Dans le cadre du salon littéraire «Le livre sur les quais 2022», à Morges, Zep (Philippe Chappuis) a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. Il nous parle de sa dernière bande dessinée «Ce que nous sommes», publié aux éditions Rue de Sèvres.
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Chapitres:
0:00 Intro
0:12 Que pensez-vous de cette citation? «Faire de la bande dessinée, c'est comme voir ses rêves.» Chris Ware
0:58 Que pensez-vous de cette citation? «Mon rêve, c'est plutôt d'être au coeur de l'âme de chaque personnage. de regarder l'intime plutôt que le monde. C'est ce que je voudrais arriver à faire dans mes dessins, mais c'est très prétentieux.» Jean-Jacques Sempé
2:37 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous?
3:38 Selon ce que dit Hazel dans votre dernier album Ce que nous sommes, l'homme est-il une espèce qui ne trouve pas sa place dans le monde?
6:55 Avec quel artiste décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu?
8:02 Quel est le meilleur moment pour dessiner?
9:34 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier?
10:34 Comment dessine-t-on un personnage?
12:14 Qu'est-ce qui vous rend heureux?
12:54 Comment imaginez-vous les années 2050?
15:17 Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire?
15:29 Qu'est-ce que vous détestez par-dessus tout?
17:04 Qui choisiriez-vous pour illustrer un nouveau billet de banque?
17:25 Comment commence-t-on un album?
20:52 - Question du public: Faites-vous seulement les storyboards à la main? Ou dessinez-vous aussi sur tablette graphique?
21:42 - Question du public: Pourquoi Titeuf a une mèche relevée?
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#littérature #bd #titeuf #écriture #dessin #storyboard
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Si quelqu’un ne comprend pas un tableau, il se dit qu’il est un idiot. S’il ne comprend pas une BD, il pense que c’est l’auteur qui est un idiot.
Tout ce dont vous avez besoin pour devenir auteur de bande dessinée est un morceau de papier, un crayon et un cerveau. Et le cerveau est la partie plus difficile. Vous devez être capable d’écrire des choses depuis le dessin jusqu'à l’écriture, pour créer une musique sensible sur la page qui tient à la poésie à la typographie… Pour acquérir ces compétences, c’est une formation intensive sur le long terme.
Mais dans le même temps, ça ne nécessite pas de technologie autre que vos yeux et votre esprit. Et c'est la même chose pour le lecteur. C’est le médium qui offre les meilleures possibilités pour recréer les couches de conscience. J’espère arriver à mettre une fraction de ça sur une page de BD.
France Inter, 30 mars 2018
Qui n'a pas essayé en passant le soir devant une maison ou un immeuble de regarder derrière des stores ou des rideaux à demi tirés dans l'espoir d'entrevoir la vie privée de ses habitants ?
N'importe quoi... l'embryon de mouvement le plus ténu... comme une tête qui apparaît... une mèche de cheveux... une ombre mystérieuse... ou un éclair de peau... semble toujours plus révélateur qu'un bonjour bienveillant ou une cordialité convenue (que si, mettons, les locataires soudain transportés dans l'entrée tendaient les mains vers le voyeur dans un accueil déconcertant).
Même la décevante diffraction d'un voilage peut suggérer le bouquet le plus flamboyant d'indicibles secrets.
Bien sûr, ce jeu est rarement récompensé par un réel trophée de vérité volée. Le vrai butin est maigre, voilé, comme ceux que l'on glane en levant face au soleil le courrier d'un autre, ou en cherchant à lire les pensées d'un inconnu dans le battement involontaire de ses paupières.
Dans cette oeuvre de fiction semi-autobiographique, je crains d'avoir potentiellement mis en cause (au moins, peut être, dans la compréhension de ce livre par un lecteur inattentif) quelques alter égo de la "vraie vie", parmi lesquels le plus notable serait ma mère, qui, étant une femme réflechie, intélligente et d'un grand soutien, ne présente pas la moindre ressemblance avec la pauvre épave qui domine le malheureux jimmy. En l'état, le livre lui est dédié.
De retour chez moi, j'ai médité cette pratique architecturale... Pourquoi est-ce toujours au grenier qu'on exile notre passé ? Parce que, étant au-dessus de nous, il symbolise notre esprit ? Vous savez, comme le fait de regarder en l'air quand on cherche à se rappeler un truc...
Je me suis demandé s'il pouvait exister une culture qui localise ses souvenirs ailleurs que dans le cerveau, par exemple dans le cœur, ou dans les pieds, et si elle organiserait ses maisons en fonction, en remisant les choses au milieu ou au sous-sol.
Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, lieux et événements qu'elle contient sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit exploités trompeusement. Toute ressemblance avec des personnes vivantes, mortes ou inanimées, des événements, des municipalités, des lieux, des personnages historiques, des émotions, des sensations ou des impressions poétiques indescriptibles ne serait que pure coïncidence, ou du moins dénuée de toute intention délibérée de catalyser des litiges.
- Quel genre de crétin irait se faire tatouer son propre nom sur le bras, d'abord ?
- Billy ! Dis donc, Billy regarde ! Regarde qui est sur le rebord de la fenêtre ! C'est Superman ! C'est Superman et il est tout petit et il nous fait signe ! Ha ha ! Dis donc, c'est pas merveilleux, Billy ? Regarde !
Ainsi le petit voyage de Branford sous le voile du noir le pourvoit du butin le plus abondant jamais bu... Quelle abeille vit jamais bordée de nuit l'abreuver d'une telle foison de bienfaits ? Nulle ! Nulle autre que notre Branford.
Evidemment, la vraie vie offre un scénario bien plus mauvais que celui-là.