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Critiques de Estelle Faye (1508)
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Widjigo

Tout comme pour un bon verre de vin où j’aime retrouver en bouche ce que j’ai décelé au nez, « Widjigo » m’est apparu comme une présage de voyage, d’exotisme même, mâtinée de mystère et de fantastique…et, comme attendu, le roman d’Estelle Faye a tenu toutes ses promesses !



1793. Réfugié dans un vieux donjon en ruine en Basse-Bretagne, Justinien de Salers, marquis des Eaux-mortes, est rejoint un soir de tempête par une troupe de soldats de la Révolution. Ces derniers sont venus l’arrêter, lui le noble condamné par la toute jeune République, mais les voilà tous retenus au sein de la vétuste forteresse du fait des éléments déchainés. Une drôle de nuit commence alors pour le jeune lieutenant de la troupe qui a accepté un marché passé avec le maitre des lieux : ce dernier les suivra sans lutter à une condition : qu’il puisse conter l’histoire qui a marqué sa vie à jamais, celle de son naufrage sur l’île de Terre-Neuve...



Plus je lis Estelle Faye, plus je m’enthousiasme pour cette jeune auteure et scénariste… Séduite par son incursion dans le fantastique post-apocalyptique avec Un éclat de givre et Un reflet de lune, je l’ai suivie cette fois sur ce roman fantastique se déroulant entre Terre-Neuve et Bretagne.

Avec son récit tout autant nourri de faits historiques, de descriptions géographiques que d’introspections fines, je me suis trouvée happée dès les premières pages, vivant la rudesse des lieux décrits, la tension grandissante entre chaque protagoniste, l’immersion progressive dans la déraison des uns et la folie des autres. Avec ce huis-clos haletant, la réalité s’efface petit à petit devant l’imaginaire et la fiction, les cauchemars de certains personnages rattrapés par leurs passés, leurs secrets, leurs culpabilités.



Bref. Un roman envoutant et habité, un « roman de monstres » liant l’aventure et le fantastique : une réussite !

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Widjigo

En 1793, Jean Verdier, jeune lieutenant de la République se rend en Basse Bretagne pour arrêter un noble, Justinien de Salers, reclus dans une forteresse. Justinien le reçoit et accepte son sort mais à la condition de lui raconter son histoire. Et quelle histoire…



Le décor est planté pour un roman à l’ambiance sombre agréablement lu par l’autrice elle-même. Les personnages sont complexes et le mélange historique/fantastique est intéressant et l’histoire prenante. Le froid intense de Terre Neuve, la menace du légendaire Widjigo, le huis clos mettant en lumière la noirceur cachée des différents protagonistes font de cette lecture un conte envoutant, oppressant.



Si vous aimez les livres avec une vraie ambiance, une immersion totale dans l’histoire, foncez !

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Widjigo

Cette lecture m'a permis de valider la sous catégorie "Sakuma drops au milieu des lucioles" du #pumpkinautumnchallenge2022 ET la catégorie "Maupassant" du #cocoricochallenge 😋



Bon alors, en lisant le résumé de ce roman, j'ai quasi sûre que j'allais apprécié ma lecture. Gros euphémisme, j'ai adoré !!! "Widjigo" a tout pour me plaire : c'est un thriller légèrement horrifique et historique puisque tout se passe au 18ème siècle, une partie en France peu après la Révolution, l'autre 40 ans plus tôt à Terre-Neuve, Canada. Je suis fan de double temporalité, d'autant plus quand elle est due, comme ici, à l'un des personnages racontant une histoire à un autre personnage.



Aussi, on se pose des questions sur tout, tout le monde, tout le temps. Rien n'est sûr, on avance à tout petits pas dans nos suppositions, et ça pour moi c'est pépite ! J'adore quand un roman me surprend de par sa fin et les révélations sur les dernières pages m'ont étonné !

Bon, OK, j'avais vu venir l'une d'entre elles avant mais sans être sûre de moi à 100% non plus !



Bon, et la plume d'Estelle Faye ?! Hé bien j'adore tout autant, fluide mais riche en vocabulaire, encore une fois j'ai direct plongé avec nos personnages dans leur aventure singulière 😈



Bref, "Widjigo", j'en entend TRÈS peu parler et c'est franchement dommage parce que c'était GÉNIAL, et en plus c'est une lecture absolument parfaite pour l'automne et Halloween (si vous êtes dans les vibes Histoire, thriller, ambiance horrifique et oppressante, mystère, huis clos, légendes, morts suspectes et survie en territoire sauvage)



Et cerise sur le gâteau, il ne fait que 250 pages DONC pas d'excuses pour le procrastiner dans sa PAL
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Widjigo

J'ai vu passer de nombreux avis positifs sur cet auteur et j'ai eu envie de commencer en lisant son petit dernier Widjigo car il a peu de pages et cela me permettait de tester la plume d'Estelle Faye.



Je me suis donc lancée dans cette lecture à un moment plutôt opportun pour moi car la saison d'automne avec l'obscurité qui arrive rapidement m'a permis d'entamer celle-ci en me mettant déjà bien dans une atmosphère particulière.



