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Citations de Erik Larson (178)


Churchill marchait à pas rapides ; son traducteur courait pour ne pas être distancé.

Une fois dans la cabine de la BBC, Churchill s'installa pour prononcer son discours. La pièce était exiguë, avec un seul fauteuil, un bureau et un microphone. Le traducteur, Saint-Denis, censé présenter Churchill aux auditeurs, se rendit compte qu'il n'avait nulle part où s'asseoir.

« Sur mes genoux », dit Churchill. Il se renversa dans le fauteuil et tapota sa cuisse.

« J'ai inséré une jambe entre les siennes et, l’instant d'après, j'étais assis en partie sur l'accoudolr du fauteuil et en partie sur son genou », raconterait Saint-Denis.

« Français ! commença Churchill. Pendant plus de trente ans, en temps de paix comme en temps de guerre j’ai marché avec vous et je marche encore avec vous aujourd'hui, sur la même route. »

La Grande-Bretagne aussi était attaquée, ajouta-t-il, en référence aux raids nocturnes allemands. Il affirma à ses auditeurs que « nos gens continuent de tenir. Mais notre aviation a fait mieux que de faire face. Et maintenant nous attendons l'invasion promise de longue date. Les poissons aussi ».
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Churchill s'était gardé d'évoquer dans son discours un élément sous-estimé de l’évacuation de Dunkerque. Pour quiconque se donnait la peine de regarder, le fait que plus de 300 000 hommes aient réussi à traverser la Manche sous le feu d'une attaque aérienne et terrestre concertée livrait un enseignement assez sombre. On pouvait en déduire que repousser une force de débarquement allemande massive serait plus difficile que les commandants britanniques ne le supposaient, surtout si cette force, à l'instar de la flotte d’évacuation envoyée à Dunkerque, se composait d'une myriade de navires légers, de barges et d'embarcations rapides.

Comme l'écrivit le général Edmund Ironside, commandant des forces britanniques de défense du territoire : « Cela me fait penser que les Boches pourraient eux aussi être capables de débarquer des hommes en Angleterre malgré les bombardements [de la RAF]. »

Ce qu'il redoutait, en réalité, c'était un Dunkerque à l’envers.
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Au final, Londres endura le choc, malgré de terribles plaies. Entre le 7 septembre 1940, date du premier raid à grande échelle contre le centre de la capitale, et le matin du dimanche 11 mai 1941, qui marqua la fin du Blitz, près de 29 000 de ses habitants furent tués, et 28 556 gravement blessés.

Aucune autre ville britannique ne connut de telles pertes, mais sur l'ensemble du Royaume-Uni le nombre total de morts civils en 1940 et 1941, en comptant ceux de Londres, s'éleva à 44 652, et celui des blessés à 52 370.

Parmi les morts, 5 626 étaient des enfants.
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Ce secret-là - que le gouvernement de Vichy n'apporterait pas d'aide militaire directe à l'Allemagne - avait été dévoilé au dîner par une pianiste française, Eve Curie, fille de la célèbre physicienne.

« Mlle Curie, qui est une femme distinguée, aurait dû avoir le bon sens de ne pas cancaner à ce sujet dans une soirée à la campagne, écrivit Churchill à Anthony Eden, son nouveau secrétaire aux Affaires étrangères. Mlle Helen Kirkpatrick a trahi notre confiance pour un profit joumalistique. Il faudrait que ces deux dames soient questionnées par le MI5 au plus vite, et qu'elles donnent des explications. »

II dit en outre à Eden que Kirkpatrick devrait être expulsée du pays sur-le-champ. « La présence chez nous d'une personne de cette sorte, qui vient dénicher ses sujets chez des particuliers et au mépris des intérêts britanniques, est tout ce qu'il y a d'indésirable. »
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Dans la semaine qui prit fin le dimanche 12 janvier, les bombes et les incendies détruisirent 25 000 tonnes de sucre, 730 tonnes de fromage, 540 tonnes de thé et, 288 tonnes de bacon et de jambon, et, peut-être plus barbare encore, 970 tonnes estimées de confiture et de marmelade.
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Churchill fut hébergé à la Maison Blanche, tout comme son secretaire John Martin et plusieurs autres, une occasion pour lui de voir de près Ie cercle Ie plus intime de Roosevelt.

