l'Indonésie depuis la présence coloniale néerlandaise jusqu'à nos jours, en passant par la seconde guerre mondiale, la lutte pour l'indépendance, la dictature et la répression des communistes.

Mais ce qui m'a le plus attiré dans ce roman c'est son approche littéraire surprenante : mélange de réalisme trivial et de surnaturel, alternance de passages qui s'attachent aux sentiments et de passages très crus, façon très distanciée de décrire à la fois les motivations des personnages et la vie corporelle, que ce soit dans les scènes de violence ou dans les scènes d'amour, façon de ne pas juger les personnages dans leurs attitudes souvent immorales ou violemment néfastes. Malgré cette distanciation, on finit par s'attacher aux personnages contrastés que nous côtoyons au long de ces 600 pages.
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Les belles de Halimunda

C'est un livre assez dense et bien écrit qui retrace l'histoire d'une famille à l'époque de la fin de l'occupation néerlandaise sur la cote sur de Java. Des femmes frappées d'une malédiction se battent pour survivre au malheur et être heureuses. L'auteur nous plonge dans un univers fantastique peuplé de fantômes, d'esprits et de croyances ancestrales. Le passé est lourd et le présent est dangereux. Le lecteur suit ces personnages avec plaisir. L'auteur change régulièrement de registre ce qui rend la lecture dynamique et les personnages sympathiques. Elle nous offre aussi une palette de sentiments allant de la haine, à la peur en passant par l'amour, la jalousie, le sentiment de solitude et d'incompréhension. Elle nous montre qu'on ne peut échapper à son passé que nous portons comme un boulet.
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Les belles de Halimunda

Saga indonésienne d'envergure, non pas par son intérêt mais par sa multitude de détails sur son histoire lorsque l'Indonésie était encore sous gouverne des Pays-Bas puis en guerre avec le Japon. J'ai beaucoup appris sur ce pays qui m'était jusqu'alors totalement inconnu ou si peu en dehors des clichés habituels.



Je me suis beaucoup perdu dans les liens entre les personnages. La lecture s'est étendue sur beaucoup de jours et fût laborieuse et interminable.



Voici un livre dont je pensais en l'achetant en librairie qu'il serait un véritable coup de cœur, il n'en fût pas le cas. Mauvaise pioche !
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L'homme-tigre

Univers bien singulier que celui de Eka Kurniawan, à la fois envoûtant et surprenant. Comme dans son autre livre traduit en Français "Les belles de Halimunda" on y retrouve un mélange de sordide, d'amour, de fantastique, de burlesque. Le roman prend prétexte d'un crime particulièrement pulsionnel et bestial pour décrire un aspect de la société indonésienne, la plus précaire. E.Kurniawan ne fait pas un reportage journalistique, mais nous fait vivre de façon totalement subjective au sein d'un groupe familial, au travers des faits et gestes quotidiens. Livre atypique donc, qui m'a plu, tout comme "Les belles de Halimunda"...mais qui a aussi des ingrédients pour déplaire à d'autres lecteurs. Avis aux explorateurs du monde littéraire....
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 Cash

L’écrivain javanais conte une renversante histoire d’amour et de vengeance, taquinant malicieusement par son ironie mordante, la montée de l’intégrisme dans le plus grand pays musulman du monde.



Eka Kurniawan est un grand écrivain, qui fait surgir à chaque page des êtres extraordinaires, dans un univers émerveillant, où la poésie la plus délicate charrie l’effroi et le burlesque. Depuis L’Homme-Tigre (Sabine Wespieser, 2015), son premier roman traduit en France par Etienne Naveau également, le romancier concocte des univers délicieusement éloignés de nos canevas occidentaux, fascinantes fusions de merveilleux et de naturalisme, de mythique et d’horrifique, d’érotisme et de romantisme. Un tourbillon littéraire, où la liberté des mots, érafle le vernis de la société indonésienne, à l’image de son nouveau roman Cash et de son sublime antihéros. Depuis qu’il a été témoin, adolescent, du viol d’une simple d’esprit par deux policiers, Ajo Kawir est impuissant. Son «petit Oiseau» semble dormir d’un sommeil éternel. Ses tentatives pour retrouver sa virilité – le piment rouge, les piqûres de trois abeilles et la visite à une prostituée – sont malheureusement inutiles. Afin d’oublier son infortune, le jeune homme se bagarre régulièrement avec des bandes rivales, avec l’aide de son meilleur ami. Auréolé d’une certaine notoriété, il est engagé un jour pour supprimer un caïd de la mafia locale, mais tout se complique lorsqu’il tombe éperdument amoureux de la belle garde du corps de sa victime, à la suite d’un combat d’anthologie, qui n’a rien à envier au cinéma de Tarantino (!). Le début d’une aventure captivante et émouvante, irrésistiblement amusante, et aux innombrables péripéties, d’un homme qui cherche réparation et érection. A travers ce récit explosif, torride et sensible, qui joue avec les genres et les tonalités dans une ingénieuse subversion, Eka Kurniawan dit la réalité crue et la violence d’un archipel, où le salut vient des femmes. Tout simplement fabuleux.