J'ai mis un petit temps à me situer au niveau du récit et des personnages car ici l'on se situe dans un récit au final plutôt historique alors que je m'attendais plus à un récit dans le futur.



Une fois ce petit détail bien mis en place dans notre esprit , le récit se déroule tout seul et les personnages se mettent rapidement en place.



Malgré le fait que ce récit se passe en extérieur nous sommes rapidement oppressée par cette ambiance et il se passe assez rapidement des choses plus qu'étranges.



Mon côté fan de thriller a été ravie avec ce récit plutôt court mais avec des morts plus que suspectes et des individus plus que louches qui parsèment ce récit.



Celui-ci au final reste très abordable à mes yeux malgré le fait que je sois plutôt novice en terme de lecture fantastique.



Je lirai avec plaisir de nouveau l'auteur car cela a été une bonne découverte à mes yeux.



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Widjigo

C'était l'un des événements de la rentrée imaginaire 2021 : la sortie dans la chouette collection AMI du nouveau roman de survie horrifique d'Estelle Faye. Alors Widjigo, ou j'y go pas ?



2e incursion pour moi dans l'univers d'Estelle Faye, après Un Eclat de Givre qui m'avait laissé une impression mitigée : conquis par le Paris post-apo et les personnages hauts en couleurs, beaucoup moins par le manque d’un fil conducteur fort et par une fin décevante.



Avec ce Widjigo, changement radical, avec un récit dans le récit, dans lequel un vieil aristocrate raconte à un jeune révolutionnaire chargé de l’arrêter comment sa quête sur l’île de Terre-Neuve 40 ans auparavant vira au carnage avec démembrement progressif de tous les copains. Ambiance, donc !



La structure narrative, faite d’allers-retours entre passé et présent, et l’écriture par moments très réussie de l’autrice, permettent d’installer un climat oppressant et instillant tension et doute dans l’esprit du lecteur. L’ambiance surnaturelle de cette escapade dans les cercles polaires est glaçante, parfaitement aidée par les jeux d’influences dans ce petit groupe d’inconnus moins innocents qu’il n’y paraît de prime abord. Une galerie de personnages au passage fort réjouissante (si on peut le dire ainsi), avec son lot de caractères bien trempés et assez facilement reconnaissable (même s’il ne faut pas trop s’attacher…).



Oui, j’y go, alors !

Pas si vite ! Parce qu’il y a un « mais » (ou deux)…

Déjà, oui, c’est très bien écrit, mais on a parfois l’impression que le bouquin le sait un peu trop (et ça me fait parfois un peu sortir du récit). Et puis… Ben cette fin (encore une fois), qui n’est pour moi pas à la hauteur du reste du livre tant j’attendais un effet « whaouh » qui n’est jamais arrivé. La douche froide, quoi !



En bref, un petit survival arctique avec un petit côté horrifique qui fait plaisir mais à la conclusion décevante.



J'ai aimé :

• L'ambiance… glaçante !

• L'écriture très réussie…



J'ai moins aimé :

• … même si elle a parfois tendance à le savoir…

• La fin pas au niveau

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Widjigo

C’est quelque chose que j’adore chez Estelle Faye : sa création d’ambiances et d’atmosphères. C’est ce que j’avais adoré dans Un éclat de givre et Un reflet de Lune, plus que l’intrigue d’ailleurs.



Widjigo, c’est donc une ambiance, en premier lieu. Un hiver glacial, d’un froid qui vous transperce la peau jusqu’aux os. Un froid humide; une humidité qui colle à vos habits, qui ne sèche jamais vraiment, qui s’infiltre dans vos blessures, qui vous glace le sang. Dans ce roman, il fait sombre, nuageux, gris sombre, noir.

Et tout est à l’avenant. Les personnages sont perdus, seuls, tristes, épouvantés, en proie à leurs démons et à la sorcellerie à l'œuvre.

C’est un huis-clos en plein air que nous offre Estelle Faye, dans un univers désolé, glaçant, hostile.

J’ai particulièrement aimé la manière dont l’autrice parvient à relier l’ambiance à l’intrigue.



D'autre part, Widjigo est court, et possède selon moi les attributs d’une novella : il est percutant, rapide dans sa manière d’évoluer, ne se perd pas en chemin. L’autrice a trouvé le bon mix entre le roman et le format court.

Il offre également une structure narrative que j’aime personnellement beaucoup : le récit dans le récit. Sans aller jusqu’à la mise en abyme, cet emboîtement permet un va et vient passé/présent qui fonctionne bien. Cela fonctionne d’autant mieux que le récit emboîtant se déroule sur une soirée dans un phare perdu à Pétaouchnok; il est donc très ramassé mais parvient à déborder de ce cadre temporel avec l'histoire emboîtée avec laquelle il dialogue constamment.



