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Critiques de Eric Reinhardt (799)
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Sarah, Susanne et l'écrivain

Reinhardt est sans conteste le champion du brouillage des cartes littéraires. Fiction ou réalité, avec lui on ne sait jamais très bien où l’on en est, et la mise en abîme est son mode opératoire de prédilection. Etant moi-même en tant que lectrice assez friande du genre, je n’allais pas laisser passer le nouvel opus de cet écrivain dont j’avais déjà exploré avec délices quelques-uns des vertigineux labyrinthes littéraires…



Mais cette fois, quelque chose changeait : il annonçait d’emblée les règles du jeu. Une femme l’avait contacté pour lui raconter son histoire afin qu’il en fasse un roman. Ce qu’il avait accepté. Ainsi, sous sa plume, Sarah (mais s’agit-il de son véritable prénom, ou bien était-ce déjà une fiction ?) devenait-elle Susanne. Reinhardt ne serait pas Reinhardt s’il s’était contenté de transposer simplement le récit dont il avait été le destinataire (si toutefois ce point de départ trouvait bien son origine dans la réalité). Les deux faces de ce même personnage, le « réel » et le fictif - allaient donc cohabiter au sein de l’oeuvre, et l’auteur allait lui-même devenir le protagoniste de son roman, invitant ainsi le lecteur à être le témoin de cette transmutation…



C’est à travers le dialogue qu’il entretient avec Sarah que l’écrivain déroule l’histoire de Susanne, celle d’une quadragénaire insatisfaite par sa relation de couple, malgré une apparence de parfait accomplissement. Prenant conscience, après vingt-deux ans de vie commune et deux enfants, de la faiblesse de sa position financière et patrimoniale ainsi que du manque d’attention dont elle fait désormais l’objet de la part de son mari, Susanne lui lance un ultimatum qui va bientôt se retourner contre elle. Reinhardt brosse ainsi le portrait d’une femme dont la situation, pour être odieuse, n’en revêt pas moins un caractère tristement banal. Cette première brique de la trame narrative ne pouvait me laisser indifférente - même si j’ai été assez dubitative quant à certaines digressions lorsque le personnage de Susanne commence à perdre pied et le récit à s’égarer dans des méandres superfétatoires. Peut-être touchait-on là aux limites d’une architecture complexe ? Or c’est bien là que réside le principal enjeu de ce roman et en constitue à mes yeux le véritable intérêt.



Si la réflexivité du texte, la mise en abîme et l’autofiction sont aujourd’hui presque devenues une tarte à la crème de la création littéraire, Reinhardt semble se délecter à augmenter encore la confusion en invitant le lecteur dans son jeu. Car Sarah est bien une lectrice de l’écrivain avant que de devenir la co-autrice en même temps que le matériau de sa nouvelle oeuvre, et retournera au statut de lectrice au terme du roman. Entre-temps n’auront cessé de se superposer la figure de Sarah et de son double fictionnel Susanne. Le « vrai » lecteur, pourtant averti et vigilant, sera-t-il en mesure à tout moment d’identifier l’une ou l’autre ? Rien n’est moins sûr…



En s’attachant à casser les codes du roman classique, en prétendant d’emblée poser les limites d’un espace fictionnel devenant aujourd’hui de plus en plus floues afin de mieux démontrer le caractère vain d’une telle entreprise, Reinhardt poursuit brillamment son travail d’exploration : qu’est-ce que la matière littéraire ? De quoi la fiction se nourrit-elle ? Qu’est-ce qui caractérise le travail d’écrivain ? Quelle est la place du lecteur ? Quel rapport une personne réelle entretient-elle avec un personnage de roman?



Des questions qui débordent parfois l’espace de la littérature pour se poursuivre sur un terrain juridique. Le roman doit-il s’affranchir absolument du réel pour conquérir le statut d’oeuvre littéraire ? Une conception qui déchire le jury du Goncourt depuis plusieurs années. Trouvera-t-il un terrain d’entente en couronnant Eric Reinhardt ? Réponse demain.
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L'Amour et les Forêts

EN APNEE!



J'ai lu ce roman en apnée, happée par la grâce de l'écriture et bouleversée par le personnage de Bénédicte d'Ombredanne.



On ne présente plus Eric Reinhardt dont l'écriture sensible fait merveille pour décrire la nature complexe des relations humaines.



Dans ce roman, il met en scène une jeune professeur de français à l'étroit dans une vie de famille de famille décevante, entre un mari épousé par dépit et des enfants égoïstes, et un écrivain qu'elle contacte pour lui témoigner son admiration.



Cette rencontre signera un virage dans la vie des protagonistes Bénédicte cherchant à s'émanciper de l'emprise qu'exerce son mari sur elle. Elle lutte pour retrouver sa liberté et son libre arbitre.



C'est un roman fort, bouleversant, qui fait écho chez toutes les femmes.
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Sarah, Susanne et l'écrivain

Avec Sarah, Susanne et l’écrivain, Éric Reinhardt dont j’avais lu Comédies françaises, s’est lancé dans un exercice littéraire qui lui permet de se régaler mais qui m’a souvent désorienté. Ce mélange de réalité et de fiction, avec ces deux femmes semblables et différentes auquel s’ajoute l’écrivain, n’est pas facile à suivre. Souvent, je me suis posé la question : qui parle ou de qui parle-t-il ?

Pourtant, lorsque j’ai écouté Éric Reinhardt parler de son livre aux dernières Correspondances de Manosque, j’ai eu très envie de le lire car ce procédé littéraire singulier m’intriguait beaucoup.

Voilà donc Sarah qui confie son histoire à l’écrivain après avoir lutté contre un cancer du sein. Cet écrivain décide, en plein accord avec elle, de lui trouver un avatar qu’il nomme Susanne. Elles ont toutes les deux 44 ans et leurs enfants portent les mêmes prénoms : Paloma et Luigi. L’une est architecte, l’autre généalogiste.

Si Sarah habite au bord de l’océan, ils décident de faire vivre Susanne à Dijon. Si leur vie de couple paraît idyllique, des failles surgissent bientôt et cela devient vite choquant lorsque j’apprends que le mari possède 75 % de leurs biens et l’épouse seulement 25 %. Lorsque, logiquement, celle-ci demande un rééquilibrage, elle se heurte à un refus obstiné.

Pour faire vivre son personnage de fiction, l’auteur emprunte à la vie de Sarah mais peut s’en écarter à tout moment pour conduire ce que l’on peut comparer à une descente aux enfers. L’écriture d’Éric Reinhardt est soignée, délicieuse souvent et je reconnais que ce livre avait toutes les qualités littéraires pour décrocher le Goncourt, mais…

Débarque alors l’affaire du tableau remarqué par Susanne chez un antiquaire. Cela déclenche toute une histoire que j’ai trouvée pénible même si je comprends que l’auteur s’appuie dessus pour accompagner la dégradation psychologique de son héroïne.

