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Critiques de Estelle Faye (1514)
Widjigo

Depuis que Widjigo de Estelle Faye est sorti chez Albin Michel Imaginaire fin septembre, j'avais très très envie de le lire et surtout de découvrir la plume de cette autrice française dont j'entends beaucoup parler. Je n'avais pas encore eu le temps de le faire mais sa présence dans les 25 sélectionnés pour le Plib 2022 m'en a enfin donné l'occasion et je ne regrette pas du tout car c'est un petit coup de coeur !



Je ne ferai pas vraiment de résumé, car ce roman est assez court et surtout je pense qu'il faut vraiment le découvrir par soi-même. Sachez toutefois qu'il nous propose 2 temporalités et 2 localisations : nous débutons en 1793, en pleine Révolution Française sur les côtes bretonnes, puis nous partons à Terre-Neuve en 1754 suivre les aventures de Justinien de Salers. Et croyez-moi, la plume et le récit sont tellement immersifs que vous devriez réellement vous sentir à Terre-Neuve en 1754, dans le froid, les embruns et la forêt avec le Widjigo qui rôde !



Ce roman est définitivement un roman d'ambiance. J'ai dévoré en une journée, une journée pluvieuse bien au chaud sous le plaid et c'était juste parfait ! Si vous pouvez le faire, je vous conseille vivement de le lire en une seule fois afin de mieux vous immerger dans cette ambiance incroyable !



L'intrigue nous tient en haleine du début à la fin (et quelle fin !), les personnages sont hyper intéressants et bien construits et le côté fantastique, mystique est développé juste comme il faut !



Il s'agit de mon premier Estelle Faye et croyez-moi, ce ne sera pas le dernier !

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Widjigo

Widjigo est un roman d’horreur d’Estelle Faye, dans lequel l’autrice décrit un officier révolutionnaire, Jean Verdier, qui écoute Justinien de Salers, un aristocrate qu’il est chargé d’arrêter, lui raconter son histoire, au cours de laquelle il a tenté de survivre sur l’île de Terre-Neuve avec des compagnons d’infortune disparaissant les uns après les autres. Cette situation d’énonciation met en évidence l’importance des récits pour les individus.

Le roman est marqué par un surnaturel qui apparaît de plus en plus brutalement, à mesure que les personnages sont brisés par la méfiance, la nature hostile et les morts. Les monstruosités auxquelles ils doivent faire face révèlent alors leur véritable nature.

Je vous recommande chaudement ce roman, qui m’a fait découvrir une autre facette de la plume d’Estelle Faye !

Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Widjigo

Je suis un lecteur assidu d’Estelle Faye depuis que j’ai découvert sa trilogie de La Voie des Oracles. Présent aux Imaginales 2021, je ne pouvais pas louper sa dernière sortie en littérature adulte. Qui plus est chez Albin Michel Imaginaire dont je suis assez friand de la production.

Touche à tout, E. Faye nous emmène encore une fois dans un tout autre univers avec ce Widjigo. Un nom et une couverture qui donnent immédiatement le ton: ça ne va pas être tendre.

On pense forcément à la légende du Wendigo et autres légendes indiennes ou mystères associés comme le Croatoan. Tout ce qu’il faut pour retenir mon attention.

Acheté et dédicacé le samedi soir sur le salon, le livre était fini le dimanche!



Huis clos entre humains rendus aux limites de leurs capacités, environnement hostile et inconnu, meurtres inexpliqués, voilà la recette de ce livre que je qualifierai clairement de livre d’ambiance et de sensations.



Dès le départ, en Bretagne, cette côte désolée, la pression de la mer montante, l’hostilité de cette ruine lugubre mettent la troupe de soldats autant que le lecteur dans une ambiance de malaise. Psychologiquement aussi puisque l’officier révolutionnaire va arrêter un noble certes mais un noble qui a soutenu les changements de la Révolution. Du doute, donc, un élément récurrent de ce récit.



On alterne ensuite des passages à Terre Neuve et ceux dans la tour. Ce qui est habile, les doutes du noble lors de sa survie, trouvant échos chez le jeune officier, dans un jeu d’aller retour intéressant.



Dans la partie Terre Neuve, on est face à un huis clos rendu exacerbé par l’étrange brutalité du naufrage et la succession d’incidents difficilement explicables qui émaillent leur course vers la civilisation.

C’est tendu à l’extrême! Le décor est aussi très bien utilisé, dans cette idée d’ambiance pesante qu’on sent poindre dès le début, belles descriptions tant visuelles que sonores ou olfactives. Pas un nature writting mais presque!



Et enfin cette touche de surnaturel distillée savamment et avec parcimonie évite au récit des facilités narratives. Le surnaturel n’est pas la première explication, on reste toujours dans la superstition, la légende. Et c’est la tension humaine, la difficulté et le doute dans la survie qui donnent plus ou moins corps aux fantasmes fiévreux des rescapés. Un point que j’ai particulièrement apprécié!



Une lecture intense, proposée dans un court roman sans pour autant choisir la voie de la simplicité. J’ai été conquis et je recommande ce Widjigo sans aucun problèmes!