Enfin, j’ai eu la sensation de lire une revisite des 10 petits nègres d’Agatha Christie. Car les personnages sont réunis dans une entreprise un peu louche; sacrée galerie de cas désespérés dont on se doute que leur réunion n’est pas fortuite. Cela permet à l’autrice d’amorcer une plongée dans l’âme humaine, crasse et noire, quelle qu’elle soit.

Le suspense monte doucement mais sûrement, et j’ai lu avec avidité pour savoir qui, mais qui ! était le semeur de cadavres. Alors Widjigo se teinte pendant un bon bout de temps de fantastique, laissant place au doute et à l’angoisse caractéristiques du genre, face à des événements inexplicables. Et lorsque la révélation arrive, Estelle Faye nous plonge dans le merveilleux, et nous offre des rebondissements finaux que personnellement je n’avais pas vus venir du tout. Un final en point d’orgue, là encore qui me fait penser à une fin de novella. Et j’ai refermé le bouquin en me disant que je venais de lire mon roman préféré de l’autrice.
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Widjigo

Estelle Faye nous emmene au cœur d'une expédition narré par un vieux noble sur la côte Bretonne, Justinien de Salers. Cet homme doit être arrêté par Jean Verdier, un lieutenant de la révolution française. Mais il acceptera de se rendre à condition d'accepter d'écouter son histoire.

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Ce récit d'aventure horrifique nous impose une ambiance sombre et glacée dès le départ.

Les décors et les détails sont très bien soignés ce qui rend l'histoire encore plus angoissante. C'est dans une nature hostile de la Terre-Neuve que la troupe de marginaux va devoir avancer et survivre mais des événements viendront perturber leur mission. Et là ce sont des personnages à l'esprit fragile auxquels nous faisons face. Quand le doute, la faim et la fatigue s'installent, qu'une partie de l'équipe disparaît, plus rien n'a d'importance que sa survie et les interrogations vont tomber.

Je ne rentre pas trop dans les détails car il faut vraiment le lire pour le vivre.

Ce livre psychologique m'a fait glacer le sang plus d'une fois et il était impossible de m'en détacher avant la fin.
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Widjigo

L’auteure nous transporte au 18ième siècle et l’histoire se déroule principalement sur l’ile hostile de Terre-Neuve sur laquelle des personnes disparaissent de façon inexpliquée. Justinien de Salers y sera envoyé afin de découvrir ce qu’il leur est arrivé. Il va nous raconter ce qui est réellement arrivé sur cette terre sauvage. Pourquoi certains sont revenus et d’autres non.



Sur la base de cette intrigue, Estelle Faye nous propose un récit mêlant surnaturel et problèmes sociétaux de cette époque.

Les personnages gardent une part de mystère, ce qui me rend d’autant plus méfiantes à leur égard, aucun d’entre eux ne trouve grâce à mes yeux. Ce n’est pas cette nature indomptée et inamicale qui risque de me faire changer mon fusil d’épaule car l’atmosphère oppressante est très réussie, vous ne vous y sentez pas en sécurité. Vous avez également l’impression de vivre dans la moiteur et la crasse et les actes qui s'y déroulent laissent à penser que la civilisation n'est pas armée pour dompter la nature sauvage. Les événements s’enchainent et tout est fait pour entretenir la mystère.



Beaucoup d’éléments sont mis intelligemment en contraste grâce à la plume maîtrisée de l'auteur : l’innocence/ la culpabilité, la civilisation/la nature sauvage, la doctrine/les croyances. Cette multitude d’éléments ne fait pas qu’enjoliver l’intrigue, ils auront tous un rôle à jouer dans le dénouement de cette équipée.

Les révélations finales sont surprenantes et inattendues et j’avoue que l’explication du pourquoi et du comment m’a convaincu.



Au final, ce fut un bon moment de lecture que je vous invite à découvrir.
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Widjigo

Une lecture assez différente des autres livres d'Estelle Faye, j'ai bien aimé sans pour autant avoir trouvé cela exceptionnel, mais on retrouve avec plaisir la plume de l'auteure dans ce thriller fantastique.



Je ne lis pas souvent de thriller et pourtant j'ai quand même réussis à trouver le récit assez classique. Ce flou du début qui évolue en tension jusqu'au dénouement final, c'est ce qui fait les thrillers selon moi, donc pas de surprise ici. Estelle Faye mélange historique (période de la Terreur de la Révolution française) à une dimension fantastique avec cette étrange créature, le Widjigo, qui va semer la peur dans la troupe qui va devoir traverser Terre-Neuve suite à un naufrage



Le récit est en fait sur deux temporalités, le personnage principal va se faire arrêter et raconte ce qu'il s'est passé 40 ans plus tôt. Les passages dans le présent ne sont pas très intéressants mais servent simplement à faire durer le suspense. Je dois avouer que j'ai trouvé cela un peu long et j'avais hâte de découvrir enfin le dénouement. Et la fin est malheureusement un peu vite expédiée, je n'ai pas eu ce "wow" attendu, malgré le retournement de situation inattendu sur le personnage principal.