Si Sarah a quitté le domicile conjugal pour faire une pause, Susanne en a fait autant et cela contribue grandement à accentuer une déchéance de plus en plus inéluctable qui me semble incompréhensible avec un séjour à l’Hôpital psychiatrique La Chartreuse, à Dijon. Au passage, l’écrivain fait part de ses réflexions, fait une entorse à la dramaturgie et à la vraisemblance. Il analyse pourtant bien la psychologie des enfants et c’est intéressant.

Bien sûr, arrive Venise, site idéal pour faire rêver le lecteur car il s’y passe toujours des histoires d’amour réelles ou fantasmées. Lorsque Momo se présente dans la lente remontée de Susanne vers la lumière, surtout lors de la rencontre avec son mari, voilà enfin du palpitant et des dialogues percutants, enfin, pas seulement les dialogues… Il en est de même lorsque Susanne se retrouve chez ses parents en Alsace. La discussion est animée et pleine d’humour.

Un épilogue, sous la forme d’une longue lettre signée Sarah, permet de faire le point et d’apporter de bonnes nouvelles, confirmant aussi toute la gratitude de cette femme pour l’écrivain. Cela est amplement mérité mais je redis toute la difficulté éprouvée au cours d’une lecture parfois lassante.

Si Sarah, Susanne et l’écrivain, roman d’excellente facture, ne m’a pas convaincu, je salue tout de même le talent d’Éric Reinhardt qui n’hésite pas, en cours d’écriture, à faire partager ses problèmes d’auteur. Sarah et Susanne, Susanne ou Sarah, ces deux femmes qui n’en font qu’une, ou pas, m’ont souvent fait souffrir avant de sortir par le haut de situations bien compliquées causées par leur mal-être et un mari exécrable.


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La chambre des époux

Lu en 2019. Un roman profondément exutoire, qui touche à l'extrême intimité des sentiments, à la fois unique et universel. Comme on dit : "qui n'a pas vécu"... (l'épreuve de la maladie ou de la perte d'un être cher) ne pourra pas tout à fait palper l'intention de l'auteur.

Il s'agit d'une mise en abyme, cette forme narrative qui ne convient ni ne plaît à tout le monde. Tout est jeté un peu en vrac, de façon exacerbée, jusqu'aux répétitions certes quelque peu redondantes mais d'une fulgurance à laquelle je n'avais pu rester insensible.
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L'Amour et les Forêts

Lu en 2017 (lors de sa sortie en poche). Un roman qui avait suscité la polémique. Pour moi, ce fut un récit qui m'avait captivée, malgré moi et malgré le climat oppressant.

Il m'avait fallu dépasser d'abord les 41 premières pages pour vraiment rentrer dans le vif du sujet. Mais, ensuite, impossible de lâcher l'affaire, malgré le malaise et la révolte intérieure face ce qui est narré sur les 350 autres pages de ce roman. L'auteur nous livre (surtout dans la dernière partie) les raisons du naufrage du couple, la défection d'une femme, depuis les prémisses fragiles jusqu'à l'engrenage autodestructeur et irréversible. Le rythme est soutenu, implacable, la plume addictive. Une histoire à la fois intime et universelle...



(J'ai bien apprécié l'adaptation cinématographie avec Virginie Effira)
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Le système Victoria

Une histoire d’adultère qui finit mal. En effet, on apprend rapidement que la rencontre va se solder sur un drame.



Le protagoniste de cette histoire d’amour passionnelle et destructrice, est antipathique voire pervers. Sa description, ses tourments, ses questionnements dresse un portrait détestable du « mâle ». La femme qui partage cet amour, est érigée en objet... Les personnages fades et lâches, font que cet adultère devient terriblement angoissant. Une angoisse mise en abîme par des dialogues grandiloquents et alambiqués.



Ce roman psychologique aux allures de thriller malaisant, causant une incompréhension alliée à une dose de dégoût envers ce personnage masculin lubrique, a été refermé avec une certaine précipitation, pour que l’inconfort cesse.

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Sarah, Susanne et l'écrivain

Heureusement que je ne suis pas découragé par le talent d’Éric Reinhardt pour poursuivre ma carrière d’écrivain. Finaliste du prix Goncourt 2023, sans avoir lu les autres, il aurait peut-être mérité de le remporter.





Évacuons immédiatement ce qui peut déplaire, à juste titre, dans ce livre : quelques pages surabondantes et des tournures parfois prétentieuses. Oui, Éric Reinhardt a écrit un grand livre, il s’est éclaté pendant l’écriture. Il sait qu’il écrit bien à force de l’entendre. Je comprends que son écriture puisse déplaire, lasser, agacer, mais dans mon cas, une telle justesse, une telle fluidité, une telle maîtrise me déplaira, lassera et agacera toujours moins que des livres « adorés » par le grand public, nid à mièvreries écrit avec 5 verbes pauvres.



L’histoire : une femme, Sarah, contacte un écrivain pour qu’il s’inspire de sa vie pour un roman. Alors l’écrivain crée le personnage de Susanne. Susanne a 44 ans, marié, deux enfants. Son mari n’est guère présent le soir, il s’isole dans sa cave. Pas de quoi divorcer, mais Susanne-Sarah s’en retrouvent frustrées. Le détonateur est quand elles se rendent compte qu’elles possèdent 25 % de la maison et les 75 % sont au mari. Je suis docteur en droit, c’est une erreur classique dans un couple, souvent au détriment de la femme : « Paye la bouffe et les trucs pour les gosses, je paye le reste ». La bouffe est bouffée, l’électricité est consommée, et au moment du divorce les biens physiques demeurent dans le patrimoine de l’un.



Bref, Susanne-Sarah (On s’y perd, on ne sait plus qui est qui, mais ce n’est pas important, c’est même voulu) se fâchent et décident de partir 3 mois vivre dans un autre logement pour ressouder leur amour. Les conséquences vont être désastreuses.



Il est possible que ce livre soit mon livre de l’année, après L’Épervier de Maheux en 2023 et l’Anomalie en 2022.



Non seulement je ne me suis pas ennuyé, mais j’ai souffert avec ces deux femmes. Je me mettais en colère, je me sentais triste, chaque page que je lisais m’enfonçait dans des émotions désagréables pendant un week-end pascal pluvieux. Et qu’est-ce qu’un grand livre sinon un récit bien écrit et qui procure une émotion ?



Sarah, Susane et l’écrivain est un livre original et remarquable. Je le recommande à celles et ceux qui ont envie de se sentir vivants pendant une lecture.
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Sarah, Susanne et l'écrivain

Très joli roman, l’idée originale et le style sont vraiment hors du commun. Sarah épouse et mère de famille souhaite reprendre en main son couple suite à son cancer du sein. D’une séparation temporaire s en suit une rupture douloureuse et relevant le vrai visage de son mari. Elle raconte tout cela à un écrivain qui croise son parcours et celui de sa nouvelle héroïne.
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Sarah, Susanne et l'écrivain

Eric Reinhardt : Sarah, Suzanne et l’Écrivain » et « L’Amour et les Forêts ».



