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Critiques de Emmanuel Carrère (2221)
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L'Adversaire

Il est des livres qui vous marquent, un temps ou à jamais.



L'adversaire m'a réellement marquée. Emmanuel Carrère s'est en effet intéressé au "cas" Jean-Claude Roman. C'est en allant rencontrer ce monsieur dans sa cellule et au terme de nombreux et longs entretiens, qu'il a tiré la substantifique moelle de ce personnage complexe.



Jean-Claude Roman, c'est ce garçon réservé et bon père de famille menant une vie tranquille dans le Jura. Mais c'est aussi ce monstre qui, un jour, a abattu sa famille avec un aplomb et une dextérité qui glacent le sang.



La vie de Jean-Claude Roman s'est construite sur les piliers fragiles d'un mensonge à la base anodin mais ramifié avec le temps jusqu'à en devenir une monstrueuse et tentaculaire usurpation.



Si vous avez vu le film inspiré du livre, le livre est un très bon complément voire même une base car il nous amène à comprendre comment le mensonge est arrivé, la manière dont cet homme s'y est englué à un point tel que lui-même en s'en était presque persuadé.



Une question tout de même reste en suspens : qui est réellement Jean-Claude Roman et est-ce bien lui qu'Emmanuel Carrère a rencontré ou un personnage monté de toutes pièces ? Menteur pathologique ? Monstre égoïste et apathique ? Manipulateur ? Un homme bouffé par le besoin de reconnaissance et l'échec ? Tout cela à la fois et plus encore ?
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La Classe de neige

Nicolas a du mal à être dans l'insouciance de l'enfance, trop de choses l'inquiètent... et ces quelques semaines en classe de neige ne s'annoncent pas sous leurs meilleurs jours. Sans sa valise et toutes ses affaires, il imagine déjà les difficultés qui vont lui tomber dessus. D'ailleurs son imagination a une certaine facilité à transformer quelques événements anodins en scénarios dramatiques. A moins que... pressent-il que le drame rode déjà autour de lui ?



Un petit garçon émouvant que l'on voudrait protéger. Une atmosphère oppressante qui nous fait douter des plus aimables et une dérangeante histoire qui met la lumière sur des victimes habituellement invisibles et auxquelles, bien souvent, on ne pense pas.

Une lecture recommandable.
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Le royaume

J'ai lu ce livre de plus de 600 pages pendant une période récente d'immobilisation forcée de 8 jours, une sorte de retraite, et c'était particulièrement pertinent.

Au début on entre dans le livre avec circonspection, car sa première partie – une longue introspection philosophico-psycho-religieuse – qui dure pendant 142 pages, nous met au cœur le doute. L'auteur est un homme compliqué. Doué, riche, intelligent, belle gueule, torturé, pas vraiment apte au bonheur, avec une mère un peu écrasante (Hélène Carrère d'Encausse), des remords, une œuvre fournie, le succès, déjà derrière lui un divorce et enfin, le bonheur … La question fondamentale qu'il pose – comme moi aussi depuis toujours – c'est : « Comment une secte de quelques adeptes réunis autour d'un maître n'ayant prêché que trois ans et supplicié de façon ignominieuse a pu s'imposer pendant plus de 2000 ans et représenter aujourd'hui l'une des trois plus importantes religions monothéiste du monde ? »

Ensuite, l'auteur mène l'enquête : nous voici auprès de Paul de Tarse, de Luc son compagnon, de Marc le secrétaire de Pierre, puis de Jean, le disciple préféré, de Jacques, le frère de Jésus, l'opposant le plus féroce à Paul.

Pas de prosélytisme, pas de prêchi-prêcha : seulement la volonté de comprendre et d'imaginer aussi quelles pouvaient être le portrait, la psychologie des premiers propagateurs de la parole de Jésus, les rivalités entre « chapelles », les sources des Évangiles, celles qui ont échappé à la censure de la hiérarchie, celles que l'on a découvertes par la suite, l'apport – ou l'altération – due aux copistes et aux exégètes.

Le talent d'Emmanuel Carrère, sa facilité d'écriture, la langue et les comparaisons politiques contemporaines qu'il évoque pour nous faire comprendre la situation des deux premiers siècles de notre ère, font qu'une fois (sans jeu de mot) entré dans l'enquête, on ne peut plus la quitter.

Le roman, plus particulièrement axé sur l’œuvre de Luc, permet d'imaginer comment furent composées (ou copiées les unes sur les autres) les quatre évangiles et les textes qui forment le Nouveau Testament.