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Widjigo

Aussi à l’aise avec la fantasy que la science-fiction, de même qu’avec la littérature adulte aussi bien que jeunesse, Estelle Faye sort en cette fin d’année un nouveau roman publié par Albin Michel et qui lorgne cette fois plutôt vers le fantastique. Relativement court (deux-cent-cinquante pages environ), l’ouvrage met en scène un jeune lieutenant républicain chargé de procéder à l’arrestation d’un noble breton, retranché dans une vieille forteresse au bord de l’océan. Nous sommes alors en 1793, dans une France en plein bouleversement depuis le début d’une révolution qui commence à mécontenter une partie du pays, en proie à la guerre depuis plus d’un an avec une bonne partie des autres nations européennes. Des doutes et une certaine lassitude commencent à gagner le jeune soldat, si bien que, lorsque le noble en question lui demande de se présenter à lui, seul et désarmé, afin d’entendre son histoire, au terme de laquelle il se rendra, Jean Verdier accepte, sans se douter que le récit qu’il va entendre va faire vaciller sa raison. Le contexte révolutionnaire n’occupe ainsi qu’une place relativement marginale dans le roman qui va plutôt se focaliser sur les événements vécus par Justinien de Salers en 1754. Exilé à Port-Royal après avoir été chassé du domaine familial par son père, le jeune noble est recruté, en compagnie d’une troupe pour le moins hétéroclite, pour retrouver la trace d’une précédente expédition à Terre-Neuve et dont les membres ont mystérieusement disparus à l’exception d’un seul, traumatisé et mutique. Un naufrage va toutefois bouleverser les plans du groupe qui se retrouve, en compagnie d’une poignée d’autres rescapés, perdus au beau milieu de nulle part. La situation des naufragés est d’autant plus périlleuse que, outre le froid et la faim, vient s’ajouter une nouvelle menace, bien plus insidieuse, et qui pourrait bien provenir des rangs mêmes des rescapés.



C’est donc à une sorte de huis-clos en plein air que nous convie ici Estelle Faye, et il faut bien admettre que, si la recette a déjà été largement utilisée, elle n’en demeure pas moins toujours aussi savoureuse. Difficile étant donné le contexte de ne pas faire le parallèle avec deux autres œuvres d’imaginaire avec lesquelles on retrouve un certain nombre de similitudes : « Terreur », d’abord, chef d’œuvre de Dan Simmons retraçant ce qui aurait pu arriver aux membres de l’expédition disparue de Sir Franklin, partis à bord de l’Erebus et du Terror en Arctique au milieu du XIXe ; « Notre-Dame-des-Loups », ensuite, très bon roman signé Adrien Tomas et qui se déroule lui aussi de l’autre côté de l’Atlantique. Du premier, on retrouve évidemment le cadre, ces paysages désertiques tour à tour d’eau, de glace ou de forêts, et auxquels les deux auteurs donnent, paradoxalement, une dimension oppressante. Du second, on retrouve le même sens du rythme de même qu’un choix de construction narratif qui entretient en permanence la curiosité du lecteur aussi bien que sa méfiance envers les différents personnages que l’on vient tour à tour à suspecter de tromperies, ou du moins de mensonges par omission. Le rendu global est très réussi, si bien qu’on se prend à dévorer le roman qui peut aussi, par certains aspects, dont le côté haletant, faire penser à « Ils étaient dix » d’Agatha Christie. L’autrice parvient à entretenir le suspens pendant la totalité du roman et, si l’explication finale est peut-être un peu moins convaincante qu’espérée, le récit reste parsemé de jolis effets de manche qui participent grandement à rendre la lecture agréable. Estelle Faye s’est également donnée du mal pour retranscrire l’ambiance de l’époque qui nous est décrite certes par petites touches seulement mais qui suffisent malgré tout pour donner une touche d’originalité au roman, de même que l’utilisation du folklore amérindien qui n’est pas si courante en imaginaire. La fascination de l’autrice pour la mer est quand à elle clairement palpable ici (de même qu’elle l’était déjà dans de précédents textes comme l’excellent « Suriedad ») et se révèle communicative.



S’il séduit avant tout par l’ingéniosité de sa construction et le dépaysement qu’il procure, le roman repose également sur de solides personnages qui, s’ils ne sont pas tous développés avec la même profondeur, n’en demeurent pas moins intéressants. Justinien de Salers est, paradoxalement, le plus fade d’entre eux (un reproche à nuancer toutefois, grâce à la dernière partie du roman), endossant bien trop souvent le simple rôle de spectateur. Les autres rescapés, en revanche, sont plus ambigus, à commencer par Veneur, botaniste forcé de s’improviser ici médecin, une figure un peu stéréotypée qu’on retrouve souvent dans les récits d’expédition ou de voyages maritimes mais qui se révèle toujours attachante en raison de sa capacité à s’émerveiller de ce qui l’entoure et à apaiser les tensions sociales régnants dans le groupe (j’ai généralement en tête le personnage de Stephen Maturin tel qu’imaginé par Patrick O’Brian dans ce genre de cas de figure, et ça n’a pas manqué ici). Les autres personnages masculins sont moins sympathiques mais suscitent la curiosité, que ce soit à cause de leur comportement étrange ou de leur passé qu’on devine plutôt sombre. Le « casting » est également agrémenté de deux protagonistes féminins qui sont sans doute les plus étoffées, à l’exception de Veneur : Marie, d’abord, femme d’origine amérindienne et clairement la mieux à même d’assurer la survie du groupe grâce à ses talents de chasseresse et sa connaissance du terrain ; Penny, ensuite, adolescente écrasée par son père pasteur, lui aussi rescapé du naufrage, qui va peu à peu se défaire de la tutelle paternelle et dont le passé se révélera, là-encore, lourd de conséquences. Enfin, le jeune lieutenant a qui Justinien de Salers décide de confier son récit se réduit à son rôle d’auditeur et n’aura finalement que très peu d’influence sur le cours du récit, ce qui est sans doute un peu dommage.