Heureusement, le style d'Estelle Faye est toujours aussi merveilleux. C'est fluide, avec de belles descriptions qui nous mettent très bien dans cette ambiance pesante et humide des espaces sauvages et froids de Terre-Neuve. J'aurais aimé que les histoires des différents personnages soient un peu mieux amenées (je pense notamment à l'histoire avec Salaun et Justinien qui arrive franchement de nulle part), au final on oublie vite les personnages qui disparaissent (mais je pense que c'est fait exprès ?) et on se concentre sur la survie et les propres démons de Justinien.



Ce fut une lecture rapide et satisfaisante, je n'en attendais pas forcément plus, mais malheureusement je sens que je vais très vite oublier ce livre, il ne m'a pas marqué plus que cela.
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Widjigo

Je dois bien l'avouer, je n'avais jamais lu d'œuvre d'Estelle Faye avant Widjigo, mais lorsque je suis tombée sur ce roman qui avait l'air de traiter du sujet trop peu abordé à mon goût du Wendigo, j'ai eu envie de tenter l'expérience, et c'est une bien belle découverte que voilà !

Dès le début de ce roman, j'ai été charmée par l'ambiance oppressante, par cette forteresse qui donne l'impression d'être posée au bout du monde, en pleine tempête, et ce calme entre Justinien de Salers, étrange personnage plein de mystère, et Jean Verdier, venu l'arrêter et qui ne s'attendait pas du tout à cet accueil (et qui pourrait l'en blâmer). Le récit des évènement qui se sont passés quarante ans plus tôt est sombre, immersif, constamment sur le fil entre rêve et réalité, bercé par les superstitions et les croyances de chaque personnage. Ici, pas de gore à profusion, tout est dosé, ce n'est pas de l'horreur trash qui nous est proposée mais quelque chose de plus vrai et de plus profond. C'est au niveau de la fin que je suis plus mitigée, car bien que certains retournement de situations m'aient prise au dépourvu et qu'elle soit pleine de potentiel, je l'ai trouvée assez rapide par rapport au reste du livre qui est très contemplatif et qui laisse monter l'horreur petit à petit.

Ceci dit, ça reste un très bon bouquin dont j'ai beaucoup apprécié la lecture ! La plume est belle, accessible, et l'autrice sait nous embarquer avec elle dans les recoins les plus sombres se son imagination. C'est un livre qui parle de la nature humaine et du monstre qui peut se cacher en chacun de nous, nous dévorer et dévorer ceux qui nous entourent, juste pour survivre.
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Widjigo

Voilà un roman noir et oppressant.

Nous passons d'une discussion en huis clos, qui se passe dans le présent, au crapahutage en pleine forêt avec des personnages intriguants,mystérieux lâchons le mot dangereux.

Une quête de tous les dangers,ou la peur, l'angoisse et la mort guètes.

Dès le début nous savons qu'il n'en restera qu'un, ce qui pour moi à encore augmenté le niveau de stress ressenti pour les protagonistes. Je n'ai pas pu m'empêcher d'aimer certains et d'en détester d'autres.

Malgré le fait d'un ultime rescapé je me suis mise à espérer pour les autres.

La fin est surprenante et nous explique les choses où la chose?

Une plume percutante, Incisive, noir et perturbante.

Vous voulez frissonner, voir, trembler.

Il ne vous reste plus qu'à ouvrir ce livre, qui va vous happer dès les premières pages.
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Widjigo

Je dois avouer qu’il m’a fallu trouver mon ambiance musicale pour me plonger dans la lecture de ce livre. Je vous conseille donc des playlists de vents qui soufflent, et de tempêtes diverses.



Une fois l’ambiance posée, il est bien plus facile de rentrer dans le livre, qui nous plonge dans une histoire de survie.



On retrouve un certain nombre de personnages, qui se retrouvent pris au piège sur une île hostile, sous des tempêtes de neige, et d’autres obstacles qui bloquent leur route. À commencer par une série de meurtres étranges qui commencent à tous les décimer un par un.



Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est que quasiment du début à la fin, on ne sait pas si tout ce qu’il se passe est fantastique. Ou si simplement, les personnages deviennent fous, et surtout dangereux. Ainsi, le livre traite du sujet du monstre, et de ce que les gens deviennent lorsqu’ils n’ont plus rien pour survivre.



Tout se fait du point de vue externe de Justinien de Salers, un alcoolique notoire, que le passé semble rattraper au fur et à mesure de l’histoire. Cet homme qui parais bourru au début, m’a donné l’impression d’être naïf au fur et à mesure de l’histoire. Naïf et dépassé par les évènements, et assistant à la cruauté des hommes sans pouvoir faire grand-chose de plus que survivre lui-même.



Il y a un travail sur la façon dont le récit est raconté et construit, qui m’a fait retrouver le style de l’autrice, qui semble tout de même un peu changer dans ce côté plus mature, plus sombre qu’est Widjigo. On retrouve quelques retournements de situation, qui m’ont fait comprendre des choses sur le choix du style, qui m’interrogeait durant ma lecture. Tout est bien placé, et amène à une conclusion.