En bon scénariste de cinéma et de télévision, l'auteur nous transporte par exemple à Bethléem : « Maintenant, ce qui fait la réussite d'un film, ce n'est pas la vraisemblance du scénario mais la force des scènes et, sur ce terrain là, Luc est sans rival : l'auberge bondée, la crèche, le nouveau-né qu'on emmaillote et couche dans une mangeoire, les bergers des collines avoisinantes qui, prévenus par une ange, viennent en procession s'attendrir sur l'enfant. Les rois mages viennent de Mathieu, le bœuf et l'âne sont des ajouts beaucoup plus tardifs, mais tout le reste, Luc l'a inventé et, au nom de la corporation des romanciers, je dis : respect. »

J'ai aimé cette lecture facile, qui éclaire beaucoup d'éléments inédits et érudits les bribes d'éducation religieuse qui me restaient très confusément, qui ne cherche à aucun moment à convaincre ni surtout à convertir. L'auteur a eu la foi et l'a perdue, il avoue toutefois toujours être en quête de la vérité. Ses derniers mots : « Je ne sais pas. » Moi non plus.
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Un roman russe

Le premier livre d’Emmanuel Carrère que j’ai eu envie de lire, et puis, ça ne s’est pas fait (à l’époque je ne faisais pas de liste des livres que j’avais repérés). Heureusement, car je ne pense pas que je l’aurais aimé à ce moment-là.

Il faut dire déjà que ce roman russe n’est pas un roman mais un récit autobiographique concentré sur une période de deux ans. Ou alors c’est un récit avec trois fils conducteurs dont chacun aurait pu donner naissance à un roman. Il y a d’abord le prétexte, ou plutôt ce qui motive l’auteur au départ : enquêter sur son grand-père géorgien dont la disparition à l’automne 44 en fait un fantôme et une sorte de secret de famille. Là le lecteur est floué car la mère de l’auteur ne veut pas qu’il recherche quoi que ce soit de son vivant, même si tous les autres membres de la famille le souhaiteraient. Alors il s’empare d’un fait divers, la découverte d’un hongrois, fait prisonnier à la fin de la guerre et oublié depuis plus d’un demi-siècle dans un asile psychiatrique à Kotelnitch, au fin fond de la Russie. De fil en aiguille l’auteur se remet au russe, a une idée saugrenue de documentaire sur Kotelnitch et ses habitants, qui prendra une tournure imprévisible. Troisième thème récurrent du livre : son histoire d’amour compliquée avec Sophie qui tourne au cauchemar lorsqu’il écrit pour le Monde une nouvelle érotique. Sophie a la consigne de la lire dans le train Paris-la Rochelle a une date précise. C’est un très beau cadeau dont elle ne profitera pas, faute de prendre le train, ce qui mène l'auteur au désespoir et à l'incompréhension devant l’échec total, monumental, de sa surprise (la date était pourtant réservée depuis longtemps).

C’est sans doute le livre où Emmanuel Carrère s’expose le plus, sans retenue et sans pudeur, alternant tour à tour sincérité évidente et regard biaisé, essayant sans cesse de prendre du recul. Dans ces confessions il se révèle tour à tour exaspérant, attachant, égocentrique, empathique, …, bref, complexe. L’écriture est simple, limpide et la lecture plus aisée que ne le suggèrerait la complexité de trois thématiques imbriquées. J’ai beaucoup aimé mais je conçois très bien qu’on puisse détester et je ne le conseillerai pas pour découvrir cet auteur.
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Yoga

Yoga n'est pas un livre léger. C'est le récit minutieux de la dépression d'Emmanuel Carrère, qui survient au moment même où il s'en croyait libérer... C'est le récit de sa vie psychique qui tisse sa toile comme une araignée dont il ne sait comment se débarrasser. C'est le récit de ses efforts, abandons et maladresses, pour aller mieux, pour être meilleur... Dans sa vie, ses amours, ses amitiés. Mais c'est surtout un livre poignant qui se lit d'une traite.



"Ce que j'appelle yoga n'est pas seulement la bienfaisante gymnastique que nous sommes si nombreux à pratiquer, mais un ensemble de disciplines visant l'élargissement et l'unification de la conscience. Le yoga dit que nous sommes autre chose que notre petit moi confus, apeuré, et qu'à cet autre chose nous pouvons accéder".



Le Yoga est la clef. On pense qu'il mènera l'auteur à la connaissance, la conscience et l'apaisement. On sait qu'il n'en sera rien. Il a beau faire tout ce qu'il peut, se sentir enfin heureux, le bonheur en ses mains, "l'effraction du réel" finit toujours par tout faire dysfonctionner.