On y va tout droit. On le sait bien qu’il ne faut pas se fier aux apparences, les dictons populaires ont pourtant du vrai, même et surtout les lieux communs.

Et bien pour ma part, j’ai foncé dedans tête baissée. Il y a quelques années, j’avais « tâché » de rentrer dans l’univers d’Eric Reinhardt en abordant « Cendrillon ». Au bout de 100 pages, le livre m’était tombé des mains, trop parisien, trop bourgeois, trop français, trop pédant, trop égocentré et narcissique. Trop tout quoi ! Depuis, j’avais un peu pris cet auteur en grippe, lui reprochant presque de m’avoir fait perdre du temps. Chaque interview de lui me le montrait, trop stylé, sûr de lui et de son talent, un poil arrogant et supérieur. L’écrivain type. Il avait partagé à Cannes, sur un plateau, son sentiment (et ne m’avait communiqué que du ressentiment !) sur l’adaptation cinématographique de L'Amour et les Forêts, son précédent livre, par Valerie Donzelli avec Virginie Efira. Aussi sec, antipathique !

Jusqu’à ce qu’une amie m’offre son dernier roman Sarah Suzanne et l’écrivain ».

Que faire ? Pas d’échappement possible. Elle allait bien me demander ce que j’en avais pensé. Pétri d’à priori, j’ai pris à rebours les 50 premières pages, avant peu à peu, mais au final assez vite, et de façon honnête, laisser tomber mes préjugés, pour me laisser captiver par l’ histoire ; celle de cet écrivain, connu, Eric lui-même, très professionnel dans « Sarah » ou contacté par mail dans « l’Amour… », par une lectrice admirative, et se sentir, dans les deux cas, touché par sa demande ou par son courrier, en confiance curieuse jusqu’à la rencontrer et se laisser happer par son histoire de vie, sa vie ratée de couple, ou plutôt les jeux de miroir de sa vie qui peu à peu deviennent flous, puis opaques, avant de s’obscurcir complètement .

Pour se donner le temps, prendre du recul comme on dit, mais croire aussi qu’elle pouvait ménager un espace pour permettre à son mari de réfléchir et de se remettre en question, elle va quitter le domicile familial bourgeois, échouer à intégrer ses deux enfants dans une bicoque à l’écart des quartiers parisiens, pour aller se perdre quelques mois, seule d’abord, puis en colocation, dans un lieu sordide. Le but avoué, faire changer le regard et la perspective de son mari sur leurs rapports de vie, sur l’équilibre de leurs avoirs, mieux balancer ce qu’elle croit encore être un amour et son couple, avec un homme qu’elle ne connaît pas au fond, qui s’est peu à peu détaché de la vie familiale pour se réfugier au sous-sol de sa maison, dans un bunker, où il s’ adonne seul à des activités plus ou moins perverses. Une naïveté et une illusion d’émancipation sur sa relation qui vont la perdre, la voir s’effondrer, tomber en poussière, comme le tableau qui la fascine tant chez un antiquaire au point de le racheter plus tard à prix d’or, et qui va symboliser l’émiettement de sa vie.



« Confronté à des situations graves, inattendues, éminemment déstabilisantes, d’abord le psychisme patauge un peu, ensuite il essaie d’inventer quelque chose, le délire est une tentative de solution hasardée par le cerveau face à une situation qui n’en connaît aucune. Comme il n’y a pas de solution dans le réel, le délire va en proposer une en dehors du réel.

«

On ne connaît pas toujours la personne avec qui l’on vit, Sarah, va vite le comprendre à ses dépens et va donc raconter sa vie à Éric l’écrivain, qui par le biais d’un personnage de fiction, Suzanne, va filer et tisser les fils du roman de sa vie et de ses relations toxiques. Subtilement, Sarah va devenir fictivement Suzanne, qui va incarner Sarah, au point que le lecteur finit par ne plus savoir qui est qui, au point de voir les deux femmes se confondre dans un seul et même personnage.

Adroit, étrange, troublant, beau et puissant, le livre se révèle une éloquente affirmation du bouleversement des rapports homme-femme, mais aussi du ruissellement du comportement masculin qui sans le moindre affect, sans le moindre respect, sans la plus infime pitié, va progressivement détruire une femme. On appelle cela, de la « Domination Masculine » dans le premier livre, du « Harcèlement « dans le second, la frontière entre les deux demeurant ténue, mais c’est bien plus que cela, c’est une destruction méthodique et calculée, opportuniste, d’un être sans doute aimé autrefois, corps aujourd’hui balancé tel un objet jetable et même pas recyclable.

Pourquoi mettre » Sarah… en parallèle avec « l’Amour et les Forêts » ? Parce que c’est en fait le même livre, un pas sur le côté dans « L’Amour… » presque la même histoire de fond, les détails de vie, d’existence , la forme, différente certes, mais avec le même schéma narratif, un écrivain reçoit les confidences d’une jeune femme, professeur de littérature, qui va lui raconter , et là véritablement, le harcèlement possessif et destructeur poussé à l’extrême de son mari qui la tétanise, afin que progressivement , pas à pas, il en fasse là aussi une histoire, tragique, mais cette fois, plus sombre, violente et noire encore que le précédent livre. L’expérience de ces deux livres, à la fois grave et sombre, est fascinante, nous sommes dans deux thrillers cérébraux, communs, siamois, névrotiques, et même psychotiques tant les dédoublements de personnalités sont constants. L'écriture est extraordinaire. Que n’ai-je pu dire, avec bêtise, sur cet auteur !

C’est par ailleurs deux récits, aussi féminins que féministes, écrits par un homme, dont on se demande à quel point d’intelligence et de finesse, il est parvenu à (d)écrire aussi bien, avec autant d’émotions, et dépeindre à ce point les sentiments violents, féroces sur ce thème, le harcèlement d’une femme, thème qui émerge aujourd’hui, on le voit bien dans les affaires qui sortent dans la presse, (enfin ! pourrait-on dire ! ), (les mentalités changent-elles vraiment en profondeur ?), ou n’est ce qu’en façade, en surface, et ce depuis des siècles.

Tour de force ? Prouesse d’écrivain à la mécanique bien huilée ? ou mutation sincère, profondément inclusive d’une masculinité qui a évolué vers une trajectoire novatrice ? Je parie sur cette dernière impression. La sincérité de l’auteur affleure en permanence. Nous, hommes, pouvons faire profil bas et battre notre coulpe, euphémisme, parce que même « corrects », nous sommes restés bien à l’étroit dans nos visions douillettes de situations qui ne nous perturbaient pas tant que ça, et nous arrangeaient bien au final, « femme potiche, femme boniche ». « Viol de nuit, Terre des hommes » pouvait-on déjà lire sur les murs dans les années 70, sans que cela ne suscite beaucoup d’interrogations.