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L'homme-tigre

Je viens de finir ce livre et je suis encore sous son charme. Le livre débute avec la mort de Anwar Sadat, égorgé sauvagement par une féroce mâchoire. On sait qui est le meurtrier, c'est Margio, jeune homme sage et travailleur, qui prétend avoir été possédé par un tigre au moment du meurtre. L'auteur revient donc sur le passé... le passé de Margio, et de sa famille qui vit sous le joug et sous les coups de Komar, le père. Il revient aussi sur le passé de la famille d'Anwar. C'est un charmant roman, entre le conte et la fable, empli de mystère et de magie. On n'est pas loin du réalisme magique, quelque part entre « chronique d'une mort annoncée » et « cent ans de solitude». D'une grande poésie, ce livre est dépaysant. Le temps qu'il fait, le vent, les fleurs, y jouent leur rôle. L'auteur nous décrit un monde teinté de superstition. Vraiment très beau.
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L'homme-tigre

Eka Kurniawan fait le récit d'une tragédie. Celle-ci est posée dans la première phrase :

"Le soir où Margio assassina Anwar Sadat, Kyai Jahro était captivé par ses poissons dans leur bassin."



Le lecteur n'aura de cesse de comprendre comment les faits s'enchaînent pour conduire à cette fin inéluctable. Ce "fatum", ce destin, se manifeste sous la forme du tigre en lui. C'est dire que Margio, ce jeune homme calme et mesuré mais rempli de colère, n'a plus le libre choix de ses actes, il est conduit par une force, une nécessité qui le dépasse et dont nous voyons, peu à peu, comment elle s'est installée et a enflé.



La construction du récit, dans lequel des faits déjà présentés sont repris et éclairés par des informations nouvelles, et le mélange de différentes temporalités, donnent au roman suspense et densité pour arriver au paroxysme du crime.
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L'homme-tigre

Nous entrons dans un monde totalement différent, l'Indonésie, de nos jours. Un jeune homme, Margio, un peu désoeuvré égorge avec ses dents un vieux peintre dont le seul défaut est de trop aimer les femmes. Derrière ce crime barbare se cache une véritable croyance animiste : le tigre était rentré en lui et a tué.

Cette histoire semble absurde pour nos esprits occidentaux et cartésiens. Néanmoins l'auteur, dont c'est le deuxième roman, nous amène peu à peu à trouver le chemin qui s'est frayé dans l'esprit du jeune homme. Tout avait basculé lorsque la famille s'était installée en ville, le père, devenu violent, et la petite sœur morte une semaine après sa naissance, et dont l'imam n'avait pas voulu célébrer les obsèques.

Il faut vraiment faire abstraction de nos modes de vie, et se plonger dans cet excellent roman qui nous décrit un autre mode d'existence. L'écriture de l'auteur, fine et agréable, nous transporte dans un autre monde qui nous ferait presque accepter la présence du tigre...Utilisant le mythe du tigre blanc, symbole de la puissance animale, l'auteur met à jour cette part d'ombre cachée en tout homme.

La vie de cet auteur ressemble à un conte de fées. Né en 1975 dans une famille très pauvre de Java, il a appris à lire grâce aux livres que son père trouvait dans les chambres d'hôtel et à une ONG (Le jardin des livres). « L'homme-tigre » est le premier livre traduit en France, et la maison d'édition Sabine Wiesperger doit éditer son premier roman paru en 2002.
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L'homme-tigre

Un fabuleux conte indonésien aux accents pourtant tellement d’actualité.

Il y est question de forces mystiques, de djinns siégeant en douce dans les recoins des forêts tentant de charmer les pauvres humains trop naïfs, d’animaux formidables capables de siéger dans le cœur et le corps de l’homme et de lui donner une force surhumaine en cas de trouble.

C’est ce cas de figure qui touche notre héros, Margio. Ce jeune homme malheureux, tiraillé entre un père violent et maltraitant et une mère au bord de la folie, n’est que vengeance.

Aux heures des premières amours, le voilà en prise avec un cas de conscience lui ôtant tout espoir d’avoir, enfin, une vie future heureuse. Le tigre blanc qui s’est installé en lui, à la mort de son grand-père, sera une formidable allégorie de cette colère trop longtemps amoncelée dans un cœur pur. Son crime sera la seule issue, on le comprend grâce à l’auteur qui nous voyage dans le temps entre les fils tissés entre les habitants de ce petit village aux traditions d’un autre temps qui fleurent l’exotisme de ces contrées inconnues.

Magnifique.

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