J'aime l'écriture d'Emmanuel Carrère, ses moments de calme avant la tempête et cette tension palpable qui nous prend et nous embarque. On ne fait plus qu'un avec lui. Parfois il nous fait rire, parfois il nous agace, faut dire qu'il n'est pas de tout repos et qu'il faut pouvoir le suivre... Par contre, je n'ai qu'une déception : le passage avec les migrants : je l'ai trouvé trop long, convenu. Mais c'est si peu à côté de tout le reste...
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Le royaume

Qu'importe le sujet, depuis qu'il a abandonné la fiction pure, Emmanuel Carrère le prend à bras le corps, l'essore et l'épuise, en tire la substantifique moelle, et ses propres conclusions. Mais attention, libre à quiconque de les partager ou non. Chacun se fera, c'est le cas de le dire pour Le Royaume, sa propre religion. L'érudition, phénoménale en l'occurrence, n'est pas nécessairement synonyme de certitudes assénées. Les derniers mots du livre ne sont-ils pas : Je ne sais pas ? Ceci dit, son humilité dut-elle en souffrir, il en sait des choses, Carrère, sur les premiers pas du christianisme, avérées, probables ou possibles. Il donne toujours l'impression de tâtonner mais d'où vient alors cette capacité à nous passionner, à nous entraîner dans sa quête et à lâcher prise ? A son talent de conteur, impressionnant, à cette façon de rendre vivante une époque qui appartient plus à la légende qu'à l'histoire. Le Royaume est un tourbillon, avec quelques longueurs tout de même, sans cela ce serait la perfection, un carrousel de sensations et d'impressions, des plus prosaïques aux sublimes. Ce n'est certes pas un roman historique mais un ouvrage à entrées multiples, une farandole de goûts variés qui brasse une somme gigantesque d'informations et émet un certain nombre d'hypothèses. Le thème majeur en est la résurrection. Enigme majuscule. Tout bien posé, on est là dans le domaine du fantastique, que Carrère connait parfaitement lui, le biographe de Phillip K. Dick, et auquel il fait souvent référence. Paul, Luc et Emmanuel (l'auteur) sont les personnages centraux du Royaume. L'apôtre, l'évangéliste et l'enquêteur. Trois vies racontées en toute bonne "foi". Il n'est pas le seul à pratiquer l'auto-fiction, l'ami Carrère, mais il laisse loin derrière lui tous les besogneux du genre. Son livre est monumental et il faut laisser aux exégètes le soin de le décortiquer s'ils en ont le courage. Trop riche, trop dense, trop choquant, trop brillant pour être résumé en quelques phrases lapidaires. Une chose quand même : le Royaume de Carrère est la littérature et, en ce domaine, peu de ses contemporains lui arrivent à la cheville.
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La Classe de neige

Nicolas est un garçon fluet pour son âge, petit, fragile, craintif, le genre d’enfant que ses camarades ignorent ou tyrannisent sous les regards indifférents ou complices des professeurs. Pas étonnant que l’idée de partir toute une semaine en classe de neige le glace d’appréhension : toute une semaine coupé des siens, sans soutien, sans ami et sans échappatoire. Et voilà que pour couronner le tout, son père oublie de lui donner son sac en le déposant au chalet, le laissant désemparé, sans même une brosse à dents et, bien entendu, la risée de tous ses camarades. La classe de neige commence bien mal, mais le pire est à venir. Quelque chose se prépare. Quelque chose de terrible, de monstrueux, quelque chose qui guette Nicolas depuis toujours, comme un raz-de-marée en suspension au dessus d’une plage. Et ce quelque chose aura lieu maintenant, avant la fin de la semaine, Nicolas en a l’absolue certitude.



« La classe de neige » est un roman sur la peur. Pas celle grandiloquente et tapageuse des films d’horreur, non, mais la peur ordinaire, celle de tous les jours, celle qui ronge tous les petits enfants trop faibles et trop fragiles pour s’adapter à leur entourage : peur d’être rejeté, peur de faire pipi au lit, peur d’oublier ses affaires en allant en classe, peur de ne pas savoir répondre aux adultes… Durant une poignée de pages (150 à peine) le lecteur se glisse en compagnie d’Emmanuel Carrère dans la peau d’un petit garçon trop imaginatif, partage ses terreurs et ses fantasmes morbides – comme il serait doux de ne plus être une victime humiliée, mais un martyr, un de ses enfants que l’on retrouve massacrés sur le bord de la route et que chacun plaint et pleure à chaudes larmes… Carrère se révèle particulièrement doué à ce jeu d’immersion, vacillant sans cesse sur la frontière entre fantasme et drame réel et parvenant ainsi à créer, au fur et à mesure de l’avancée de son roman, une sensation de malaise et d’angoisse de plus en plus prégnante. Un excellent petit thriller psychologique, parfaitement construit et servi par une écriture incisive. Je le recommande chaleureusement !