Un mot sur le film qui peut servir de trait d’union. C’est une adaptation libre de « l’Amour et des forêts » avec l’assentiment de l’auteur, et si l’on retrouve le cœur de l’histoire en fusion, avec la juste peinture de cette merveilleuse et unique journée d’amour fou et magique vécue par l’héroïne, Bénédicte, il se révèle à mon sens moins puissant que le livre, les contours sont plus adoucis, la fin plus convenue, même si les compositions de Virginie Efira, remarquable, et surtout de Melvil Poupaud, extraordinaire en mari de glace, pervers, manipulateur, ce que l’on appelle communément un pervers narcissique, en tous les cas un névropathe, dont à mon sens même la psychiatrie ne pourra pas récupérer grand-chose, restent prodigieuses.

Dans chacun des deux livres, la prouesse d’Eric Reinhardt, avec un art consommé de la construction littéraire, est d’être à la fois, avec la distance appropriée, auteur, narrateur, témoin et acteur.

Autre chose. Il y a de très belles lignes dans « l’Amour… sur la solitude des corps.



« Vous savez Eric (relate la sœur de Bénédicte, esthéticienne de métier, c’est terrible de ne plus être touché. Une femme qui n’a pas de vie affective, je le sens tout de suite, à sa peau, quand je la masse. Mes mains elles se souviennent des peaux, elles lisent les vies à livre ouvert, elles comprennent beaucoup de choses. Une personne qui n’est jamais touchée c’est difficile à supporter, de n’être jamais touché. Je constate souvent ce manque chez mes clientes les plus âgées, plus personne ne veut entrer en contact physique avec elles et elles en souffrent, elles sont en demande, elles veulent qu’on leur caresse le visage, qu’on leur caresse les bras, qu’on leur caresse le dos et les épaules. Qu’on leur prenne la main. C’est un besoin, d’être touché, un besoin vital. J’ai vu des femmes s’écrouler après un massage. Je leur masse longuement le corps, je sens qu’il se passe quelque chose de fort et juste après je les vois qui s’écroulent et qui pleurent dans mon salon sans pouvoir s’arrêter. Des femmes inconsolables, dont j’avais senti qu’elles n’avaient pas été touchées depuis des années, comme si mes mains avaient fait remonter dans leur mémoire le souvenir qu’elles possédaient un corps, et que sentir son corps est essentiel, que c’est dans le fond la plus belle chose qui soit. »



Comme, aussi, de très touchants passages sur l’écriture, en l’occurrence Bénédicte l’héroïne de l’Amour, en réalité, Eric lui-même, et qui nécessairement laissent transparaître la solitude du coureur de fond, l’écrivain.



« Quel bonheur que d’écrire, quel bonheur que de pouvoir, la nuit, souvent la nuit, s’introduire en soi, dépeindre ce qu’on y voit, ce qu’on y sent, ce qu’on entend que murmurent les souvenirs, la nostalgie ou le besoin de retrouver intacte sa propre grâce évanouie, évanouie dans la réalité mais bien vivante au fond de soi, vivante au fond de soi et éclairée au loin comme une maison dans la nuit, une maison vers laquelle on laisse guider ses pas, seul, conduit par la confiance, l’inspiration, ses intuitions renaissantes, par le désir de rejoindre cet endroit qu’on voit briller au loin dans les ténèbres, attirant, illuminé, en sachant que c’est chez soi, que c’est là que se trouve enfermé, au fond de soi, ce qu’on a de plus précieux, son être le plus secret. «

Dans quel ordre lire ces deux livres ? Pour ma part je les ai lus à l’envers de leur parution, cela ne m’a pas gêné, peut-être "Suzanne Sarah et l’écrivain « est-il plus abouti, plus formel et concluant, moins bouleversant et moins charnel. Le dernier chapitre de « l’Amour et des forêts » est une merveille d’intelligence, d’empathie rêvée, un retournement onirique de situation, de subtilité et de grâce humaine, quasi religieuse.

Je garde après ces deux lectures, le souvenir d’une œuvre, à la construction vertigineuse, où les deux histoires ont su s’entremêler, pour apporter émotions, larmes mais aussi questionnement politique. Je ne suis pas sûr d’ailleurs de ne pas avoir fait la part entre les deux récits tant scènes et personnages apparaissent souvent jumeaux et complémentaires.

On dit communément qu’un livre, un film, un paysage, est beau à couper le souffle. Ici, je dirais plutôt que le livre est beau à pleurer tant il dégage de troubles, mais surtout tant il nous interroge, nous hommes, et vous femmes, sur nos relations passées et présentes, archaïques et misogynes, et surtout sur ce que nous devons désormais et c’est peut-être, une des questions posée par ces deux livres, inventer, enfin, pour reconstruire des rapports. Humains.

Voilà comment j’ai retourné ma veste !

Voilà comment Eric Reinhardt est devenu un de mes écrivains » culte » dont je ne peux que saluer la virtuosité de l’écriture. Il aurait dû faire un très beau Prix Goncourt 2023.

Mes deux livres les plus forts de cette année.
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L'Amour et les Forêts

Eric Reinhardt : Sarah, Suzanne et l’Écrivain » et « L’Amour et les Forêts ».



On y va tout droit. On le sait bien qu’il ne faut pas se fier aux apparences, les dictons populaires ont pourtant du vrai, même et surtout les lieux communs.

Et bien pour ma part, j’ai foncé dedans tête baissée. Il y a quelques années, j’avais « tâché » de rentrer dans l’univers d’Eric Reinhardt en abordant « Cendrillon ». Au bout de 100 pages, le livre m’était tombé des mains, trop parisien, trop bourgeois, trop français, trop pédant, trop égocentré et narcissique. Trop tout quoi ! Depuis, j’avais un peu pris cet auteur en grippe, lui reprochant presque de m’avoir fait perdre du temps. Chaque interview de lui me le montrait, trop stylé, sûr de lui et de son talent, un poil arrogant et supérieur. L’écrivain type. Il avait partagé à Cannes, sur un plateau, son sentiment (et ne m’avait communiqué que du ressentiment !) sur l’adaptation cinématographique de L'Amour et les Forêts, son précédent livre, par Valerie Donzelli avec Virginie Efira. Aussi sec, antipathique !

Jusqu’à ce qu’une amie m’offre son dernier roman Sarah Suzanne et l’écrivain ».

Que faire ? Pas d’échappement possible. Elle allait bien me demander ce que j’en avais pensé. Pétri d’à priori, j’ai pris à rebours les 50 premières pages, avant peu à peu, mais au final assez vite, et de façon honnête, laisser tomber mes préjugés, pour me laisser captiver par l’ histoire ; celle de cet écrivain, connu, Eric lui-même, très professionnel dans « Sarah » ou contacté par mail dans « l’Amour… », par une lectrice admirative, et se sentir, dans les deux cas, touché par sa demande ou par son courrier, en confiance curieuse jusqu’à la rencontrer et se laisser happer par son histoire de vie, sa vie ratée de couple, ou plutôt les jeux de miroir de sa vie qui peu à peu deviennent flous, puis opaques, avant de s’obscurcir complètement .

