Citations de Emmanuel Carrère (1617)
La rébellion a détruit la ville, et Rome détruit la rébellion. Entendez que les Juifs ont commencé et les Romains pour rétablir la paix n'ont pas eu le choix.
C'est la grande objection que l'on peut faire aussi au bouddhisme : que le désir y est désigné comme l'ennemi. Désir et souffrance de pair, supprimez le désir vous supprimerez la souffrance.
Avec le Christ, on peut avoir tué toute sa famille, on peut avoir été la dernière des crapules, rien n'est perdu. Si bas que vous soyez descendu, il viendra vous chercher, ou alors ce n'est pas le Christ.
Pauvres, humiliés, Samaritains, petits de toutes les sortes de petitesse, gens qui se considèrent eux-mêmes comme des pas grand-chose : le Royaume est à eux, et le plus grand obstacle pour y entrer, c'est d'être riche, important, vertueux, intelligent et fier de son intelligence.
Tu admets donc, poursuit Hervé, que s'il y a une raison, même ténue, de croire qu'il est possible de passer de l'ignorance à la connaissance, de l'illusion à la réalité, ce voyage justifie qu'on s'y consacre et que s'en détourner, le croire vain sans y être allé voir, est une erreur ou une marque de paresse.
Non, je ne crois pas que Jésus soit ressuscité. Je ne crois pas qu'un homme soit revenu d'entre les morts. Seulement, qu'on puisse le croire, et de l'avoir cru moi-même, cela m'intrigue, cela me fascine, cela me trouble, cela me bouleverse - je ne sais pas quel verbe convient le mieux.
Je suis un écrivain qui cherche à comprendre comment s'y est pris un autre écrivain, et qu'il invente souvent, cela me semble une évidence.
Personne ne sait ce qui s'est passé le jour de Pâques, mais une chose est certaine, c'est qu'il s'est passé quelque chose.
Qu'il existe des centaines de langues, donc des centaines de mots pour appeler un chêne n'empêche pas qu'un chêne soit partout un chêne.
La vie d'homme vaut mieux que celle de Dieu, pour la simple raison que c'est la vraie. Une souffrance authentique vaut mieux qu'un bonheur illusoire. L'éternité n'est pas désirable parce qu'elle ne fait pas partie de notre lot.
Il s'est montré devant eux dépouillé de tout prestige, comme un homme nu. Et c'est ainsi, faible, craintif, tout tremblant, qu'il leur enseigne que la sagesse du monde est folie devant Dieu. Que ce qui est folie aux yeux du monde, Dieu l'a choisi pour faite honte aux sages. Ce qui est faible dans le monde, pour confondre ce qui est fort. Ce qui est le plus vil, le plus méprisé - ce qui n'est pas, pour réduire à néant ce qui est.
En réalité, un changement radical a eu lieu. S'il reste invisible, c'est pour mettre leur foi à l'épreuve, et faire le tri. Ceux qui croient ce qu'ils voient ont perdu, ceux qui voient ce qu'ils croient ont gagné. S'ils méprisent le témoignage de leur sens, s'ils se libèrent des exigences de la raison, s'ils ont prêts à passer pour des fous, ils ont réussi le test. Ils sont les vrais croyants, les élus : Le Royaume des cieux est à eux.
Tu es une chenille, vouée à devenir un papillon. Si on pouvait expliquer à la chenille ce qui l'attend, elle aurait certainement du mal à le comprendre. Elle aurait peur. Personne ne se résout facilement à cesser d'être ce qu'il est, à devenir autre chose que soi-même. C'est cela la Voie.
Je trouve ça terrible. Elle pas, visiblement, mais moi je trouve terrible l'idée que la foi puisse passer et qu'on ne s'en porte pas plus mal.
L'existence pour eux est un point d'interrogation et même s'ils n'excluent pas qu'à cette interrogation il n'y ait pas de réponses, ils la cherchent, c'est plus fort qu'eux.
Hors de toute foi, j'étais convaincu que l'enjeu de la vie commune consiste à se découvrir soi-même en découvrant l'autre, et à favoriser chez l'autre la même découverte.
Entre les gens qui ont un noyau fissuré et les autres, c'est comme la lutte des classes, on sait qu'il y a des pauvres qui s'en sortent mais la plupart, non, ne s'en sortent pas, et dire à un mélancolique que le bonheur est une décision, c'est comme dire à un affamé qu'il n'a qu'à manger de la brioche.
Ceux qui ne pourront jamais guérir ne guérissent pas mais on leur parle, on touche leur corps, on leur dit qu’ils comptent et cela même les plus blessés l’entendent, et quelque chose en eux se met à vivre.
Je suis devenu celui que j’avais peur de devenir.
Un sceptique. Un agnostique – même pas assez croyant pour être athée. Un homme qui pense que le contraire de la vérité n’est pas le mensonge mais la certitude.
Non, je ne crois pas que Jésus soit ressuscité. Je ne crois pas qu’un homme soit revenu d’entre les morts. Seulement, qu’on puisse le croire, et de l’avoir cru moi-même, cela m’intrigue, cela me fascine, cela me trouble, cela me bouleverse – je ne sais pas quel verbe convient le mieux. J’écris ce livre pour ne pas me figurer que j’en sais plus long, ne le croyant plus, que ceux qui le croient, et que moi-même quand je le croyais. J’écris ce livre pour ne pas abonder dans mon sens.