Citations de Faïza Guène (395)
-Putain, Linda, t’es grave ! T’avais les cheveux les plus beaux du monde, et il a fallu que t’ailles les colorer à la gouache pour ressembler à toutes les petites crasseuses super-vulgaires…E tu me fous la rage ! La coiffeuse, t’as bien vu qu’elle te l’a ratée ta couleur : c’est ni doré ni cendré, c’est…fumé, c’est du jaune passé !
Hannah dit à ses sœurs: « Ils sont chiants, depuis le temps qu’on est là, on a bien appris à vivre avec eux, pourquoi c’est toujours à nous de faire les efforts ? C’est bon maintenant, chacun son tour ! Je suis pas là pour les rassurer, s’ils sont trop cons pour pas se rendre compte qu’on est des êtes humains, c’est pas de ma faute. Eux et nous, des fois, on dirait une greffe d’organes qui prend pas »
Yamina croit apaiser sa fille en lui répondant: « C’est comme ça benti, on doit accepter, on est comme leurs invités, on est chez eux ». Ca fout Hannah à bout, ce genre de discours: « Non, on n’est pas chez eux, maman ! On n’est pas des ‘invités’ ! » (p. 135)
Très loin de New-York se jouait une scène tout aussi dramatique, une catastrophe de grande envergure, un genre d'attentat familial. Dans le rôle des tours jumelles du World Trade Center, mes deux parents, indestructibles en apparence. Et dans le rôle des dix-neuf terroristes : Dounia.
Al Pacino, je suis sûre que personne pouvait lui tirer son goûter. Direct il sort le semi-automatique, il t'explose le pouce, tu peux plus le sucer le soir avant de t'endormir. Terminé.
Quand j'étais petite, je coupais les cheveux des Barbie parce qu'elles étaient blondes, et je leur coupais aussi les seins parce que j'en avais pas.
Ma mère, elle dit que si mon père nous a abandonnées, c'est parce que c'était écrit. Chez nous, on appelle ça le mektoub. C'est comme le scénario d'un film dont on est les acteurs. Le problème, c'est que notre scénariste à nous il a aucun talent. Il sait pas raconter de belles histoires.
(Elle s'appelle Smara et elle à dix ans neuf ans... à croire que c'est la poisse d'être une fille)
Les chauffeurs d'Uber d'aujourd'hui ne sont-ils pas les mineurs d'hier ? Ne sont-ils pas comme leurs pères ?
Des travailleurs qu'on paie peu et qui font fructifier un système inégal et gourmand ; ne sont-ils pas leurs dignes héritiers après tout ?
Malgré leurs études et les possibilités dont ils sont supposés bénéficier, ils conduisent des voitures à longueur de nuits, pour des salaires minables, dépendants de la sonnerie de l'application qui ne cesse d'affoler leurs cœurs gâchés, dépendants des notes et des commentaires de leur clientèle capricieuse.
P. 162
Cela fait exactement cinquante-sept ans que Yamina a été obligée d'arrêter l'école pour aider ses parents à la ferme et élever ses frères et sœurs.
Sur ses six frères cinq sont devenus professeurs, et un assureur.
Quant à Yamina, à soixante-dix ans, elle se rêve encore avec un cartable sur le dos.
P. 84
Et si, aujourd'hui, pour cette femme de soixante-dix ans, refuser de se laisser envahir par le ressentiment était une façon de résister ?
Mais la colère, même enfouie, ne disparaît pas. La colère se transmet, l'air de rien.
Un peuple uni ne se divise pas pour pleurer ses morts. C'est même à ça qu'on devrait le reconnaître.
Eux et nous, des fois, on dirait une greffe d'organe qui prend pas.
Brahim est d'une génération qui ne remarque même pas que les hommes ont le privilège de ne mourrir qu'une fois. Les femmes, elles, sont tuées par leur monde, et ce, des milliers de fois. Elles ne cessent de ressusciter, matin après matin.
elle se maquille, qu’elle colore ses cheveux, ça veut dire qu’elle aime plaire aux hommes
garder toujours un petit espoir et ne plus avoir peur de perdre.
elle parle très lentement avec une voix d’épouvante, le genre de voix que t’imagines en train de dire : « Je suis la mort ! Suis-moi, c’est ton tour ! »
il y a rien de plus frais qu’un enfant, parce que c’est sincère, spontané, vrai quoi… « C’est ce qui reste de plus honnête dans cette société hypocrite et corrompue. »
Alternée, ça veut dire que tu jongles avec deux trucs différents.
il faisait gris comme la couleur du béton des immeubles et il pleuvait à très fines gouttes, comme si Dieu nous crachait dessus.
… une fois mariées, les femmes ont une certaine tendance à se laisser aller…