Pour se donner le temps, prendre du recul comme on dit, mais croire aussi qu’elle pouvait ménager un espace pour permettre à son mari de réfléchir et de se remettre en question, elle va quitter le domicile familial bourgeois, échouer à intégrer ses deux enfants dans une bicoque à l’écart des quartiers parisiens, pour aller se perdre quelques mois, seule d’abord, puis en colocation, dans un lieu sordide. Le but avoué, faire changer le regard et la perspective de son mari sur leurs rapports de vie, sur l’équilibre de leurs avoirs, mieux balancer ce qu’elle croit encore être un amour et son couple, avec un homme qu’elle ne connaît pas au fond, qui s’est peu à peu détaché de la vie familiale pour se réfugier au sous-sol de sa maison, dans un bunker, où il s’ adonne seul à des activités plus ou moins perverses. Une naïveté et une illusion d’émancipation sur sa relation qui vont la perdre, la voir s’effondrer, tomber en poussière, comme le tableau qui la fascine tant chez un antiquaire au point de le racheter plus tard à prix d’or, et qui va symboliser l’émiettement de sa vie.



« Confronté à des situations graves, inattendues, éminemment déstabilisantes, d’abord le psychisme patauge un peu, ensuite il essaie d’inventer quelque chose, le délire est une tentative de solution hasardée par le cerveau face à une situation qui n’en connaît aucune. Comme il n’y a pas de solution dans le réel, le délire va en proposer une en dehors du réel.

«

On ne connaît pas toujours la personne avec qui l’on vit, Sarah, va vite le comprendre à ses dépens et va donc raconter sa vie à Éric l’écrivain, qui par le biais d’un personnage de fiction, Suzanne, va filer et tisser les fils du roman de sa vie et de ses relations toxiques. Subtilement, Sarah va devenir fictivement Suzanne, qui va incarner Sarah, au point que le lecteur finit par ne plus savoir qui est qui, au point de voir les deux femmes se confondre dans un seul et même personnage.

Adroit, étrange, troublant, beau et puissant, le livre se révèle une éloquente affirmation du bouleversement des rapports homme-femme, mais aussi du ruissellement du comportement masculin qui sans le moindre affect, sans le moindre respect, sans la plus infime pitié, va progressivement détruire une femme. On appelle cela, de la « Domination Masculine » dans le premier livre, du « Harcèlement « dans le second, la frontière entre les deux demeurant ténue, mais c’est bien plus que cela, c’est une destruction méthodique et calculée, opportuniste, d’un être sans doute aimé autrefois, corps aujourd’hui balancé tel un objet jetable et même pas recyclable.

Pourquoi mettre » Sarah… en parallèle avec « l’Amour et les Forêts » ? Parce que c’est en fait le même livre, un pas sur le côté dans « L’Amour… » presque la même histoire de fond, les détails de vie, d’existence , la forme, différente certes, mais avec le même schéma narratif, un écrivain reçoit les confidences d’une jeune femme, professeur de littérature, qui va lui raconter , et là véritablement, le harcèlement possessif et destructeur poussé à l’extrême de son mari qui la tétanise, afin que progressivement , pas à pas, il en fasse là aussi une histoire, tragique, mais cette fois, plus sombre, violente et noire encore que le précédent livre. L’expérience de ces deux livres, à la fois grave et sombre, est fascinante, nous sommes dans deux thrillers cérébraux, communs, siamois, névrotiques, et même psychotiques tant les dédoublements de personnalités sont constants. L'écriture est extraordinaire. Que n’ai-je pu dire, avec bêtise, sur cet auteur !

C’est par ailleurs deux récits, aussi féminins que féministes, écrits par un homme, dont on se demande à quel point d’intelligence et de finesse, il est parvenu à (d)écrire aussi bien, avec autant d’émotions, et dépeindre à ce point les sentiments violents, féroces sur ce thème, le harcèlement d’une femme, thème qui émerge aujourd’hui, on le voit bien dans les affaires qui sortent dans la presse, (enfin ! pourrait-on dire ! ), (les mentalités changent-elles vraiment en profondeur ?), ou n’est ce qu’en façade, en surface, et ce depuis des siècles.

Tour de force ? Prouesse d’écrivain à la mécanique bien huilée ? ou mutation sincère, profondément inclusive d’une masculinité qui a évolué vers une trajectoire novatrice ? Je parie sur cette dernière impression. La sincérité de l’auteur affleure en permanence. Nous, hommes, pouvons faire profil bas et battre notre coulpe, euphémisme, parce que même « corrects », nous sommes restés bien à l’étroit dans nos visions douillettes de situations qui ne nous perturbaient pas tant que ça, et nous arrangeaient bien au final, « femme potiche, femme boniche ». « Viol de nuit, Terre des hommes » pouvait-on déjà lire sur les murs dans les années 70, sans que cela ne suscite beaucoup d’interrogations.

Un mot sur le film qui peut servir de trait d’union. C’est une adaptation libre de « l’Amour et des forêts » avec l’assentiment de l’auteur, et si l’on retrouve le cœur de l’histoire en fusion, avec la juste peinture de cette merveilleuse et unique journée d’amour fou et magique vécue par l’héroïne, Bénédicte, il se révèle à mon sens moins puissant que le livre, les contours sont plus adoucis, la fin plus convenue, même si les compositions de Virginie Efira, remarquable, et surtout de Melvil Poupaud, extraordinaire en mari de glace, pervers, manipulateur, ce que l’on appelle communément un pervers narcissique, en tous les cas un névropathe, dont à mon sens même la psychiatrie ne pourra pas récupérer grand-chose, restent prodigieuses.

Dans chacun des deux livres, la prouesse d’Eric Reinhardt, avec un art consommé de la construction littéraire, est d’être à la fois, avec la distance appropriée, auteur, narrateur, témoin et acteur.

Autre chose. Il y a de très belles lignes dans « l’Amour… sur la solitude des corps.



« Vous savez Eric (relate la sœur de Bénédicte, esthéticienne de métier, c’est terrible de ne plus être touché. Une femme qui n’a pas de vie affective, je le sens tout de suite, à sa peau, quand je la masse. Mes mains elles se souviennent des peaux, elles lisent les vies à livre ouvert, elles comprennent beaucoup de choses. Une personne qui n’est jamais touchée c’est difficile à supporter, de n’être jamais touché. Je constate souvent ce manque chez mes clientes les plus âgées, plus personne ne veut entrer en contact physique avec elles et elles en souffrent, elles sont en demande, elles veulent qu’on leur caresse le visage, qu’on leur caresse les bras, qu’on leur caresse le dos et les épaules. Qu’on leur prenne la main. C’est un besoin, d’être touché, un besoin vital. J’ai vu des femmes s’écrouler après un massage. Je leur masse longuement le corps, je sens qu’il se passe quelque chose de fort et juste après je les vois qui s’écroulent et qui pleurent dans mon salon sans pouvoir s’arrêter. Des femmes inconsolables, dont j’avais senti qu’elles n’avaient pas été touchées depuis des années, comme si mes mains avaient fait remonter dans leur mémoire le souvenir qu’elles possédaient un corps, et que sentir son corps est essentiel, que c’est dans le fond la plus belle chose qui soit. »



Comme, aussi, de très touchants passages sur l’écriture, en l’occurrence Bénédicte l’héroïne de l’Amour, en réalité, Eric lui-même, et qui nécessairement laissent transparaître la solitude du coureur de fond, l’écrivain.