Du reste, je me suis laissé plonger dans l’histoire, et sans forcément m’attacher, persuadé que tout ceci ne serait qu’une escalade vers l’horreur. Bien que chaque personnage avait son propre passé, ses propres désirs et ses peurs. J’ai néanmoins apprécié Pénitence, qui me faisait de la peine vu la tête de son père. J’ai trouvé Gabriel intéressant aussi. C’est un personnage mystérieux du début à la fin, par sa manière de très peu parler, entre autre. Et Marie était dépeinte de telle façon qu’elle m’intriguait.



Ce que j’ai aussi aimé, c’étaient les indices laissés par le livre pour en venir à la conclusion. Indices glissés dans les parallèles du “présent” avec l’année 1793 et de l’évènement horrible de l’année 1754. Il y avait des choses qui me faisaient tiquer. Comme des incohérences dont je n’arrivais pas à trouver le sens.



Ainsi, à la fin, j’ai pu faire “ah oui, du coup, ça explique beaucoup de choses.”



Je pense que ce livre, en huis-clos de survie, se lit avec la bonne ambiance, et conte une histoire de l’horreur humaine, et que le monstre n’est pas forcément celui qu’on pense, ni aussi monstrueux qu’on ne le croit.
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Widjigo

Après de nombreux romans chez Les Moutons électriques, Scrinéo et Critic, Estelle Faye entre cette fois dans le label Albin Michel Imaginaire avec Widjigo, sorti lors de la rentrée littéraire 2021. Voyons ce que ce roman du genre fantastique apporte à ce label.



Récit de survie

Un lieutenant républicain aborde un vieux château breton baigné par les embruns de l’Atlantique lors de l’année 1793 pour aller y saisir un noble, Justinien de Salers. Celui-ci héberge sa troupe pendant le déluge et en profite pour retenir le jeune Jean Verdier avec un récit de sa jeunesse. Une fois raconté, il sera prêt à le suivre, puisque celui-ci l’a traqué jusqu’ici. C’est ainsi que d’un contexte révolutionnaire, nous remontons de quarante années pour aller voyager en Amérique du Nord quand le jeune Justinien traînait son mal-être de noble déshérité là où ses relations de passage pouvaient l’emmener. Embringué un peu malgré lui dans une expédition pour enquêter sur une disparition, le protagoniste connaît à son tour un naufrage. Avec une dizaine d’autres survivants divers sur un équipage bien plus conséquent, il doit poursuivre sa mission mais surtout survivre. Dès la sortie de l’épave, les cadavres s’accumulent, d’autres surviennent, c’est la panique et l’évidence est là : il y a un tueur au sein du groupe et ça ne semble pas Justinien !



Horreur fantastique du Nouveau Monde

Même si les premiers paragraphes se tiennent en 1793 et en Bretagne, la quasi-totalité de ce roman se déroule quarante ans plus tôt sur l’île de Terre-Neuve et c’est l’occasion d’utiliser à bon escient les paysages de l’Amérique septentrionale. De grands espaces qui vous avalent et vous épuisent, une culture algonquine sur l’esprit des bois, bref il y a de quoi faire pour s’immerger dans ce « Nouveau Monde » vu par quelqu’un qui ne le connaît pas. Après quelques romans en fantasy ou en science-fiction, Estelle Faye mise ici sur un fond historique mais dans une forte ambiance de thriller horrifique, un peu à l’image du très bon Notre-Dame des Loups d’Adrien Tomas (chez Mnémos). Le côté survie à la suite d’un naufrage met un compte-à-rebours à la tentative de ce petit groupe pour atteindre leur destination, mais au bout du compte il y a plus dangereux que le grand froid et les tempêtes à répétition. Bien sûr, le lecteur ne sait pas toujours ce qu’il voit, mais le mystère n’en est que plus malaisant, jusqu’aux ultimes chapitres.



Widjigo est donc un roman tout à fait maîtrisé et efficace qui colore d’une belle façon le côté fantastique du label Imaginaire d’Albin Michel.



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Widjigo

PRIX LITTÉRAIRE HISTOIRES DE ROMANS 2022



Estelle Faye nous confronte à l'angoisse, mais surtout au Monstre - au Monstre fait homme, au Monstre fait âme, au Monstre fait bête - pour questionner sur la vérité tandis que le doute prend de plus en plus d'ampleur.

Pour cela, elle aborde le mythe du wendigo - ou wìdjigò en algonquin - une créature décharnée anthropophage vivant dans les profondeur de la forêt, issue du folklore des nations autochtones d'Amérique, allégorie des rudesses de l'hiver ou encore associée à divers péchés.

L'auteur en fait même un outils pour déconstruire progressivement les différences de classes, de moeurs, de religions et se recentrer sur ce qui fait l'humain, sur ce qu'il est profondément.



critique complète sur :
Lien : http://histoiresderomans.fr/..
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Widjigo

C’est ma première lecture d’Estelle Faye et j’ai trouvé ce thriller fantastico-historique plutôt convaincant.