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V13

Substituer le droit au talion, la justice à la vengeance cela s'appelle la civilisation.



Neuf mois de procès, neuf mois comme un sacerdoce pour rendre compte.



Rendre compte de l'horreur, du chaos indescriptible que fut la soirée du vendredi 13 novembre 2015.



Des semaines de procès pour entendre la souffrance indicible des victimes et de leurs proches.



Des semaines pour comprendre qui sont ces hommes qui ont organiser ce terrible carnage. Des semaines pour déconstruire les motivations sadiques de ces fous de dieu.



Neuf mois de procès pour opposer la justice démocratique à la barbarie la plus monstrueuse perpétrée par de purs abrutis dépourvus d'humanité.



Emmanuel Carrère a suivi pour L'Obs, le procès du Stade de France, des terrasses et du Bataclan.



Chaque semaine depuis son ouverture, il a rendu, dans les pages du magasine, un texte clair, précis et formidablement humain.



V 13 qui vient de paraître chez POL est le recueil de tous ces articles et un peu plus encore.



Ces récits poignants, par la plume d'Emmanuel Carrère deviennent des témoignages de courage, d'entraide et de chaleur humaine qui touchent le lecteur en plein cœur et redonne foi en l'humanité.



Son récit est aussi une exploration passionnante et didactique du fonctionnement de la justice en marche.



Lire V 13 d'Emmanuel Carrère est un engagement militant, un acte politique, une manière de dire à toutes les victimes de tous les attentats terroristes : " nous sommes avec vous, nous comprenons votre souffrance".



Un livre témoignage qui fera date.
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Yoga

J'aime Emmanuel Carrère.

Je l'ai toujours aimé.

Effectivement, c'est son plus beau et son plus abouti roman, ou récit.

Il se livre totalement, incroyablement, sans fausse pudeur, sans égocentrisme, sans ménagement. Car il ne se ménage jamais, Emmanuel...

Non, ce n'est pas un livre nombriliste, bien au contraire, il transpire l'humilité ce livre...

J'ai rarement lu un livre avec autant d'honnêteté intellectuelle.

C'est l'un roman rare, puissant, très fort, très bien écrit, mais cela on le sait, Carrère écrit à la perfection.

Jamais il ne s'appitoye sur lui-même, et pourtant....

Et pourtant il a vécu un cauchemar, un drame intime (car il n'y a pas plus intime que la souffrance psychique), une horreur.

Il a traversé une dépression pendant trois ans, avec traitements de cheval, électrochocs, etc.

Mais surtout, une forme particulièrement gravissime de dépression.

Dans ce roman-récit, il commence par une retraite voulue, dans un centre qui prône la méditation, le yoga, etc. Pourquoi ? Tout simplement l'idée de base est d'écrire un petit ouvrage simple sur le Yoga.

Puis il devra quitter cette retraite, on l'exfiltrera vers Paris, c'est au début de janvier 2015...

Les attentats.

Puis arrive ce choc, ce tsunami, la dépression.

Il nous parle aussi de son voyage en Grèce, dans les Cyclades, sur une île, face aux migrants, jeunes et moins jeunes, avec son lot de souffrances, d'horreurs et d'inhumanités.

À un moment, il nous parle du grand Amour, avec un grand A.

Il nous dit que seulement 20% des gens le connaissent ou le connaîtront.

C'est peu.

Lui-même, à la toute fin du livre, nous avoue (presque) qu'il ne l'a pas vraiment connu, finalement, l'Amour...

Livre très touchant, sans faux-semblant, sans pleurnicheries inutiles, mais un livre fort, dans lequel il se livre complètement, il se dénude, il met tout à plat.

Très grand livre, qui, je l'espère, aura un prix littéraire.

Emmanuel Carrère est un grand écrivain.

À lire absolument.

PS : j'ai eu la chance d'être dans ces 20%...
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La Classe de neige

. N'oublions pas le superbe "La Classe de neige le sublime roman d'Emmanuel Carrière), qui me renvoyait superbement à mes angoisses d'enfant ..







La classe de neige d'Emmanuel Carrère est une fiction, cela change des autres « romans » que j'ai lus de cet auteur qui me fascine et dont j'ai décidé de lire toute l'oeuvre. A la différence d'un Roman Russe, de l'Adversaire ou d'Autres vies que la mienne, l'auteur ne fait pas référence à lui-même. On est donc plongé directement dans le récit uniquement à travers les yeux du personnage principal : un enfant.



