Citations de Eric J. Hobsbawm (48)
Inversement, ni Staline, on s’en doute, ni Mao, ni Castro (qu’il a rencontré), ni Che Guevara « le beau révolutionnaire itinérant », ni les « puristes de l’extrême gauche » n’encombrent son panthéon. Pas davantage, on en est moins surpris, Kennedy, « le président américain le plus surestimé de ce siècle », et Nixon, « la personnalité la plus déplaisante.
Les grands bandits de l'histoire ne résistent presque jamais au passage d'une société agraire à une société industrielle, sauf quand ils en sont pratiquement contemporains ou qu'ils ont auparavant été embaumés par les soins de la littérature, grande spécialiste de la préservation. (184)
L'élément social du banditisme prend fait et cause en faveur du faible contre le fort, du pauvre contre le riche et de l'individu assoiffé de justice contre la domination inique.
Propos relevés dans : ''Brigande - Vie, amours et mort de Marion du Faouët '' Bd de Michon / Rouxel
C'est une erreur que de considérer les bandits comme des enfants de la nature, occupés à faire rôtir des cerfs dans les bois. Un chef de brigands prospère entretient avec le marché et l'univers économique qui l'entoure des rapports aussi étroits qu'un petit propriétaire terrien ou un fermier aisé. [...] Tout le monde doit traiter avec les bandits quand ils sont nombreux et bien implantés, ce qui signifie que, dans une certaine mesure, ils sont intégrés à la société établie. (p. 101-105)
Le banditisme lui-même n'est pas un programme pour la société paysanne, mais un moyen individuel d'y échapper dans des circonstances particulières. [...] Ce sont des activistes et non des idéologues ou des prophètes dont on pourrait attendre des visions nouvelles ou des plans d'organisation sociale et politique. (p. 38)
Les épidémies de banditisme ne représentent pas que l'action d'un nombre croissant d'hommes valides qui, plutôt que de mourir de faim, prennent ce dont ils ont besoin par la force des armes. Ces épidémies peuvent refléter l'éclatement d'une société tout entière, l'ascension de classes et de structures sociales nouvelles, et la résistance qu'opposent des communautés ou des peuples à la destruction de leur mode de vie. (p. 36)
Par définition, l'obéissance sied mal aux bandits : non seulement leur place se situe hors de portée du pouvoir, mais ils peuvent eux-mêmes prétendre à l'exercice du pouvoir, ce qui en fait des rebelles en puissance. (p. 20)
La plupart des habitants des campagnes ont vécu dans des sociétés qui leur renvoyaient une image d'eux-mêmes comme des individus inférieurs, séparés dans leur ensemble du groupe des riches et/ou des puissants (...). Il y a un ressentiment implicite dans une telle relation. (...) On comprend que le banditisme est une façon d'expliciter le rejet potentiel de cette condition d'infériorité, du moins dans le monde des hommes. (p. 16)
Même si je pense que la Révolution a été bénéfique, je suis convaincu que le jugement politique est moins important que l'analyse. Après tout, comme le disait le grand critique littéraire danois Georg Brandes à propos de l'attaque passionnée d'Hyppolite Taine contre la Révolution dans ses "Origines de la France Contemporaine" : « Que peut un sermon contre (ou pour) un tremblement de terre ? » (13)
Si la vie était une chose que l'argent puisse acheter
Le riche vivrait et le pauvre devrait mourir.
Les pauvres, tout comme les barbares d'outre-mer, n'étaient pas considérés comme des êtres tout à fait humains.
Cette masse d'ouvriers devrait constamment être maintenue au bord de la famine, sinon ils ne travailleraient pas, car ils étaient inaccessibles aux motivations humaines. C'est dans l'intérêt de l'ouvrier lui-même, disaient à Villermé certains patrons vers 1840, qu'il soit toujours au prise avec le besoin car sa misère est le garant de sa bonne conduite...
Napoléon n'avait détruit qu'une seule chose : la révolution jacobine, ce rêve d'égalité, de liberté et de fraternité, le rêve du peuple se dressant dans sa majesté pour détruire l'oppression.
Et ce mythe était plus puissant encore que le sien, puisque après sa chute, c'est lui, et non le souvenir de l'Empereur, qui inspira les révolutions de XIXè siècle, dans son propre pays.
Cette dépression de l'agriculture, en termes de souffrance humaine fut une tragédie qui réduisit les pauvres des campagnes à une indigence désespérée.