1793, en pleine Révolution française, un jeune officier est envoyé en Bretagne pour arrêter un vieux noble, Justinien de Salers. Celui-ci accepte de se rendre à la seule condition que l’officier écoute son histoire : celle d’une expédition quarante ans plus tôt à Terre-Neuve, de l’autre côté de l’Atlantique, qui a viré au tragique.



L’histoire mélange deux types d’intrigue plutôt classiques : le naufrage sur une côte déserte avec une poignée de survivant·es qui tentent de rejoindre les terres habitées, et le whodunnit à la Agatha Christie et ses personnages qui disparaissent les uns après les autres tandis que la suspicion monte. La combinaison prend bien quoique le rythme soit plutôt lent, peut-être accentué par de longues descriptions qui ont eu tendance à me faire décrocher de temps en temps. Ce que j’ai aimé, c’est l’entrelacement thématique entre légendes bretonnes et mythes autochtones, qui vient nourrir (no pun intented) les thèmes traités par l’autrice, à savoir la culpabilité, la justice, la vengeance et les monstres qui peuvent naître à l’intérieur de chacun·e.



Aussi, j’ai été agréablement surprise par le traitement historique et géographique plutôt solide. La partie de l’intrigue qui se déroule en 1754 commence en Acadie et on sent les prémisses de ce qu’on appellera plus tard le Grand Dérangement (la déportation des colons francophones), ce qui accentue la tension dégagée par le récit. J’appréhendais aussi la façon dont l’autrice utiliserait les mythes autochtones et en particulier celui du wendigo (ou widjigo dans sa version algonquine), central à l’histoire, mais l’ensemble m’a paru aussi respectueux que bien documenté (je suis toutefois loin d’avoir une connaissance approfondie du sujet). Il me semble d’ailleurs que le terme d’« Indien » n’est pas mentionné une seule fois et que cela ne gêne en rien la compréhension. Notons que certains éléments concernant la légende du widjigo peuvent donner des indices quant à la clé de l’énigme…



Bref, cela me rend assez curieuse pour continuer à explorer les univers d’Estelle Faye (si vous avez des suggestions, je suis preneuse).
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Widjigo

Si certains éléments nous font d'abord penser à un récit orienté vers le fantastique et le surnaturel, comme l'évocation de la Camarde (incarnation locale de la Mort), on verse très vite dans un huis clos survivaliste, qui nous fait suivre une bande de naufragés, échoués sur une île, devant non seulement tenter d'unir leurs efforts pour survivre mais également lutter contre une menace qui les décime les uns après les autres.

Les codes du genre sont respectés.

L'ambiance paranoïaque s'installe progressivement, les personnalités se dévoilent petit à petit alors que le doute et la suspicion s'immiscent lentement mais surement parmi eux.

La menace, bien que réelle puisqu'il y a des morts, mais non identifiée, vient elle de l'extérieur, ou de l'intérieur?

Estelle Faye joue finement avec son lecteur, apportant des éléments qui font pencher la balance tantôt vers un personnage, tantôt vers un autre, mais pas suffisamment prégnant pour accuser à coup sûr, l'un plus que l'autre.

Les personnages se dévoilent d'ailleurs les uns après les autres, suite à des évènements importants. Et même si quelques indices, glissés là méticuleusement, permettent d'émettre des réserves sur certains d'entre eux en particulier, le suspens durera jusqu'au dénouement, qui ne se révèlera pas si inattendu que cela, bien que croustillant [ masquer] j'ai grillé les deux adolescents dès le début, Estelle Faye, ne s'attardant jamais sur eux, mais préférant détourner notre attention sur les personnages qui nous paraissent évidemment coupables.

J'ai beaucoup apprécié le vocabulaire utilisée par l'autrice, d'une richesse et d'une diversité évidentes et recherchées, et preuve d'une grande culture de sa part, surtout lorsqu'elle s'attache à décrire la nature, animaux ou plantes. Anatife est une espèce de crustacé, saxifrage une herbacée, sarracénie une plante carnivore, et lorsqu' Estelle Faye pourrait se contenter de dire "moustique", elle lui préfère le mot "maringouin", beaucoup plus poétique. Je me suis d'ailleurs demandé si l'utilisation de ce vocabulaire spécifique n'était pas lié à la présence du personnage de botaniste, dont le rôle est prépondérant...

Je n'ai pas bien saisi le sens du contexte historique choisi par l'autrice (nous sommes en 1793 lorsque le narrateur raconte son histoire qui s'est déroulée 35 ans avant) mais cela apporte une ambiance toute particulière au récit. Sans doute pour mettre en exergue, le lien entre certains des personnages, et qui expliquerait les mobiles de la vengeance.

Du surnaturel, il y en a, et même si le récit s'inscrit et s'ancre dans une réalité historique, les éléments fantastiques abondent, mais toujours de manière suggérée, laissant le choix au lecteur d'y croire ou pas, jusqu'à ce qu'on se rende compte, et qu'on nous dise très clairement, qu'ils font parti intégrante de l'histoire. Je dirai même qu'ils ont pleinement leur place, le genre et l'ambiance s'y prêtant totalement.

