Il avait du mal à marcher. A cause de son trop grand carton. Le vent de face l’empêchait d’avancer. Dans les rafales, il se mettait de profil. Sans se départir de son sourire.
- Ça souffle, hein ? tu veux bien m’aider, Jeanne ?
Je sentis ses doigts prendre les miens. Sa petite main se perdait dans la mienne. J’étais toute émue. J’empêchais un adulte de s’envoler.
- Vous avez toujours été cartographe ?
- J’ai commencé jockey, comme tous les petits hommes. Rien d’original. C’est toujours ce qu’on nous propose.
- Le métier ne vous a pas plu ?
- Je n’avais pas le don. Ou pas de chance avec mes montures. En tout cas, j’étais toujours derrière. A force, on se lasse de n’avoir pour horizon que le cul d’un peloton. Sans parler du parfum. On n’a pas idée comme ça pète, dix chevaux dans l’effort.
On n’a qu’une vie, ne la gâchez pas.
Seule la douleur permet d’éprouver en soi la présence d’une incertaine et remuante peuplade avec laquelle, sous peine de troubles divers, il vaut mieux compter : les sentiments.
Le mariage est un rempart contre l’Amour.
Le temps montrait désormais ses engrenages, sa véritable nature de machine inexorable qui entraîne les humains vers leur fin.
Les premiers temps d’un enfant sont une sorte de prison dans laquelle on l’enferme.
Dans notre famille, tu verras, les hommes ont tendance à disparaître, disparaître une fois pour toutes. Mais les femmes, nos femmes, ne se laissent abattre par rien au monde. Elles sont la vaillance et la fidélité mêmes. On peut leur faire une confiance aveugle : dans les moments importants, elles sont là. Quel que soit le voyage qu’elles ont dû faire pour arriver.
Un mariage, c’est demeurer, encore et toujours demeurer...
La vie végétale était aussi diverse, joyeuse et désespérée, aussi vivante que la nôtre. Elle nous donnait simplement un exemple de silence et de dignité.
L'accordéon est le meilleur ami du marin. Il souffle comme le vent, il grince comme les poulies, il fait danser comme les vagues.
Nous restâmes muets un long moment, songeant sans doute aux femmes trop belles et à la douceur des amours malheureuses.
(Le papier qui venait du froid, 2ème partie (Östavall et Gävle, Suède), p. 177)
Deux géants se doivent le respect,quelle que soit la couleur de leur peau.
La vérité c'est que la maladie du départ nous avait atteint. Il faut que tu le saches Marguerite, partir c'est la maladie de notre famille.Quand elle frappe l'un d'entre nous,rien ni personne ne peut le retenir:il se met à courir après le soleil, Marguerite.