Estelle Faye signe avec « Widjigo » un roman fantastique solide qui fait la part belle aux grands espaces froids et isolés du nord américain et repose sur une construction narrative astucieuse qui permet d’entretenir le suspens jusqu’à la toute dernière page. Une belle découverte.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Widjigo

"Widjigo" d'Estelle Faye m'a été envoyé par les éditions Albin Michel Imaginaire, que je remercie beaucoup.



Cette histoire prend place en 1793 lors de la Révolution, sur les côtés de Basse-Bretagne où Jean Verdier est amené à arrêter un noble, Justinien de Salers, qui va proposer de lui raconter son histoire avant que Jean ne l'emmène se faire guillotiner à Paris. L'histoire d'un équipage parti explorer l'île de Terre-Neuve, d'un naufrage, et d'une lutte pour la survie dans une nature hostile où la magie ne traîne jamais bien loin...



C'était excellent. "Widjigo" est un superbe récit fantastique, qui est pour moi le mélange parfait de trois éléments dosés avec brio :



1- L'ambiance. Sombre, boueuse, glaciale, étrange, c'est une atmosphère unique et enveloppante que l'autrice a créé pour son roman, et cela n'aide qu'à se faire happer durant les 250 pages que dure ce récit. L'onirisme est également très présent, et on se questionne jusqu'à la fin sur ce qui est vrai ou non dans le récit de Justinien. De par l'époque (super bien établie, c'est très dépaysant), il y a un aspect gothique dans cette histoire qui n'est pas pour me déplaire.



2- L'intrigue. Elle est parfaitement maîtrisée, et ce jusqu'au bout. Pendant 200 pages, je ne savais pas comment l'histoire allait finir, je suivais ces personnages qui étaient mis de plus en plus à mal en me demandant comment l'autrice pouvait s'en sortir sans que ce ne soit déjà vu. Eh bien chapeau. Je me suis pris toutes ces révélations finales comme autant de pâtés de gadoue lancés au visage (pas ouf la comparaison), et c'est cela qui a rendu ma lecture excellente. La fin est maîtrisé avec brio, sans incohérences, et la conclusion est je trouve la plus juste que l'on pouvait poser.



3- La plume. Quel plaisir de lire une plume française aussi travaillée dans un récit fantastique... Ça a je pense accentué mon plaisir de lecture en la rendant encore plus immersive. Estelle Faye a fourni un travail de recherche important pour ce roman et ça se sent ; le contexte de l'époque est saisissant et parfaitement intégré à cette histoire fantastique.



Petit bonus pour le côté horrifique : j'ai eu véritablement peur à certains moments, et c'est vraiment ce que je recherchais en me lançant dans cette lecture.



Pour moi, ce "Widjigo" est un sans-faute : un excellent récit d'horreur/fantastique original, immersif et TRÈS bien construit. Une histoire à lire pour se faire peur le soir d'Halloween (ou de Noël, si vous êtes étrange).
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Widjigo

Estelle Faye nous offre avec Widjigo un étonnant roman historique, fantastique et horrifique. En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République qui a pour mission d'arrêter Justinien de Salers, passe un marché avec ce dernier : il pourra l'emmener sans résistance s'il écoute son histoire.

Et nous voilà plongé dans une histoire vieille de 40 ans, où Justinien de Salers et quelques survivants d'un naufrage, se retrouvent à faire face à des meurtres de plus en plus sanglant.



A l'image d'un policier un peu old-school (je n'ai pas pu m'empêcher de penser à "Dix petits nègres"), au matin on retrouve un nouveau cadavre, et si le nombre de suspects se restreint drastiquement par la force des choses, on essaie de comprendre dans quelle galère ils se sont fichu... La paranoïa monte chez les protagonistes, tout comme l'angoisse chez le lecteur !

Le rythme est soutenu, l'enchainement des meurtres est entrecoupé de longues marches dans une nature hostile, et de diverses révélations sur les personnages, qui nous font voir petit à petit que personne, dans cette équipée, n'est totalement innocent. Le tout, jusqu'au twist final, particulièrement génial !



Bref, un roman excellent, véritable page-turner, très bien maitrisé, et qui nous montre, s'il y avait encore besoin de le prouver, qu'Estelle Faye est décidément à l'aise dans tous les genres !
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Widjigo

J'ai découvert la plume d'Estelle Faye cette année. En deux livres, un éclat de givre et les nuages de Magellan j'ai vécu le jour et la nuit. Une écriture envoûtante, poétique et enivrante pour le premier et une histoire décevante pour le second.



Widjigo a les mots de l'éclat de givre. C'est beau, on en citerait des pages. C'est beau même dans le cru, le bestial, l'horrible. Un régal à lire.

Cependant, comme pour ce premier livre que j'ai beaucoup aimé d'elle, j'ai trouvé l'histoire peu originale. Des aventures désespérées où chaque personnage meurt l'un après l'autre, un je ne sais quoi monstrueux à leur trousse... Qui n'en a pas déjà croisé.

Alors c'est tout le mal que je lui souhaite à cette belle plume. Qu'elle continue à nous enchanter par ses mots avec un récit extraordinaire.
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Widjigo

Trouvé lors d'une balade en librairie, l'auteure et le résumé (une expédition à Terre-Neuve au XVIIIe siècle à la frontière du surnaturel qui tourne mal) m'ont convaincue de l'acheter. Je pensais lire un genre de "Voie des Oracles" mais plus adulte. Puis quand j'ai lu les avis sur Babelio, j'ai eu peur. Du surnaturel angoissant et un peu horrifique, ce que je fuis en général.

J'ai laissé traîner le livre un bon mois dans ma PAL, mais bon c'est Estelle Faye et je suis complètement fan de son écriture 😂, alors je me suis jetée à l'eau.