Un roman court dont la tension, qui va crescendo tout au fil des pages, vous oppresse dès les premières lignes!



Entre rêves, ou plutôt cauchemars, et réalité, Emmanuel Carrère sème des indices; il nous laisse deviner, sans nous dire; il nous fait comprendre, sans mettre les mots...

Ce roman est le premier d'Emmanuel Carrère, peut-être le seul non tiré d'un fait divers réel, même si cette histoire est peut-être déjà arrivée ou aurait pu. J'ai beaucoup aimé. L'auteur a su installé dès le départ une atmosphère de malaise, où une angoisse poisseuse ne vous lâche pas...On sent qu'un malheur va arriver, d'autant plus que Nicolas lui-même anxieux et perturbé par ses peurs maladives d'enfant le sent, comme si c'était écrit, qu'il l'avait toujours su...
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D'autres vies que la mienne

Tsunami, perte d'enfant, cancer, mort, difficile de rester indifférent à tant de malheurs. Avant même de lire la première page de mon premier roman d'Emmanuel Carrère, je savais qu'il allait me toucher profondément, d'autant plus que "tout y est vrai.



Mais "D'autres vies que la mienne", telles que l'auteur les décrit ne sont pas que tristesse et souffrance. Il y est aussi question d'une grande amitié entre deux passionnés par leur travail qui se battent avec courage et espoir contre la maladie. Ce livre où le monde de la justice côtoie le monde de la médecine m'a bien évidemment bouleversée mais il m'a permis également de me rendre compte que je porte un regard différent sur cette maladie qui fait souvent si peur. Cancer, chimiothérapie, métastases, Herceptin, Beljanski, ces mots me sont tellement familiers qu'ils ont une autre connotation pour moi que pour la plupart des lecteurs. De part mon travail j'ai un regard plus lucide et plus pragmatique qui ne m'empêche pas d'être admirative envers tous ces malades qui ne se laissent pas abattre par le cancer. Il faut beaucoup de force et de courage pour s'accrocher à la vie tout en se sachant "condamné" dans les cas les plus graves.



Il se dégage de l'écriture d'Emmanuel Carrère beaucoup d'humilité, il ne nous donne aucune leçon. En consacrant son livre à ces gens qu'il a pu croiser, il nous montre quelle attitude on peut adopter, si on est confronté à la maladie, la souffrance et la mort. Face à l'imprévisibilité de la vie, il est important de ne pas ressasser le pourquoi et le comment de ce qui nous accable tout en se cherchant une nouvelle raison de vivre, même s'il faut beaucoup de courage pour aller de l'avant après la perte d'un être cher. "D'autres vies que la mienne" est un hymne à la vie qui continue malgré tout et dont la mort fait partie. Je ne peux que vous le recommander.
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V13

Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait eu le courage de suivre l'intégralité du procès des attentats du 13 novembre et d'en rendre compte ?

Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait su nous émouvoir, nous relater ces témoignages sans voyeurisme tout en nous brisant parfois le coeur car il le faut ?

Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait réussi à rendre hommage aux victimes, aux proches, aux avocats, aux magistrats avec une telle humanité ?

Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait su aussi dépeindre les accusés sans indulgence mais sans haine ?

Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait enfin pu apporter de la légèreté et parfois même nous faire sourire ?

Quelle autre plume que celle d'Emmanuel Carrère aurait eu cette élégance malgré la noirceur du récit ?

Non, je ne vois pas.

V13



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V13

Une année de chroniques au procès des attentats du 13 novembre 2015.

Emmanuel Carrère a délivré, chaque semaine, une chronique à L’Obs.

Si vous avez suivi le déroulé du procès dans la presse (et je lisais aussi, chaque semaine, David Fritz Goeppinger), il n’y a rien de plus, factuellement, dans ce livre.

Sans être lui-même personnellement impacté par les attentats, Emmanuel Carrère a choisi de passer un an de sa vie sur les bancs inconfortables de la salle d’audience. Différant en cela des journalistes, il apporte un questionnement intime, un ressenti qui lui vient de ses rencontres, mais aussi de sa propre vie, de ses lectures, de ses réflexions.

Pour ce livre, il a ajouté à ses parutions hebdomadaires environ un tiers en plus, toutes les notes prises qui ne tenaient pas dans le format du journal.

Je suis très factuelle parce que c’est difficile de parler de V13.

Je ne suis pas larmes du tout, mais j’ai pleuré en le lisant.

J’ai pleuré au début, et à la fin.

Entre les deux, j’ai pu lire sans pleurer. J’avais failli abandonner dès les premières pages.