« Quel bonheur que d’écrire, quel bonheur que de pouvoir, la nuit, souvent la nuit, s’introduire en soi, dépeindre ce qu’on y voit, ce qu’on y sent, ce qu’on entend que murmurent les souvenirs, la nostalgie ou le besoin de retrouver intacte sa propre grâce évanouie, évanouie dans la réalité mais bien vivante au fond de soi, vivante au fond de soi et éclairée au loin comme une maison dans la nuit, une maison vers laquelle on laisse guider ses pas, seul, conduit par la confiance, l’inspiration, ses intuitions renaissantes, par le désir de rejoindre cet endroit qu’on voit briller au loin dans les ténèbres, attirant, illuminé, en sachant que c’est chez soi, que c’est là que se trouve enfermé, au fond de soi, ce qu’on a de plus précieux, son être le plus secret. «

Dans quel ordre lire ces deux livres ? Pour ma part je les ai lus à l’envers de leur parution, cela ne m’a pas gêné, peut-être "Suzanne Sarah et l’écrivain « est-il plus abouti, plus formel et concluant, moins bouleversant et moins charnel. Le dernier chapitre de « l’Amour et des forêts » est une merveille d’intelligence, d’empathie rêvée, un retournement onirique de situation, de subtilité et de grâce humaine, quasi religieuse.

Je garde après ces deux lectures, le souvenir d’une œuvre, à la construction vertigineuse, où les deux histoires ont su s’entremêler, pour apporter émotions, larmes mais aussi questionnement politique. Je ne suis pas sûr d’ailleurs de ne pas avoir fait la part entre les deux récits tant scènes et personnages apparaissent souvent jumeaux et complémentaires.

On dit communément qu’un livre, un film, un paysage, est beau à couper le souffle. Ici, je dirais plutôt que le livre est beau à pleurer tant il dégage de troubles, mais surtout tant il nous interroge, nous hommes, et vous femmes, sur nos relations passées et présentes, archaïques et misogynes, et surtout sur ce que nous devons désormais et c’est peut-être, une des questions posée par ces deux livres, inventer, enfin, pour reconstruire des rapports. Humains.

Voilà comment j’ai retourné ma veste !

Voilà comment Eric Reinhardt est devenu un de mes écrivains » culte » dont je ne peux que saluer la virtuosité de l’écriture. Il aurait dû faire un très beau Prix Goncourt 2023.

Mes deux livres les plus forts de cette année.
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Sarah, Susanne et l'écrivain

L’histoire:

Sarah est mariée avec 2 grands enfants et vit une routine heureuse, épanouie dans sa vie de famille, confortable, jusqu’à son cancer.

En rémission, elle décide de réorienter sa vie, lache son boulot alimentaire pour poursuivre une passion artistique. Ellese rend alors compte que son mari se met de plus en plus en retrait de leur vie de famille et elle découvre par hasard que leur patrimoine n’est pas réparti équitablement et qu’elle est lésée économiquement. Son mari ignore ses doléances. Excédée par son attitude et sur conseil de sa meilleure amie, elle décide de provoquer un électrochoc en quittant le domicile conjugal, déclenchant par cet acte un enchaînement d’événements aussi bouleversants qu’imprévisibles…

Sarah décide alors de confier son histoire à un écrivain qu’elle admire pour qu’il en fasse un roman.



Alors Sarah se raconte à l’écrivain, qui, en donnant vie à Susanne, le double fictif de Sarah, lui prête des expériences de sa propre vie.

Chacun se raconte et avec cette mise en abîme, on en perd le fil et on ne sait plus où finit le réel et où commence la fiction. Car au fond, comme dit l’écrivain:

“C’est bien la preuve que ce que l’on vit parfois nous propulse dans des espaces mentaux qui font de nous, de nous tous, des personnages de fiction. On se vit et on se raconte après coup comme on vivrait et comme on raconterait l’histoire d’un personnage de roman.”



Un roman dont la lecture est exigeante et parfois angoissante je trouve. Certaines scènes sont si bien décrites qu’on ressent l’angoisse, le malaise et la détresse.



Bon pas vraiment un feel good, vous l’aurez compris 😆, mais une histoire et un récit original et marquant.



Extraits:

“Elle ne comprenait pas ce silence obstiné, c’était d’une violence psychologique insoutenable. Elle commença à se fracturer intérieurement.”
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Sarah, Susanne et l'écrivain

j'avais entendu parler de ce livre à la radio et je trouvais l'idée originale : comment une fiction peut- elle naitre d'un récit réel ? quels sont les arrangements qui font que la banalité d'une situation arrive à captiver son lecteur ? Où est le talent de l'écrivain ? plein de questions dont j'attendais la réponse. Je ne sais pas pourquoi cette lecture a été pour moi interminable ( trois mois pour le lire alors qu'au maximum je mets une semaine ), mais je ne l'ai pas abandonné pour autant. L'ouvrage est bien écrit mais j'ai eu du mal à croire aux personnages trop caricaturaux pas vraiment réalistes.

L'héroine ne me semblait pas sympathique non plus. toutes ces raisons auraient suffi pour le laisser tomber mais non...

Les lamentations d'une femme abandonnée à qui il arrive tant de misères sont longuettes, mais on a quand même envie de connaitre le dénouement, qui tarde tarde. Le roman reste très clinique, froid. On assiste à l'autopsie d'un couple désuni.

la complexité de la construction réside dans tous les pièges dans lesquels chaque membre du couple tombe alors même qu'il en a tendus "La problématique de l'arroseur arrosé" en plus pompeux.
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Cendrillon

D'Eric Reinhardt, je n'avais lu que "l'amour et les forêts" qui fut un choc littéraire. Si grand que, bien que cinéphile, j'ai toujours refusé de voir le film qui en est tiré et pourtant j'apprécie Virginie Efira et Valérie Donzelli.

J'abordais avec appréhension ce "Cendrillon".

Mais j'ai retrouvé le style qui me convient parfaitement et quoiqu'un peu bavard, j'ai adoré une nouvelle fois.

L'idée est géniale même si j'ai eu un peu de mal à la saisir au début.

Cendrillon met en scène, alternativement, Eric Reinhardt, écrivain, et ce que l'on pourrait qualifier d'avatars, au nombre de 3.

Des doubles de lui-même ou de ce qu'il aurait pu devenir si le Destin avait été différent, sans que l'on soit certain que le "vrai" Eric Reinhardt raconte sa véritable histoire !!!

Un avatar que l'on suit en priorité, trader plein aux as, un second, obèse et mal dans sa peau et le dernier, géologue.