Et quelle claque !

La spécialité de l'auteure, c'est l'ambiance, et ce livre n'échappe pas à la règle.

Un huis-clos angoissant dans une nature hostile où les survivants du naufrage meurent assassinés, un par un sans savoir par qui. Le narrateur Justinien de Salers, seul survivant (je ne spoile pas, c'est écrit dès le 1er chapitre ☺), pitoyable nobliau déchu, noyé dans l'alcool mais malgré tout plein de fêlures (comme l'auteure sait si bien créer ses personnages), tente de comprendre et de recouper ses informations tout en essayant de survivre sans sombrer dans la folie qui semble gagner tout le monde.

Cette impression de folie est présente tout le long de l'histoire et avec elle reviennent les souvenirs que Justinien a tenté d'oublier dans le jeu et l'alcool.

On ne sait jamais où est la frontière du réel et de l'imaginaire. Mais petit à petit, quelques révélations arrivent, puis l'histoire s'emballe et le surnaturel se concrétise. Quant au twist final, il m'a complètement surprise. J'étais tellement embarquée par l'histoire que je n'ai rien remarqué des indices dissiminés çà et là.

Une superbe lecture. J'aurais juste aimé en savoir davantage sur la relation orageuse entre Justinien et son père, qui reste un peu floue.

Moins gore et angoissante que je craignais au départ (ouf), cruelle et hautement intrigante, cette histoire me convainc une fois de plus qu'Estelle Faye sait écrire dans tous les genres de l'imaginaire.
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Widjigo

Coup de cœur pour le roman « Widjigo » d’Estelle Faye. Comme le titre du livre nous le laisse supposer : nous allons naviguer autour d’une légende horrifique tout au long du roman. « Widjigo » est un terme algonquin et est généralement plus connu sous le terme : « Wendigo ». C’est une histoire très originale qui nous est proposée malgré l’ancienneté du mythe.

L’un des éléments qui m’a le plus plu est la construction du récit. Comme nous l’annonce le résumé, nous allons évoluer sur deux temporalité différentes : en 1793, au moment de la période historique appelée « la Terreur » ainsi qu’en 1754, au moment de la période coloniale américaine. Les chapitres des deux époques s’entremêlent et se nourrissent chacun leur tour pour augmenter le suspense. La force de cette construction est le rythme de révélations qu’elle permet de créer. Dans certains romans, les révélations viennent de la multitude d’actions, de rebondissements avec le rythme effréné que cela implique. Ici, c’est plus langoureux tout en étant très haletant. Les chapitres qui se déroulent en Bretagne en 1793 permettent également d’alimenter la résolution de l’intrigue de manière inattendue en perturbant ce que le lecteur pensait connaître.

« Widjigo » est un huis-clos, parfois construit comme un jeu de piste. Des interrogations subsistent jusqu’à la fin du roman. Par exemple, on se demande jusqu’aux derniers chapitres si c’est un roman fantastique ou un roman sur la démence des personnages. On se demande également quel est le rôle des personnages jusqu’aux dernières lignes du livre … C’est presque une enquête à la Agatha Christie avec des indices égrenés entre les mots. Et cette impression est d’autant plus renforcée que les personnages meurent les uns à la suite des autres. On cherche donc à chaque fois le mobile du crime, le coupable … Finalement, on en vient à se demander s’il n’y a pas des bourreaux et des coupables dans notre galerie de personnages.

Le mélange d’Histoire et de légendes est également un élément qui m’a beaucoup plu ! Chacune des légendes qui apparaît est liée à un personnage qui soit l’incarne, soit la raconte et l’entremêle à sa propre histoire. Celle la plus développée est bien sûr celle du Widjigo, il y a également celle de l’Ankou, du palais immergé … et bien d’autres. Ce qui est d’autant plus mystérieux qu’on ne sait pas toujours qui incarne la légende et peut parfois donner à l’ensemble un aspect un peu confus. Mais le final remet bien tous ces éléments en place et apporte la cohérence qui donne sens à l’ensemble.

La thématique de la mer est omniprésente et fait le lien entre Terre-neuve et la Bretagne à de multiples reprises. Même dans la forêt, l’eau intervient dans le lexique et dans l’atmosphère du lieu. La nature incarne ici comme un livre de contes, sorte de recueil de légendes passées… Une des dernières phrases du livre résume d’ailleurs bien cette impression : « Le monde se tressait d’histoires, autant que de matière, d’air, de feu et d’eau. »



J’ai donc énormément apprécié ce roman horrifique. La construction est très efficace et permet d’inclure beaucoup de révélations sans surcharger le récit d’action. Le mélange Histoire et légende celte ou canadienne est vraiment intéressant. Et finalement, je suis charmée par cette lecture adulte que nous propose Estelle Faye. Il y a toujours une richesse dans le vocabulaire, dans l’atmosphère et dans les scènes créées.

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Widjigo

Justinien de Salers est un noble déchu. Un soir d’errance et d'abus d'alcool, il est recueilli, nourri et logé puis mandaté pour retrouver une équipe de cartographe disparue dont seul un jeune homme, Gabriel est revu. Cette équipe était à Terre-Neuve, un sol dont tout reste à découvrir.



Épaulé par Marie la voyageuse, Veneur le botaniste, un prêtre et sa fille Pénitence ainsi que de deux hommes au passé trouble, il embarque pour ce voyage. La navigation est difficile et le bateau échoue sur une côte où seul une poignée de survivants et de nombreux corps sont retrouvés.