J’ai pleuré pour Maya, qui a perdu l’amour de sa vie. J’ai pleuré pour Nadia et pour tous les parents endeuillés. J’ai beaucoup pleuré pour Alice la voltigeuse, l’acrobate qui a perdu l’usage d’un bras : parce qu’Alice, je l’ai vue après, en spectacle, pleine de vitalité, de force et de grâce. Je l’ai vue voler, aérienne ; ses camarades la rattrapent par les chevilles, maintenant.

Emmanuel Carrère n’en fait pas trop : les mois de témoignages des parties civiles, il les résume par quelques-uns, ceux qui l’ont davantage ému ; les personnes rencontrées qui lui sont devenues proches ; les amitiés nouées auprès de l’unique machine à café, toujours prise d’assaut, ou alors en panne.

Ensuite viennent les accusés, leur personnalité, leurs motivations.

Là on ne pleure plus.

Emmanuel Carrère est très minutieux en relatant la procédure. Il met en lumière, non seulement les qualités des intervenants, mais aussi les principes même de la justice. Oui, l’autorité et la bonhomie du président Périès ont été capitales pour la tenue du procès. Oui, toute personne a le droit d’être défendue.

Mais en même temps, cette partie-là du livre est frustrante, comme elle l’a été pour les victimes, parce qu’en définitive, les accusés n’ont pas dit grand-chose.

Justice a été rendue, la porte du tribunal s’est refermée, la porte de la cellule s’est refermée sur les coupables, mais pour les victimes, même les plus résilientes, rien ne fermera la porte au chagrin de toutes ces vies brisées.
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Yoga

Le dernier livre d'Emmanuel Carrère déchaîne sinon les passions, du moins les discussions.

Pourtant à l'origine ce livre devait être un « petit livre subtil et souriant sur le Yoga ».



L'auteur pratique le yoga et le taïchi depuis plus de trente ans et il s'inscrit à un stage intensif de méditation dans un but personnel mais aussi pour enrichir son futur livre.

Le stage se présente bien, encore que les conditions soient assez spartiates et que les situations prêtent parfois à rire, et Carrère ne s'en prive pas avec sa plume acérée.

Il en profite pour partager sa passion pour ces pratiques et explique comment cette philosophie de la vie se rapproche de sa pratique de l'écriture.

Les deux s'enrichissent mutuellement et Carrère en parle très bien en montrant comment la concentration et le dépassement de soi s'appliquent aussi à sa vie.

Mais son stage est brutalement interrompu car il doit assister aux funérailles de son ami Bernard Maris, et la réalité vient durement se rappeler à lui.

Dans une seconde partie, il est hospitalisé en psychiatrie pour une grave dépression et il essaie de faire ressentir le cauchemar que furent ces quatre mois.

Et enfin il part pour une mission humanitaire sur l'île de Léros où il va accompagner de jeunes migrants et où il va quelque peu s'alléger de ses souffrances face à celles des autres.



J'ai ressenti une réelle sincérité dans ses propos et aussi une tentative pour jeter un regard romanesque sur ses états d'âme tellement chaotiques.

Il s'observe sans apitoiement, lucidement, avec beaucoup d'autodérision.

Pourquoi, se dit-il, avoir fait autant d'années d'arts martiaux et de méditation pour se sentir submergé par des pensées noires et même suicidaires ?

Comment être aussi lucide sur sa fragilité et malgré tout tomber aussi bas dans le désespoir quand sa bipolarité (qu'on vient de lui déceler) fait des siennes ?

C'est ce contraste qui me l'a rendu très humain et qui fait que je l'ai suivi dans ce cheminement à l'intérieur de lui-même.

Je n'ai pas lu tous ses livres donc je ne suis pas encore lassé de ses introspections sombres mais brillantes, je n'en retiens que la confession à nu d'un homme, tel un Rousseau moderne…(avec plus d'humour quand même…)

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La Classe de neige

Comme toujours avec Carrère, une lecture perturbante et troublante.

Eprouvante même, avec cette lente chute dans l'inéluctable abordée du point de vue d'un chétif petit bonhomme de neuf ans, déposé par Papa à la classe de neige, sans affaires, sans maison, sans maman, seul, si seul, tentant d'accrocher ses derniers points d'appui jusque dans ses cauchemars, jusqu'à la dernière main qui lâche...

Et toujours cette impression d'un Carrère qui voit et dit ce qu'il y a derrière le miroir, sur la face sombre de la lune.
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Limonov

Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un aussi gros coup de coeur, et ça fait du bien ! L'histoire d'une existence, celle d'un russe aux multiples vies : petit voyou, SDF sur les trottoirs américains, écrivain reconnu, opposant politique, prisonnier...