Mais la finesse et la construction du livre font que le géologue, par exemple, s'efface souvent devant les 3 autres "personnages", certainement car il est trop fade (on ne le voit plus pendant pas loin de 300 pages). Et une bribe de souvenir ou un souvenir apparaît passe d'un avatar à un autre pour en modifier l'existence ou devenir toute autre chose.

Le livre ne plaira pas à tout le monde, j'en suis certain, mais ceux qui parviennent à persister, trouveront là un ouvrage étonnant par son sarcasme et son inventivité.

Moins puissant et fort que "l'amour et les forêts" mais remarquable tout de même au niveau créatif.

Et il est même parvenu à me convaincre que suivre les fluctuations des cours de Bourse s'apparentait à un thriller flippant. Quel exploit !!!







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Sarah, Susanne et l'écrivain

Un cru exceptionnel à mon avis ; cette lecture me remplit d'une grande admiration.

La forme choisie n'est pas courante, mieux, elle me semble unique et extrêmement difficile à mettre en oeuvre nous demandant un peu d'adaptation en début de parcours. Car qui est l'énonciateur ? Il s'avère que trois personnes ont cet honneur : Sarah la femme réelle qui a fait part de sa vie grandement malmenée par le cancer et aussi par son mari, puis Suzanne, une sorte de réplique d'elle -même crée par l'auteur, mais pas non plus trop dupliquée, et enfin l'écrivain, sorte de magicien qui va inventer une belle histoire proche du réel en dialoguant avec la femme qui est son inspiratrice.

Donc ce trio uni comme les doigts de la main compose à mesure des discussions un roman qui tient en haleine le lecteur qui se retrouve à une place particulière grâce à ce dispositif ingénieux, celui de participant à l'écriture et aux mystères de la création, rien de moins.

On a donc tout le matériau sous les yeux, l'histoire racontée par Sarah suivi des bouts de récits donnés par l'écrivain qui deviennent mis en pages une translation dans le temps et l'espace de l'originale.

Et cela n'est pas un cours pour apprentis écrivains mais un passionnant livre qui se dévore en se nourrissant aussi de la personnalité d'Eric Reinhardt qui met sa plume savante au service des arts, des villes aimées et surtout des causes de la femme en général qu'il semble bien apte à servir. Bravo.

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Sarah, Susanne et l'écrivain

Quelle purge! Encore une fois l'auteur part d'un soit disant récit de sa vie que lui aurait fait une de ses lectrices pour composer son roman: Sarah, la lectrice, Suzanne son double romanesque. Les personnages sont inconsistants, le roman truffé d'invraisemblances! Tout est cousu de fil blanc comme la construction artificielle du livre. Quelle déception! mais qu'ont pu trouver à cet ouvrage les jurés du prix Goncourt?
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L'Amour et les Forêts

Parfois le nom d'un personnage suffit pour vous terrasser. Le prononcer vous griffe la gorge de ses lames de rasoir. Entendre un autre lecteur évoquer cette femme fantasmée vous tétanise. Parce que certaines histoires ont le terrifiant poids de la vérité d'un quotidien glaçant. 





Elle n'a rien de spécial, la vie de Bénédicte Ombredanne. Elle lui ressemble. Mariée, deux enfants. Un pavillon et un travail de professeur. Un quotidien bien rangé, duquel rien ne doit dépasser. Des journées bien rangées, pour ne pas attiser la foudre. Les mots cassants. L'humiliation répétée, pour chaque vide dans la vie de son mari.





Elle n'a rien de spécial, la vie de Bénédicte Ombredanne. Elle est tellement commune. Le quotidien vécu par sept femmes sur dix en France (à un moment de leur vie). Alors elle va arrêter de s'appitoyer sur son sort, et penser un peu à son pauvre mari et comprendre quelles souffrances il endure de vivre avec elle.





Elle n'a rien de spécial, la vie de Bénédicte Ombredanne. Elle m'a tétanisée. Le malaise est monté jusqu'à la nausée. J'ai voulu me défaire de mon squelette soudé, figé, pour hurler vers elle, vers les personnages de ce roman qui restent bras ballants, atteints par le pouvoir de la Méduse. 





La Méduse s'appelle Jean-François. Et elle est puissante. Il a l'égocentrisme nucléaire, Jean-François. Il a ce goût du travail bien fait, mais jamais par lui-même. Il a le goût de l'apparence et de la réussite, mais celle des autres lui fait de l'ombre. Il ne faudrait pas que sa propre femme s'épanouisse, alors que lui-même est handicapé de la lumière vitale. Alors quand Bénédicte trouve une fenêtre ouverte, une bouffée de respiration avec un homme tendre et attentionné. Au travers de cette tempête, la fenêtre de cet amant salvateur sera toujours là, libre d'être empruntée, d'être rêvée mille fois. Mais cette fenêtre, cette fois unique, une après-midi, le monstre tire à en arracher sa chaîne. 



"Même les animaux ils nourissent leurs petits. On n'a jamais vu un animal, même le pire d'entre eux, même le plus sauvage, même le plus indigne et répugnant, oublier, négliger de nourrir ses petits. Se faire baiser le jour où normalement on fait les courses pour nourrir ses enfants, se faire tellement baiser, y prendre tellement de plaisir qu'on décide de remettre à un autre jour son devoir maternel le plus élémentaire, tu admettras que sur le plan du symbole, c'est fort, bravo, je te félicite."





Aucun répit ne sera laissé à Bénédicte.





"C'était un peu comme une forêt profonde et angoissante, inextricable, constituée par les phrases que son mari lui adressait continuellement, qui toutes semblaient se reproduire à I'infini comme des centaines de troncs, jour après iour, serrées les unes contre les autres, sans issue perceptible, absolument jamais, en aucun point de ces ténèbres où Bénédicte Ombredanne se trouvait prisonnière, soumise à la fureur inquisitrice de son mari. II lui téléphonait plusieurs fois par jour. Il était de plus en plus fréquent qu'il la réveille la nuit pour lui parler. Il se jetait sur elle le matin dès qu'elle ouvrait un œil, après deux ou trois heures d'un sommeil imparfait, avec l'espoir qu'elle se trahisse, piégée par une astuce tactique que la nuit luí aurait inspirée. Elle était sous la douche et soudain la cabine s'entrouvrait, le visage de Jean-Francois apparaissait et il l'entreprenait. Toutes les fois qu'elle était en sa présence et que leurs enfants n'étaient pas là, là, la machine à accuser, la machine à questionner, la machine à calomnier, la machine à recouper, la machine à enquêter qu'il incarnait déversait sur Bénédicte Ombredanne sa production plaintif et acharnée, inflationniste, infatigable, pendant des heures, pendant des heures, pendant des heures, comme s'il voulait asphyxier son cerveau, Le priver de toute lumière, l'amener à expulser la perle de son secret, par épuisement."