La survie est devenu leur préoccupation car sur cette terre hostile, entre pluie, brume et froid extrême, leur mental est mis à rude épreuve. Proche de la folie et du désespoir, chacun réagit différemment d'autant plus que la forêt qu'ils traversent ne leur semble pas "inhabitée".



Un récit qui nous plonge à la fin du XIIIème siècle alors que la révolution et la famine font rage. Justinien pensait avoir touché le fond mais il était loin de se douter de se qui l'attendait.

Les caractéristiques des personnages, le développement de l'histoire, la narration, tout m'a plu !
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Widjigo

Le résumé et la couverture m’ont donné très envie de découvrir ce roman. J’ai beaucoup entendu parler de l’auteure mais je n’ai jamais eu l’occasion de la lire jusque là.



Dans ce roman, Justinien de Salers fait le récit à Jean Verdier de ce qu’il a vécu lors de sa mission sur l’île de Terre-Neuve quarante ans plus tôt. Nous oscillons donc entre passé et présent, entre 1753 et 1793. Nous suivons un groupe de personnes ayant fait naufrage sur cette île.



L’ambiance est sombre et glaçante, le mystère plane autour des différents personnages. La nature est omniprésente, et j’ai été plongée dans l’histoire grâce aux descriptions de l’auteure.



Malgré tout, j’ai eu du mal à entrer dans le roman. J’ai trouvé la plume de l’auteure à la fois poétique mais à la fois un peu compliquée, ma lecture n’était pas fluide.



Je me suis posé beaucoup de questions par rapport à ce qui arrive aux naufragés, à qui faire confiance ? Des morts inexpliquées, le Widjigo, j’ai malgré tout été tenue en haleine jusqu’à la fin, que je n’avais d’ailleurs pas vue venir.



Je m’attendais à un récit dans lequel il y aurait plus d’action, selon moi il s’agit plus d’un roman d’ambiance et j’ai ressenti quelques longueurs durant le récit.
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Widjigo

Estelle Faye, nous promène, avec Widjigo dans un Terre-Neuve historique où se mêlent habillement, aventure, horreur et fantastique.



1793, la terreur en France permet la chasse aux aristocrates, symboles de l'ancien monde, celui de la monarchie. Jean Verdier, jeune officier doit donc arrêter Justinien de Salers, un marquis vieillissant retranché dans une tour. Seulement, c'est gonflé de compassion pour ce vieil homme réputé pour le bien qu'il a fait autour de lui que le lieutenant se voit contraint d'accepter cette mission. C'est pourquoi, quand le vieux noble lui demande en échange de sa reddition d'accepter de l'écouter lui conter une histoire, son histoire, il ne peut refuser.



Dans une ambiance angoissante, connaissent les côtes bretonnes, battues par la pluie et le vent, l'aristocrate se lance dans un récit de l'autre côté de l'Atlantique, dans le nouveau monde. En effet, il y a près de 40 ans, alors jeune homme, le marquis se trouvait en Acadie et a vécu une aventure marquante sur l'île de Terre-Neuve sur laquelle lui et ses compagnons se sont échoués. Les survivants feront face, alors qu'ils cherchent à retrouver la civilisation, à de nombreux dangers inexpliqués teintés de surnaturel, de la mythologie des indiens algonquiens.



Dans ce roman, récit dans le récit, l'angoisse ressentie est accentuée par ces deux lieux parallèles, où se déroule l'histoire, le logis du marquis et l'île encore sauvage. Vient se greffer une galerie de personnages portants chacun leur part d'ombre et de mystère.



Estelle Faye fait preuve d'une habilité maîtrisée pour mélanger les genres, casser les codes tout en les respectant, pour inscrire dans un contexte historique plausible, une aventure aux notes fantastiques subtiles afin de rendre ce roman accessible à tous. Amateurs de littérature de l'imaginaire ou non. Passé le prologue un tantinet longuet, il devient difficile de ne pas être absorbé totalement par le récit. Au long de cette lecture, sans cesse dans votre tête résonne cette question : le Widjigo n'est-il pas en chacun d'entre nous ?



J'ai lu ce roman qui traînait dans ma PAL depuis trop longtemps à l'occasion du Prix Imaginales des Bibliothécaires 2022 dont il fait partie de la sélection. Félicitations à Estelle Faye qui a su séduire le jury avec ce roman dont la magnifique couverture est signée Aurélien Police.
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Widjigo

Ce que j'en ai pensé en lisant le résumé : Sacré voyage en perspective non ? Bon alors oui clairement c'est ce que je me suis dit une fois arrivée à la fin du livre. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire et je ne comprenais pas trop pourquoi dans la mesure où tous les ingrédients pour emporter le lecteur étaient là. Très sensible aux atmosphères, j'adore me promener en forêt par temps de brouillard, alors dans les forêts de Terre Neuve remplies de mystères et de légendes dans lesquelles nous embarque l'autrice, je ne pouvais être qu'aux petits oignons.

Alors pourquoi ai-je eu du mal à me plonger pleinement dans l'aventure ? Je pense que je m'attendais à quelque chose de très fantastique et je n'étais peut-être pas préparée à lire un récit de vengeance, de culpabilité, mis en lumière par les croyances locales mais aussi par les conditions de survie décrites : le froid, la faim, la soif, qui poussent aux hallucinations (ou réelles apparitions ? ;-) ). Une place toute particulière à l'odeur...celle que l'autrice fait émerger quand la mort rôde autour de ce petit groupe de survivants... sauf qu'à la fin, il n'en restera qu'un... ou pas ! :-).

Le timing lecture n'était peut-être pas le bon pour moi mais une écriture que j'ai aimé découvrir, tout comme la collection Imaginaire proposée par Albin Michel
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Widjigo

🌄 Widjigo - Estelle Faye 🌄

@albinmichelimaginaire



Résumé :

En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer.

Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d'entrer. A l'intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire.

Celle d'un naufrage sur l'île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d'une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres...



En voila un roman à l'ambiance oppressante!

Un naufrage, une poignée de survivants, ça commence déjà fort, ajoutons les délires et la fièvre de Justinien qui lutte contre le manque d'alcool et nous avons déjà un début costaud mais quand on découvre le corps d'un des rescapés on comprend que l'on va basculer dans l'horreur.

Les survivants vont essayer de rejoindre la civilisation mais des forces sont à l'œuvre pour confronter chacun à sa culpabilité, la peur, la faim et la suspicion s'empare de chacun, le groupe voit les tensions entre ses membres augmentées au fil du temps...

Quant à la fin... je ne vous dirai rien mais 😁.



Un roman à l'atmosphère oppressante et fantastique qui mélange les mythes anciens, la dureté de la nature et la cruauté des hommes.
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Widjigo

Première incursion pour moi dans l'univers d'Estelle Faye avec Widjigo, et on peut dire que c'est réussi.



1793, Jean, jeune soldat révolutionnaire doit arrêter Justinien de Salers, un noble Breton. La rencontre va tourner à l'étrange quand Justinien propose au jeune homme de lui narrer un épisode important de sa vie au nouveau monde 40 ans plus tôt avant de se rendre.

On suit donc le récit étrange et perturbant de Justinien, et d'un groupe de survivant sur l'île de Terre Neuve en 1754 alors que secrets, monstres et morts semblent les suivre et s'accumuler...



* * *



Porté par un style riche et immersif, Widjigo nous plonge dans les territoires sauvages du nouveau monde avec talent. La plume de l'autrice décrit une terre hostile et reculés, une atmosphère poisseuse, brumeuse, loin de la civilisation et pose très rapidement une ambiance extrêmement oppressante. On se retrouve dans ce cadre en nombre réduit, Justinien et ses camarades d'infortunes étant rescapé du naufrage de leur goélette au large de Terre-Neuve, leurs destination première où ils se rendait pour enquêter sur la mort mystérieuse d'un cartographe.



Bien sûr, il n'est plus question pour eux que de survie à présent. Une survie qui, malgré les talents certains d'un forestier et d'une native sang mêlée, semble compliquée par la dégradation des circonstances. Cauchemars récurrents, visions, mort mystérieuse, présence insaisissable vont bientôt se mettre en travers de la réussite de nos personnages.



* * *



Des personnages qui sont d'ailleurs très réussi, car loin de se reposer uniquement sur le style et l'ambiance, Estelle Faye pose une galerie de personnages variés et intrigants. Ephraïm, le pasteur puritain plus hypocrite qu'on l'imagine, l'officier anglais, le jeune garçon survivant d'une expedition, Veneur le botaniste, et d'autres encore.



Chacun d'entre eux portent des secrets, qui se dévoileront au fur et à mesures, éclairant le lecteur sur les liens qui existent entre chacun, sur les raisons de ce qui leur arrivent.



L'intrigue resserré, presque un huis clos naturaliste fait doucement monter la pression et l'horreur jusqu'à un climax haletant et une révélation finale bien amené que le lecteur attentif aura pu repéré grâce à des indices savamment distillés.



Avec se roman fantastique horrifique alternant entre la Bretagne de 1793 et Terre-Neuve en 1754, Estelle Faye livre un récit de survie oppressant et angoissant ou l'ambiance poisseuse du cadre ainsi que les secrets inavoués des personnages captivent de bout en bout ! On frissonne, on est happé et fasciné par l'angoisse qui monte, par les légendes qui prennent vie et les morts violente dispensé à ceux qui au final méritent tous leur sort ou presque !
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Widjigo

Quoi de mieux que survivre à un naufrage dans des terres hostiles avec des compagnons inconnus qui n'ont pas l'air de confiance ?

Ca s'annonce comme une chouette balade du dimanche avec les copains.



J'ai bien aimé retrouver la plume d'Estelle Faye dans ce roman plus adulte.



Le thème du widjigo est toujours sympa. Alors l'utiliser dans le contexte d'un huis clos dans une nature sauvage marche forcément bien.



La petite équipe de survivants diminue rapidement. Le doute s'installe. Le meurtrier doit être parmi eux, mais qui? Sont ils en train de délirer? Y a t-il des forces surnaturelles en action?



Il m'a manqué un truc pour accrocher mais ca reste une bonne lecture avec pas mal de rebondissements.


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Widjigo

C’est le premier roman d’Estelle Faye, autrice dont j’ai beaucoup entendu parler, que je lis. Au regard des quelques retours que j’ai pu voir sur ses écrits plus adultes, j’ai un peu la sensation, peut-être à tort, que soit ça passe, soit ça casse avec elle. Pour ma part, j’ai aimé être emportée par la plume exigeante, un brin philosophique, qui caractérise ce livre. Certes, ayant regardé jouer mon mari sur un jeu vidéo horrible, gore et effrayant s’inspirant de l’histoire du Widjigo, je m’attendais de fait à trouver ici une ambiance horrifique et inquiétante, pourquoi pas à frissonner même. Cela n’a pas été le cas mais je n’en suis pas pour autant déçue. En revanche, si c’est ce que tu recherches, peut-être vaut-il mieux que tu passes ton chemin car je ne suis pas certaine que tu y trouves ton compte sur ce point.