Avec quel talent l'auteur mêle la petite avec la grande histoire ! En effet, à travers la biographie de Limonov, on fait une plongée dans l'histoire de la Russie du XXème siècle, du collectivisme à la glasnost et à la chute du Mur. J'ai trouvé l'homme assez fascinant, très complexe. Comme le souligne l'auteur, difficile de le classer comme un "bon" ou un "méchant". Sa vie est incroyable, imprévisible. Ses histoires d'amour sont douloureuses et se finissent mal. J'ai également beaucoup aimé la manière dont l'auteur lie sa propre vie avec celle de Limonov, très subtilement. Je ne pouvais m'arrêter de lire, tant le parcours de ce russe est iconoclaste. Il fut de tous les grands événements de la fin du siècle et porte un regard critique sur son pays. Cependant, beaucoup de ses actes et de ses opinions sont très contestables, tout en connaissant l'esprit provocateur du personnage. Carrère a un vrai recul, une vraie distance vis-à-vis de son personnage. Il n'est jamais dans l'admiration banale, cherchant sans cesse à se glisser dans les pensées et la peau de Limonov. Il nous transmet ses doutes, ses incertitudes et les zones d'ombre qui subsistent quant au passé tumultueux d'Edouard. On vit véritablement cette histoire de l'intérieure, on est avec le personnage.

Je conseille fortement ce livre, qui m'a par ailleurs permis d'approfondir ma connaissance de l'histoire russe. J'ai hâte de découvrir d'autres oeuvres du même auteur.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Le royaume

Cet ouvrage m’a plutôt déçue. Peut-être ne correspond-il pas à l’idée que je m’en faisais : je m’attendais à trouver sans doute un exposé historique visant à montrer une bonne fois pour toute que les fondements du christianisme reposent sur des croyances fausses. Il n’en est rien et peut-être heureusement, par respect pour les croyants d’aujourd’hui. L’auteur expose l’histoire de la religion chrétienne en agnostique, se questionnant et montrant parfois son incrédulité vis-à-vis de certaines scène de la vie de Paul, de Luc, s’appuyant sur les écrits d’Ernest Renan. Exposé au demeurant très intéressant quoique souvent dilué voire ennuyeux. Ce livre ne m’a fait réfléchir ni dans le sens d’un regain de foi, ni dans celui de l’athéisme. Un livre écrit par un agnostique pour les agnostiques et un exposé longuet mêlant aspect historique du christianisme et biographie, doutes, interrogations de l’auteur qui ne se montre pas très clair sur les objectifs de son écrit.

Je préfère sur le sujet, des écrits d’historiens qui adoptent une attitude neutre histoire de conserver au cours de l’exposé, une objectivité permettant à tout lecteur de se faire une idée de la question.

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Limonov

Comme il le dit lui-même à plusieurs reprises, Emmanuel Carrère ne 'sait' pas écrire les bons sentiments, les longues descriptions ou la vie au grand air. Mais il sait faire du Carrère, du grand Carrère, et c'est déjà énorme ! Sa biographie de Limonov, aventurier décadent, sulfureux et flamboyant, est tout simplement bluffante !



Il faut dire que Limonov constituait un matériau idéal : une vie plus romanesque que beaucoup de romans, une personnalité complexe, tout aussi controversée que volontaire, et surtout une multitude d'expériences, d'errances et de rencontres. Peut-être suis-je naïve, ou trop fascinée par son destin étonnant pour voir le vrai fasciste derrière l'aventurier, mais j'ai trouvé le personnage admirable et attachant. Par son amour sincère et loyal à ses femmes. Par son énergie et son incroyable capacité à rebondir. Par sa discipline et sa grande puissance de travail. Par son refus du politiquement correct. Par ses positions toujours minoritaires. Par son choix d'une vie intense, la vie d'un héros de roman, et son refus de la banalité et de la médiocrité. Alors je lui 'pardonne' ses dérives, je les comprends avec Carrère : en Serbie, c'est l'ivresse de la guerre; le parti national-bolchevique, c'est une façon de donner de l'espoir aux obscurs et de choquer les bien-pensants... Homme bien ou mégalomane sans scrupules, Limonov ne m'a en tout cas pas laissée indifférente.