Roosevelt, de son côté, vit de près Churchill. Pendant la premiere soirée que celui-ci et les membres de sa délégation passèrent a la Maison Blanche, l'inspecteur principal Thompson - lui aussi hébergé sur place - était avec Churchill dans sa chambre, à la recherche de dangers potentiels, quand quelqu'un frappa à la porte. A la demande de Churchill, Thompson alla ouvrir et se retrouva face au président, en fauteuil roulant, seul dans Ie couloir. Thompson lui ouvrit la porte en grand mais vit tout à coup une expression singulière s'installer sur les traits de Roosevelt tandis que ses yeux regardaient quelque chose dans son dos, à l’intérieur de la chambre. «Je me suis retourné, écrivit Thompson. Winston Churchill était entièrement nu, un verre dans une main, un cigare dans l'autre. »

Le président entreprit de faire demi-tour.

«Entrez donc. Franklin, lança Churchill, nous sommes très seuls. »

Roosevelt esquissa ce que Thompson appellerait «un curieux haussement d’épaules » et franchit Ie seuil en poussant sur ses roues. «Vous voyez, monsieur Ie président, dit Churchill, je n'ai rien à cacher. »

Churchill jeta une serviette de bain autour de son cou et, pendant l'heure suivante, conversa avec Roosevelt en arpentant la chambre tout nu, en sirotant son verre et en remplissant de temps à autre celui du président. « On aurait dit un Romain aux thermes, en train de se détendre après un débat victorieux au Sénat, écrivit l'inspecteur principal Thompson. Je pense que M. Churchill n'aurait pas cillé si Mme Roosevelt était entrée à son tour. »
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Elle savait peu de choses de la politique internationale et, de son propre aveu, ne se rendait pas compte de la gravité de ce qui se jouait en Allemagne. Elle voyait en Hitler "un clown qui ressemblait à Charlie Chaplin". Comme beaucoup d'autres à l'époque, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, elle ne pouvait imaginer qu'il resterait longtemps en place ni le prendre au sérieux.
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L'indicateur le plus visible de la mise au pas fut l'apparition brutale du salut hitlérien, ou "Hitlergruss".Il était suffisamment inédit aux yeux du monde extérieur pour que le consul général lui consacre une dépêche entière en date du 8 août 1933.
Le salut, écrit-il, n'avait aucun antécédent moderne, à l'exception du salut des soldats en présence d'un officier supérieur, plus conventionnel.
Ce qui distinguait particulièrement cette pratique, c'était que tout le monde était censé saluer, même dans les rencontres les plus banales. Les boutiquiers saluaient leurs clients. Il était exigé des enfants qu'ils saluent leurs maîtres plusieurs fois par jour. A la fin des représentations théâtrales, un rituel récent exigeait du public qu'il se lève et salue en chantant d'abord l'hymne national, puis l'hymne des SA (...).
Le public allemand pratiquait le salut avec tant d'empressement que sa répétition incessante le rendait presque comique, surtout dans les couloirs des bâtiments publics où tout le monde, du plus humble messager au plus haut fonctionnaire, se saluait en criant "Heil Hitler", transformant la moindre escapade aux toilettes en une expédition épuisante.
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Hopkins se leva et, comme s'en souviendrait Ismay, adressa d'abord « une pique ou deux à la Constitution britannique en général et à notre irrépressible Premier ministre en particulier ». Il se tourna ensuite pour faire face a Churchill.

« Je suppose que vous avez envie de savoir ce que je dirai au président Roosevelt à mon retour », lâchat-il.

C'était un euphémisme. Churchill brûlait de savoir si la cour qu'il faisait à Hopkins était efficace, et, bien entendu, ce qu'il comptait dire au président.