Je ne recherchais rien de particulier en débutant cette lecture si ce n’est de l’apprécier et d’enfin découvrir un titre d’Estelle Faye – avec qui j’ai eu l’occasion de discuter l’an dernier pendant un salon et qui est très sympathique. Je voulais simplement être portée par cette histoire, et ce fût le cas mais uniquement à partir de la deuxième moitié. En réalité, j’ai peiné à me concentrer sur les débuts de ce roman, non pas parce que ce que je lisais me déplaisait ou m’ennuyait, mais plus parce que mon contexte de lecture n’était pas favorable à ce que je me concentre dessus. Je le lisais petit bout par petit bout, avec le bruit de mes enfants autour, en m’interrompant sans arrêt au milieu d’un chapitre. Forcément, ça joue sur le ressenti. Alors, si je peux te donner un conseil si tu lis ce roman, mets-toi dans l’ambiance. Réserve-lui une ou deux soirées, au calme, pour réellement t’imprégner de son atmosphère froide, solitaire, étouffante, pesante. Car, ce n’est que quand j’ai réussi à lui consacrer une heure de lecture non stop que je me suis réellement plongée dans son récit. Je me suis alors mise à le dévorer, avide de connaître son dénouement, à l’instar du jeune lieutenant à qui Justinien conte cette aventure passée, le temps d’une nuit au cœur d’une forteresse coupée du continent par la marée montante et une tempête virulente.



J’ai aimé l’intrigue, j’ai aimé le rythme, même s’il était peut-être un chouia trop lent pour moi, j’ai aimé les réflexions menées sur la justice, la rédemption et j’ai apprécié sa conclusion. Je dois avouer que je ne l’avais pas forcément vu venir. Je ne sais pourquoi l’histoire de ces naufragés m’a fait penser dès le début à un roman d’Agatha Christie. Ils n’ont pourtant rien à voir. Mais peut-être avais-je senti qu’il y aurait bien plus dans cette lecture que cette histoire de monstre. Et je pense que c’est ce qui m’a le plus plu. Ce fût donc une bonne lecture qui me donne envie de découvrir d’autres livres de cette autrice. Une très belle entrée en matière dans son univers et son style.
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Widjigo

Je viens de finir l’écoute de Widjigo d’Estelle Faye et waouh quel beau livre, un vrai coup de cœur.

La lecture est réalisée par l’autrice, et sa voix colle parfaitement au texte ce qui rend l’écoute vraiment agréable.

Dès les premières pages, j’ai été embarqué dans le récit, mais j’ai du mal à trouver les mots justes pour vous dire à quel point j'ai aimé ce livre. J’ai souvent ce problème avec mes coups de cœur.



Ce que je peux vous dire c’est que tout m'a plu.

L’ambiance sombre, pesante et terrifiante, qui nous emmène au cœur d’une nature sauvage et hostile.

Les personnages complexes et ambigus, qui luttent pour leur survie et qui ont du mal à savoir qui parmi eux s'en prend aux autres et surtout pourquoi.

Les légendes amérindiennes, qui nous font frissonner.

Le dénouement renversant, que je n’ai pas vu venir.

Et surtout, la très belle plume de l’autrice, captivante, immersive et dont les descriptions nous amènent immédiatement au bout du monde.



Ce livre est mon premier de l’autrice, et certainement pas le dernier.



Je remercie NetGalleyFrance et Audiolib pour ce merveilleux moment de lecture.

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Widjigo

Un révolutionnaire (dont on oublie vite le nom) se trouve malgré lui dépositaire du secret du noble qu’il est venu arrêter, le marquis Justinien de Salers. En l’espace d’une nuit, enfermé dans un phare au bout du Finistère, il devra écouter son histoire, macabre et tragique. Une histoire de faux-semblants, de trahisons, de vengeance et de mort.

La perspective de tomber sur une histoire de survie teintée de cannibalisme et de surnaturel, par une plume française à la réputation bien établie : voilà ce qui m’a poussé à acheter cette nouveauté quelques mois après sa sortie (en général, j’attends qu’ils sortent en poche). Je m’attendais à un genre de Terreur (D. Simmons) à la française. Malheureusement, pour moi, la magie n’a pas fonctionné. Je vous dis pourquoi.



Un récit caché dans un autre



La forme, tout d’abord, m’a rebutée dès les premières pages. J’ai trouvé la narration terriblement robotique. Un petit exemple sur une scène d’action p. 147 (c’est le moment où j’ai décroché sans espoir de retour) : « Machin se pourlécha. Les trucs battirent en retraite. Machin leur courut après. (…) Sa voix s’éraillait d’angoisse. En réponse Trucmuche ricana. Chose se tourna vers elle. » (Les machins, trucs et choses servent à ne pas dévoiler qui fait quoi à qui)

Je sais qu’il existe une règle disant que ce type de scènes doivent être servies par des phrases simples, mais là, cette succession de sujet-verbe-complément m’a empêché de m’immerger dans l’histoire. Le fait que la totalité de la narration soit au passé simple, en dépit des nombreux allers-retours dans le temps, m’a également perturbée, ainsi que la multiplication des points de vue pas très clairs (comment Machin sait-il ce que pensait Truc tout le long…?) L’autrice étant réputée auprès de nombreux chroniqueurs et lecteurs pour son style travaillé et sa maîtrise de la narration, j’en attendais peut-être beaucoup trop. Je ne sais pas.



On peut tromper mille personnes une fois…



Mais d’autres choses m’ont gênée dans ma lecture. L’intrigue en elle-même, que j’ai trouvé à la fois minimaliste et tarabiscotée, avec ses nombreux rebondissements prévisibles et en même temps incroyables, à coup de « Par l’enfer, c’était toi ! Tu n’étais donc pas mort ! » Je caricature, bien sûr, mais c’est un peu ce que j’ai ressenti dans les dernières pages. À la rigueur, ce procédé fonctionne une fois, mais pas deux ni trois. La fin du roman, avec sa suite de révélations qui s’enchainent, ne m’a pas convaincu du tout : elle m’a même perdu définitivement. Pour moi, elle soulève un problème de narration fondamental.

