Citations de Emily Dickinson (513)
Y aura-t-il…
Y aura-t-il pour de vrai un « matin » ?
Y a-t-il ce qu’on appelle un « Jour » ?
Pourrais-je le voir des montagnes
Si j’étais aussi haute qu’elles ?
A-t-il des pieds comme les Nénuphars ?
Des plumes comme un Oiseau ?
Nous vient-il de pays fabuleux
Dont je n’ai jamais ouï parler ?
Oh, un savant ! Oh, un Marin !
Oh, un sage venu des cieux !
Qu’il dise à une petite pèlerine
Où se trouve le lieu nommé « matin » !
/traduction de Claire Malroux
Le vent a commencé à secouer l'Herbe…
Le vent a commencé à secouer l'Herbe
Avec des mélodies sinistres et basses —
Il a lancé une Menace à la Terre —
Une autre, au Ciel —
Les Feuilles se sont détachées des Arbres
Et dispersées dans tous les sens —
La Poussière s'est rassemblée comme les Mains
Et a jeté la Route au loin —
Les Chariots ont accéléré dans les rues
Le Tonnerre s'est hâté lentement —
L'Éclair a révélé un Bec jaune
Et puis une Serre livide —
Les Oiseaux ont barricadé leurs Nids —
Le Bétail s'est accroché aux Granges —
Puis est tombée une Goutte d'une Pluie Géante
Et puis comme si les Mains
Qui retenaient les Barrages, avaient lâché prise,
Les Eaux ont fait sombrer le Ciel,
Mais elles ont ignoré la Maison de Mon Père —
Fendant juste un Arbre en quatre —
…
//traduit de l’anglais (États-Unis) par François Heusbourg
Que nous unisse donc l'absence
Toi là-bas - moi - ici
Par cette Porte entrebâillée
Que sont les Mers.
La maison est ma définition de Dieu.
Down Time's quaint stream
Without on oar
We are enforced to sail
Our Port a secret
Our Perchance a Gale
What Skipper would
Incur the Risk
What Buccaneer would ride
Without a surety from the Wind
Or schedule of the Tide -
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Sur le cours fantasque du Temps
Sans une rame
Nous sommes contraints de voguer
Notre Port un secret
Notre Sort une Bourrasque
Quel Capitaine voudrait
Courir le Risque
Quel Boucanier naviguer
Sans garantie contre le Vent
Ou horaire de la Marée -
In insecurity to lie
Is Joy's insuring quality -
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Habiter le précaire
De la Joie est le gage -
Must be a Wo -
A loss or so -
To bend the eye
Best Beauty's way -
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Il faut un Malheur -
Sinon un deuil -
Pour plier l’œil
À la Beauté -
The Mind lives on the Heart
Like any Parasite -
If that is full of Meat
The Mind is fat -
But if the Heart omit -
Emaciate the Wit -
The Aliment of it
So absolute.
To make a prairie it takes a clover and a bee-
One clover, and a bee,
And revery,
The revery alone will do
If bees are few.
Il faut pour faire une prairie
Un trèfle et une abeille –
Un seul trèfle, une abeille
Et quelque rêverie.
La rêverie suffit
Si vous êtes à court d'abeilles.
Ma barque...
Ma barque s'est-elle brisée en mer,
Crie-t-elle sa peur sous le vent,
Ou docile a-t-elle hissé sa voile,
Pour des îles enchantées ;
A quel mystique mouillage
Est-elle aujourd'hui retenue, -
Çà c'est affaire de regard
Là-bas au loin sur la baie.
One need not be a Chamber - to be Haunted -
One need not be a House -
The Brain has Corridors - surpassing
Material Place -
Pour être Hanté - nul besoin de Chambre -
Nul besoin de Maison -
Le Cerveau a des Couloirs - pire
Qu'un Lieu Matériel -
La ménagère du couchant (1862)
Elle passe maints balais multicolores —
Elle sème partout ses brins —
Ô ! Ménagère du couchant —reviens —
Épousseter l'étang —
Tu as égaré des chiffons de pourpre —
Et laissé tomber un fil d'ambre —
Tu répands — jusqu'à l'est —
Des hardes d'émeraudes —
Puis elle secoue ses haillons diaprés —
La scène encore est un triomphe —
Puis – la pénombre vient mater ce zèle —
Ou la contemplation — échouer —
p.45
L’espoir est cette chose emplumée qui perche dans l’âme et chante les airs sans parole et jamais ne s’ arrête
Le murmure d’une abeille produit en moi une magie
Si quelqu’un me demande pourquoi
Mourir serait plus facile que d’expliquer
Pour être hanté nul besoin de chambre.
The dreamy Butterflies bestir!
Lethargic pools resume the whir
of last year's sundered tune!
From one old Fortress on the sun
Baronial Bees - march -one by one -
In murmuring platoon!
The Robins stand as thick today
As flakes of snow stood yesterday -
On Fence - and Roof - and Twig!
The Orchis binds her Feather on
For her old lover - Don the Sun!
Revisiting the Bog!
Si tu devais venir à l’Automne,
Je chasserais l’Eté,
Comme mi-sourire, mi-dédain,
La Ménagère, une Mouche.
Si je pouvais te revoir dans un an,
Je roulerais les mois en boules –
Et les mettrais chacun dans son Tiroir,
De peur que leurs nombres se mêlent –
Si tu tardais un tant soit peu, des Siècles,
Je les compterais sur ma Main,
Les soustrayant, jusqu’à la chute de mes doigts
En Terre de Van Diemen.
Si j’étais sûre que, cette vie passée –
La tienne et la mienne, soient –
Je la jetterais, comme la Peau d’un fruit,
Pour mordre dans l’Eternité –
Mais incertaine que je suis de la durée
De ce présent, qui les sépare,
Il me harcèle, Maligne Abeille –
Dont se dérobe – le dard.
Ce monde est bref, et je désire, jusqu’à en trembler, toucher de ma main ceux que j’aime avant que les collines ne rougissent -ne grisonnent - ne pâlissent - et ne renaissent !
Le simple fait de vivre est pour moi une extase.
Pour faire une prairie il faut un trèfle et une seule abeille,
Un seul trèfle, et une seule abeille,
Et la rêverie.
La rêverie seule fera l’affaire
Si on manque d’abeilles.