Il y a décidément quelque chose de puissant dans l'écriture d'Estelle Faye, quelque chose qui vous attrape et ne vous lâche plus. Elle réussit à élever et à rendre profond, un récit somme toute banal, ou qu'on a déjà vu traiter maintes fois...
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Widjigo

Lu dans le cadre du plib 2022, ce fut une grosse déception.



- Un roman court dont le résumé promettait une belle découverte. Et que c’était long…



- Un roman d’horreur aux allures de fantastique. La créature de Widjigo est mise en avant et apporte une aura d’angoisse au tout.



- Un univers sombre, riche et alléchant au premier abord.



- Un introspection du personnage principal bien intégré au roman.



- Le tout donne une atmosphère très lourde.



- Très peu d’action, on s’attache aux descriptions et à l’ambiance.



- Une double temporalité qui m’a perdu. Même si tout se met en place à la fin, cela n’aura pas suffi



- Je me suis sentie extérieur au récit pendant toute la lecture. Je n’ai ressenti aucune attache aux personnages et aux événements.



- Je n’ai pas réussi à ressentir les émotions des personnages ou l’horreur de ce qu’ils vivent.



- Des descriptions interminables qui m’ont sorti de ma lecture et qui frôlent l’indigeste. Le récit en devient alourdi.



- Toutefois, l’auteure a une très jolie plume, le tout est bien détaillé et scénographié.



Pour conclure, je n’ai pas du tout été conquise par ce roman. J’ai trouvé le tout trop lent, trop de descriptions et de longueurs. J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans. Je suis déçue de ne pas l’avoir apprécié à sa juste valeur alors qu’il a tellement de bonnes critiques… ✨
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Widjigo

1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour apréhender Justinien de Salers, un noble cloitré dans une vieille forteresse en bord de mer. Ce dernier accepte de le suivre à la condition qu’il écoute une histoire… celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. On découvre dès lors le récit d’un groupe qui lutte pour sa survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres. L’histoire s’inscrit autour de deux trames temporelles, entre Terre-Neuve et la Bretagne dans deux époques marquées par la guerre, les morts, la misère et l’iniquité. Widjigo est un roman fantastique à l’ambiance, angoissante et glaciale qui s’inspire des légendes des Premières Nations mais c’est aussi une plongée au cœur de l’âme humaine aussi dérangeante que significative.

Estelle Faye se penche avec justesse sur la notion de monstruosité revenant sur les envois de colons contaminés par diverses maladies inconnues au sein de ce nouveau monde pour éradiquer les populations locales, sur les atrocités perpétrées par les missionnaires pour christianiser les peuplade dites sauvages, ou encore les rumeurs d’explorateurs ayant possiblement pratiqués le cannibalisme pour survivre. Elle aborde par le biais du regard désabusé que porte le jeune lieutenant Verdier sur la société et les conséquences inhérentes à la Révolution française, l’inégalité des classes, les discriminations ethniques et la discordance des objectifs de chaque faction, tiraillée entre deux mondes, l’ancien et le nouveau. Un constat mélancolique sur des évènements funeste, peu évoqués mais bien réels, de l’Histoire. C’est également en arrière-plan une sombre histoire de vengeance et de désir de rédemption.

Le récit est empreint d’une atmosphère surnaturelle qui se manifeste de manière croissante, à mesure que les acteurs de ce drame sont accablés par cette nature hostile et que la suspicion omniprésente au sein du groupe est avivé par des disparitions brutales. Des personnages qui ont une réelle présence avec chacun une part d’ombre cachée au plus profond de son être qui se dévoile peu à peu au fil des chapitres et des abominations auxquelles ils sont confrontés.

Dans un style imagé, prenant et marqué d’une forme de lyrisme Estelle Faye prend son temps pour décrypter les évènements et décrire cet environnement sauvage. Elle détaille minutieusement le contexte pour nous permettre d’appréhender le vrai visage des différents personnages, entretenir le suspense et le sentiment d'oppression avant de conclure de surprenante manière par un incroyable final aux multiples rebondissements. Entre mythe authenticité historique et allégorie de la dualité, l’auteure signe un roman profond et envoûtant à l'approche complexe mais intelligente.





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Widjigo

J’ai bien aimé ce roman mais, j’ai été un peu déçue principalement parce que le genre pour lequel on le met en avant n’arrive finalement que très tardivement et ne prend pas assez de place dans le roman à mon goût.



Je dois quand même reconnaître avoir passé un bon moment de lecture : j’ai notamment apprécié l’originalité de la narration. L’histoire débute en 1793 (grande date pour la France) avec Jean, un lieutenant, qui vient arrêter un homme noble, Salers. Cet homme est ce qu’on pourrait appeler un “original” et décide de raconter son histoire (1754) à Jean. Très vite, l’ambiance s’épaissi et avant même de plonger dans le passé, on soupçonne un mal qu’on n’arrive pas à nommer.