Ma confusion a peut-être également été provoquée par la construction en mode « poupées russes » (une histoire dans une histoire dans une histoire) du roman, qui se transforme en kaléidoscope chaotique à la fin : à quoi servent ces deux chapitres de flashbacks finaux ? Pourquoi sont-ils là ?



Entre « Terreur » et le « Pacte des loups »



Mais tout cela serait resté de simples détails de forme si le fond m’avait convaincu. Malheureusement, cela n’a pas été le cas.

J’ai pris ce livre en espérant tomber sur un roman « d’ambiance » : je m’attendais à une atmosphère horrifique, un roman de survie bien ancré dans son contexte historique tout en étant bien assaisonné de surnaturel solide à la « Terreur » de Simmons. Mais en dépit du nombre de cadavres et de récits plutôt sordides, je n’ai pas éprouvé de sentiment d’horreur (ou même d’émerveillement) une seule fois. Les descriptions, pourtant travaillées, m’ont paru plates et mornes. Elles ne m’ont rien fait ressentir. Jusqu’au trois-quarts de ce roman, je me suis ennuyée. J’ai même dû interrompre ma lecture à un moment pour le reprendre plus tard, une fois un autre roman fini.

J’ai également eu beaucoup de mal à m’attacher aux personnages et à éprouver de l’empathie ou de l’intérêt pour leur sort. Ils m’ont paru peu crédibles, stéréotypés (le pasteur, la traqueuse indienne badass, le noble frivole, la sorcière...) et plutôt superficiels. Je ne me suis attachée à aucun. Ils m’ont semblé être des figurants passant par là, pour aussitôt repartir. J’ai trouvé leurs motivations tirées par les cheveux et, surtout, impossibles à mettre en pratique (quelle chance ils ont eue que leur plan fonctionne, finalement !). Et que dire de leur naïveté et leur aveuglement ? Aux trois-quart du roman, après de nombreux morts et une atmosphère de suspicion généralisée en mode « il y a une créature parmi nous », l’un des personnages attaque un loup à mains nues et lui ouvre la jugulaire avec les dents. Ensuite, tout le monde repart, comme si ce fait d’armes extraordinaire était normal. Je ne peux pas en dire plus pour ne pas divulgâcher l’intrigue : les révélations finales constituent en effet le ressort principal du roman. De votre capacité à les trouver crédibles dépendront beaucoup de choses… pour moi, cela n’a pas fonctionné.



En conclusion



Le côté un peu minimaliste de la narration et l’habillage « Pacte des loups » de l’histoire permettront sûrement d’en faire un film spectaculaire à l’écran. J’ai bien aimé l’utilisation faite par l’auteur des mythes et ses descriptions poétiques de la Bretagne, qui m’ont semblé plus travaillées et imagées que celles de Terre-Neuve et de son folklore. On sent le travail de recherche et l’érudition en arrière-plan, mais j’attendais un peu plus de matière à me mettre sous la dent : finalement, on n’en saura pas plus sur le Widjigo qu’au début du bouquin. C’est peut-être un effet voulu, le Widjigo étant une créature née de « la faim et la solitude »…
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Widjigo

1793, Jean Verdier, Lieutenant français, et ses hommes, sont envoyés en Bretagne pour arrêter Justinien de Salers, vieux noble défiguré et isolé dans une vieille forteresse imprenable.

Arrivé sur place, le vieux marquis reçoit et les abrite, et n'a pour seule volonté, raconter son histoire. Ce qu'il s'est passé 40 ans auparavant à Terre-Neuve. Comment il a été défiguré.



Un récit plutôt surprenant, lu dans le cadre des Imaginales 2022.

J'ai retrouvé avec plaisir la plume d'Estelle Faye que j'avais découverte et adoré avec la trilogie de la Voie des oracles.

Ici, j'ai trouvé un récit très différent, emprunt tout de même de légendes. Celle du Widjigo ou Wendigo.



J'ai eu un peu de mal avec la temporalité au début. Deux récits parallèles, présent et passé, un certain nombre de personnages.... et un récit plutôt linéaire. En tout cas au début. Et deux ambiances totalement différentes.



J'ai regretté le côté plat de tout le récit au passé se passant à Terre-Neuve. J'ai été dans l'attente pendant toute ma lecture au finir dans le brouillard jusqu'au dénouement. Et je dois bien avouer que si j'avais arrêté ma lecture à ce moment là, j'aurai eu tendance à dire que ma lecture avait été plate, sans ambiance et très brouillonne. Mais est venue la suite. La toute fin, avec les révélations. Car ce récit ne s'est pas terminé au dénouement ! Viennent par la suite les révélations qui mettent tout en lumière.



Alors, ça manque encore d'explication. Les personnages auraient mérité plus de développement pour que le lecteur s'y attache. Le récit aurait mérité plus de rythme et d'atmosphère pour immerger le lecteur totalement. Mais cette fin et le twist a rattrapé pas mal de choses, ajoutant plus de complexité au récit





Sans trop rentrer dans les détails, il manque un petit quelque chose à ce récit. Un peu plus d’efficacité sur le millieu, pas seulement sur la fin peut-être ? Plus de développement sur les personnages, les paysages . Mais il n'en reste que la fin a suscité un regain d’intérêt pour moi.
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