Elle Seveno

-Regarde-moi… Je ne vais pas m’enfuir… Si j’étais un bateau, tu serais mon port. Tu es mon port.

Jamais personne n'avait creusé un vide comme ça dans mon coeur rien que par son absence.

- Je ne pense que tu es la danseuse la plus sensationnelle de toute une génération. Je pense que tu es faite pour danser avec moi. Et je pense surtout que j'ai tout le temps envie de danser avec toi. Ta mère est idiote si elle ne voit pas que tu as déjà réuss...

J'essaie de savoir ce qu'il s'est passé, mais rien ne semble pouvoir expliquer son absence. Elle n'a pas été blessée ni virée. En un an, c'est comme si elle avait disparu du monde de la danse. Où est-elle ?

Que ce soit sur scène ou dans l’intimité, il a la capacité de me faire oublier le monde extérieur et de créer le nôtre. Un monde où on aurait de la musique en permanence dans les oreilles et où on évoluerait l’un contre l’autre sans jamais se lâcher.

 Je reste comme un con alors qu'elle m'offre un simple baiser, d'une pression aussi légère qu'une caresse. Mes neurones grillent, mon corps tombe en panne, seul mon coeur tient le coup. 

Raph n’a plus rien d’un gamin… Et il m’attire comme aucun homme ne m’a encore attirée.

– C’est quoi, le problème, avec ce garçon ?
– Tout…
– Oh !
– Rien.
– Faut savoir ! Tout ou rien ?
Je pose à nouveau ma tête contre la table et la secoue de droite à gauche. Julie rit d’autant plus.
– Ça m’a l’air compliqué, tout ça. Compliqué pour pas grand-chose, si tu veux mon avis.

Je ne sais pas comment expliquer les choses. Je ne sais pas lui dire que je veux qu’elle soit libre, sans attache par rapport à ses proches, indépendante et sereine. Mais que, malgré cela, je veux être le seul auprès de qui elle resterait.

— Qu’est ce que tu fais ?
— Je te cours après.
— T’as pas couru assez vite. C’est trop tard.
— C’est pas trop tard. Ça ne le sera jamais entre toi et moi.

«  Alors, avant de jouer les victimes, essaie de voir si t’as pas ruiné ses chances d’être heureuse avec un mec qui l’aime vraiment. »

– Je suis fou de toi, Vic. Tellement dingue de toi que je ne sais pas comment gérer ce que je ressens. Mais je sais que je t’aime. Je n’ai jamais ressenti ça pour personne.
– Prouve-le-moi, dans ce cas.
C’est tout ce que je réussis à murmurer, la gorge serrée et le cœur battant fort. 

« – Tu es craquante quand tu es jalouse.
– Tu es irrésistible quand tu te la boucles. »

« Raph n’a plus rien d’un gamin… Et il m’attire comme aucun homme ne m’a encore attirée. »

« – Je peux jouer aussi, tu sais, continue-t-il sur le même ton. N’oublie pas que je suis le petit dernier, j’ai toujours eu ce que je voulais…
– Et tu veux quoi ?
– Si je te le disais, ce serait beaucoup moins drôle.
Il avance, réduisant la distance qui nous sépare à néant. Son corps viril frôle le mien. Je me rappelle la photo dans sa chambre, l’air déterminé qu’il y affiche, et je me demande si ce n’est pas le même que je vois sur son visage à présent. Puis il fait un autre pas pour s’éloigner et retourne dans le salon. »

« Il secoue la tête.
– Elle est pas croyable… Elle t’a raconté des bobards. Jamais je l’aurais laissé faire, et jamais je serais sorti avec elle.
– Pourquoi ?
Raph marque un temps d’arrêt avant de répondre.
– Parce que ce n’était pas avec elle que j’avais envie d’être, avoue-t-il sans me lâcher du regard. J’allais pas sortir avec une fille alors que j’en voulais une autre…
– À 13 ans, tu réfléchissais déjà comme ça ?
– Dès 8 ans, je savais que je la voulais.
Son regard est limpide, il parle de moi. Les mots « je savais que je te voulais » flottent entre nous. Il ouvre la bouche pour les prononcer, j’en suis certaine. »

« Ce soir, elle dormira dans ma chambre. Je compte bien tout faire pour lui prouver qu’elle s’y sentira mieux avec moi. »

Son départ a plongé notre famille dans un drôle d’état. Louis perdait une sœur, ma mère une fille. Brice sa meilleure amie, devenue petite copine, et moi, la fille que j’adorais plus que n’importe qui. Mon aîné a mis quelque temps à s’en remettre.

Merde, qu’est-ce qu’elle fout là ?
Je passe une main dans mes cheveux courts par réflexe. Brice a les cheveux plus longs, je les ai rasés la semaine dernière. Et si elle n’aimait pas ? 

Mes émotions me submergent. Si je ne fais pas attention à mon cœur, je vais me noyer.