Dans le début du roman, l’autrice apporte beaucoup d’éléments historiques et politiques intéressants mais qui auraient mérité un peu plus de développement pour moi.



Partis en bateau pour une mission, Salers et ses compagnons d’infortune vont devoir lutter contre un mal inconnu qui décime petit à petit les survivants du naufrage dont ils ont été victimes. On sent très vite l’air manquer dans nos poumons et le décor se refermer sur nous et les personnages : l’air est vicié et l’on s’attend à tout moment à voir quelque chose de malsain surgir. Tout arrive assez vite mais pourtant, on note quelques lenteurs dans l’histoire (certaines discussions entre les personnages). Plus l’histoire avance, plus les morts s’accumulent et plus on vient à se demander si ce petit jeu macabre va avoir une fin et surtout une explication ! On ramasse tout de même quelques indices laissant à penser que certains naufragés ne sont pas si innocents et que l’histoire qu’ils sont en train de vivre était peut-être prévisible… La fin est inattendue et très satisfaisante.



Je n’ai pas eu de coup de cœur pour ce livre mais j’ai tout de même très envie de découvrir d’autres romans d’Estelle Faye.
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Widjigo

Estelle Faye propose ici un « whodunit » fantastique dans lequel les neuf survivants d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve sont un à un assassinés.

Le cadre spatio-temporel est à la fois original et intéressant. Ce ne sont pas la période et encore moins le lieu les plus fréquents et cette immersion à la fois réaliste et inattendu renforçait l’aura fantastique du récit et a attisé ma curiosité.

Même si le titre donne des indications, le mystère se prolonge quant à la façon dont il faut l’interpréter. Un véritable monstre surnaturel rôde-t-il sur l’île ou celui-ci est-il plus humain ? Qui faut-il alors suspecter ? Des indices sont laissés ici et là, mais ils ne sautent aux yeux qu’à la révélation finale (j’aurais pu me taper sur le front en m’exclament « mais c’est bien sûr ! suis-je bête ! » mais je suis rarement aussi démonstrative en lisant).

J’ai d’ailleurs apprécié cette fin pour ses sentiments nuancés, ses paradoxes, ses ambivalences, bref, une absence de manichéisme qui correspond bien à la complexité de l’humanité.

Le roman parle des horreurs de l’Histoire, de la lâcheté et de la fourberie des hommes, des abysses entre des cultures ou des classes sociales, du rejet et de la perte, de la culpabilité et de la vengeance, d’une justice au-delà de celles des hommes.



Estelle Faye soigne son décor et nous immerge dans l’ambiance lugubre et solitaire de Terre-Neuve. La pluie, la brume, la froidure de ces terres du nord et la pénombre sont omniprésentes. Les personnages, tourmentés par la faim, la peur et la souffrance (physique ou psychologique) évoluent alors à la lisière de la réalité et du cauchemar. L’atmosphère est sombre, un peu poisseuse – de crasse, d’humidité, de sang.

Les descriptions sont portées par un vocabulaire riche, varié, soutenu parfois. En dépit de quelques répétitions qui sautent d’autant plus aux yeux lorsque les images sont atypiques (avez-vous bien compris que les lacs sont couleur de gemme ?), c’est une plume très agréable et poétique.



Et malgré ces points positifs, je reste sur ma faim. Décidément, Estelle Faye me frustre encore un peu. Que m’a-t-il manqué cette fois ?

L’attachement et l’absence de souci pour les personnages. Je confesse un désintérêt total pour leur sort (même le passé de Justinien m’ennuyait). Je n’ai pas réussi à les rendre « vivants » en dépit de tout ce que l’on sait de leur passé, de leurs actions, de leur caractère. Je n’ai pas réussi à ressentir leur peur. Ils sont restés de papier et ont donc pu crever tranquillement (niveau zéro de l’empathie).

Le manque de tension et d’angoisse (ce qui est lié à l’hypothèse précédente d’ailleurs). Je n’ai jamais frissonné, ou ne serait-ce qu’appréhendé la suite. L’ambiance se voulait inquiétante, mais elle n’a pas vraiment fonctionné avec moi. J’aurais aimé être davantage entraînée par l’histoire, être captivée, capturée par le côté thriller, mais je n’avais aucun mal à le poser pour aller faire autre chose, ce qui n’est guère bon signe.

Le titre trop explicite et quelques bizarreries au niveau de la narration. Je ne peux pas développer cette section sans divulgâcher, mais au vu des ultimes rebondissements, certains choix narratifs me sont apparus comme un peu étranges, un peu incohérents. (En prime, je m’attendais malgré tout à être davantage surprise par le coupable.)



Bien déçue de ne pas avoir accrochée plus que ça, moi qui me faisais enfin le plaisir d’un emprunt imprévu en médiathèque. En dépit d’une plume d’une qualité indéniable et d’une bonne intrigue à la base, le roman a été dramatiquement pénalisé par ses personnages, son rythme et ses choix narratifs. (Mais étrangement, malgré tout cela, je ne le vois pas comme un flop. Plutôt comme une lecture divertissante et oubliable.)
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