« Eh bien, reprit Hopkins, je vais vous citer un verset de ce Livre des livres dans la vérité duquel la mère de M. Johnston et la mienne, écossaise elle aussi, ont été élevées... »

Hopkins baissa la voix et récita dans un quasi murmure un passage du Livre de Ruth :« Où tu iras j'irai, où tu demeureras je demeurerai : ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. »

Puis, encore plus bas, il ajouta : « Jusqu'à la fin. »

C'était un ajout personnel, et une vague de gratitude et de soulagement sembla déferler sur la salle.

Churchill pleura.

« II savait ce que cela signifiait, écrivit son médecin. Même pour nous, ces mots ont été comme une bouée lancée à un homme qui se noie. » Ismay, de son côté, nota : « C'était peut-être indiscret de sa part de montrer son soutien de cette façon, mais cela nous a tous profondément touchés. »
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Tout le monde n'est pas capable d'infliger un châtiment corporel , de sorte que , naturellement , nous n'étions que trop contents de pouvoir recruter des hommes disposés à ne montrer aucune sensiblerie dans les tâches à accomplir . Malheureusement , nous ne savions rien du côté freudien de cette affaire et ce n'est qu'après un certain nombre de flagellations et d'actes de cruauté inutiles que j'ai compris que mon organisation avait attiré tous les sadiques d'Allemagne et d' Autriche à mon insu , depuis un certain temps .
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Une étude des registres nazis a démontré que, sur un échantillon de 213 dénonciations, 37% relevaient non pas d'une conviction politique sincère mais de conflits privés, dont le déclencheur était souvent d'une insignifiance stupéfiante. Ainsi, en octobre 1933, le commis d'une épicerie dénonça à la police une cliente excentrique qui s'était entêtée à réclamer ses trois pfennigs de monnaie. Le commis l'accusa de n'avoir pas payé ses impôts. Les Allemands se dénonçaient les uns les autres avec un tel entrain que les cadres supérieurs du Parti pressèrent la population de faire preuve d'un plus grand discernement concernant les affaires à signaler à la police. Hitler le reconnut lui-même, dans une note au ministre de la Justice : "Nous vivons à présent dans un océan de dénonciations et de mesquinerie."
(p. 99-100)
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« Il est certain que, à cette époque (1933), non seulement les Alliés auraient pu facilement battre l’Allemagne, mais une telle action aurait également écrasé dans l’œuf le Troisième Reich l’année même de sa naissance », analyse William Shirer.
Cependant, Hitler « avait jaugé le courage de ses adversaires étrangers d’une façon aussi experte et mystérieuse qu’il avait su évaluer celui de ses opposants de l’intérieur ».
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Du fait de mon choix d'angle particulier, certains documents m'ont été beaucoup plus utiles qu'aux biographes traditionnels de Churchill - par exemple, les listes des dépenses ménagères de Chequers, son refuge primo-ministériel, et un échange de correspondance sur les moyens de cantonner des soldats à I’intérieur même du domaine sans saturer le système d’évacuation des eaux usées, un sujet d’un intérêt considérable sur Ie moment mais pas forcément important pour les futurs historiens.
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Ce qui suit ne se veut en aucun cas un récit définitif de la vie de Churchill. D'autres auteurs ont atteint ce but, en particulier son biographe infatigable mais hélas non immortel Martin Gilbert, dont l'ouvrage en huit volumes renferme une quantité de détails propre à satisfaire les besoins les plus exigeants. Le mien est un récit plus intimiste qui explore la façon dont Churchill et son premier cercle s'y sont pris pour survivre au quotidien : les moments sombres et légers, les imbroglios sentimentaux et leurs déboires, les chagrins et les rires, et les petits épisodes insolites qui révèlent comment la vie a été réellement vécue sous la tempête d’acier