Torture et actes de barbarie. Voilà l'histoire banale que nous raconte Eric Reinhardt, dans L'amour et les forêts, sous la forme d'un roman en abîme, dans lequel il rencontre cette lectrice delicate et cultivée, qui en vient à se confier à lui. Torture et actes de barbarie, jusqu'à une extrême que nul ne peut imaginer, tant les images peuvent être d'une violence inouïe, au-delà du dernier souffle du lecteur, bien au-delà des coups. Une lecture indispensable ouverte avec générosité par Virginie. Merci pour ce coup de poing terrible !



J'ajoute que la qualité du texte, le style travaillé de l'auteur m'ont portée tout au long de ce récit-roman, dans des paragraphes serrés qui m'ont enfermée dans cette histoire, m'ont empêchée de m'échapper.

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Sarah, Susanne et l'écrivain

version audio qui rend encore plus difficile de savoir qui parle d'autant que Sarah et Susanne sont interprétées par la même comédienne.

Dans les chroniques que j'ai lues je ne vois pas d'allusion à ce que le mari fait dans la cave où il passe de plus en plus de temps...cela aurait suffi pour avoir envie de prendre ses distances. Sarah est en rémission d'un cancer du sein: elle n'exerce plus son métier d'architecte et découvre qu'elle dépend financièrement de son mari; il ne veut pas changer ses 75 pourcents de part. Les relation de cette femme avec ses enfants ne sont pas de tout repos mais il me semble qu'elle n'aborde pas ses problèmes avec eux qui, du coup, soutiennent plutôt leur père. Sarah décide de quitter le foyer le temps de faire le point mais elle s'aperçoit que son absence ne pose de souci à personne.

c'est cette histoire que Sarah confie à un écrivain qu'elle apprécie en souhaitant qu'il écrive une fiction là-dessus sans qu'on la reconnaisse et voilà l'arrivée de Susanne. Trois voix vont se mêler (et parfois nous perdre): une discussion entre l'écrivain et son travail créatif, Sarah et son double.
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L'Amour et les Forêts

Même si des sujets délicats comme la maltraitance dans le couple, les rencontres hasardeuses sur les sites internet, les maladies mentales et physique font parties de ce livre dans lequel les scènes de sexes y foisonnent énormémént, je dois bien avouer que je me suis fortement ennuyé lors de la lecture de ce bouquin. Les longueurs, les phrases soporifiques, l’utilisation à tout bout de champs du nom complet de l’héroïne, les descriptions ennuyeuses et une fin larmoyante m’ont contraintes a coter ce livre à 2,5/5.
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La chambre des époux

Margot, l'épouse d'Éric, a été victime d'un cancer du sein. Pendant toute la durée de sa maladie, elle n'a cessé d'encourager son mari à écrire, lui fixant même une échéance ambitieuse pour la sortie de son prochain roman.

Mathilde, l'épouse de Nicolas, chef d'orchestre et compositeur, est victime d'un cancer du sein. Elle ne veut pas que son mari mette se carrière entre parenthèses le temps des traitements et le pousse à continuer à composer la symphonie sur la quelle il travaille.



Dans "L'amour et les forêts", l'auteur raconte deux fois la même histoire, vécues par la victime, puis par l'une de ses proches. Le changement d'angle de vue fonctionne plutôt bien.

Ici, Reinhardt nous raconte deux histoires, celle d'Éric et Margot, puis celle de Nicolas et Mathilde, qui sont en fait la même, jusqu'à cet improbable coup de foudre pour Marie, cette autre victime d'un cancer, que vivent les deux hommes. Et si, en nommant les couples j'ai mis le prénom de l'homme avant celui de la femme, ce n'est pas un hasard. Car le roman ne traite pas du cancer de la femme, mais de l'homme face au cancer de sa femme. Très égocentré, non ?

Les personnages manquent d'originalité ; ils ne parviennent pas à nous surprendre ou à nous émouvoir. L'après-midi qu'Éric passe à pleurer sur sa salade à la table d'un restaurant lyonnais paraît tellement exagérée, surfaite...

Jusqu'à l'écriture qui devient pénible : un peu trop ampoulée, manquant de rythme, de variété... On s'ennuie ferme assez vite. À croire que l'auteur a écrit pour ses petits cercles d'admirateurs ou de contempteurs, pas pour être lu par un large public.



Une grosse déception !
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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Sarah, Susanne et l'écrivain

N°1839 – Février 2024.



Sarah, Suzanne et l’écrivain – Eric Reinhardt – Gallimard.



Sarah, architecte, deux enfants, mariée depuis vingt ans est en pleine crise de la quarantaine. De plus on vient de lui découvrir un cancer du sein et elle est en rémission. Elle se sent délaissée par son mari qui s’isole dans une cave de la maison. Elle veut se recentrer sur elle-même, vend ses parts dans le cabinet qu’elle possède et veut devenir sculpteur. Jusqu’à présent elle ne portait pas d’intérêt à l’argent mais elle s’aperçoit que son mari possède la majorité dans le patrimoine familial à son détriment . Il y a explications, promesses de réajustement de la part de son mari, mais rien ne change. Elle décide donc de vivre ailleurs pour provoquer une réaction qui là aussi se retourne contre elle, ses enfants étant adolescents. Sarah s’aperçoit que son départ l’a fait sortir de la vie de cette famille aussi sûrement que si elle était morte de son cancer. Consciente qu’elle n’est plus à sa place dans ce microcosme, elle confie donc l’histoire de sa vie à un écrivain qu’elle apprécie et qui la fait devenir Suzanne, une femme de papier un peu différente d’elle mais qui est en réalité son double. Cette dernière se heurte aux éditeurs qui refusent le manuscrit de son roman ce qui est pour l’écrivain une manière de mêler sa propre vie et de jouer de son côté sa propre partition créatrice se mêlant à ce chassé-croisé entre la fiction et la réalité. Par un jeu de miroirs, le texte passe de Sarah à Suzanne, révélant le travail de création de l’écrivain, un étrange triangle qui est cependant un peu perturbant pour le lecteur qui peut s’y perdre. J’ai personnellement déploré certaines longueurs et ressenti une désagréable impression de décousu par l’absence de transitions entre le personnages des deux femmes .

Cette construction est originale non seulement avec la technique de mise en abyme mais également avec ce jeu entre réalité et imaginaire qui semble avoir déjà été employé par lui précédemment. J’ai lu ce roman comme celui de l’usure des choses, dans le mariage en particulier quand on prend conscience, le délire amoureux passé, du vrai visage de son conjoint. La lassitude qui en résulte peut s’avérer désastreuse ou s’inscrire dans l’indifférence avec la préservation de ses intérêts personnels et la recherche individuelle d’un centre d’intérêt pour se protéger ou se libérer des contraintes conjugales. C’est une forme de fuite assez inévitable après des années de vie commune. Sarah veut contraindre son mari à changer de comportement face aux violences psychologiques qu’il lui inflige mais je ne suis pas bien sûr que la solution imaginée par Sarah soit une thérapie efficace puisqu’elle l’approche des rive de la folie.L’épilogue m’a un peu rassuré.
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