Et le talent de Carrere, c'est de mêler à cette biographie des passages sur sa vie à lui, sur la marche du monde, sur la littérature. Le livre devient un petit rappel de l'histoire récente de la Russie, la grande faite par le goulag, Gorbatchev et les oligarques (entre autres) et la petite, celle du zapoi, des nasbols et des nouveaux pauvres... la Russie des écrivains Soljenystine, Brodsky ou Prilepine aussi, que j'ai très envie de lire maintenant ! Bref, une lecture passionnante à tous égards.
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D'autres vies que la mienne

Livre qui m'a beaucoup déçue. L'auteur raconte un drame dont il a été témoin au cours du terrible tsunami qui a fait des milliers de victimes dans le sud-est asiatique. Il parle également en parallèle de la maladie et de la mort de sa belle-soeur. J'estime qu'il aurait pu aborder ces thèmes avec distance, compassion et pudeur malheureusement il se met aussi en scène, trop à mon goût. Et cette insistance à se montrer, à se donner parfois un beau rôle me met mal à l'aise et me rend l'auteur antipathique. Entre d'autres mains, ces témoignages auraient été bouleversants. D'autres auteurs auraient su donner aux victimes les places qu'elles méritent. Je ne renouvellerai pas l'expérience de lire un livre d'Emmanuel Carrère, la déception a été trop grande.
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Yoga

Emmanuel Carrère est très sympathique. J'ai aimé l'écouter, reçu par Daphné Roulier dans l'un des grands entretiens menés par la journaliste. Simple et sincère. Comme dans son livre. Très simple et très sincère. Un petit démon me souffle que peut-être, trop simple et trop apparemment sincère pour que ce ne soit pas une pose, une méthode... Je fais taire le petit démon et profite du plaisir de cette lecture ! Parce qu'un auteur qui énonce presque d'entrée de jeu que son ego prend beaucoup de place, qu'il en est conscient et que ça le culpabilise (un peu), ça dispose plutôt à l'attention et à la bienveillance.



Emmanuel Carrère dont l'ego avait souffert longtemps de dépressions sévères, raconte au début de son livre, qu'il a pourtant traversé dix ans de bien-être, de bonheur même puisqu'il se pensait guéri. le yoga et ses différentes pratiques ayant contribué à ce rétablissement, Emmanuel Carrère a souhaité approfondir son savoir par une, puis deux retraites, (stages, séjours, comment faut-il appeler ce genre d'expériences ?) en immersion totale, silence complet imposé pendant dix jours. Cette première partie du livre est facile, heureuse, drôle – Emmanuel Carrère garde un oeil lucide sur tous les aspects comiques, caricaturaux parfois pour le profane, qu'offrent les pratiquants du yoga, leurs excès, leurs convictions, leurs réunions. Mais heureuse, oui, il y a trouvé ce qu'il espérait y vivre et il fait partager sa joie au lecteur.



Bien que la première retraite ait été interrompue par l'annonce de l'attentat de Charlie Hebdo et de la mort, en particulier, de Bernard Maris, ami d'Emmanuel Carrère.



Mais ce n'est pas, semble-t-il, ce qui le fait plonger de nouveau dans la dépression. Une crise terrible qui le contraint à un séjour de quatre mois à Sainte-Anne. Puis à une sorte d'exil volontaire sur l'île de Léros où il constate ce que vivent les jeunes migrants clandestins afghans. Là, j'ai eu envie de râler et de lui dire, à Emmanuel Carrère : ce bobo de l'âme dont vous souffrez, qu'est-il en comparaison des parcours terrifiants de ces jeunes qui vous entourent ? Même si je sais pertinemment que ces mots-là n'ont jamais aidé à guérir de la dépression.

Et puis, je les ai ravalés aussi parce qu'Emmanuel Carrère garde une distance élégante sur sa maladie. Il la décrit, sans geindre, presque davantage comme spectateur que principal intéressé. Rien à voir avec le ressassement asphyxiant de Fritz Zorn dans « Mars ». Et il a l'honnêteté de dire : « Si je ne trouve pas ces mots, c'est parce que j'ai trop de recul et de détachement aujourd'hui pour être capable de me rappeler, de décrire, de nommer l'horreur dans laquelle j'étais alors plongé, et surtout, je pense, parce qu'il n'y a pas de mots pour ça. »



Cette horreur innommable, il en sort peu à peu, grâce en particulier au lithium « qui administré sous forme de sel, a révélé depuis les années soixante-dix une étonnante efficacité dans le traitement des troubles de l'humeur ». du sel pour soigner la dépression, la mélancolie, la bipolarité... le mal de l'âme aurait donc aussi des origines chimiques...



Emmanuel Carrère a réussi son challenge : ce livre qui se voulait à l'origine un texte souriant sur le yoga, sa pratique et ses bienfaits, a su conserver un ton séduisant dans la traversée bouleversée de l'abîme où la dépression a plongé son auteur.





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