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Chamberlain comprit qu'il n'avait pas d'autre choix que de démissionner. Halifax lui semblait plus stable que Churchill, moins susceptible de précipiter la Grande-Bretagne dans on ne savait quelle nouvelle catastrophe. À Whitehall, Churchill était reconnu pour être un orateur brillant, mais beaucoup critiquaient son manque de jugement. Halifax le décrivait comme un « éléphant fou » . Mais Halifax doutant de sa propre capacité à diriger le pays en temps de guerre, ne voulait pas du poste.
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« Les gouvernements qui s’exercent par le haut échouent aussi souvent que ceux qui s’exercent par le bas ; et tout grand échec provoque une réaction malheureuse de la société, des milliers et des millions d’hommes sans défense perdant la vie dans cette triste affaire.
Pourquoi les hommes d’Etat n’étudient-ils pas le passé pour éviter de tels désastres ? (…)
En conclusion, on peut dire sans risque qu’il serait souhaitable que les hommes d’Etat apprennent un peu d’histoire afin de comprendre qu’aucun système impliquant le contrôle de la société par des hommes avides de privilèges ne s’est jamais terminé autrement que par la chute. »
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"... Nous avons besoin de corps, et si l'état ne nous en donne pas, nous devons les voler. Les classes de l'hiver ont été nombreuses ; elles ont consommé tellement de sujets qu'il n'en restait plus pour les classes du printemps." L'homme ne ressentait pas le besoin de s'excuser. "Le cimetière de l'asile est pillé depuis des années, ajoutait-il, et je doute qu'il y reste un seul cadavre. Nous avons besoin de corps, vous dis-je. On ne pourra pas former de médecin sans eux, l'opinion doit le comprendre... "
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Pour Roosevelt [en 1933, la "question juive"] était un terrain glissant. Même s'il était atterré par le comportement des nazis à l'égard des Juifs et qu'il n'ignorait pas la violence qui avait secoué l'Allemagne plus tôt cette année-là, il s'était abstenu de prononcer une condamnation explicite. Certains responsables juifs, comme le rabbin Wide, le juge Irving Lehman et Lewis L. Strauss, un associé de Kuhn, Loeb & Co., souhaitaient que Roosevelt sorte de sa réserve ; d'autres, comme Felix Warburg et le juge Joseph Proskauer, privilégiaient une approche plus discrète et poussaient le président à faciliter l'accueil des Juifs aux États-Unis. (p. 55-56)
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Pour elle, cependant, la perspective de l'aventure qui les attendait balaya bientôt tout sentiment d'inquiétude. Elle savait peu de chose de la politique internationale et, de son propre aveu, ne se rendait pas compte de la gravité de ce qui se jouait en Allemagne. Elle voyait en Hitler "un clown qui ressemblait à Charlie Chaplin". Comme beaucoup d'autres à l'époque, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, elle ne pouvait imaginer qu'il resterait longtemps en place ni le prendre au sérieux. S'agissant de la situation des Juifs, elle était partagée. Inscrite à l'Université de Chicago, elle avait connu "la propagande subtile et sous-jacente parmi les étudiants en première année" qui prônait l'hostilité à l'égard des Juifs. Martha constata "que même beaucoup de professeurs supportaient mal l'intelligence brillante de certains de leurs collègues ou étudiants juifs". Elle précise pour elle-même : "J'étais légèrement antisémite en ce sens : j'acceptais l'idée que les Juifs n'étaient pas aussi séduisants physiquement que les gentils et étaient socialement moins intéressants." Elle adhérait également au cliché selon lequel si les Juifs étaient généralement brillants, ils étalaient leurs richesses et se mettaient trop en avant. En cela, elle reflétait l'opinion d'une proportion surprenante d'Américains, comme ce fut noté dans les années 1930 par des professionnels de l'art naissant des sondages.
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...il serait souhaitable que les hommes d' Etat apprennent un peu d' histoire afin de comprendre qu' aucun système impliquant le contrôle de la socièté par des hommes avides de privilèges ne s' est jamais terminé autrement que par la chute.(p230)
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