Du point de vue de l'industralisation, ces conséquences étaient désirables, car une économie industrielle a besoin de main-d'oeuvre.
Il fallait attirer ces hommes vers des métiers nouveaux au besoin les y forcer. Les difficultés économiques et sociales , dans ce cas, seraient le plus efficace des fouets...
Les hommes peuvent, et en général doivent, vivre sans justice, ils ne peuvent pas vivre sans espoir.
La plupart des gens sont prisonniers à la fois du seigneur et du travail, les deux se renforçant l'un l'autre. Car si les paysans sont les victimes de l'autorité et de la coercition, c'est moins en raison de leur vulnérabilité économique - en général, ils arrivent pratiquement à suffire à leurs besoins - qu'à cause de leur manque de mobilité. Ils sont enracinés dans la terre, dans le domaine sur lequel ils vivent, et auquel ils sont rivés, semblables en cela à des arbres ou, mieux, à des anémones de mer ou à d'autres animaux aquatiques qui se fixent définitivement quelque part après avoir connu dans leur jeunesse une phase de mobilité.
Les historiens, dont le métier est de rappeler ce que les autres oublient (...)
Les hommes dont le pouvoir est fondé sur l'accumulation de l'argent par l'argent et qui n'ont pas (ou n'ont plus) besoin de couteau ou de fusil pour s'enrichir ,louent des policiers plutôt que des gangsters afin de protéger leur fortune. "Les barons voleurs" du capitalisme américain firent la fortune des Pinkertons et non celle des tueurs à gages.
La Première Guerre mondiale marque l'effondrement de la civilisation (occidentale) du XIXème siècle. Les
décennies qui mènent du début de la Première Guerre mondiale au lendemain de la seconde furent pour
cette société une ère de catastrophes : deux guerres, l'arrivée au pouvoir, pour un tiers de la population
mondiale, d'un système qui se prétendait destiné par l'Histoire à remplacer la société bourgeoise et
capitaliste, l'effondrement des immenses empires coloniaux, une crise économique mondiale d'une
profondeur sans précédent. Seule l'alliance temporaire et bizarre du capitalisme libéral et du communisme
put sauver la démocratie : c'est l'un des paradoxes de cet étrange siècle, le résultat le plus durable de la
révolution d' Octobre, dont l'objet était le renversement mondial du capitalisme, fut de sauver son
adversaire !
En 1910, le nombre total de physiciens et de chimistes allemands et britanniques ne dépassait sans doute pas 8000. À la fin des années 1980, on estimait le nombre des scientifiques et des ingénieurs effectivement engagés dans la recherche et le développement expérimental à près de CINQ MILLIONS, dont près d'un million aux États-Unis, première puissance scientifique du monde, et un peu plus dans les États européens. Même dans les pays développés, la communauté scientifique est certes demeurée une toute petite fraction de la population, mais ses effectifs ont poursuivi une croissance tout à fait spectaculaire doublant plus ou moins en vingt ans après 1970, même dans les économies les plus avancées.
Chapitre 18. Sorciers et apprentis : les sciences naturelles
L’organisation dont je devins membre n’a qu’une place marginale dans l’histoire du communisme, allemand ou autre, contrairement à son inspiratrice, Olga Benario. Cette femme dynamique, fille d’une famille bourgeoise prospère de Munich, s’était convertie à la révolution en 1919 après la brève république soviétique de Munich. Elle restera liée quelques années à un jeune instituteur, Otto Braun, qui y avait pris part. En 1928, à la tête d’une équipe de jeunes communistes, elle pénétra dans un tribunal de Berlin où Otto était jugé pour haute trahison et le libéra. On les fit disparaître et, dorénavant en situation illégale, ils rejoignirent les services opérationnels du Komintern et de l’Armée rouge. À Moscou, Olga Benario fut désignée comme conseillère de Luis Carlos Prestes, un officier brésilien qui avait mené pendant quelques années un groupe de militaires rebelles dans une longue marche célèbre à travers les contrées vierges de son pays et qui était sur le point de rejoindre et de diriger le Parti communiste brésilien. Elle l’épouse, l’aida à planifier une insurrection désastreuse à laquelle elle participa en 1935, fut capturée et livrée à l’Allemagne hitlérienne par le gouvernement brésilien. En 1942, elle fut assassinée dans le camp de concentration de Ravensbrück.