Citations de Fatima Daas (149)
Parce que c'est difficile d'être toujours à côté, à côté des autres, jamais avec eux, a côté de sa vie, à côté de la plaque.
Par ailleurs, je crois que c'est terrible de dire « je t'aime ». Je crois que c'est aussi terrible de ne pas le dire. De ne pas réussir, s'en empêcher.
Ça raconte l’histoire d’une fille qui n’est pas vraiment une fille, qui n’est ni algérienne ni française, ni clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec une homophobie intégrée. Quoi d’autre ?
Un mois plus tard, j'ai arrêté la prépa.
Je ne suis pas allée en médecine.
Je n'ai pas intégré Science Po.
J'ai écrit.
En dehors de ma famille, à Clichy-sous-Bois, les personnes avec qui j’ai grandis, le voisinage, les amies, les camarades de classe sont presque tous des musulmans. Alors, je n’ai pas de mal à être une « musulmane ».
Parfois j'ai envie d'être moi. Dire ce que je pense. Mais les mots de mes parents m'envahissent.
Ce que je raconte, c'est décousu, flou et troué de silences (en parlant de ses séances chez la psychologue)
Je m'appelle Fatima.
Fatima est un prénom féminin, musulman.
Je commence à m'habiller "comme un garçon" à l'âge de douze ans.
Je ne le sais pas tout de suite, on me le fait remarquer.
J'airais voulu être imam, réciter le Coran avec le tajwid, une lecture psalmodiée; guider la prière de groupe, écouter, conseiller, faire des conférences.
Avant mes dix-neuf ans, je décide de m'inscrire à l'école de l'asthme.
L'école de l'asthme est un concept créé en 1991 par l'association Asthme&Allergies, elle vise à donner une éducation thérapeutique moins ennuyante que des cours théoriques.
J'apprends que cette formation permet de mieux connaître la maladie et de la contrôler.
L'école t'apprend à devenir acteur de ta prise en charge, à mieux maîtriser les déclenchements, à prévoir et éviter l'apparition d'une crise d'asthme ou à empêcher qu'elle ne s'aggrave, et, surtout, on t'enseigne à accepter la maladie.
Je m’appelle Fatima. Fatima Daas. Je porte le nom d’un personnage symbolique en islam. Nina Gonzalez est l’héroïne de mon histoire. Un jour, je me décide à inviter Nina. Je ne lui propose pas d’aller boire un verre. C’est ce que tout le monde fait. Je l’invite à me voir sur scène. Plus tard je lui proposerai d’aller boire un verre, d’aller au théâtre, d’aller à une expo.
« Je devais aimer Dieu et l'islam pour réussir à pratiquer avec envie et amour et non par contrainte.
Je trouvais cette manière de tisser un lien avec la religion juste, mais je comprenais dans le même temps que je ne savais pas très bien comment investir dans ce qu'on appelle "une relation", comment être dans cet élan-là : "prouver qu'on aime".
Avant, les vérités me paraissaient dangereuses à dire.
J'ai longtemps pensé que les choses se ressentent plus qu'elles ne se montrent.
Des restes de mon éducation : montrer par petites touches mais ne jamais dire. » (pp. 108-109)
On n'aime pas les gens parce qu'ils nous aiment en retour. On les aime. C'est tout.
j’ai réalisé que prouver, démontrer, me rendre légitime, montrer ce que je valais n’était pas le lot des autres élèves qui étaient à l’intérieur, au chaud. Personne n’avait à argumenter pendant dix minutes, en t-shirt, dans le froid, pour prouver qu’il avait bien mérité un dix-sept sur vingt.
Aujourd'hui on peut tout être : violeur, tueur en étant musulman, sauf être un homme et en aimer un autre. D'entrée de jeu, on l'élimine, on le fait sortir de la religion. Mais qui sommes-nous pour interférer dans la foi et la pratique de quelqu'un ?
Je m'appelle Fatima Daas.
Je suis la mazoziya.
La petite dernière.
Celle à laquelle on ne s'est pas préparé.
Je partais pour qu'on me retienne.
L’islam c’était croire en Dieu, L’aimer, Le craindre, Lui obéir.
J’avais réussi les premières étapes.
J’aimais Dieu, Son messager, ma mère trois fois, puis mon père. C’était dans cet ordre, que je devais donner mon classement quand mon père me prenait au dépourvu.
– Qui tu aimes en premier? En deuxième? Et ensuite?
Si je me trompais d’ordre – ça m’était arrivé qu’une seule fois- , je devais rester dans un coin du salon avec un dictionnaire sur la tête jusqu’à ce qu’Ahmed Daas décide de me rendre ma liberté.
Ahmed, « digne de louanges »
Je m’appelle Fatima Daas.
Je suis française d’origine algérienne.
Mes parents et mes sœurs sont nés en Algérie.
Je suis née en France.
Mon père disait souvent que les mots c’est «du cinéma», il n’y a que les actes qui comptent.
Il disait smata, qui signifie insister jusqu’à provoquer le dégoût, quand il voyait à la télé deux personnes se dire «Je t’aime». (…)
Quand mes sœurs arrivaient à convaincre notre père de nous laisser regarder Charmed à la télé (parce qu’il n’y en avait qu’une de télévision, qui se trouvait dans la chambre de mes parents), il suffisait que la main d’un homme frôle celle d’une femme pour que mon père dise khmaj et change de chaîne illico presto.
Khmaj, ça veut dire pourriture
Ma mère dit qu’on naît musulman. Je crois pourtant que je me suis convertie. Je crois que je commence à me convertir à l’islam